
laires aux quatre faces, pour l’iffue de la fumée ; I
ces ouvertures font cachées par de petits contre-
murs fufpendus fur des corbeaux : on peut leur
donner quelque ornement d’archite&ure, fur-tout
fi le tuyau de la cheminée eft expofé à la vue.
L’ufage de ces contre-murs qui font en faillie ,
eft pour empêcher que le vent n’entre dans le tuyau
par les ouvertures longues qui fon derrière ; ils cachent
en même temps la difformité de la noirceur
de la fumée : ainfi, lorfque la fumée eft pouffée
en bas par le vent, elle paffe entre les corbeaux,
& fi le temps eft calme, elle monte en fortant par
derrière les contre-murs.
La dernière méthode que le même auteur fournit
, eft prefque conforme â la précédente , en ce
que la cheminée doit être entièrement couverte
par deffus , les ouvertures qui font aux quatre faces
ne paroiffent pas ; la feule différence confifte en
ce qu’elles font cachées, non par des contre-murs,
mais par des tourelles quarrées que Ton nomme carmélites;
ordinairement ces tourelles font rondes, fuf-
pendues aux quatre faces de la cheminée, & ouvertes
par deffus & par deffous , afin que quand le
vent fouffle de haut en bas, ou de bas en haut,
il aide Ja fumée à en fortir par 1« côté oppofé,
fans qu’il puiffe s’engouffrer dans la cheminée, ni !
repouffer la fumée, trouvant toujours un libre ef-
pace pour fortir de ces efpèces de tuyaux, par
quelque côté qu’il y entre.
Il faut obferver que ces tourelles doivent fur-
monter les ouvertures du tuyau, afin qu’elles
fbient plus à couvert du vent, & que'la fumée
-puiffe fortir tant par deffus que par deffous. Cardan
«voit déjà communiqué cette méthode, comme
très-affurée, après l’avoir expérimentée.
Comme tout le monde n’eft pas en état de faire
ces dépènfes, on peut y fuppléer par deux autres
moyens beaucoup moins coûteux, & qui auront
le même iuccès , fi on les pratique exactement.
L e . premier confifte, après avoir couvert entièrement
le deffus du tuyau, à y faire une ouverture
de chaque côté, à l’endroit de la corniche,
ce qui formera comme une petite lucarne ; on fait
aufli deux autres ouvertures longues aux deux
faces comme pour des tourelles, au lieu defquelles
on applique deux planches parallèles qui fe joignent
pardevant, en formant une équerre faillante, de
la grandeur proportionnée à l’ouverture.
Le fécond eft qu’au lieu d’ouvertures longues,
on fait aux deux faces du tuyau, deux trous ronds,
auxquels on adapte deux tuyaux de fer blanc faits
en façon de marteau; mais comme ils ne font
quelquefois pas affez amples pour laifler une libre
iffue à la fumée, on peut y fuppléer, quand il eft
néceffaire, en laiffant deux ou trois ouvertures au
haut du tuyau de la cheminée , qu’il faut couvrir
avec des cônes de terre cuite, ou bien avec des
tuiles creufes dreffées l’une contre, l’autre, & bien
arretées avec du plâtre ou du mortier; elles feront
le même effet que les cônes\ car elles réfifteront
au vent & donneront un libre cours à la fumée.
Ajoutons que c’eft une des meilleures façons
de couvrir toutes fortes de cheminées.
Autres moyens tirés de Savot.
Les coiifeils que Savot a donnés dans fon livre
d'architecture françoife, pour empêcher le reflux de
la fumée, ne confifte nullement dans la forme,
ni dans la différente ftru&ure du tuyau de la cheminée
: mais ils font fondés fur la raifon & l’expérience
, & font en même-temps des produirions
de fon induftrie; c’eft ce qui l’a fait paffer parmi
les architectes qui ont traité ceçte matière, pour
celui qui en a le mieux raifonné. La fimplicité des
moyens qu’il a indiqués, prouve affez que tout
bon phyficien eft en état d’en inventer d’autres,
en réfléchiffant fur les obfervations qu’il a faites
fur cette utile partie, dont voici les principales.
i°. Il ne fumt pas que la cheminée foit conf-
truite félon les réglés de l’art, fi le feu qu’on y
fait n’eft proportionné à l’ouverture de fon tuyau ;
car, comme la flamme fe réfout en air, en vent
& en fuie, fi à raifon d’iih trop grand feu il s’en
réfolvoit en plus grande quantité qu’il n’en peut
fortir par l’ouverture, cet air qui entraîne la fumée
, feroit forcé de refluer avec elle dans la
chambre.'
2.°. Cet air & ce vent étant en partie produits
par la flamme, il s’enfuit que s’il n’y a pas. affez
de flamme, la fumée ne pourra pas monter entièrement
: d’où vient qu’en augmentant la flamme, j quelquefois on fait ceffer la fumée, & qu’au pre«
mier moment qu’on allume le fe u , il le répand
beaucoup de fumée dans la chambre, jufqu’à ce
que le reu faffe une flamme affez forte pour la
chaffer ; de façon qu’en attendant, on eft obligé
d’ouvrir la porte ou la fenêtre, afin que l’air extérieur
fe joignant à celui qui eft produit par la
flamme , chaffe la fumée & la force à monter.
3 °. Il eft néceffaire, .pour prévenir la fumée ,,
que la chambre foit affez v afte, car il fume ordinairement
dans les petits appartemens ; & pour fe
délivrer de cette incommodité, on en contracte
une autre, non moins fâcheufe, par la néeeffité
où l’on fe trouve de laiffer la porte toujours en-
tr’ouverte, tant parce que le feu attire & abforbe
une grande quantité de l’air de la chambre, que
parce que la flamme a befoin continuellement de
nouvel air pour s’entretenir : de forte que s’il n’en
rentre autant dans la chambre, que la flamme en
confomme & en éleve avec foi par la cheminée,
( ce qui eft impoflible dans les cabinets où l’on
fait grand f e u ,) pour1 lors la flamme s’amortit &
la fumée augmente confidérablement, vu que là.
flamme n’eft autre chofe en quelque façon qu’une
fumée allumée1', & la fumée une flamme éteinte ou
non encore allumée-.
Le premier moyen que Savot a expérimenté ÿ
comme très-propre à exclure la fumée des petite^,
chambres, eft qu’il faut rétrécir à la hauteur du.
F U M
plancher, la longueur de l’ouverture dedans le
tuyau , enforte qu’elle n’ait environ qu’un pied
& demi de long en cet endroit.
Il faut de plus relever le foyeè de trois ou quatre
pouces, & baiffer le manteau jufqu’au point qu’il
n’ait que trois pieds de hauteur depuis l’âtre. La
largeur de l’ouverture entre les pieds - droits , doit
être de la même mefure, en obfervant de la terminer
en ceintre ; il faut aufli que dans ce cas les
côtés de la cheminée foient conduits en hotte depuis
la hauteur des pieds-droits, jufqu’à l’endroit
où le tuyau a été rétréci.
La cheminée étant ainfi difpofée, il eft très-difficile
qu’elle fume, parce que le tuyau étant en
partie fermé des de .*?■ .: côtés de fa longueur, lorfque
la fumée & le' vent viennent à defeendre, ils
y trouvent un obftacle qui les fait réfléchir en
haut ; & lorfque le feu eft bien ardent, il repouffe
facilement & fait monter plus haut cette fumée '
réfléchie. D ’ailleurs, la fumée venant du foyer,
& paffant a’une ouverture étroite dans un efpace
plus ample , elle montera aifément, à moins qu’un
vent d’oueô ne vienne à fouffier fortement : malgré
cela la fumée ne feroit jamais rabattue par les
côtés de la cheminée, comme il arrive ordinairement,
mais feulement par le milieu du tuyau ;
en ce cas-là , elle fe mêleroit avec la flamme, où
étant recuite , elle n’offenferoit point les yeux ,
comme nous avons dit ei-deffus.
Il faut" remarquer que, pour que la futfiée foit
dirigée vers l’ouverture du tuyau rétréci, on doit
fe lervir de bois coupé très-court. L’on pourroit
même ajouter à toutes ces raifons, que fortant
moins d’air de la chambre par cette ouverture diminuée
, pour peu qu’il en entre par les interftices
des portes & des fenêtres, il poura fuffire pour
remplacer celui qui fort par la cheminée ;. ainfi la
chambre étant toujours pleine , la fumée fe trouvera
toujours preffée de ce côté-là & n’y entrera
point.
Nous avons déjà dit que lorfqu’il y a deux
tuyaux de cheminées adoffés l’un devant l’autre,
il fume très-fouvent dans l’une des deux chambres ,
principalement dans la plus petite, s’il y a du feu
dans les deux en même temps : c’eft dans ces fortes
de cas qu’il faut faire ufage de cette forme de
cheminée dans la plus petite chambre.
Le même auteur propofe un fécond moyen d’empêcher
de fumer en quelque lieu que ce foit, grand
ou petit, & qui mérite d’être rapporté, tant à .
caufe de fa fingularitè, que parce qu’il eft facile à
mettre en pratique : pour cela il faut pofer fur l’âtre
une grande plaque de fer de la mefure du fo y e r ,
qui loit toute percée de plufieurs petits trous fort
près les uns des autres, & élevée au deffus de
l’ âtre de trois ou quatre pouces ; enfuite on met
fur cette plaque une grille de fer haute de 8 ou 9
pouces, aufli longue que les bûches qu’on veut pofer
deffus, & large à proportion du feu qu’on y veut
faire, ayant tes barreaux très-proches les uns des
F U M 11*
autres, de forte qu’il y a comme trois étages : le
premier & le plus haut, eft deftiné à recevoir le
bois; le fécond, les charbons; & le troifième,
les cendres, au travers duquel l’air & le vent étant
portés en haut, ils tiennent les charbons toujours
allumés, augmentent 1a. flamme, & par ce moyeux
diminuent la fumée, & la pouffent en haut avec
force.
Savot paroît fi affuré des njoyens qu’il propofe
pour empêcher de fumer, qu’il foutient que fi l’on
fait bien en tirer parti, c’eft-à-dire les mettre en
ufage à propos, & félon la différente fituation des
lieux, il fera rarement befoin d’avoir recours aux
inventions des autres auteurs, propofées ci-deffus,
je veux dire les éolipiles de Vitruve , les foupiraux
de Cardan , les moulinets à vent de Jean Bernard,
les chapiteaux de Serlio, les artifices de Philibert
Delorme, & les tabourins de Paduanus.
Autre moyen tiré de M. Vallon.
Nous avons mis au rang des caufes de la fumee,
le vent, la pluie, la neige & la vibration des rayons
du foleil; nous avons expliqué en même temps comment
ils pouvoienty contribuer:Vallon l’avoit fibien
compris , qu’il s’eft attaché uniquement à chercher
un moyen qui pût mettre le tuyau à l’abri de tous
ces accidens de l’air; il a cru qu’une couverture
bien conditionnée , & qui fermât affez exactement
le tuyau de la cheminée pour en réfuter l’entrée
aux vents, à la pluie, &c. fans empêcher toutefois
l’iffue de la fumée, étoit conforme à fon deffein ,
& capable de le fatisfaire. Il ne prétend pas garantir
de la fumée dans tous les cas, parce qu’elle
pourroit dériver de quelqu’autre caufe, comme du
défaut d’air dans la chambre; mais ôtez celle-là,
il efpere, par le moyen d’une couverture, empêcher
que la fumée, parvenue ait fommet de ion
iffue, ne foit renvoyée en bas par le v en t, la plu'e,
&c. fans que cette couverture préjudicie en aucune
façon à la fortie de la fumée. Voici la conftruéfion
de cette couverture.
Il faut dreffer un châffis avec des bandes de fer
qui aient 2 pouces de largeur, fur trois ou quatre
lignes d’épaiffeur ; ce châflis devant être appliqué
fur la fuperficie du tuyau de la cheminée, doit
être fait fuivant la largeur & la longueur de l’ouverture.
Avant que de l’appliquer , il faut y faire quatre
trous ; favoir deux à chacun des deux côtés les plus
longs , ils ferviront à fixer les deux fupports qui
doivent y être attachés avec quatre gros clous rivés,
Ces fupports étant deftinés à porter toute la couverture
de la cheminée, il faut qu’ils foient forts ;
pour cela on aura deux barres de fer d’un bon demi
pouce en quarré, auxquelles on fera un trou au
milieu qui fervira à fixer la couverture ; on en fera
aufli deux autres à égales diftances, qui répondront
à ceux du châflis, pour pouvoir les attacher fur ce
même châflis.
p i j