
vouloir Ce prêter en accordant des abonnemens
particuliers. ( Article du Mercure d'août /77a. ) *
Quant aux contrefaçons dans les imprimeries
étrangères , c’eft aux frontières du royaume qu’elles
peuvent être reconnues , arrêtées & renvoyées à un
bureau deJibrairie par les commis des fermes
qui feroient intéreffés dans ces recherches, & fpé-
cialement chargés par le gouvernement & par leurs
fupérieurs. Ils feroient aidés dans le contrôle de
ces livres frauduleux & des éditions contrefaites
par un tableau de tous les ouvrages nouveaux
ou nouvellement imprimés pour le compte d’un
éditeur François , & cet état dreffé dans le bureau
des permiflions, .ou dans les .chambres fyndicales
de la librairie , ou tout Amplement le journal de
littérature publié tontes les femaines par Ph. D.
Pierres, imprimeur à Paris , feroit envoyé réguliè-
ment dans tous les bureaux des frontières. Il eft
fenfible que les nouveautés françoifes ne peuvent
entrer en France que contrefaites , & elles font
néceffairement adreffées à' un corrèfpondant qui
feroit cenfé le complice du contrefaifeur. Une lettre
d’avis au propriétaire oa libraire de l’ouvrage
annoncé, le mettroit alors en état de faire fes
plaint s , & les diligences nèceffaires pour le maintien
de fon privilège & la défenfe des fes droits
<& de fon bien.
Au refie, quand on fera perfuadé que la contrefaçon
eft un mal, qu’elle eft un vol fait à la
propriété du citoyen , une infraâion à la juftice
& à la lo i , un mépris du privilège du fouverain,
un préjudice notable pour l’imprimerie nationale
& pour le commerce , & fur-tout un tort décourageant
pour les intérêts des gens de lettres, &
des lettres elles-mêmes ; il y a toutes fortes de
moyens que le génie de l’adminiftration fait bien
employer, quand il le veut, pour empêcher le délit
dans fa fource, ou l’arrêter dans fon .cours*
Librairie ancienne-,.
On va parler préfentement du libraire exerçant
l ’ancienne librairie , qu’on appelle libraire-bibliographe,
.
La connoiffance, le mérite & la rareté dés livres
en toutes les langues connues, exigent un fi grand
travail, que la vie de l’homme ne peut fuffire
pour pofleder parfaitement toutes les différentes
parties que cette fcience renferme. Plufieurs bibliographes
, il eft v ra i, nous ont laiffé de bons ouvrages
fur cette fcience ; mais il n’en eft pas qui
ne le foit trompé & qui n’ait induit les autres en
erreur : il fe fait chaque jour de nouvelles découvertes,
& l’on en fera encore par la fuite;. & ,
dans cette fcience , comme dans toutes les autres,
on acquiert tous les jours de nouvelles connoiffances.
La grande quantité de bibliothèques publiques
dans tous les pays, & fur-tout la riche & im-
menfe bibliothèque du r o i f o n t encore d’un grand
fecours ; mais l’étude générale de cette fcience eft
fi longue & fi épineufe, qu’un bon libraire-bibliographe
doit mériter certainement quelques confédérations
dans la république des lettres : car fi
c’eft au faVaïit, qui fait une étude particulière
d’une claffe , à donner au public les connoiffances
qu’il a acquifes ; c’eft au libraire-bibliographe, qui
embraffe toutes les différentes claffes , à l’aider
dans fes recherches, en lui procurant & fouvent
lui ènfeignant les fources où il peut puifeiv
Jufqu’à la fin du dernier fiècle, 8c au commencement
même de celui-ci., les bibliothèques 8i
cabinets de particuliers ne fe vendoient pas par
catalogue; les libraires de ce temps, la plupart
fans éducation , 8c dont les connoiffances littéraires
étoient bornées, s'entendaient enfemble pour
acheter en commun les cabinets & les bibliothèques
, puis ils les détailloient, comme font aéluel-
lement les colporteurs , en vendant chaque article
entre eux au plus offrant & dernier enchériffeur,
de manière que le produit doiibloit quelquefois
le prix de l’acquifition. Heureufement quelques
libraires, plus inftruits & plus délicats, commencèrent
vers ce temps à s’occuper fèrieufement de
la connoifïance des livres : MM.*Profper Marchand
, Boudot, &c. vendirent les cabinets à l’enchère,
& donnèrent les catalogues des bibliothèques
qui en mérïtoiertt la peine. Les bons catalogues
raifonnés avec des tables d’auteurs , difpofés
par MM. Martin, Boudot, Barrois , Piger, &c„.
formèrent infehfiblement le goût du public pour
les livres, & lui firent naître l’envie d’avoir des
cabinets & des bibliothèques*. C ’eft à ces libraires
bibliographes que l’ancienne librairie eft redevable
de l’état floriflant où elle fe trouve r & de
l’eftime dont elle jouit auprès dès gens éclairés
qui favent diftinguer les vrais libraires d’avec cette
multitude de colporteurs de toute efpèce, que le
public appelle improprement libraires,
L’excellent ouvrage, de M. G. Fr. De Bure- ÿ
qui a pour titre Bibliographie inftruflive, ou Traité
de là connoiffance des livres rares , en y vol in-$°o
dont le premier a paru en 1763, eft un guide né-
; ceffaire à tous les particuliers -& libraires qui defi-
reront connoître les livres rares, ceux de goût
& de fantaifie. Les jeunes libraires ne fauroient
trop étudier cet important ouvrage ; les tf*>nnoif-
fances bibliographiques qu’ils y puiferont font bien
au deffus de celles de certain critique.
Le libraire - bibliographe doit .non-feulement
joindre aux connoiffances primitives du libraire
commerçant,; l’étude des langues, allemande , an-
, gloife 8c italienne : ces deux dernières fur-tout
lui deviennent prefque indifpen fablespar le nombre
des livres rares 8c excellents qui font fortis
& qui fortent tous les jours des preffes, de ces
pays : mais il doit encore aimer la leéhire dont il
faut qu’il fâche tirer parti; avoir beaucoup de mémoire;
connokre les titres des livres, leurs dates,
leurs différentes éditions lavoir diftinguer celles
originales d’avec celles contrefaites; prendre une
idée fommaire de chaque ouvrage, foit par la lec- ■
tm-e de la préface, de la .table des chapitres , ou
même d’une partie du livre, pour pouvoir placer ■
ces différons ouvrages à la claffe qui leur convient, ;
lorfqu’il aura des catalogues à difpofer pour le,
public ou pour les.particuliers; .lavoir de plus les !
anecdotes qui donnent un degre de rareté à plufieurs
livres ; pofleder à fond le fyftéme biblio- (
graphique le plus unlyerfellement reçu ; avoir des
correfpondances dans les pays, étrangers pour etre
inftruit des bibliothèques qui y font à vendre,
& faire à propos l’acquifition de certains livres
qui, n’étant point rares dans un pay s , peuvent
fe placer dans un autre avec avantage.
Toutes ces connoiffances, quoique affez etendues,
ne fufilfent pas encore à ce libraire : il faut de plus
qu’il foit honnête, fociable 8c d.e bonne conversation
; qu’il ne cherche point à tromper en vendant
un livre pour un autre, une mauvaife édition
pour une bonne ; qu’il fréquente les favans,
les curieux de livres ; qu’il n’en impofe à qui que
ce foit fur les inftruélions qu’on lui demande ; qu^il
ait le talent d’étudier le goût du public, de s y
conformer , de lui faire connoître les livres qui
peuvent lui convenir, de lui faire defirer ceux qufon
ne peut trouver qu’avec peine, de lui faire naître
enfin l’envie de fe former une bibliothèque considérable
, en commençant par une partie & l’amenant
infenfiblement à une autre.
Voilà à peu près les connoiffances & le talent
que doivent avoir les libraires-bibliographes jaloux
d’y joindre une réputation diftinguée 8c bien méritée.
{Article extrait du Dict.des Arts & Métiers.')
A in fi, la fcience du libraire-bibliographe eft de
connoître les livres anciens, les livres rares, de
diftinguer l’édition princeps , 8c les éditions originales
d’avec les contrefaites ; d’apprécier celles
qui font les plus eftimèes & qui méritent de l’être ;
mais fon talent eft de diftribuer les livres par claffes
fuivant un certain ordre reçu de matières, de
genres & de fortes, dans un catalogue méthodique
; enfuite de pouvoir ordonner 8c ranger une
grande bibliothèque.
Il nous refte donc à parler, pour compléter cet
article, i°. des catalogues ; a°. des bibliothèques.
Des catalogues de livres,
Ce qui exifte, ce qui arrive, ce qu’on petit
dire , fait e , ou imaginer , tout enfin étant matière
-de livres, la vie la plus longue 8c l’étude, la
plus aflidue ne mettent que difficilement en état
d’en acquérir la connoiffance.
On doit donc s’en faire un plan méthodique,afin
defavoir caraflérifer & réduire à des claffes convenables
ce nombre prodigieux d’écrits qu’on a donnés,
8c qu’on donne tous les jours au public.
Autrement on eft expofè à errer perpétuellement
dans l’immenfité de la littérature, comme dans
un labyrinthe plein de routes confufes.
Ce iyftême pu plan méthodique, confifte à dl-
vifer & fous-divifer en diverfes claffes, ce qui fait
l’objet de nos connoiffances ; chacune des claffes
primitives pouvant être confidérée- comme un
tronc qui porte des branches, des rameaux 8c des
feuilles.
La difficulté à furmonter pour établir entre toutes
ces parties l’ordre qui leur convient, eft i°. de
fixer le rang que les claffes primitives doivent
tenir entr’elles ; 2.0. de rapporter à chacune d’elles
la quantité immenfe de branches, de rameaux &
de feuilles qui leur appartiennent.
Ces divifions & fous-divifions une fois établies
forment ce qu’on nomme fyftéme biblïographque,
8c s’appliquent à l’arrangement des livres foit dans
un catalogue, foit dans une bibliothèque.
Un des avantages que l’on retire de ces divifions
8c fous-divifions bien établies, eft de trouver
avec facilité les livres que l’on cherche. Elles
procurent aufli à l’homme de lettres le moyen de
connoître affez promptement ce qu’on a écrit de
meilleur fur les matières qu’il étudie ou qu’il fe
propofe d’étudier.
De favans bibliographes & des libraires habiles
ont donné différens fyftêmes de catalogues. Il fuffit
d’indiquer les principaux que l’on pourra confulter.
On a obligation à Lambecius du catalogue des
manuferits de la bibliothèque de l’empereur.
Maittaire a fait celui de la bibliothèque Har-
léiennê.
Profper Marchand a fuivi des routes qui lui
étoient particulières, & en a donné les raifons
dans fon catalogue de Faultrier.
Un autre bibliographe renommé dans ce genre
de littérature , & qui en effet a mis beaucoup
d’ordre, d’intelligence & de raifonnement dans
fes divifions, & qui a fait de bonnes notes fur
les livres rares , eft M. Martin , libraire de Paris.
Auffi , fon fyftéme eft-il le plus généralement
adopté.
On peut encore confulter avec confiance à cet
égard la Bibliographie inftruitive de M. De Bure ,
déjà cité cbdeuiis, & l’excellent catalogue de la
riche & fameufe bibliothèque du feu duc dé la
Vallière , en trois volumes in-8\ avec beaucoup
de notices favantes & lumineufes par M. De Bure
fils aîné , libraire très-connu en cette partie de la
librairie.
Si le catalogue de la bibliothèque du roi étoit
achevé, c’eft fon fyftêmé qu’il fauûroit propo er.
Les divifions générales font les mêmes que celles
adoptées par M. Martin ; mais on y a porté les
fous divifions à un degré de détails qui nè fe trouve
dans aucun autre ouvrage <ls cette nature ; ce qui
j ne peut avoir lieu qu’à raifon de la multiplie té
' & de la diverfité prefque infinie des ouvrages que
renferme ce vafte catalogue des connoiffances humaines,
A in fi, nous propoferons pour modèle le