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i8°. L’on fera courir enfuite le rouage peu-
à-peu & lentement , pour voir fi les roues tournent
rondement, également & parallèlement aux
platines. On obfervera fi le barillet a des jours
deifus , defious & de côté , de manière qu’il ne
touche point aux platines , à la fufée, à la chaîne
ou à la grande roue : ce que l’on verra plus facilement
tandis que la chaîne tirant le rouage, tend
à rapprocher la fufée du barillet.
190. On prendra foin qu’il n’y ait aucune vis
de dehors qui rentre au dedans de la cage , &
qui puiiîe toucher au barillet ou à aucune autre
des pièces ; que les tiges des roues de champ &
de rencontre ne fe touchent point, ou ne foient
point trop écartées ; ce qui leroit également ' défectueux.;
qu’aucune des roues ne touche ou aux
piliers, ou aux autres pièces voifmes , mais fur-
tout.qu’elles n’aient point trop de liberté .an cage,
& que les trous ne foient pas trop grands; il ne
faudroit pas non-plus qu’elles y fu fient trop gênées.
20°. Les trous doivent être ébifés par dehors
en forme de cônes ou de réfervoirs, pour recevoir
l’huiie. Il faut que chaque pivot paroiffe au
fond, fans être plus élevé ni plus court, de peur
qu’une partie du pivot ou une partie du trou
venant à s’ufer plus que l’autre, les frottemens
n’en foient augmentés. En effet, il arrivera, fi le
pivot eft trop grand, qu’il s’y formera une gorge
par i’ufure ou le frottement de la partie qui touche
la platine, & qui en traverfe l’épaiffeur, tandis
que l’extrémité reftera en forme de tétine ; au
contraire, fi le pivot eft trop cou rt, & s’il ne
traverfe qu’une partie de l’épaifleur de la platiné,
il s’ufera vers la pointe, & jcreufera l’intérieur feulement
de la platine, de forte qu’il y reftera une
petite portion de fon épaifleur fur laquelle frottera
le pivot.
2.10. Avant que de démonter le mouvement,
on examinera s’il y a un repère fur l’arbre du
barillet & fur la platine, pour remettre le reflbrt
au même degré de bande, lorfqu’il s’agira de
remonter le mouvement.
5.20. En le démontant, il fera facile d’obferver
fi les piliers font d’égale hauteur, s’ils ne forcent
point la cage & ne brident point la platine lorf-
qu’on enfonce les goupilles avec force, s’ils font
bien rivés, fi le porte-pivot de la contre-potence
ne laiffe point trop de jeu ou trop peu à la roue
de champ ; & fi le trou du nez de la potence eft
trop grand, on y mettra un lardon à clavette,
qui porte le trou de la roué, de rencontre ; par-là
on aura la facilité de bien partager les chûtes de
l’échappement.
23 °*. Après avoir ôté le balancier & , la roue de
rencontre, on verra fi les pivots de cette roue
font bien faits, fi le pivot qui entre dans la contre
potence ou dans le porte-pivot eft bien bruni ;
autrement il perceroit le trou du piton de la contre-
potence , & les dents de la roue de rencontre
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n’auroient plus la même levée. Il faut donc que
le fond du trou de la contre-potence foit bien
carré ; il fera même à propos de le reboucher, &
de faire enforte que le pivot n’y entre pas trop
avant.
240. On verra fi toutes les roues font bien rivées
, droites & rondes, particulièrement la roue
de rencontre ; fi la roue de champ n’eft point trop
épaiffe du côté des dents, fi tous les pignons ont
des tigerons & des portées raifonnables ; s’il y
a des gorges pour empêcher l’huile de couler jul-
qu’aux ailes des pignons ; s’il n’y a pas quelque
trou qui foit ébifé en dedans, comme font malà
propos certains horlogers , pour donner de la
liberté à leurs roues.
250. On jugera, par le nombre des trous de
la fufée, & par celui des dents des roues, fi la
montre peut aller trente heures comme elle le
doit faire. On examinera fucceffivement tous les
engrenages , pour voir s’il n’y a point d’arc-boutement
des dents contre les. ailes en entrant; fi les
dents ont aflez de liberté entre les ailes étant au
milieu , & fi en fortant elles ne forment point de
foubrefauts. Un engrenage imparfait peut faire arrêter
la montre, ou y caufer des précipitations
irrégulières ou des lenteurs : effets défagréables à
l’oreille, quand même ils ne produiroient aucun
dérangement ré e l, mais qui ne peuvent guères
manquer d’en affréter le mouvement.
2,6°. Les premiers engrenages font les plus im-
portans, parce qu’étant conduits par une plus
grande force, les frottemens y font plus rudes ,
& y durent plus long-temps.. Chaque aile du premier
pignon , par exemple, met cinq minutes à
pafler ; or , fi pendant cet efpace de temps , cet
engrenage perd quelque ehofe de fa force, & que
les autres engrenages en perdent auffi dans le
même inftant, la montre fera fujette à s’arrêter.
2.70. L’engrenage de la roue de champ eft auffi
de la plus grande conféquence , non-feulement
parce que le recul y eft très-fenfible, mais parce
qu’il faut que les dents en foient fendues dans
l’alignement de la tige de la roue de rencontre ,
qu’elles foient bien parallèles au pignon, & qu’elles
fe préfentent de la même manière que fi l’axe de
la roiie de rencontre pafloit par le centre, au lieu
d’être placé de côté.
Il faut cependant remarquer que l’on pourroit
facilement rendre plus parfait ï'engrenage de la
roue de champ, en plaçant la contre-potence au
devant de l’axe de la roue de champ , comme on
le pratique dans les pendules ;■ alors le centre de
la roue de champ leroit dans la direction de
l’axe de la roue de rencontre, & agiroit fur le
pignon à égale diftance des deux extrémités ; par
ce moyen, le frottement & l’ufure feroient les
mêmes fur tous les deux pivots, & les dents de
la roue de champ ne fe préfonteroient plus de
côté aux ailes du pignon.
A u r e f i s , le m e illeu r rem èd e, q u e l ’o n p o u r ro it
apporter aux défauts de cet engrenage, feroit de
le fupprimer totalement, par le moyen d’un nouvel
échappement pr’opofé par M. le Paute.
28V La chaîne ne doit pas être trop longue,
de peur qu’elle ne fe replie fur elle-même, & ne
diminue d’autant la force du reflbrt qui agiroit
alors fur un levier plus court; d’ailleurs, l’efpace
qui eft entre le barillet & -la potence ne lui per-
mettroit point de pafler.
On examinera fi là chaîne eft bonne, auffi bien
que fes crochets ; fi elle ne s’engage point dans
les pas de la fufée', & on la frottera avec de l’huile.
290. On obfervera fi l’arbre du barillet eft jufte
en hauteur , & s’il Occupe un tiers du diamètre
du barillet ; fi le deffus du barillet eft retenu exac- '
tement dans le drageoir , s’il eft bien plat & fans
aucuns traits intérieurs, de même que le fond du
barillet. On nettoiera le refîort avec un linge
huilé, & enfuite on aura foin de ne le pas forcer
trop en l’ouvrant, de le frotter avec de l’huile
bien propre,, de voir s’il eft é g a l, s’il n’eft pas
trop plein, trop haut ou trop bas , fi tous les
tours fe font fans frottemens ni fecoufles ; on y
mettra une barrette s’il n’y en a point, én obfer-
vant qu’il fafle aflez de tours pour qu’il y en ait
un, & demi de plus que le nombre de tours que !
la chaîne fait fur le barillet, c’eft-à^dire, environ
trois quarts au deflus & trois quarts au deflbus
du point où il eft égal à la fufée, déduCtion faite
du bout de chaîne qui ne fe plie jamais fur la
fufée ; & lorfqu’on aura trouvé le point d’égalité,
on fera un repère fur l’arbre du barillet & fur
la platine, comme on l’a dit ci-dêflùs.
30°. On examinera fi le reflbrt accroche bien,
fi le defîiis du barillet eft aflez ferré dans le drageoir,
& pour plus de fûreté, on paflera un bru-
niflbir fur les bords pour le ferrer.
Il eft fur-tout eflentiel de bien égaler lé ref-
fort à la fufée , c’eft-à-dire , de faire enforte que
le reflbrt la tire également au moins 2,8 heures.
Pour cela, on emploie un levier divifé en parties
égales, & chargé à fon extrémité d’un poids qui
né foit point trop pefant, mais dont la légéreté
foit compenfée par la longueur du levier, fuivant •
les règles de la ftatique , fjui nous apprennent
qu’une livre de poids mife à trois pouces du centre,
fora le même effet que quatre onces mifes à un
demi-pied du même centre.
310. Avant que de remonter la montre, fi elle
a déjà fe rv i, on aura 'foin de détremper avec de 1 huile tous les trous, de les effuyer, d’y pafler
du bois tel que le fùlain , jufqu’à ce qu’il en
forte bien net. On doit nettoyer toutes les ailes
des pignons avec du bois blanc, les pivots avec •
du liège, & les roues avec une broffe bien fèche
& bien nette. 32-0* On doit mettre d’abord de l’huile au talon
de la potence, pour le pivot du balancier ;
au nez de la potence , pour la roue de rencontre ;
à la contre-potence & au pivot de la roue de
longue-tige, parce que , fi on mettoit l huile dans
fon trou, la partie de la tige qui doit pafler au
travers, en emporteroit une partie.
330. Après avoir remis tout le rouage en placé,
ferré les goupilles, & examiné , comme neus
l’avons dit, fi toutes les roues ont la liberté ne-
ceflaire, & fi elles n’ortt pas trop de jeu , on
mettra de l’huile dans tous les réfervoirs.
340. La dernière attention que l’on aura, fera
de mettre la montre bien dans fon echappement,
en tirant plus ou moins le fpit*al.
350. *Dans les montres dont l’échappement eft
à repos , le repère que l’on a fait une fois au
fpiral refte toujours à-peu-près le même ; mais
avec un échappement à roue de rencontre , on
n’eft jamais fur qu’une montre qui étoit réglée
avant que d’être démontée, le fera encore après
l’avoir remontée ; de forte qu’on aura toujours
befoin de lâcher le fpiral ou d’en retirer, fuivant
qu’il fe trouvera en avancement ou en retard.
( Article de AT. le Paute , horloger-du Roi, extrait
de fon Traité <Thorlogerie , chap. VII ).
Montres qui fe remontent d'elles-mêmes.
On a imaginé, de nos jours, des montres qui
fe remontent d’elles-mêmes par leur foui balance-,
ment;, fans qu’on foit obligé d’ufor du moyen ufite
de reflerrer le reflbrt tous les jours avec une clé.
L’expédient qui a été trouvé eft d adapter au
; rouage un poids mobile , qui, en fe balançant par
j la moindre aCtion, même dans la poche, met en
mouvement la roue de remontoir, laquelle agit
fur le reflbrt renfermé dans le barillet, & le remonte
quand il y a lieu , s’arrêtant par une détente
lorfqu’il eft fuffifammènt tendu.
Un des avantages de cette invention, eft d’ô-
ter la néceflité d’ouvrir fouvént les montres pour
les remonter, & de rendre inutile l’ouverture
par laquelle on les remonte , enforte qu’elles ne
font plus fujettes à fe charger de pouffière ; ce
qui contribue à les rendre plus réglées, & moins
fujettes à fe déranger.
M. Saint-Martin, jeune horloger plein d’induftrie
& de connôifîances relatives à fon ar t, a porté
cette nouvelle invention à fa perfection , par des
procédés qui lui font particuliers , & qu’il peut
adapter aux montres ordinaires.
Chronomètre pour la muf quel
M. Da vaux , célèbre amateur & excellent com-
pofiteur de mufique , a annoncé de la manière
fuivante, dans les papiers publics de mai 1784,
un nouveau chronomètre pour marquer les temps
de la mefure : infiniment ou pendule nouveau,
qui a pour but de déterminer, avec la plus
grande exaCtitude , les différens degrés de vitefie
ou de lenteur des temps, dans une pièce de mufique
, depuis le prefiijjîmo jufqu’au largo, avec
des nuances imperceptibles d’un degré à l’autre.