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grandeur & de même hois,que les formes , faites
pour fervir aux cordonniers à emboutir le cuir des
femelles.
Il en eft pour hommes & pour femmes, & de
deux fortes.
La première ,- (jîg. 44 , meme pl. ) eft une pièce
de bois d’environ neuf à dix pouces de longueur,
à trois carres en A , creufée en B , en forme de
calotte ovale, propre à emboutir le cuir, garnie
d’un manche C , par où on la tient lorfque l’on
emboutit.
La deuxième (ƒ#. 4/ ) eft une pièce de bois de
quelque forme que ce fo it, creufée aufli en B , en
forme de calotte ov ale, deftinée au même ufage.
Les formiers ne compofent point à Paris un corps
de communauté. Il y a des artifans fans qualité qui
s’occupent de cette efp.èce de métier pour y gagner
leur vie. Cependant les maîtres cordonniers ont
feuls effëntiellement le droit de faire & vendre à
Paris des formes ; & il y a quelques maîtres qui
s’adonnent à ce négoce. Mais les jurés n’ont pu approprier
entièrement à leur communauté, ce travail &
ce petit commerce.
Talonier.
Le talonier eft un ouvrier qui fait des talons de
bois pour -le_s cordonniers. On fe fert pour cette
fabrique du même bois & des mêmes outils que
pour faire les formes.
Il -y a des cordonniers à Paris qui s’adonnent
entièrement à faire des talons pour des fouliers
d’hommes & de femmes, pour des mules, pantoufles
, babouches, &c.
Il faut que le talon, fait d’un bois léger, fojù
propre , bien plané , & qu’il puiffe s’approprier
dans la chaüflùre à la partie du pied qu’on appelle
le talon.
La forme des talons d’hommes èft plate & affez
large ; celle des talons de femmes eft haute &
pointue.
On en fait d’une infinité de figures & de grandeurs
différentes, que le cordonnier doit encore
ajufter fuivant la fantaifie des particuliers.
Sabotier.
Le fabotier eft un ouvrier qui travaille dans les
forêts ou dans les environs, à fcier certains arbres
par branches ., qu’il écartelle enfuite, & dont il
creufe chaque morceau avec des tarières & des
cuillers faites .exprès , pour en faire des fabots.
La maîtrife dès eaux & forêts de France , veut
que le fabotier fe tienne, pour fon travail, à demi-
lieue de la forêt.
' Les fabots font une forte de chauffure de bois
léger & creufè, dont les payfans fe fervent fur-tout
en France, faute de fouliers.
Lés fabots les plus propres viennent duLimoufin,
de l’Auvergne, &c.
Ce font à Paris. les boiffeliers , les chandeliers &
les reeràtiers qui en font le commerce en détail.
FOR
On rapporte qu’un^médecin de Londres, il y a
quelque temps , confeilla de porter des fabots à
un jeune enfant de qualité qui commençoit à être
attaqué du rachitis ; mais on ne trouva point une
feule paire de fabots dans toute l’Angleterre ; il en
fallut faire venir de France. Cependant les anciens
connoiffoient cette chauffure de bois & ils en fai-
foient. Elle étoit à l’ufage des pauvres laboureurs ;
mais ce qu’il y a de particulier , c’eft que c’étoit
aufli celle des parricides , lorfqu’on les enfermoit
dans un fac pour les jeter dans la mer.
Sans porter plus loin l’érudition à propos de
fabots , nous dirons que les Ôuvriers qui les fabri-,
quent font ordinairement dans une cabane conf-
truite comme le toit d’une glacière, avec une ouverture
au fommet pour fervir à-la-fois de fenêtre
& de cheminée. On fait le feu dans le milieu de
cette cabane.
Un ouvrier fait la première ébauche du fabot
avec la cognée.
Un autre perce avec une tarière la place du
pied.
Un autre fe fert d’un outil tranchant qu’on.nomme
la cuiller, pour faire le talon.
On pare , c’eft-à-dire , qu’on achève le fabot en
l’evidant, & le poliffant à l’extérieur.
Fabrique de mairain.
On nomme mairain, un bois refehdu en petites
planches plus longues que larges , dont on fe fert
à divers ufagesprincipalement pour la menuiferie,
la boiffelerie, la tonnelerie; & pour la conftruélion
de tonneaux à liqueur.
Le mairain fe fait ordinairement de bois de
chêne.
Cependant il y a des pays où l’on emploie pour
le même effet le bois de châtaignier, de faule & de
mûrier blanc.
Les autres bois ne font propres qu’à faire des futailles
deftinées à contenir des marchandifes sèches.
On diftingue deux efpèces de mairain , ,1e mairain
à panneaux, qui doit avoir depuis un pjpd jufqu’à
quatre de longueur, & un pouce ou un pouce &
demi d’épaiffeur. Il fert dans la menuiferie à faire
des parquets & autres ouvrages.
Le mairain à futailles ou bourdillon , eft de différente
longueur, fuivant les lieux & les différens
vaiffeaux auxquels il eft deftiné. On lui donne quatre
pieds de long pour les pipes , trois pieds pour les
muids , deux pieds & demi pour les bariques &
demi-queues ; fa largeur va depuis quatre pouces
jufqu’à fept , & fon épaiffeur , depuis fix lignes
jufqu’à neuf. Tout ce qui eft au deffus eft réputé
ejfautage ou bois de rebut. Les enfonçures ou fonds
des tonneaux doivent avoir deux pieds de longueur,
fix pouces de largeur, & fept à neuf lignes d’épaiffeur.
Quoiqu’on faffe dans différentes provinces de
France beaucoup de mairain, qu’on nomme- communément
bois de "pays ; la plus grande partie nous
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vient dû Nord parla mer Baltique, principalement
de Dantziek & de Hambourg.
Comme le mairain eft un bois qu’on exploite par
le moyen de la fente , & fans le feeours de la feie,
on coupe les arbres qui font propres à le faire par
rouleaux de trois pieds & demi, ou tout au plus
de quatre piéds de longueur. On choifit pour cet
effet les arbres qui ont le moins de noeuds, & qui
font les plus droits ; les autres ne valent rien pour
cette opération,
Les rouleaux étant fciés , on les fend en deux ,
en quatre , en huit ; enfin , en autant de parties
qu’on peut en tirer de douves. Lorfque les quartiers
font trop larges, & qu’on veut économifer le bois ,
on les fend en deux dans le point de la circonférence
qui fe trouve à peu près au milieu, on y fait
enfuite d’autres fentes parallèles à côté des rayons,
de façon cependant qu’on ait toujours une épaiffeur
fuffifante pour trouver un nombre pair de pièces de
mairain. Si le nombre fe trouvoit impair , on n’en
tireroit pas un aufli bon parti, parce que pour fendre
le bois droit, il faut une égalité de force, de réfif-
tancë des deux côtés , autrement la partie foible fe
cafferoit ou deviendroit défeâueufe par fon défaut
d’épaiffeur.
Pour éviter cet inconvénient, l’ouvrier conduit
adroitement fon ouvrage avec le fendoir ou coutré,
dont-il fe fert. Il tourne la pièce de manière qu’il
appuie davantage fur la partie la plus forte; pour la
faire céder à la plus foible , & dirige ainfi fa fente de
droit fil. Lorfqu’il lui refte quelques morceaux de
bois1 étroits ou triangulaires dont il ne peut point
tirer des douves, il en fait des échalas.
Pour bien tailler le mairain & avoir le moins de
perte que faire fe peut, l’ouvrier fend le bois dans
le fens des rayons qui traverfent les cercles de la
sève, parce que s’il le fendoit en fuivant lés lignes
perpendiculaires à ces mêmes rayons , les douves
ne retiendroient pas fi bien les liqueurs que fi elles
étoient fendues dans l’autre fens ; elles feroient plus
fujettes à fe gercer & fe fendroient plus difficilement.
Lorfqu’on exploite des arbres qui ne font pas
d’une groffeur fuffifante , & qu’au lieu de les mettre
en quartiers , on les fend dans leur entier , comme
fi l’on,en droit des planches avec la feie, le mairain
n’en vaut rien pour les tonneaux , parce que les
feuilles fibreufes du bois fe trouvent de travers à
l’épaiffeur des douves ; le vin filtre & perd de fa
qualité par l’évaporation.
Pour n’être point trompé par les marchands, qui,
par fiipereherie, mêlent quelquefois de cette efpèce
de mairain avec le bon-, on l’examine foigneu-
fement, & on reconnoît le bon à ce que les feuilles
tranfverfalès font à plat, ce qui fait que les douves
ne fe fendent pas à la chaleur, & qu’elles ne peuvent
être pénétrées par les liqueurs.
Le mairain paie pour droit d’entrée , depuis dix
fols jufqu’à quinze par millier, à proportion de fa
longueur*
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Celui de pays paie huit fols par millier pour droit
de fortie, en conformité du tarif de 1664.
Echalas.
Les échalas font des morceaux de coeur de chêne
refendus carrément paf éelâts d’environ Un pouce
de gros, & .planés ou,rabotés, qu’on navre quand
ils ne font pâs droits, c’eft-à-dire, qu’on leur fait
une hoche avec la ferpette.
Les pièces de bois qu’on veut fendre pour faire
des échalas, font placées entre les deux fourches du
fendoir, qui eft compofé de deux branches d’arbres
affujetties horizontalement à la hauteur de deux
pieds & demi, lefqûelles fervent d’établi-
II fe fait des échalas de différente longueur ;
ceux de quatre pieds & demi fervent pour les con-
tre-efpaliers & haies d’appui ; ceux de huit à neuf
pieds ou de douze, &c. pour lès treillages.
Quand le bois deftiné à faire du mairain pour les
douves de tonneaux fe trouve veineux ou défectueux
, on en fait des échalas, dont les plus communs
font pour les vignes , & les meilleurs pour
les paliffades des jardins.
Comme il eft indifférent pour les échalas dans
quel fens fe trouvent les fibres du bois , il ne faut
jamais y employer des arbres dont on peut tirer
des planches, du mairain ou des lattes, parce qu’on
trouve dans les jeunes bois ou dans les branches
des vieux , des rondins qui font bons à en faire. Les
meilleurs font ceux de châtaignier. Ceux qui font
faits de coeur de chêne viennent après.
Éclijfes.
Les éclijfes font des planches légères & minces l
dont on fe fert pour divers ouvrages, fur-tout dans
la boiflèllerie.
On difpofe fouvent dans la forêt même ou dans
là cabane des ouvriers, les édifies en lames minces
& roulées, de différentes épaiffeurs & hauteurs ,
fuivant les ouvrages auxquels on les deftine, comme
des boiffeaux, des tamis, des litrons, &c.
Latte.
C ’eft un morceau de bois de chêne coupé de
fente dans la forêt fur peu de l a rg eu rp e u d’épaiffeur,
& quatre à cinq pieds de longueur.
La latte fait partie de la couverture des maifons ;
elle s’attache fur les chevrons , & fert d’arrêt & de
foutien à l’ardoife , à la tuile., & autres matières
qui forment le deffus des couvertures.
La latte pour l’ardoife s’appelle volice j celle
qu’on met aux pans de charpente pour recevoir &
tenir un enduit de plâtre , s’appelle latte jointive*
La latte voüce a la même longueur & épaiffeur
que la carrée.
Toute latte doit être fanSaubier. Il y en a 25 à
la botte.
La contre-latte fe dit de la latte attachée en hauteur
fur la latte, & la coupant à angle droit ou,
oblique.