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faite fur deux cens feptiers de blé. On doit conf-
truire pour cela une cave dans le lieu le plus fec
des bâtimens dont on eft le maître , & la bâtir de
manière qu’elle foit entourée de toutes parts de
caveaux.
Il faut pratiquer au deflus une ouverture pour y
defcendre le blé ; cette ouverture doit être fermée
bien exaftement, & recouverte de terre à niveau
du fol du lieu qui y répond. Il faut boifer l’intérieur
de la cave de fortes planches de chêne, & faire
un plancher du même bois, foutenu fur des chantiers
ou poutrelles , afin que le- grain qui eft mis
deflus, foit garanti de l'humidité des terres & des
murs, & qu’ils ne lui en laiflènt que la fraîcheur.
Le blèainfi logé n’a pas befoin d’ être remué à la
pelle, & y .peut demeurer plufteurs années, fans
fouffrir aucune altération ; mais avant de l’y dé-
pofer, il fâut qu’il foit parfaitement fec.
Celui qui a fait l’expérience de ce moyen de con-
ferver le blé, croit que fi oirmettoit dans cette cave
du blé qui auroit encore fes gonfles, c’eft-à-dire ,
feulement battu & non vané, il s’y conferveroit à
merveille , parce que les capfules abforberoient
toute l’humidité du blé. Il prétend aufli que la farine
fe conferve très-bien dans ces fortes de caves.
Enfin, pour nous eh tenir aux réfuîrats des expériences
faites avec le plus grand foin par M. Duhamel
,. afin de conftater les effets & les degrés de
chaleur de l’étuve, il fuit, r°. que les grains perdent
d’autant plus de leur poids & de leur volume, qu’ils
font plus chargés d’humidité.
2,0. Que du grain chargé d’humidité, augmente
d’abord un peu de volume dans l’étuve, quoiqu’il
y perde quelque chofe de fon poids.
30. Que les grains perdent d'autant plus de leur
volume & de leur poids , qu’on les entretient plus
long-temps dans l’étuve.
4°. Que quoique les grains continuent à fe def-
fécher quand, au fortir de l’étuve , on les étend dans
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un lieu fec , une partie de l’humidité rentre néanmoins
dans le grain; au lieu qu’elle fe feroit diflîpée
fi l’on avoit continué à tenir le grain dans l’étuve.
Le grain boit d’autant plus de fon humidité , qu’il
fe trouve au fortir de l’étuve dans un lieu plus frais ;
& il n’eft pas douteux qu’il en perd plus en été qu’en
hiver.
50. C ’eft une erreur de croire qu’en pouffant
vivement la . chaleur , on deflechera parfaitement
le grain en fix ou fept heures de temps ; il faut que
l’humidité ait le temps de s’y réduire en vapeurs ,
& qu’enfuite elle fe diflipe.
6°. Il faut donc une chaleur vive & feutenue pen*
dant quelque temps pour bien deffécher le grain &
pour faire périr les infe&e s.
70. Une chaleur de plus de 100 degrés du thermomètre
, n’altère point la qualité du grain , au
moins pour en faire de lion pain.
8°. La meilleure façon de bien étuver les grains
eft de pouffer d’abord vivement le fe u , au point
de faire monter le thermomètre à 90 degrés &
même plus, & de tenir pendant ce temps l’étuve
exa&ement fermée. Après avoir entretenu ce degré
de chaleur pendant une bonne heure , il faut ouvrir
tous les évents qui font au haut de l’étuve ; enfuite
en foutenant le feu à peu près au même degré ,
laiffer pendant une heure les vapeurs fe difliper ;
après quoi, on n’alimentera plus le feu ; mais on
fermera tous les regiftres du poêle , & on laiffera
la braife fe confumer peu-à-peu. Le lendemain on
tirera le grain de l’é tuve, & on l’étendra à une
petite épaifl’eur dans un lieu fec & chaud , autant
qu’il fera poffible ; alors on le paffera par le crible
à vent , pour enlever une poudre légère que le
defféchement a détachée du grain, & lorfqu’il fera
bien refroidi, on le mettra dans des greniers exactement
fermés. ( Supplément au Traité de la confer-
vation des grains , par M. Duhamel, en 1771. )
V O C A B U L A I R E de F Art des G miniers y & conservation des grains.
X> latiers ; marchands qui font en gros le commerce
des grains.
C haransons ; infeâes du genre des fcarabées,
très-pernicieux pour les grains qu’on amaffe dans
les greniers.
C onservation ; (grenier de ) c’eft un grenier
qui, dans un certain efpace, peut contenir la même
quantité de grains qu’on a coutume de placer dans
des endroits plus vaftes ; ce grenier eft tel qu’on
peut donner au grain plus de profondeur, & il eft
confirait de façon que l’air puiffe le pénétrer de bas
en haut.
C rible ; ^infiniment de peau avec des trous, ou
eh fils de fer rangés parallèlement, dont on fe fert
pour enlever la pouflïère mêlée parmi les grains.
Il y a des cribles de différentes formes : les uns font
à plan incliné ; les autres en forme*de cylindre, &c.
D épôt ; ( grenier de ) c’eft l’endroit où l’on renferme
le grain après qu’il a été battu & vané.
Étuves ; petit bâtiment fait de maçonnerie ,
furmonté d’une voûte , ou de menuiferie, qu’on
échauffe pour faire fécher les grains.
G rainier ou G renetier ; marchand qui vend
en détail des grains & graines.
Malt ; c’eft l’orge préparé pour faire la bierr£.
Mit e ; (odeur de la ) c’eft une mauvaife odeur
que les teignes & autres info&es communiquent
quelquefois aux grains.
T eigne ; infeâe très-nuifible au blé ; cet infe&e
a une tête écailleufe, deux ferres & fix pattes.
T u yaux d’étuve ; ce font des tuyaux en fil de
fer ou en ofier, qui fervent à enfermer le grain dans
•les étuves.
T reillis ; c’eft un fond ou plancher à jour,
compofé de tringles épaiffes qui fe croifent les unes
les autres, & fur lequel on étend un drap de crin
afin de pouvoir y faire circuler l’air que l’on introduit
parle moyen des foufflets dans les tas de grains.
V entilateur; c’eft un foufffet qui fait circuler
un air nouveau parmi les tas de'grains.
G R A V U R E ( Art de la )
EN LETTRES, EN GÉOGRAPHIE, TOPOGRAPHIE,,
MUSIQUE, e t SUR MÉTAUX.
L a gravure dont il nous eft permis.de parler
ici , n’eft point cet art d’imiter , de traduire en
quelque forte, & de multiplier, par la pointe &
le burin , le deflân, Vefprit & les intentions des
maîtres qui favent exprimer, foit au crayon,foit
au pinceau , les divers tableaux de la nature. Ce
bel art appartient à l’illuftre amateur qui doit traiter
des Arts libéraux dans une autre divifion de cet
ouvrage.
Notre tâche eft Amplement dé rapporter les procédés
jjnécauiques de la gravure en lettres, en géographie,
topographie & mujique % tels à- peu près qu’ils
font décrits dans l’ancienne Encyclopédie.
Nous ajouterons la gravure fur métaux, pour les
cachets, les poinçons, &c.
Gravure1 en lettres*
Oncommence d’abord par tamponnerla planche,
c’e ft -à -d ir e , qu’après avoir répandu une goutte
d’huile deflus, onia frotte d’ùn bout à l’autre avec
un tampon fait d’un morceau de vieux chapeau,
afin de détruire le brilumt que lui donne fon bruni.
Cette opération n’a lieu que, par rapport aux
planches de cuivre qui fartent toutes hrunies des
mains du cuivrier ; à l’égard des planches d’étain ,
elles ne font fufceptibks d’aucune préparation, vu
qu’elles fortent toutes hrunies & polies des mains
du potier d’étain.
On fixe, au moyen. du compas & de la règle..,
le nombre des points cToù l’on doit tracer légèrement
des lignes parallèles, foit avec une pointe,
foit avec un outil de ce nom, dans l’intérieur desquelles
lignes eft comprifo la hauteur des caractères
que Fon- veut graver.
1 Cette préparation faite , la planche pofée fur un
couifinet, on defline par un fimple trait-de pointe
pour lès déliés , & par un double trait pour les
pleins , les lettres que Fon a intention de faire, en
commençant par la droite de la planche , au rebours
de l’écriture ; & telles que l’offre la première ligne
de chaque exemple de la planche / , tome I I des gravures
;; enfuite on ébauche avec une échoppe-proportionnée
tous les pleins de ces lettres deffinées r
ainfi qu’on le voit dans la fécondé ligne de chacun
de ces mêmes exemples ; ce qui fe fait à deux re~
prifos, c’eft-à-dire , d’abord en coupant les pleins
de bas en haut, & enfuite en rentrant de haut en
bas, en retournant la planche ; après quoi on liai-
forme la lettre de même par le B&s & par le hast
ce qui s’opère avec le burin , en reprenant délicatement
le fimple trait du défitn qu’a tracé la pointe
en le conduifant au commencement de l’ébauche ,r
en y rentrant à plufieurs fols , afin, de former la
gradation & la dégradation des pleins dont la figure-
eft plus ou moins arrondie, & cela fans paffer.au-
delà des parallèles, ce qui eft très-important pour
la régularité ; c’eft ce qu’offre la troifièmé ligné dès
chaque exemple.
Cela fait, on fe fort d?un ébarboir pour enlever
les barbes qu’ont laiflees, en coupant le cuivre
l’échoppe & le burin ; alors on talonne au burin à.
deux fois, c’eft-à-dire , du haut & enfuite du bas,,,
toutes les lettres qui ont befoin d’être talonnées..
Pour cet effet, on fait rentrer le burin dans le
trait de chaque parallèle, à laterminaifon des lettres
à-tête, à jambage ou à queue, afin. d’en, j.uftrfier
nettement la coupe, & lui donner l’obliquité que
rend naturellement le trait de la plume dans.l'écriture.
Voyez planche / , à la. fin dès exemples , les
fig. 4. Le tout fini,, l’on ébarbe encore L’ouvrage*
pour lui donner fon dernier point de perfection.
Cètte manière de toucher la lettre à feptreprifesv
n’eft pas généralement employée parla plupart' des
artiftes en ce genre,, qui font dans la malheureufe
néceflité d?accélérer un ouvrage qui a Couvent pour
but- plus l’intérêt de l’entrepreneur , que la perfection
& là gloire de l’arttfte qui y travaille ; mais
nous* croyons devoir donner la préférence.à cette
manière fur toute autre, attendu qu’elle eft Celle
du fameux Baillent, donc la mémoire fora toujours
chère aux élèves qu’ il a laiffés après lui.
Nous n’entrerons' pas ici dans un plus grand
détail fur les différentesformes'des lettres ; le précis
qu’offre cette planché , foffit pour donner une idée-
du refte. Les curieux auront recours , pour plq$