
les dernieres & le tuyau font à l’abri du choc de
tous les corps durs. On adapte, à fa partie inférieure
, une douille pour recevoir le pied de l’inf-
rument.
Si l’on vouloit préférer le mercure à l’eau, il
faudroit conftruire les bouteilles en cuivre ; ceux
qui veulent fe procurer un pareil niveau, doivent
faire attention à une chofe effentielle, qui eft à la
réunion de la verge des petits plateaux avec le
tube fupérieur.
Lorfque le prolongement de cette verge fe meut
à charnière dans le point où elle fe réunit au tube,
il n’y a point de changement à faire au col des
bouteilles, parce que le tube en prenant fon niveau
conjointement avec le fluide qui eft dans le tube
inférieur, les tiges feront toujours perpendiculaires,
vu le poids des bouchons; mais les angles qu’elles
formeront avec les tubes, changeront; au lieu d’un
reâangle que faifoient les axes des bouchons avec
les derniers, on aura pour lors un parallélogramme
obliquangle.
Si les prolongemens des tiges des bouchons entrent
carrément dans le tube fupérieur, & qu’ils
faffent çonftamment un angle droit avec lui il
çft clair qu’ils traceront un arc dans les balance*
mens du tube ou niveau. Il faudra donc que la
tige du plateau fe meuve dans une fente qui facilite
ce mouvement. Cette dernière fera dans un
plan au deflbus du col de la bouteille , lequel col
lera toujours aflez long & circulaire afin de recevoir
le bouchon. Cette précaution femble devoir exclure
la manière de faire entrer le prolongement
4e la verge du plateau carrément dans le tube ,
& faire préférer le mouvement à charnière.
Pour peu qu’on réfléchifle fur cet inftrument,
Qn verra qu’il prend toujours fon niveau,
i° . Par l’équilibre du tube par où l’on mire,
2°. Par le fluide qui le fouleve.
Ce niveau ne perd pas l’eau ; car cette dernière
lie faùroit fprtir par le. col étroit d’une bouteille,
ep portant l’inftrument avec précaution. Enfin,
on voit facilement l’objet de mire,
Lorfque le nivellement eft fini, on ôte les goupilles
, Sc l’pn yiffe les bouchons dans le col des
bouteilles.
Communauté des faifeurs d'Inflrumens de Mathémar
tiquesf ,
Il y a à Paris deux communautés , dont les
maîtres prennent la qualité de Maîtres faifeurs
d’Injlrumens de Mathématiques.
L’une de ces communautés efl; celle des couteliers
; l’autre, la communauté des maîtres fondeurs.
Mais comme il n’y a que cette dernière à qui il
appartienne de fondre en cuivre, & que préfen-
tement la plupart de çes inflrumens font de ce
métal ; c’eft aufli à elle que font enfin reftés les
ipaîtres faifeurs d’inftrumens de mathématiques,
que la communauté des coutelliers s’étoit réunis
yefs lç milieu du dix-feptièraç fiècle, & qui depuis,
par arrêt du parlement, ont été incorporé^
à celle des fondeurs qui les avoit revendiqués.
A v T R E S I n S T R V M E N S.
Nous ajouterons à ces différens inflrumens, quelques
inventions nouvelles de machines ou d’inltru-
mens utiles, que nous fournit particuliérement la
bibliothèque Phyfico-Economique, publiée en 1783
& 1784.
Hygromètre inventé à Met{ par le P . Cot te , cor-
refpondant de VAcadémie des Sciences.
L’hygromètre eft un inftrument de phyfique
fervant à mefurer les degrés de féchereffe & d’humidité
de l’air.
Il peut être conftruit d’une infinité de manières :
voici celui de l’invention du P. Cotte, qui a 1 a-
vantage d’être exaét & fimple.
Cet inftrument eft compofé d’une efpèce de
bras de balance, fait d’acier ; il a deux pieds de
long, deux lignes Je large, & une d’épaiffeur.
Une des extrémités terminée en pointe, répond
vis-à-vis un point fixe, auquel il faut la ramener
pour mettre l’inftrument en équilibre ; a l’autre
extrémité eft une feuille de papier d’Hollande pour
lettres , deftinée à recevoir l ’humidité ; à l’extre^*
mité oppofée , un peu au deflbus de la pointe,
eft un poids quelconque, d’un petit volume , qui
fait équilibre à la feuille de papier ; au milieu font
fixées deux pointes qui portent fur un corps plane,
qui en facilite le trébuchement.
Cet inftrument ainfi préparé, chacun peut l’adapter
de la manière qui lui eft la plus convenable.
Il eft évident que la fenfibilité de cet inftrument,
dépend de la perfeâion avec laquelle il eft fait ;
il y en a tel qu’un cinquantième de grain peut le
faire trébucher, .lorfqu’il eft en équilibre ; ce qui
eft, bien plus que fuffifant pour l’objet auquel il
eft deftipé.
Pour le graduer, il eft queftion de faire fécher
au feu la feuille de papier, jufqu’à ce qu’on s’ap-
perçoive qu’elle ne perd plus de ion poids ; ce qui
eft très-facile à faire , en la mettant en équilibre
avec un poids quelconque.
Comme de cette opération fondamentale dépend
la juftefle de l’inftrument, il eft néceflaire d’y procéder
très - fcrupuleufement : pour cela, il faut
choifir un temps fec , & avoir l’inftrument avec
foi auprçs du feu, afin qu’en y fufpendant la feuille
de papier, elle éprouve aflez de chaleur pour que
l’humidité ne s’y attache pas, pendant qu’on la
met en équilibre. Il eft bon de s’aflùrer pl-ufieurs
fois , fi cette opération a été faite avec la plus
grande exaftitude.
Cela fa it, on divife en cent parties le poids de
. çétte feuille, lorfqu’elle eft bien sèche : ce poids
eft évidemment égal à celui qui lui fait équilibre
dans ce moment-là, après néanmoins qu’on a re-
I tf^nché la petite quantité qui peut provenir des
petits
petits fils, de métal, dont on fe fert pour la fuf-
pendre.
Cette feuille étant divifée en cent parties ou
dégrés, il s’enfuit que l’humidité s’y attachant, la
rend plus pefante que le poids qui lui fait équilibre
lorfqu’ellé eft bien sèche. Si donc, p’our rétablir
cet équilibre , on eft obligé d’ajouter à ce
poids 6 , 8, 10, &c. de fes parties, on dira l’h ygromètre
eft à 6, 8, 10, &c. degrés, o u , ce qui
revient au même, il fera à 6 centièmes , -8 centièmes,
10 centièmes, &c. de fon poids.
Il eft aifé de voir qu’il n’eft pas néceflaire que
cette feuille refte toujours fufpendue à l’inftrument,
qu’on peut la mettre à tel endroit que. l’on v eu t,
& qu’il n’eft queftion ènfuite que de la pefer quand
on veut faire l’obfervation.
La conllruâion de cet inftrument eft trop fimple,
pour qu’elle puifle être conteftée.
La feule objeftion qu’on peut oppofer , eft la
difficulté de favoir fi le papier eft un corps aflez
homogène & femblable , pour qu’on puifle être
aflùré que deux inftrumens faits de cette manière,
puiflent être comparés enfemble ; on répond à
cela , que , pour plus d’exa&itude , on pourroit
convenir des dimenfions de la feuille de papier ;
que cependant tout confidéré , cela paroît aflez
inutile, parce qu’une'feuille plus ou moins grande,
étant divifée de la manière indiquée , donnera
•toujours des centièmes de fon poids, en füppofant
que l’humidité s’y attache en raifon de la furface
qu’elle préfente : condition qui fera fenfiblement
vraie, fi l’on fe fert de bon papier de Hollande &
du plus mince qu’on pourra trouver.
Donc fi de deux inftrumens faits de cette maniéré,
l’un eft placé dans un endroit , l’autre dans un
autre, & que l’un deux, par exemple , mangue
8 degrés, tandis que l’autre en marque 1 2 ; on
pourra conclure , fans erreur fenfible , que leur
différence d’humidité eft de quatre degrés.
Pour rendre cet inftrument plus utile , & ne
pas le borner au feul ufage d’hygromètre, on peut
s’en fervir aufli pour aréomètre ; & voici comment
: On prend un bout de cylindre de verre,
de 3 à 4 pouces de long , & de 12 ;à 15 lignes
de diamètre, dans lequel on'introduit du mercure
jufqu’à ce qu’il fe plonge dans l’eau par fon propre
poids.
Il eft fait de manière que le bout inférieur eft
terminé en figure conique ; à l’extrémité du bout
fupérieur, fe trouve un petit anneau auquel on
attache un fil de métal quelconque, pour le fuf-
pendre à la balance.
On obferve qu’il faut fe fervir d’un métal, qui
ne foit pas fufceptible d’être attaqué par la liqueur
dans laquelle on le plonge.
Pour le graduer, on le plonge dans l’eau dif-
tillée à la température de 10 degrés du thermomètre
de Rcaumur, & où eft placée la. feuille de
papier ; on le fufpend à l’extrémité de l’inllrument :
lorfqu’il eft ainfi enfoncé dans l’eau , on le met
Aits & Métiers. Tome III. Partie II.
en équilibre avec un poids quelconque; cela étant
fa it, on le retire pour le pefer avec^ une bonne
balance ; & après qu’on en a retranche la quantité
du poids, on divife le refte en 1000 parties.
Par exemple, fi l’aréomètre avec le fil de métal
qui fert à le fufpendre, pèfe 1200 grains, & que
le poids qui a fervi pour le mettre en équilibre,
lorfqu’il étoit dans l’eau, en pèfe 20, on les retranche
des 1200, & le refte qui fe porte à 1180,
on le divife en 1000 parties égales, dont chacune
fera un degré; il eft donc aifé de voir par-la que
le volume d’eau diftillée que déplacé 1 aréomètre,
étant repréfenté par 1000, fi en le plongeant dans
une liqueur plus légère, on eft obligé d ajouter 10
degrés au poids pour rétablir l’équilibre, on pourra
dire que cette liqueur eft de 10 degrés plus légère
, o u , ce qui revient au même, que leur pe-
fanteur fpécifique fera entre elles comme 1000 à
990..
Cette méthode eft entièrement femblable à celle
que Dom Cashois emploie pour fon areometre à
godet. Ainfi , toutes les expériences qui fe font
avec le fien , pourront être faites avec celui-là,
& les réfultats feront également les mêmes. 11^ eft
clair qu’un aréomètre de cette manière, qui s’en-
fonceroit feulement dans l’eau , ne pourroit fervir
qu’à pefer les liqueurs plus légères qu’elle; mais
fi l’on fait enforte que le poids qui le met en
équilibre (lorfqu’il elt dans l’eau) foit environ la
- feptieme partie de fon poids , alors on pourra
pefer toutes les eaux falées poflîbles , à 1 exception
peut-être de quelque cas extraordinaire.
Cet aréomètre' devant être d’une très - grande
fenfibilité , il fera facile de divifer chaque degré
en 10 parties, & encore plus fi 1 on veut ; pour
lors le volume étant repréfenté par 10000, il eft
évident qu’on aura des réfultats encore plus exaâs ;
mais cela demande qu’on ait bien egard à la température
des liqueurs fur lefquelles on opéré ,
parce que chaque degré de chaleur donne une
différence fenfible.
D ’après cela , il eft aifé de voir que les thermomètres
renfermés dans des cylindres , ne font
guères propres à de telles expériences , a moins
de les 1 aifl*er très-long-temps dans la liqueur; encore
ne feroit-on pas aflùré de.la véritable tem-
. pérature.
Pour remédier à cet inconvénient, il faut faire
faire un thermomètre qui ait fon échelle de divi-
fion renfermée dans un petit tube, de la groffeur
à peu près de celui du thermomètre. Cettè echelle
y étant ainfi adaptée , on peut le plonger dans
telle liqueur que l’on veut ; & dans moins d’une
minute, l’on en a la température & même encore
plus promptement, fi la boule du thermomètre eft
d’une groffeur médiocre.
Ces thermomètres font indifpenfables pour ces
expériences.- Us. font voir que les liqueurs perdent
& acquièrent difficilement la température de l’air
environnant.
R-r rr