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tifie dans un creufet avec un mélange compofé de
fel ammoniac, de Tel marin & de briques pilées ;
on tient le tout pendant long-temps a un degré de
chaleur qui le faffe rougir : par ce moyen on le
dégage des métaux imparfaits.
De la fonte de Vargent.
L ’argent eft un des métaux que les chimiftes
nomment parfaits. Il eft blanc quand il eft travaillé,
fin , pur, duâile ; il fe fixe au feu comme l’o r , &
n’en diffère que par le poids & la couleur.
On trouve quelquefois de .l’argent pur, formé
naturellement dans les mines ; mais ce métal, ainfi
que les autres métaux, eft, pour l’ordinaire, mêlé
avec des matières étrangères.
Les mines d’argent les plus ordinaires, font celles
où l’argent eft renfermé dans la pierre : les particules
métalliques font difperfées dans le b loc , &
la richeffe de la mine dépend de la quantité relative
6 de la groffeur de ces particules au volume du
bloc. Dans ces fortes de mines, l’argent eft de fa
couleur naturelle ; mais dans d’autres il paroît de
différentes couleurs, qui dépendent des' matières
avec lefquelles il eft mélangé. Il eft ici noir, roux ;
ailleurs d’un beau rouge, d’une fubftance tranfpa-
rente , & d’une forme approchante de celle des
criftallifations des pierres précieufes ; de forte qu’à
la première v u e , on le prendroit plutôt pour du
rubis que pour de la mine. Il y a des mines d’argent
dans les quatre parties du monde : il y en a
en France, & même dans la généralité .de Paris ;
mais l’exploitation n’en eft pas affez avantageufe.
C ’eft ce qu’on dira, avec les détails convenables,
dans d’autres divifions de cet ouvrage. Arrêtons-
nous à l’objet que nous nous fommes propofé, qui
eft de faire connoître en général l’art du fondeur
des différens métaux.
Pour retirer l’argent du minerai qui le contient,
on commence par le cafter en morceaux affez petits,
pour être moulus & broyés fous des pilons de fer
qui pèfent jufqu’à deux cents livres, & qui, pour
l ’ordinaire, font mis en mouvement par le moyen
de l’eau.
On pafle.le minerai, réduit en poudre, par un
crible de fer ou de cuivre , & on le pétrit avec
de l’eau pour en faire une pâte qu’on laiffeunpeu
deffécher ; puis on la pétrit de rechef avec du fel
marin : enfin on y jette du mercure , & on la pétrit
une troifième fois pour incorporer le mercure avec
l’argent ; c’eft-là ce qu’on appelle amalgame. Huit
ou dix jours fuffifent pour la faire dans les lieux
tempérés ; mais dans les pays froids , il faut quelquefois
un mois ou fix femaines.
On jette la pâte dans des lavoirs pour en féparer
la terre : ces lavoirs confiftent en trois baftins, qui
font fur le courant d’un ruiffeau qui entraîne la
terre, lorfqu’elle a été délayée dans chaque badin.
Poiir faciliter l’opération., on agite continuellement
la pâte avep les pieds ? afin que quand l’eau
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fort claire des baftins , il ne refte au fond que dô
l’argent & du mercure amalgamés enfemble : c’eft
ce qu’on appelle pigne.
On tâche de retirer le mercure, qui n’eft pas uni
à l’argent, en preffant la pigne, en la battant forte-,
ment, ou en la foulant dans une preffe ou moule.
II y a des pignes de différentes groffeurs & de
différentes pefanteurs : ordinairement elles contien-;
nent de l’argent pour le tiers de leur poids ; le meiH
cure fait les deux autres tiers.
On pofe la pigne fous un trépied, au deffous
duquel eft un vafe rempli d’eau : on couvre le tout
avec de la terré en forme de chapiteau, que l’on,
environne de charbons ardens.
L’aélion du feu fait fortir le mercure de la pigne ,
il fe fublime ; enfuite il retombe dans l’eau où il fe
condenfe.
Les intervalles que le mercure occupoit dans la
pagne, reftent vides : ce n’eft plus qu’une maffe po-
reufe & légère , en comparaifon de fon volume.
On peut encore tirer l’argent de la mine de la
manière fuivante. On commence par la cafter, &
quelquefois on la lave pour en féparer la partie
pierreufe qui s’eft réduite en pouflière ; on la cal-;
cine enfuite pour en chaffer le foufre & l’arfenic :
c’eft ce qu’on appelle rôtir la mine; puis onia relave
pour en ôter la poudre calcinée.
La mine étant ainfi préparée , on la fait fondre
avec du plomb, ou avec de la.-litharge, Ou avec
des teftes de coupelles qui ont fervi : on emploie à
cet effet le plomb granulé , quand le travail eft:
petit. Plus la mine eft difficile à fondre, plus on y
met de plomb : on met jufqu’à feize ou vingt parties
de plomb pour une partie de mine. : cette opération
fe nomme fcorifier.
Les fcories font compofées du plomb qui fe vitrifie
avec la pierre & avec ce qui n’eft point or ou
argent dans la mine, & ce- qui eft métal tombe
deffous en régule.
Si ce régule paroît bien métallique, on îe pa'ffe
à la coupelle ; s’il eft encore mêlé de fcories, s’il
eft noir, on le fait refondre avec un peu de verre
de plomb.
Pour féparer l’argent du mercure avec lequel il
eft amalgamé , on a un fourneau qui a une ouverture
au iommet : on couvre cette ouverture d’une
efpèce de chapiteau de terre de forme cylindrique,
qu’on peut laiffer ou enlever à difcrétion.
Quand on a mis dans le fourneau la maffe d’argent
& de mercure, & qu’on a appliqué le couvercle
& allumé le feu , le vif-argent s’élève en
forme de vapeurs & s’attache au chapiteau, d’où
on le retire pour le faire fervir une fécondé fois.
Lorfque l’argent eft bien purifié, qu’on a ôté
autant qu’il eft poffihle, toute la matière étrangère,
foit métallique ou autre qui pourrait y être mêlée a
on dit qu’il eft de douze deniers : c’eft-là l’expreflion
dont on fe fert pour défigner le titre de l’argent lç
plus pur, & fans aucun mélange ni alliage ; mais
s’il s’y en trouve, on déduit le poids du mélange
clu poids principal, & le refte marque le titre de j
l ’argent.
Le denier eft de vingt-quatre grains ; ainfi, lorfque
fur le poids de douze deniers il y a douze grains de
mélange , le titre de l’argent eft onze deniers douze ,
grains ; & ainfi des autres exemples.
Pour monter le titre de l ’argent en le raffinant,
on s’y prend de la manière fuivante : on met une
coupelle ou une tefte à rougir au feu , enfuite on
y met le plomb. Quand le plomb eft fondu & bien
clair , on y ajoute une quantité d’argent proportionnée
; lavoir, une livre de plomb pour quatre à
cinq onces d’argent : on met quelquefois davantage
de plomb lorfque l’argent a beaucoup d’alliage. A
mefure que ces deux métaux fe fondent enfemble,
le cuivre qui auparavant étoit mêlé avec l’argent,
s’en va en fumée ou fort avec l’écume & la litharge ;
le plomb s’évapore de même, & il ne refte dans la
coupelle que l’argent qui eft au degré de fineffe qui
lui convient.
M. Homberg indique une autre manière, beaucoup
plus fimple de raffiner l’argent. Sa méthode
confifte à calciner l’argent avec moitié de foufre
de fa pefanteur ordinaire ; & après avoir fondu le
tout enfemble, d’y jetter, à différentes fois, une
certaine quantité de limaille d’acier*Par cette opération,
le foufre abandonne l’argent pour fe joindre
au fe r , & l’un & l’autre fe. convertiffent en écume
qui nagent fur l’argent, & on trouve au fond du
creufet le métal purifié.
Nous nous bornons à ce qui concerne l\*rr du fondeur.
Les autres confédérations fur ce métal, font
du reffort du métallurgifte, du chimifte, &c.
De la fonte du cuivre-.
Le cuivre eft un métal imparfait, d’un rouge éclatant
, très-fonore, très-dur, duéfile & malléable.
Il paroît compofé d’une fubftance terreufe rouge,
& de beaucoup de phlogiftique ou de principe inflammable.
Le cuivre diffère des autres métaux, non-feulement
par fa couleur, mais encore par le fon qu’il
pofsède à un plus haut degré que tous les autres.
Son poids eft à celui de l’or , comme 4 eft à 9. Il
eft moins pefant que l’argent ; il n’y a que le fer
qui foit plus dur & plus difficile à fondre que lui.
Il rougit long-temps au feu avant que d’entrer en
fufion; il donne à la flamme une couleur qui tient
du bleu & du vert ; un feu violent '& continué
pendant long-temps, diffipe une portion de ce métal
fous la forme de vapeurs ou de fumée , tandis
qu’une autre partie eft réduite en une chaux rougeâtre
qui n’a plus fa forme métallique ; c’eft ce
qu’on appelle chaux de cuivre ou ces ujlum.
Si on frotte le cuivre avec les mains , il répand
une odeur défagréable qui lui eft particulière ; &
mis fur la langue, il y imprime une faveur ftyp-
tique, auftère, & capable d’exciter des naufées :
expofé à l’air , il fe couvre d’une rouille verte.
Tous les diffolvans, tels que l’eau, lesffiuiies, les
acides, les alkalis, les fçls neutres, les réfxnes, &c.
agiffent fur le .cuivre, S i il les colore en vert ; c’eft
à cette couleur verte qu’il eft facile de reconnoître
la préfence du cuivre : les alkalis volatils changent
cette couleur verte en bleu.
Quand ce métal eft en fufion, le contaâ de la
moindre humidité ou d’une goutte d’eau, lui fait
faire une explofion três-confidérable 8 i très-dange-
reufe pour ceux qui voudroient en tenter l’expérience.
La nature ne nous préfente que rarement & en
petite quantité , le cuivre fous fa véritable forme ;
ihfaut pour cela qu’il foit tiré de fa mine, féparé
d’une' infinité de fubftances étrangères qui contribuent
à le mafquer tant qu’il eft dans le fein de
la terre ; cependant il fe trouve quelquefois tout
formé ; mais il n’eft point fi pur que celui qui a
paffé par les travaux de la métallurgie.
Il y a des mines de cuivre dans toutes les parties
du monde connu : il s’en trouve en Europe, en
A fie , en Amérique, fur-tout en Suède & en Allemagne.
Il y en a auffi en France qu’on travaille
avec affez de fuccès.-
Le cuivre eft, de tous les métaux, celui dont
les minés font les plus variées, foit pour les couleurs
, foit pour l’arrangement des parties ; quel-
fois on, le trouve par filons, quelquefois par des
couchés dilatées; d’autres fois par morceaux détachées
répandus dans la terre : c’eft ce qu’on verra
avec les détails convenables dans la partie de la
minéralogie.
Les difficultés de traiter le cuivre , viennent des
matières étrangères, martiales, fulphureufes, ar-
fenicales , terreufes ou pierreufes , &c. qui font
quelquefois étroitement unies avec le cuivre dans
fa mine.
Les fondeurs Suédois diftinguent trois efpèces de
mines de cuivre. i°. Les mines' de cuivre fimples;
ce font celles qui font dégagées des parties terreufes
& pierreufes. 20. Les mines de cuivre dures ; ce
font celles qüifontunies avec des pierres vitrifiables,
telles que le quartz, ce qui en rend la fufion difficile.
3 °. Les mines de cuivre réfraélaires ; ce font
celles qui font mêlées avec des pierres qui réfiftent
à l’aétion du feu , telles que le talc, l’amiante, &c.
Il arrive fouvent que dans ces mines de cuivre,
les parties hétérogènes telles que le fer, la terre,
la pierre , &c. s’y trouvent en plus grande abondance
que ce métal ; ces incOnvéniens n’empêchent
point de travailler ces mines pauvres , dans les
pays comme la Suède & quelques parties de l’Allemagne
, où le bois eft commun & la main-d’oeuvre
à bon marché : hors ce cas , il y aurait beaucoup
de perte à vouloir les traiter.
Il y a différentes opérations qui varient fuivant
la qualité des mines. Le triage eft une des principales
préparations, comme on l’obfervera dans la
partie de la métallurgie.
Les mines qui ont befoin d’être grillées ou calcinées
, le font dans un fourneau fort fimple, de la