
On ne voit rien dans la glace artificiellequi la
diftingue de la glace naturelle formée rapidement ;
il ne paroît point qu’elle fe charge des particules des
fels qu’on emploie, qui en effet, auroient bien de
la peine à pénétrer le vaiffeau qui la contient.
S i , au lieu d’appliquer autour d’une bouteille
pleine d’eau un mélange de fel & de glace, on
remplit la bouteille de ce même mélange, & qu’on
la plonge ainfi dans l’eau, une partie de cette eau
fe glacera autour de le bouteille.
Que le mélange foit autour de l’eau, ou que
l’eau environne le mélange, la chofe eft très-indifférente
, quant à l’effet qui doit s’en fuivre ; l’effen-
tiel eft que le mélange foit plus froid que l’eau d’un
certain nombre de degrés : car alors il la convertira
facilement en glace, par la communication d’une
partie de fa froideur.
Ce qu’on obferve dans le cas où l’eau entoure
le mélange , arrive précifément de la même manière
, lorfqu’on fait dégeler des fruits dans de l’eau
médiocrement froide, ou dans de la neige qui fe
fond actuellement ; car il fe forme très - promptement
autour de leur peau, une croûte de glace dure
& tranfparente , & plus ou moins épaiffe , félon la
groffeur & la qualité du fruit.
De la glace artificielle par les fels tout feuls.
On a cherché long-temps les moyens de fe procurer
de la glace artificielle par les fels tout feuls,
fans le fecours d’une glace étrangère. VoicLcomme
on y eft enfin parvenu.
On fait la propriété qu’ont les fels, principalement
le fel ammoniac, de refroidir l’eau où ils font dif-
fous, fans la glacer. Si donc on a de l’eau déjà
froide à un degré voifin de la congélation, il fera facile
d’en augmenter la froideur de plufieurs degrés, en
y faifant diffoudre un tiers de fel ammoniac.
Ce mélange fervira à rendre plus froide une fécondé
maffe d’eau déjà refroidie, au degré où l’étoit
d’abord la première qu’on a employée. On fera
encore diffoudre du fel ammoniac dans cette nouvelle
eau. En continuant ce procédé & employant
ainfi des maflés d’eau fucceflivement refroidies, on
aura enfin un mélange de fel & d’eau beaucoup plus
froid que la glace ; d’où il fuit évidemment que fi
on plonge dans ce mélange une bouteille d’eau pure
moins froide que la glace, cette eau s’y gèlera.
On a dit qu’il falloit, pour cette expérience , de
l ’eau déjà voifine de la. congélation. Ainfi , ce
moyen n’eft pas praticable en tout lieu & en toute
faifon; il nelaiffe pourtant point de pouvoir devenir
utile en bien des occafions : c’eft à M. Boerhaave
qu’on doit cette découverte.
Glace par P évaporation.
On peut aufli fe procurer de la glace artificielle,
fans fels & fans glace. Ce qui eft confiant, c’eft
qu’on rafraîchit l’eau en l’expofant à un courant
d’air, dans un vaiffeau conftruit d’uue terre p o r e u fe_
ou dans une bouteille enveloppée d’un linge
mouillé.
C ’eft ce qu’on pratique avec fuccès en Egypte,
à la Chine , au Mogol & dans d’autres pays.
Si l’eau étoit déjà voifine de la congélation, ne-
pourroit-elle pas fe geler par ce moyen? c’eft ce
que préfume M. de Mairan avec beaucoup de probabilité.
On a fait l’expérience de faire geler de l’eau renfermée
dans une bouteille de verre mince, & de la
convertir même en glaçon dans les plus grandes
chaleurs de l’été, par une évaporation fucceifive &
réitérée de l’éther, dont on mouilloit un linge qui
enveloppoit la bouteille.
On peut voir à l’article Confifeur, les procédés
des glaces d’ojfice, compoféés de divers liquides que
l’on fait geler pour les rendre plus rafraîchiffans &
plus agréables.
Explication des figures de la planche d'une glacière.
( tome I I des gyraures. )
Fig. i , coupe d’une glacière en pierre.
A , intérieur de la glacière ayant la forme d’uiî
cône tronqué ; B , bafe de la glacière qui va en pente
jufqu’au centre où eft la grille C , & un puifard D.
. E , E , E , eft la bâtiffe toute en moëllons & pierres
de taille ; F , eft la porte; & G , la poulie pour enlever
la glace.
Fig. 2, coupe d’une glacière en pierre & en char*
pente.
A , intérieur de la glacière qu’on fuppofe en B
garnie de glace ; C , eft la grille du puifard D ; E E ,
eft la partie bâtie en pierre. ; elle eft au. deffous du
niveau du terrain ; F, F, F, F ,F , charpente formant
le toît recouvert en chaume ; G, H, eft la charpente
de la porte I ; & l’on voit en K , le feau qui fert à
monter la glace.
Fig. 7, A , voûte de pierre de la première glacière ;
B , mur au deffüs du loi ; C , toît de la porte D.
Fig. 4, E , pointe de la charpente qui pofe fur Ta
mardelleG; H, porte ; & F, F, eft le chaume : le tout
appartenant à la glacière de la figure 2.
V O C A B U L A I R E .
V T lace ; c’eft un fluide devenu concret & folide
par un grand refroidiffement.
G lace artificielle ; celle qu’on fe procure par
le moyen des fels ou par d’autres procédés, imitant
la glace formée par le froid naturel.
G lacière ; lieu deftiné à ferrer de la glace ou de
la neige pendant l’hiver, pour s’en fervir en été.
GLOBES CÉLESTES ET TERRESTRES.
( Art de la conftruftion des )
O N appelle globe célefle & globe terrefire, deux J
iuftrumens de mathématique , dont le premier fert
à repréfenter la furface concave du ciel avec fes
çonftellations ; & le fécond, la furface de la terre ,
avec les mers , les îles , les rivières, les lacs, les
-villes, &c. Sur l’une & l’autre l’on trouve décrites
plufieurs circonférences de cercle, qui répondent à
des cercles que les aftronomes ont imaginés pour
pouvoir rendre raifon du mécanifme de l'ùnivers. ;
On diftingue dix principaux cercles ; favoir, fix
grands & quatre petits. Les premiers font l’équateur,
le méridien, l’écliptique, le colure des folftices,, le
colure des équinoxes, & l’horizon.
Les féconds, font les tropiques du cancer & du
capricorne, & les deux cercles polaires. Voyez le
Dïâionnaire de Mathématiques,
Le globe & 1-a fphère diffèrent en ce que le globe
eft plein & la fphère évidée.
Les principaux globes qu’on connoiffe depuis le
renouvellement des fciences en Europe, font ceux
,de T y ch o , célèbre aftronome , dont un , de quatre
pieds fept pouces de diamètre , fut exécuté en
cuivre. M. Picard le v i t , en 16 71, à Copenhague
dans l’auditoire de l’académie ; & un autre qui,
par fa grandeur énorme, frappa d’étonnement le
.czar Pierre le Grand. Douze perfonnes peuvent
s’affeoir dedans autour d’une table , & y faire des ,
©bfervations. Il fut tranfporté de Gottorp à Péters-
bourg, où M. de Lifte , l’aftronome, dit l’avoir vu
& orienté lui-même.
L’on connoît en France les beaux globes que le
cardinal d’Eftréesfit exécuter & dédia à Louis XIV.
Ils ont douze pieds de diamètre. Ils avoient été
placés à Marly ; mais ils font préfentement à Paris
dans la bibliothèque du Roi.
Coronelli fe fignala dans le dernier fiècle par des
globes de trois pieds huit pouces de diamètre, pour
l ’exécution defquels les princes de l’Europe fouf-
crivirent ; le globe célefte fut fait en France , & le
terrefire à Venife.
Il y a aufii de grands globes au couvent des Picpus
à Lyon, fauxbourg de la Guillotière.
Au commencement de ce fiècle , Guillaume de
Lifte en compofa d’un pied de diamètre.
Parhii lés plus nouveaux, on peut citer ceux de
dix-neuf pouces , qui furent faits par ordre du R oi,
& publiés en 1752 par M. Robert .de Vaugondy;
ceux de MM. de Lalande & Bonne ; & ceux de
MM. Meflier & Fortin.
L’Angleterre a vu ceux de Senex, ceux de Adams ;
& il y en a eu? depuis, de nouveaux, dont la foçièté
royale de Gottingue avoit publié le projet, lorf-
qu’elle réftdoit à Nuremberg.
Nous ne parlerons pas de beaucoup ^d autres
globes qui ont été publiés ; ils font plutôt l’objet
dû commerce de leurs auteurs, que la preuve de
leurs connoiffances dans la compofttipn de ces ouvrages.
. . 1 j 1
Il convient ici de traiter principalement ae la
conftruéHon de ces inftrumens : elle peut être dif-
tinguée en deux parties ; l’une purement géométrique,
& l’autre mécanique.
La première donne ia méthode de difpofer fur
une furface plane les élémens qui conftituent la
furface fphérique du globe ; la fécondé , donne la
conftrufiion des boules & de tout ce qui en concerne
la m.ônture pour faire des globes complets.
Si l’on confidère une boule «dont les deux pôles
font marqués, & dont l’équateur eft divifé en 3 60
degrés ; les.cercles qui paneront par les deux pôles
& par chacun de ces degres , renfermeront un
efpace qui va toujours en diminuant depuis 1 e-
quateur, jufqu’à l’un & l’autre pôle; c’eft cet efpace
que l’on appelle fufeau.
Il s’agit de trouver les élémens de la courbe qui
renferme cet efpace. Il femble que plus on multi-
plieroit ces fufeaux, plus on approcheroit de 1^exactitude
; mais la pratique contredit en cela la théorie ;
c’eft pourquoi l’on fe contente ordinairement de
partager l’équateur en douze parties égales.
Pour tracer les fufeaux ; tirez la droite A B , égale
au rayon du globe que vous voulez conftruire »
fig. 1 de la planche I des globes, tome I I des gravures.
Du point A , comme centre, décrivez le quart de
.circonférence ABC , que vous diviferez en trois
parties égales aux points D , E.
Tirez B E , cordé de trente degrés.
. Coupez en deux également au point F l’arc BE.
Tirez la corde BF , elle fera la demi-largeur du.
fufeau ; & trois fois la corde BE, de trente degrés ,
donnera la longueur du même fufeau.
Il s’agit préfentement d’en décrire la courbe. Pour
y parvenir, tirez la droite GH , égale à deux fois
la corde B F , de quinze degrés, fig. /.
Elêvez fur le milieu I de cette ligne G H , fig. 2 ,
la perpendiculaire indéfinie IK.
Portez fur cette perpendiculaire trois fois la longueur
de la corde C D , figure », de trente degrés ;
favoir , de I en LM N , fig. 2 ; & fubdivifez chacun
de ces efpaces en trois parties égales., elles vous
donneront fur la ligne IK un point 10 ,2 0 , 30 , & c .
de chacun des cercles parallèles à l’éq.uateur.
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