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fuite, doit tremper ion papier; & il le doit faire
avec d’autant plus d’attention, que la bonne préparation
du papier eft une des chofes qui contribuent
principalement à la bonté de l’impreffion.
Mais avant de le tremper , il doit s’informer, s’il y
en a eu déjà d’employé , combien de fois il faut
tremper la main.
Si c’eft la premiè^r fois qu’on en emploie , il
examinera le format oc le caraftère de l’ouvrage ;
parce que, fi le format eft grand & le caraâère
p etit, le papier doit être plus trempé que. quand
le format eft petit & le cara&ère gros. 11 y a
même quantité de petits ouvrages, comme billets
de mariage, billets de boùt-de-l’an , avertiffemens
de communauté, quittances, &c. qui s’impriment
à fec. / . .
Il examinera enfuite la qualité du papier, s’il ,
eft collé ou s’il ne l’eft pas, une main de papier
•collé devant être trempée plus de fois qu’une main
de papier non collé , parce que le papier collé
prend beaucoup moins d’eau, & que l’eau le pénètre
peu.
Il compte enfuite fon papier & le partage par
dix mains , qui doivent faire , quand les mains
font à vingt-cinq, deux cent cinquante feuilles ou
une marque ; les quatre marques font un mille.
C ’eft un foin que l’imprimeur doit prendre pour
favoir fi fon papier eft jufte, & fi celui qui le lui
a donné ne s’eft pas trompé. S’il lui manque quelques
mains, il doit les demander pour éviter les
défets, qui malgré les foins ne font toujours que
trop considérables.
Dans toutes les imprimeries il y a une b affine de
cuivre ou un baquet de bois ou de pierre, qui peut
contenir trois ou quatre voies d’eau ; 1 eau doit etre
nette : l’eau de fontaine ou de rivière eft préférable
à l’eau de puits.
L’imprimeur étend d’abord une maculature grife
fur une table ou fur un ais à côté de la baffine.
Cette table doit être unie & ne doit pencher d’aucun
côté, afin qu’en trempant le papier, 1 eau ne
fe porte pas plus d’un côté que d un autre.
Deffiis la maculature grife , l’imprimeur doit
mettre une maculature blanche , parce que la
feuille blanche ou imprimée qui fe trouve immédiatement
defius ou deffous la maculature grife,
eft prefque toujours gâtée, la maculature grife lui
communiquant des taches.
L’imprimeur jette avec la main un peu d eau
fur ces deux maculatures , plus ou moins, félon
qu’il le juge à propos. Enfuite d’une main il prend
une main de papier par le dos , & par la tranche de
l’autre main ; il la plonge d’une main par le dos dans
l ’eau, plus ou moins profondément & plus ou moins
v ite , en raifon du caraâère de l’ouvrage & de la
qualité du papier, la retire de l’e au, & avec les
deux mains la met vite fur la maculature blanche ,
le .dos de la main au milieu ; en fépare fept à huit
feuilles , les étend; reprend par le dos le refte de
Ja main, k plonge dans l’eau , le retire, le met
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fur la partie qui vient d’être trempée, en fépare
fept à huit feuilles & les étend; reprend encore
par le dos le refte de la main, le plonge dans l’eau,
le retire , l’ouvre jufte par le milieu , & l’étend
fur les deux parties qui viennent d’être trempées.
Il prend une autre main de papier & la trempe
de même , puis encore une autre, & la trempe
encore de même, & ainfi de fuite jufqu’à la quantité
de quatre ou cinq marques , qui font mille
ou \douze cent cinquante feuilles, obfervant à
chaque marque de plier une feuille en biais par
le coin, de façon que le coin déborde le papier
de huit ou dix lignes. Cette feuille ainfi pliée fert
à marquer le papier, c’eft-à-dire, à le partager en
marques, prenant garde qu’il ne fe faffe des plis
au papier, & ayant grand foin d’appuyer de temps
en temps les deux mains fur le milieu du papier
pour abaiffer les dos : fans cette attention il fe fe-
roit une élévation au milieu qui empêcheroit l’eau
d’y pénétrer, & qui la feroit s’écouler uniquement
vers les bords ; d’où il s’enfuivroit que les
bords du papier feroient plus trempés que le milieu.
'
Nous avons fuppofé que le papier devoit être
trempé trois fois la main. Quand il ne faut le
tremper que deux fois , après avoir plongé la main
dans l’eau , on en fépare dix ou douze feuilles,
& on les étend ; on prend le refte dé la main ,
on le plonge dans l’eau , on l’ouvre jufte par le
milieu , on l’étend , & la main eft trempée «deux
fois. ^
Il y a du papier qu’on nê trempe qu’une fois
la main; il y en a d’autre qu’on trempe trois fois
les deux mains ; pour cela on trempe alternativement
une main deux fois, & l’autre main un©
fois.
Quand l’imprimeur a trempé fon papier, il met
deflùs une maculature blanche, puis une maculature
grife, fur laquelle il jette de l’eau avec la
main autant qu’il le juge néceffaire ; enfuite il le
met fur un ais aux epvirons de fa preffe, met un
autre ais par deffiis, avec une pierre Ou un poids
de quarante ou cinquante livres pour le charger.
Si le papier eft collé , l’imprimeur ne le charge
pas tout de fuite, il le laiffe quelque temps pour
prendre fon eau.
Remanier le papier.
Sept à huit heures après que le papier a été
trempé , il faut le remanier, c’eft-à-dire, changer
la pofition des feuilles relativement les unes aux
autres, afin que la moiteur du papier fe diftribue
également dans toutes fes parties; car c’eft dans
cette égalité que confifte la bonne préparation du
papier.
Pour cela l’imprimeur décharge fon papier, le
tranfporte fur une table, le découvre, étale d’abord
fur la table la maculature grife , puis la blanche ,
prend une poignée de trois ou quatre mains, h
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met à deux mains fur la maculature blanche, ne
la quitte point d’une main, pendant que l’autre
paffe & repaffe plufieurs fois fur le papier pour
en ôter les rides. '
Il coupe fa poignée à huit ou dix feuilles en
deffous qu’il laiffe fur la maculature blanche , reprend
ce qui refte de la .poignée, le renverfe, paffe
& repaffe la main fur le papier qui fe trouve en
deffus. Il coupe encore fon papier à huit ou dix
feuilles en deffous , qu’il laiffe fur celles qu’il a
déjà laiffées, reprend le refte de la poignée, le
renverfe , paffe & repaffe la main fur le papier
qui fe trouve en deffus.
Il réitère cette manoeuvre de couper fon papier
à fept ou huit feuilles en deffous, de les laiffer
fur le tas,' de renverfer ou retourner ce qui refte 1
de la poignée, de paffer la main fur le papier qui fe ;
trouve en deffus pour en ôter les rides, & de frapper
deffus s’il y a quelques endroits plus élevés,
jufqu’à ce que la poignée foit entièrement remaniée.
Après cette poignée il en prend une autre,
/puis encore une autre jufqu’à la fin du papier.
S’il s’apperçoit qu’ii foit trop trempé, il le par- j
tage en plufieurs poignées, & les laiffe expofées
à l’air dans l’imprimerie autant de temps qu’il
faudra ;. enfuite il le remanie. Si au contraire il
n’étoit pas affez trempé, il pourra jeter de l’eau
deffus avec la main ou avec l’éponge à chaque
poignée, plus ou moins groffe, autant qu’il le jugera
à propos , enfuite le charger ; puis le remanier.
Il y a du papier qu’ il faut remanier plufieurs
fois. L’inconvénient eft égal quand le papier eft
trop trempé ou quand il ne l’eft pas affez. Quand il
eft trop trempé il refufe l’encre, ou refte deffus la
forme^ l’emplit, & l’impreffion eft pochée. Quand
il ne i’eft pas affez, les lettres ne viennent qu’à
moitié , 8l l’impreffion paroît égratignée. Après
que le papier a été remanié , il faut le couvrir avec
la maculature blanche , puis avec la maculature
grife , mettre_ un ais par deffus, le charger, &
le laiffer encore fept à huit heures avant de l’employer.
Si la peau du tympan n’eft pas bonne , l’imprimeur
en prend une bien faine , fans tache autant
que faire fe peut, & d’égale épaiffeur par-tout.
Il la met tremper une demi-heure ou une heure
dans la baffine, la retire, en exprime l’eau , &
la met pliée une heure ou deux fous du papier
trempé ; puis après avoir arraché la vieille peau,
il enduit de colle le châffis du tympan & la tringle
de fer ; il pofe deffus la nouvelle peau du côté
de la chair, & la queue en bas , l’étend, & l’applique
bien tout autour ; la découpe en haut pour
laiffer fortir les petits couplets , y paffe les brochettes
, & la laiffe fécher.
Quand elle eft sèche, il la perce avec la pointe
de fes cifeaux à l’endroit qui répond aux trous du
châffis , & y paffe la vis q u i, avec l’écrou, fert
à maintenir les pointures en état.
Quand l’imprimpur vent fiûrp une b ra ie, qui
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n’eft autre chofe qu’une peau plus petite que celle
que l’on vient d’employer, il coupe avec fes cifeaux
la vieille peau tout autour du châffis en dedans
, enduit le châffis de colle & y applique la
braie. L’imprimeur fait alternativement un tympan
& une braie, c’eft-à-dire, qu’il emploie alternativement
une grande & une petite peau.
La peau du petit tympan fe colle comme celle
du grand. La différence qu’il y a, c’eft que la peau
du petit tympan doit être plus forte & plus épaiffe ,
& qu’après l’avoir collée, on met un bois de longueur
( on appelle ainfi les bois à l’ufage de l’imprimerie
) au long de chaque bande en dedans,
& un autre bois en travers , que l’on fait entrer
un peu à force , pour maintenir ces bandes en
état ; fans cette précaution, les bandes n’étant que
de fer mince, rentreraient en dedans à mefure que
la peau fe banderoit en féchant.
Préparation des cuirs.
Il faut auffi préparer les cuirs pour les balles.
Ces cuirs font taillés dans des peaux de moutons ,
i que l’on prend chez les mégiffiers, après avoir été
quelque temps dans le plein (ou dans la chaux) pour
en faire tomber la laine. Les cuirs ne durent point
quand les peaux ont refté trop long-temps dans le
plein 5- parce que la chaux les confume. On choifit
ordinairement les plus épaiffes.
Pour tailler ces cuirs , on met une peau de mouton
fur une table, le côté de la chair en deffous;
on l’étend; on a un rond de bois ou de maculature
, de deux pieds & demi de circonférence,
que l’on applique fur le milieu de la peau , en
commençant par la tête ; on décrit une ligne tout
autour du rond avec la pointe des cifeaux ; on
pofe enfuite le rond'au deffous de la ligne ronde
que l’on vient de décrire, & on en décrit une
fécondé ; on en décrit une troifième au deffous
de la fécondé. Enfuite en coupant avec de bons
cifeaux dans ces lignes rondes , on a trois cuirs
dans chaque peau.
Si la peau eft grande, on coupe dans les côtés
des efpèces de cuirs, qui, étant plus minces , ne
font bons qu’à faire ce qu’on appelle dans l’imprimerie
des doublures, qui font un double cuir
qu’on met fous le principal.
Quand les cuirs font coupés , on les étend pour
les faire fécher ; fans cela ils le corromproient,
& on ne pourroit pas les garder; mais quand on
les garde trop long-temps , ils fe racorniffent &
deviennent difficiles à apprêter. Quand on veut
s’en fervir, on les met tremper dans l’eau.nette,
comme nous avons dit que l’imprimeur doit faire
avant de tremper fon papier.
Après qu’un cuir a trempé fept ou huit heures ;
plus ou moins, à proportion du temps qu’il y a
que les cuirs ont été coupés, l’imprimeur le corroie
, c’eft-à-dire, le tire de l’eau , le met fur une
planche, l’arrête avec un pied, & de l’autre le
groffe ep appuyant de toute fa fo rc e , pour en