» tous les autres, & ce n’eft pas une plece rare.
» Entre les manufcrits modernes que j’y ai 'Vus,
eft une hiftoire de Saladin in-fol. -écrite en arabe,
î> & traduite en latin par un favant de Bâle, qui fe
» nommoit M. Harder... . Le cabinet d’Amerbach 5> fe conferve dans la même bibliothèque.
» Il y a plufieurs médailles & plusieurs tableaux
v d’Holbein dans le même lieu , &c. J’y ai vu.
33 une tradudion du traité de Plutarque de la main
33 d’Erafme : fon teftament écrit aufli de fa main;
3> & une permiflion qu’il avoit obtenue de man-.
33 ger de la viande toute fa vie.
» Entre les ouvrages de la nature & de l’art que
» l’on garde dans ce cabinet , ce qui m’a frappé
davantage eft une groffe pièce de plomb que
l’on a trouvée depuis quelques années dans un
» pré, en un endroit où l’herbe ne croiffoit point, 33 & où l’on fouilla pour en découvrir la raifon.
33 C’eft, félon les apparences, un poids ancien : il
» y a deffus cette infcription, Societat. S. T. Luc.
« Ret. Ce morceau de plomb pefe prodigieufe- 3> ment, & beaucoup plus que ne doit peler une
33 plece d’un volume égal à celui-là. « Hiftoire de
la vie & des ouvrages de M. de la Cro^e.
Venife a une célèbre bibliothèque, qu’on nomme
communément la bibliothèque de S. Marc , où
l’on conferve l’évangile de ce faint, écrit , à ce
qu’on prétend, de-fa propre main, & qui, après
avoir été long-temps à Aquilée où il prêcha la
f o i , fut porté à Venife mais dans le vrai il n’y
en a que quelques cachiers, & encore d’une écriture
fi effacée, qu’on ne peut diftinger fi c’eft du
grec ou du latin. Cette bibliothèque eft d’ailleurs
fort riche en manufcrits : celles que le cardinal
Béffarion & Pétrarque léguèrent à la république ,
font auffi dans la même ville , & unies à celle
que le fénat a fondée à l’hôtel de la monnoie.
Padoue eft plein de bihliotheques; il n’y manque
que des curieux : en effet, cette ville a toujours
été célébré par fon univerfité , & par le grand
nombre de favans qui lui doivent la naiffance. On
y voit la bibliothèque de S. Juftin , celle de S.
Antoine, & celle de S. Jean de Latran. Sixte de
Sienne dit qu’il a vu dans cette derniere une copie
de l’épître de S. Paul aux peuples de Laodicée,
& qu’il en fit même un extrait. La bibliothèque de
Padoue fut fondée par Pignorius ; Thomazerius
nous en a donné un catalogue dans fa bibliotheca.
Il y en a une magnifique à Ferrure , où l’on-
voit un grand nombre de manufcrits anciens &
d’autres monumens curieux de l’antiquité, comme
des ftatues, des tableaux & des médailles de la
collection de Pierre Ligorius , célèbre architecte,
& l’un des plus favans hommes de fon fiècle.
La bibliothèque de Bologne ou d e l’Inftitut, eft
d’environ 1 1 5 mille volumes : elle eft placée dans
un vaiffeau qui fut commencé en 1741 , l’ancien ’
vaiffeau fe trouvant trop petit pour contenir les
différentes collections des livres qui avoient été
données à l’Inftitut, Cette bibliothèque eft ouverte
tous les jours pendant plufieurs heuresde la matinée J
à l’exception du mercredi.’ Elle ne peut manquer
d’être très-fréquentée dans une ville d’étude, où
l’on fe rend de toutes parts pour acquérir des con-
noiffances. Les quatre pièces de cette bibliothèque
font ornées de buftes & de portraits.
L’efcalier & l’anti-chambre de la bibliothèque
font remplis de différentes inferiptions, & il y a
trois falles pleines de livres. On y conferve avec
vénération 400 volumes de manufcrits du célèbre
Aldrovandi, (dont 14 volumes in-folio de figures
de plantes & d’animaux ) , les manufcrits du pape
Benoît X IV , & ceux du comte Marfigli. On y
voit les portraits des hommes illuftres & des bienfaiteurs
de la bibliothèque, tels que Marfigli, le
cardinal Monti , & fur-tout le pape Benoît XIV
qui a donné plus de 20 mille volumes. Il y a environ
200 feudi ou 1067 Ùv- de revenu, qui font
affeCtés à l’entretien de la bibliothèque.
On prétend que dans celle des Dominicains à
Bologne, on voit le Pentateuque écrit de la main
d’Efdras. Tiffard, dans fa grammaire hébraïque, dit
l’avoir vu fouvent, & qu’il eft très-bien écrit fur une
feule grande peau : mais Hottinger prouve clairement
que ce manuferit n’a jamais été d’Efdras.
A Naple les Dominicains ont une belle bibliothèque
, où font les ouvrages de Pontaniis , que
fa fille Eugénie donna pour immortalifer la mé*-.
moire de fon illuftre père.
La bibliothèque du roi à Capo di Monte mérite
l’attention des curieux,
La bibliothèque de S. Ambroife à Milan fût
fondée par le cardinal Frédéric Borromée : elle a
plus de dix mille manufcrits recueillis par Antoine
Oggiati. Quelques-uns prétendent qu’elle fut enrichie
aux dépens de celle de Pinelli : on peut dire
qu’elle n’eft inférieure à aucune de celles dont nous
avons parlé, puifqu’elle contenoit il y a quelques
années 46 mille volumes & 12 mille manufcrits,
fans compter ee qu’on y a ajouté depuis.
Là bibliothèque du duc de Mantoue peut être
mife au nombre des bibliothèques les plus curieufes
du monde. Elle fouffrit à la vérité beaucoup pendant
les guerres d’Italie qui éclatèrent en 1701; &
fans doute elle a été tranfportée à Vienne. C’eft-
là qu’étoit la fameufe plaque de bronze couverte
de chiffres égyptiens & d’hiéroglyphe^ , dont le
favant Pignorius a donné l’explication,
La bibliothèque de Florence contient tout ce
qu’il y a de plus brillant, de plus curieux & de plus
inftruâif : elle renferme un nombre prodigieux de
livres & de manufcrits les plus rares en toutes fortes
de langues ; quelques - uns font d’un prix inefti-
mable : les ftatues, les médailles , les buftes , 6c
d’autres monumens de l’antiquité y font fans nombre.
Le Mufceum Florentinum peut fcul donner une
jufte idée de ce magnifique cabinet ; là description
de la bibliothèque mériterojt feule un volume
à part. Il ne faut pas oublier le manuferit qui fe
conferve dans la chapelle de la cour ; c’eft l’êvan-.
gile de S. Jean qui, à ce qu’on prétend, eft écrit
de fa propre main.
Il y a deux autres bibliothaques à Florence ,
dont l’une fut fondée en l’églife de S. Laurent par
le pape Clément VII de la famille de Médicis,
& eft ornée d’un grand nombre de manufcrits
hébreux , grecs & latins. L’autre fut fondée par
Cofme de Médicis dans l’églife de S. Marc qui appartient
aux Jacobins.
Il y a une très-belle bibliothèque à P ife , qu’on
dit avoir été enrichie de 8000 volumes qu’AIde
Manuce légua à l’académie de cette ville.
La bibliothèque du roi de Sardaigne à Turin ,
eft très - curieufe par rapport aux manufcrits du
célébré Pierre Ligorius qui deflina toutes les antiquités
de l’Italie.
La bibliothèque du Vatican fut commencée dans
le V e fiécle par S. Hilaire, pape, qui le premier
raffembla beaucoup de livres faims dans le palais
de Latran. Saint Zacharie y ajouta beaucoup de
manufcrits grecs & latins , vers l’an 750. Nicolas V
ayant tranfporté cette bibliothèque au Vatican,
vers l’an 1450, envoya des favans dans différens
pays pour raffembler de bons livres. A la prife de
Conftantinople , Califte III acquit beaucoup de
ceux de la bibliothèque impériale. Sixte IV y ajouta
quantité de livres & de manufcrits originaux.
Sixte-Quint, vers l’an 1586, établit la bibliothèque
dans l’endroit où elle eft actuellement, l’augmenta
confidérablement, & afligna des revenus
pour l’augmentation & pour le fervice de cette
bibliothèque. Paul V en prolongea l’appartement
dans l’aile droite , & ajouta les archives fecrettes.
Maximilien de Bavière donna à Grégoire XV la
bibliothèque des électeurs Palatins, & Urbain VIII
la fit placer dans l’aile gauche ; c’eft le plus grand
accroiffemenf qu’elle ait reçu. Alexandre VII y réunit
encore celle des ducs d’Urbin, & Alexandre VIII
celle de la reine Chiftine. Clément XI fit venir
beaucoup de manufcrits arabes, arméniens, fyria-
ques. Clément XII augmenta l’aile gauche jufqu’à
deux cents pieds de long, & fit faire de nouvelles
armoires où l’on a placé la bibliothèque du marquis
Capponi, léguée par fon teftament en 1747,
& beaucoup de vafes étrufques achetés des héritiers.
du cardinal Gualteri. Enfin, Benoît XIV y a
formé un cabinet d’antiques, acheté principalement
dans la fucceflion du cardinal Carpegna.
L’entrée de la bibliothèque eft dans la galerie
du Belvedere. L’anti - chambre eft toute remplie
par les bureaux des deux gardiens & de fept interprètes
( Scrittori ) , établis pour les principales
langues de l’Europe , & qui font attachés à cette
bibliothèque. On y a mis les portraits des cardinaux
bibliothécaires , parmi lefquels on en voit
des plus célébrés , tels que Cafanatta , Noris,
Quirini, Pafiionei, & le bibliothécaire aâuel, qui
eft le cardinal Alexandre Albani.
La grande falle qui fait le principal vaiffeau de
la bibliothèque , a 196 pieds de long fur 48 de
large : elle eft partagée par fept ptlaftres qui fou-
tiennent la voûte. On ne croit point en y entrant
voir une bibliothèque; tous les livres font renfermés
dans des armoires , dont les portes font 'chargées
de différentes peintures d’Antoine Viviani y
Paul Baglioni, &c.
Dans la falle qui forme un prolongement de la
première , il y a deux longues galeries , à droite
& à gauche : on affure qu’elles font en total une
longueur de 300 toifes; elles font remplies d armoires
qui renferment des livres; mais dans celle
de la droite il y a aufli une colleâion de vafes
étrufques, deux grands planifpheres célefte & ter-
reftre, en papier de la Chine, & le Mufoeum chrif--
tianum ou recueil d’antiques, dont le plus grand
nombre a rapport au chriftianifme. Benoît XIV,
le forma en 1756 , principalement de la fuccef-
fion du cardinal Carpegna ; mais le pape Clément
XIII l’a augmenté de plufieurs raretés, que
le commandeur Vettori avoit raffemblées , de plufieurs
tombeaux, de camées & de foufres ou empreintes
de pierres gravées. On y voit les médaillons
dont le célébré fénateur Buonarotti avoit
donné l’explication ; des fceaux en plomb de diplômes
anciens, raffemblés par François Ficoroni,
■ habile antiquaire ; & la colleâion des monnoies
papales, qui a été raffemblée & publiée par Xavier
Scilla, de Mefline.
On y conferve aufli une belle collection de 35o
médailles antiques des empereurs , qui ont été
publiées en deux volumes in-fol., à la calcogra-
phie de la Caméra; elles font montées fur des
tablettes de bois d’Inde ; il y a dans chaque trou
deux petites pointes, fur lefquelles les médaillés
peuvent rouler, enforte qu’on les peut voir facilement
des deux côtés ; les trous de l’un des côtés
de ces tablettes , ont de petits cadres de bronze
de la forme de la médaille, ce qui fait un ajufte-
ment fimple & agréable.
Dans le cabinet des antiques , on remarque un
petit bas-relief en camée, qui a un pied deux
pouces & demi de long, fur dix pouces & quatre
lignes de large; la pierre fur laquelle il eft exécuté
, a trois couches : la première & la dernière
font de marbre blanc, & celle du milieu de mar*
bre jaune ; le fujet repréfente le triomphe de Bac-
chus & d’A riane, traînés par quatre centaures :
c’eft une très-belle chofe pour l’idée & pour l’exécution
; il eft gravé dans le livre de Santi Bartdli.
Ulyffe, Diomède & le Palladium , petit bas-
relief très-bon : un autre petit bas-relief en forme
ov ale, repréfentant le triomphe de Junon ; il eft
aufli fort eftimé.
Dans la galerie qui eft du côté gauche, on
trouve d’abord des peintures qui furent faites fous
Sixte-Quint; elles contiennent d’autres hiftoires de
fon règne, telles que l’élévation de Vobélifque du
Vatican; on y voit la façade de S. Pierre, dans
la forme qu’elle devoit avoir fuivant les deflins
de Michel-Ange : il n’y ayoit point d’attique, c’eft