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corps du droit civil & du droit canonique, avec
toutes les lois du pays : dans la fécondé, les commentaires
: dans la troifième, le droit criminel ;
dans la quatrième, le's confeils ; dans la cinquième,
les obfervations & les queftions de droit ; dans la
fixième, tout ce qui regarde la jurifprudence pratique
; dans la feptième , les décifions ; dans la
huitième, les répertoires & les di&ionnaires ; dans
la neuvième, les traités de droit; dans la dixième,
le droit public ; dans la onzième, le droit féodal ;
dans la douzième, la colle&ion des ouvrages des
jurifconfultes ; & dans la treizième, les contro-
verfes juridiques. Les livres de médecine ne rem-
pliffent qu’une claffe, depuis que lè roi défunt en
a détaché & donné à la bibliothèque de l’académie
des' fciences, ce qui appartient à la phyfique
& à la médecine. Les livres de philofophie font
partagés en deux claffes. La première embraffe
généralement la philofophie théorétique , & la
fécondé la philofophie pratique. Les ouvrages de
politique & d’économie forment une claffe à part.
Les livres d’hiftoire civile font partagés en quatre
claffes. Dans la première fe trouvent principalement
les fources; dans la fécondé, les anciens; dans la
troifième, l’hiftoire du moyen âge ; dans la quatrième
, celle des temps modernes. Les livres de
géographie , avec les cartes & les relations de
voyages, forment une claffe à part. Les chroniques
de tous les états & royaumes, vu leur grand
nombre , fuffifent aufli pour remplir une claffe.
Il en eft de même des ouvrages généalogiques,
joints à ceux qui concernent l’hiftoire littéraire &
celle des arts & des fciences. Les livres de mathématiques
, dont la plus grande partie a été donnée
à l’académie royale des fciences, font deux claffes.
Il y en a une à part pour les ouvrages d’architecture
civile & militaire , d’artillerie & de. pyrotechnie.
Les livres où font contenues les recherches
fur les antiqués des Grecs, des Romains &
des autres nations, rempliffent une claffe dans laquelle
entre ^ce qui concerne la diplomatique , la
numifmatique, &c. Il y a une claffe pour les poètes,
les traités de poéfie. & ceux de mufique. Une
autre raffemble les livres qui fervent à apprendre
les langues , & les dictionnaires y font compris.
Les fables, les romans, & tout ce qui s’y rapporte,
appartiennent à une claffe féparée. Chacune de ces
claffes ne contient pas feulement les livres les plus
volumineux & les plus précieux, mais aufli ceux à
qui leur rareté donne la plus grande valeur : on en
trouve la plupart indiqués dans les catalogues
des livres rares , donnés par V o g t , Clément &
d’ autres.
La bibliothèque royale a un fort bel extérieur,
la reliure de tous les livres étant uniforme, rouge,
avec le dos doré; & fur ce dos on a marqué fous
quelle régence ces livres ont été acquis , leurs
titres, le lieu & l’année de l’imprefffon. Ils font
aufli rangés dans le plus bel ordre, fuivant le format,
pour chaque claffe : & la falie eft ornée de
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portraits d’anciens philofôphes, des premiers réformateurs
& d’autres favans.
Au bout de cette falle eft la chambre des ma-
nufcrits. Après fes auguftes fondateurs, la bibliothèque
eft redevable de l’abondance & de la rareté
des monumens relatifs à l’hiftoire littéraire &
à^la connoiffance des livres que cette chambre
particulière contient, à la libéralité des chapitres,
des cloîtres &.d e quelques particuliers. Il feroit à
foühaiter que les tréfors qui foqt encore enfevelis
dans ce dépôt, viffent la lumière : mais en attendant
, on les montre & on en permet l’ufage à
tous les favans, convenablement aux circonftances.
Tous les manufcrits font divifés en treize claffes.
Les orientaux ont été pour la plupart raffemblés
par Théodore Petræus : il y en a aufli qui viennent
des bibliothèques d’Olearius , de Rau , &
î d’autres favans. Les manufcrits hébreux de l’ancien
teftament , le Codex Ravianus du nouveau,
le Talmud, & uji Aicoran dont l’écriture eft fort
belle , méritent une attention particulière ; & pour
ne pas parler de quantité de manufcrits arabes ,
perfans , turcs , coptes , éthiopiens & autres , on
trouve aufti dans ce cabinet deux exemplaires de la
loi Thora, tels qu’ils exiftent dans les fynagogues.
Les manufcrits les plus nombreux font les latins
fur parchemin. Le plus ancien eft l’ouvrage de S.
Ambroife , de Ojjîciis miniftrorum ecclejzce, qui a
été écrit au VIII fiècle, avant le temps de Charlemagne.
Depuis cette date les manufcrits fe fui-
vent dans un ordre non interrompu. Parmi ceux
de théologie, il n’y en a point de plus digne d’attention
que les anciens Codices, en fort grand
nombre, des livres du vieux & du nouveau teftament
, fur-tout un pfeautier , dans lequel toutes
les variantes que S. Jérôme a remarquées dans
les exemplaires hébreux & grecs ,font diftinguées
par les marques particulières qu’on nomme obeles
& ajlérifmes. Il faut encore diftinguer le Codex
corfendocanus en latin , dont Erafme s’ eft fervi
dans fa traduction du nouveau teftament, les manufcrits
des ouvrages des premiers pères de l’é-
glife, & les livres liturgiques , pour ne pas faire
mention des glofes & des commentaires. Parmi
les livres de jurifprudence font les corps de droit,
tant civil que canonique & féodal avec les glofes,
& un très - ancien & remarquable manufcrit du
Miroir Saxon. Les ouvrages des plus favans jurifconfultes
des anciens temps , qui portent les
titres de Promptuaria , Summce, TraElatus, Auton-
tates,. Repartitiones, Letfiones, fe trouvent ici en
grand nombre. Dans les livres de médecine peuvent
être compris ceux qui fervent à étendre la
connoiffance de i’hiftoire naturelle ; & il fe préfente
dans ce genre des chofes très - curieufes ,
comme le recueil de fleurs & d’infeCtes d’un peintre
natif de Bavière, nommé Corli, la Flora Japonica
de Mentzel, le Théâtre de la nature du brèjil, recueilli
par le prince Jean Maurice de Naffau, les
huit volumes in-fol. de C. Johrenïi Flora ad vivurn %
depiiïa, & une autre collection femblable, de J
io volumes , où y il a aufli des oifeaux , des poif-
fons , des infeétes , & c , peints d’après nature. Il
faut bien fe garder d’omettre l'Herbarium yïvum ,
qui eft très-nombreux & tout-à-fait bien rangé.
Parmi la grande quantité des manufcrits historiques
qu’on rencontre ic i, il y a , outre les chroniques
anciennes & modernes des royaumes &
des états, les généalogies des principales maifons
avec des tables très-bien écrites, & fuperbement
enluminées ou même peintes , particulièrement
des ducs de Poméranie ; des peintures & des def-
fins qui fervent à illuftrer les ufages des anciens
peuples; la collection Mazarine fervant à l’hiftoire
des' fiècles XVe & XVIe, en 1 18 volumes in-fol. ,
& une autre de 47 volumes ; 49 cartes de tout
le cercle de Suabe, parfaitement bien deflinées à
la plume par le capitaine Jacques de Michel ; le
recueil de plufieurs manufcrits rares, fervant à com-
pletter l’hiftoire de Weftphalie , formé par Dith-
mar, &c.
Par rapport à la philofophie, il y a bon nombre
de monumens de la décadence de cette fcience
avant la réformation.
Les auteurs clafliques offrent une Pharfale de
Lucain, du IXe fiècle, fur parchemin qui eft le
plus ancien de ces manufcrits.
On remarque parmi les manufcrits allemands
une ancienne traduction des pfeaumes du XIIIe
ffècle; des traductions des livres du vieux & du
nouveau teftament avant Luther ; des manufcrits
de la propre main de Luther & d’autres favans ;
des manufcrits des poètes allemands des fiècles
XIVe & X V e; d’anciéns dictionnaires allemands &
latins, particuliérement de jurifprudence; des vies
des Saints & des anciens Pères.
On ne doit pas une moindre attention, aux
monumens de l’invention de l’imprimerie, tels
que la première bible imprimée à Mayence fur du
parchemin , une autre en 1462 , & encore une
imprimée à Naples dès l’an 1476 ; le corps du
droit canon imprimé à Mayence fur parchemin en
1472 : les monumens de l’invention de Laurent
Cofter à Harlem ; favoir , le Spéculum falutis &
les révélations de Saint Jean, de gravure en bois;
deux bibles imprimées fur parchemin par Hans
Luff, & enluminées par le célèbre Lucas Cranach ;
une bible imprimée à Lunebourg chez les frères
Stern, en deux volumes in-fol., avec des reliures
peintes fur verre"& magnifiquement gravées en
argent , & dont les figures font admirablement
enluminées avec des couleurs naturelles.
La bibliothèque chinoife, avec une imprimerie
pour cette langue , font renfermées dans des armoires
à part.
On voit outre cela deux volumes in - fol. des
deffins des plus célèbres peintres , & un recueil
confidérable d’eftampes. Item, la première Pompé
pneumatique d’Otton de Guericke, & les Héttùfphl-
rçs de Magdebourg du même.
La bibliothèque royale avec la bibliothèque de
Spanheim eft ouverte tous les jours; & il eft permis
à tous les gens de lettres de fe faire donner
des livres dans l’appartement qui précède la-bibliothèque
, & où il y a dans une armoire à part
un catalogue alphabétique de tous les livres, de
les feuilletter & d’y lire. Mais on ne fauroit en
emporter qu’avec une permiflion expreffe..
Depuis 1709, la direction en chef de la bibliothèque
royale appartient au miniftre du département
des affaires eccléfiaftiques', qui eft actuellement
S. E. M. de Munchaufen. Les bibliothécaires
font à préfent M. le .confeiller de cour Stofçh &
l’abbé Pernetry.
Bibliothèque de Berne. Cette bibliothèque doit
fes commencemens à l’époque mémorable de îa
réformation, embraffée par les Bernois en 1528.
Le couvent des Cordeliers ou Francifcains, placé
au milieu de la ville, fut deftiné à loger des pro-
feffeurs & des eccléfiaftiques nourris aux dépens
de l’état , qui voua à cet ufage les revenus du
couvent. Ce fut dans une des falles de ce même
bâtiment qu’on affembla , au commencement de
l’année 1528 , le fynôde appelé vulgairement la
Difpute , où le gouvernement fit inviter les évêques
, les prélats , les abbés, les doCteurs, & les
curés de la Suiffe ; les féciiliers mêmes eurent droit
d’entrer en lice , fur les points en controverfe.
Les aCtes de cette difpute qui fe tint en langue
allemande , furent imprimés par ordre du gouvernement.
Elle fut fuivie du changement de religion
, dans la capitale & dans le pays. On def-
tina quelque temps après une nouvelle aile du
même bâtiment à mettre une bibliothèque, formée
des débris de celles des religieux, qui dans ce temps
étoient prefque par-tout les feuls qui poffédaffent des
livres. La chartreufe de Thorberg , fittié à deux
lieues de Berne, en.fournit un affez grand nombre,
parmi lefquels fe trouve une édition de la bible
Vulgate, fans titre ni date , dont les lettres initiales
font écrites à la main, & qui portent tous
les caractères des premiers commencemens de
l’imprimerie. L’établiffement d’un collège & d’une
académie, (temps qui défigne en Suifle un corps
de profeffeurs ) , fit naître à Berne le goût des
études. Cette ville eut pendant le XVIe fiècle plufieurs
favans , connus par leurs ouvrages. Te l eft
le commentaire de Ben. Aretius fur Pindare, imprimé
à Berne en 1586 , qui eft eftimédes connoif-
feurs. Dans le même temps il s’ètoit établi de bonnes
imprimeries dans Berne & dans Laufanne. On
peut juger du mérite de celle-ci, par le beau Plutarque
d’Amyot, imprimé à Laufanne en 1567, édition
qui feroit honneur aux Eriennes & aux Wechel.
La bibliothèque de Berne s’augmentoit par des
préfens en argent & en livres. Mais ce ne fut
qu’en 1628 ou 1629, qu’efie acquit quelque célébrité
, par la donation que lui fit Jacques Gra-
vifet , feigneur de Liebèges , de la bibliothèque
du célèbre Bongars. Il ne fera pas inutile d'entrer.