
rable de titres ^ amaffès & mis en ordre par M.
Blondeau de Charnage qui les vendit au roi. Ils
font maintenant partie du dépôt des généalogies.
Tant d’acquifitions & une infinité d’autres ,
étoient dus aux foins & au zèle aétif du bibliothécaire.
Les étrangers, pour répondre à fes de-
firs, lui envoyèrent des livres en tous genres &
dans toutes les langues. Quelques temps avant
fa mort il remit au dépôt des manufcrits une copie
magnifique du livre d'Enoch, qui avoit échappé
aux recherches réitérées de M. Colbert : il fut
apporté d’Abyfîiniè & donné en préfent au roi
pour fa bibliothèque, par M. le chevalier Bruce
anglois.
M. Bignon mourut le 8 mars 1772. M. Bignon
fon fils, confeiller d’état , lui fuccéda. Il fignala
fon entrée dans la place de maître de la librairie ,
en procurant à la bibliothèque du roi de nouvelles
richeffes par les acquifitions importantes , i° . du
précieux cabinet des médailles de M. Pellerin ;
20. d’une partie du cabinet d’eftampes de M. Mariette
; 30. d’environ 300 volumes imprimés en
langue ruffe , & d’environ 100 manufcrits indiens,
perfans , &c. tous apportés de Verfailles &
venant du bureau des affaires étrangères ; 40. de
plus de 3 oo- manufcrits perfans, arabes , indiens,
donnés au roi par M ........ ; & d’un nombre confidérable
de livres chinois envoyés par le P. Amyot
millionnaire, & d’autres ouvrages importans fur
les arts , fur la guerre , fur le gouvernement &
l’hiftoire, que M. Bertin miniftre d’état, amateur
très-curieux en cette partie , fait venir de la Chine
& des Indes.
M. Bignon a encore enrichi la bibliothèque de
livres rares & uniques, ou de premières éditions
dans tous les genres de littérature, la plupart pro-
venans de la vente du fameux cabinet de M. le
duc de la Vallière.
On a déjà 10 volumes in -folio imprimés du
catalogue des livres que l’on doit au zèle de MM.
les bibliothécaires en chef, & aux travaux de MM.
les gardes des livres & des manufcrits.
De ces dix volumes quatre comprennent les
manufcrits , favoir ; le premier , les manufcrits
orientaux ; le fécond , les manufcrits grecs ; le
troifième & le quatrième, les manufcrits latins.
Les fix autres volumes Comprennent les livres imprimés
, favoir ; trois volumes pour l’écriture
îainte & la théologie, deux pour les belles-lettres,
un pour le droit canonique. Le public jouiroit
maintenant du onzième volume, Si M. Caperon-
nier, garde des livres & l’un des plus favans bibliographes
, ne fût pas mort dans le temps même
où l’on alloit commencer à imprimer la partie du
droit civil qui étoit toute prête , ouvrage immenfe,
difpofé & rangé fur un plan nouveau & de la
plus belle ordonnance. (Extrait en partie de l’Encyclopédie
, du DiEtïonnaire universel des Sciences
morale & économique , de l’EJfai hiflorique fur la
bibliothèque du roi, &c. )
La mort de M. Bignon, arrivée en avril 1784 J
a fait paffer ce dépôt royal des connoiffances humaines
, entre les mains de M. Lenoir, confeiller
d état, lieutenant-général de police, que fes fer-
vices importans, fes longs travaux & fes lumières
rendent digne de l’honneur de veiller à ce feu
facré du génie, qui languit s’il n’eft fans ceffe entretenu
, animé , augmenté. Heureufemént M. le
baron de Breteuil, miniftre & fecrétaire d’é tat,
en fécondant les vues bienfaifantes de S. M ., &
fatisfaifant lui-même fon goût pour la gloire des
lettres & l’ho‘nneurde la France, regarde comme
un des plus beaux apanages de fon adminiftra-
tiori , de pouvoir répondre à la vigilance aélive
& éclairée du nouveau bibliothécaire du roi.
Cette bibliothèque eft ouverte à tout le monde
deux jours de la lemaine; favoir, le mardi & le
vendredi matin, excepté les jours de fêtes. Les
vacances font,depuis le 8 feptembre jufqu’au 12
novembre, de quinze jours à No ël, quinze jours
à Pâques, & huit jours à la Pentecôte.
On fait avec quel plaifir les favans à qui la
garde en eft confiée, facilitent aux auteurs les recherches
qu’ils y font, & les encouragent en les
aidant de leurs confeils & leurs lumières.
Sous le garde général de la bibliothèque , font
plufieurs favans commis par le roi, à la- garde particulière
des différens dépôts qui conftituent ce
riche tréfor. Ceux aéhieUement en place (en 1784)
font :
M. l’abbé Barthelemi, pour la garde du cabinet
des médailles & antiques.
M. Béjot, pour la garde du dépôt des manufcrits.
M. l’abbé Defaulnays, pour la garde des livres
imprimés.
M. Joly., pour la garde du cabinet des planches
gravées & des eftampes.
M. l’abbé de Jevigney, pour la garde des titres
& généalogies.
Il y a encore iin certain nombre de perfonnes
attachées à cette bibliothèque, dans chaque dépôt
féparément, fous les ordres du garde particulier,
& qui font occupées les jours confacrés au public
à donner les livres que l’on demande, & les autres
jours à vaquer aux travaux relatifs au dépôt ou
chacun eft employé.
Il y a aufli plufieurs favans qui y font attachés,
& qui font également appointés par le roi en
qualité d’interprètes pour les langues étrangères.
Les autres bibliothèques publiques & particulières
de Paris, dans lefquelles on a un facile accès,
font les fuivantes.
Bibliothèque de l’abbaye de S. Viâor , rue du
même nom.
Bibliothèque Mazarine , au college du même
nom.
Bibliothèque des Avocats, dans une des galeries
de l’archevêché.
Bibliothèque des Prêtres de la Doélrine, dans
le haut de la rue des foffés S, Viétor.
Bibliothèque
Bibliothèque de la V ille , rue S. Antoine, mai-
fon de Saint-Louis.
Bibliothèque de PUniverfité , au collège de
Louis-le-Grand.
Bibliothèque de la Faculté de Médecine , rue
& vis-à-vis le Temple.
Bibliothèque de S. Germain-des-Prés.
Bibliothèque de l’abbaye Sainte Genevieve.
Bibliothèque de Sorbonne.
Bibliothèque du collège’ de Navarre.
Bibliothèque des Auguftins de la Place des Victoires.
Bibliothèque de Soubife.
Bibliothèque des Prêtres de l’Oratoire, rue S.
Honoré.
Bibliothèque des Jacobins réformés de la rue
S. Honoré.
Bibliothèque des Jacobins , rue S. Jacques.
Bibliothèque des Jacobins du Noviciat général,
rue S. Dominique.
Bibliothèque de l’Académie d’Architecture, au
Louvre.
Bibliothèque du monaftère & prieuré royal de
S. Martin des Champs.
Bibliothèque des Petits Augu^ins.
Bibliothèque des religieux Picpus , fauxbourg
S. Antoine.
Bibliothèque des Récolets, fauxbourg S. Martin.
Bibliothèque des Minimes de la Place Royale.
Bibliothèque des Carmes de la Place Maubert.
Bibliothèque de la maifon de l’Inftitution de
l’Oratoire.
Bibliothèque des Cordeliers.
Bibliothèque des Chartreux.
Bibliothèque des Capucins de la rue S. Honoré.
Bibliothèque des Capucins delà Chauffée d’Antin.
Bibliothèque du Séminaire de S. Sulpice.
Bibliothèque de la paroiffe Sainte Marguerite,
fauxbourg S. Antoine.
Il ne faut pas oublier dans la notice des grandes
bibliothèques, celle de M. le marquis de Paulmy d'Ar-
genfon, miniftre d’E tat, gouverneur de TArfenal
où il demeure.
Elle e# une des plus riches de l’Europe en manufcrits
précieux & en livres rares , comme une
des plus complettes dans tous les genres & dans
toutes les clafles de fciences, d’arts & de litéra-
ture. Ses catalogues & la plupart des ouvrages ou
livres importans, font accompagnés de notes in-
téreffantes & inftruétives qui atteftent le zèle infatigable
du propriétaire , ainfi que le goût, la
fcience & les vaftes connoiffances de ce favant
& profond bibliographe.
Privilèges , Jlatuts & règlemens de la Librairie &
Imprimerie.
Charlemagne affociant la librairie à l’univerfité,
lui adjugea les mêmes prérogatives ; dès-lors elle
partagea avec ce corps les mêmes droits & priyi-
Arts & Métiers. Tome 111. Partie I f
lèges qui la rendirent franche, quitte & exempte
de toutes contributions, prêts , taxes , levées,
fubfides & impofitions mifes & à mettre, impofees*
& à impofer fur les arts & métiers.
Philippe V I dit de Valois., honora aufli la librairie
de fa protection par plufieurs prérogatives ;
Charles V les confirma, & en ajouta encore de
nouvelles ; enfin, Charles V I fe fit un plaifir de
fuivre l’exemple de fes prédéceffeurs.
L’imprimerie n’exiftoit pas encore. La naiffance
de cet art heureux, qui multiplie à l’infini avec
une netteté admirable & une facilité incompréhen-
fible, ce qui coûtoit tant d’années à copier à la
plume , renouvella la librairie : alors que d’entre-
prifes confidérables étendirent fon commerce ou
plutôt le récréèrent ! Cette précieufe découverte
fixa les regards de nos fouverains, & huit rois
confécutifs la jugèrent digne de leur attention ;
la librairie partagea encore avec elle fes privilèges.
Ce n’eft pas qu’aâuellement ces exemptions ,
dont nous avons parlé plus haut , fubfiftent en
entier ; le temps qui détruit tout, la nécefiité de
partager la charge de l’état, & d’être, avant tout,
citoyen, les ont prefque abolies.
Le chancelier de France eft le proteéteur-né de
la librairie. Lorfque M. de Lamoignon fuccéda
dans cette place à M. d’Agueffeau d’heureufe
mémoire, fachant combien les lettres importent à
l’état, & combien tient aux lettres la librairie , fes
premiers foins furent de lui choifir pour chef un
magiftrat amateur des favans & des fciences,
favant lui-même.
Sous les nouveaux aufpices dé M. de Males-
herbes ,1a librairie changea de face , prit une nouvelle
forme & une nouvelle vigueur ; fon commerce
s’agrandit, fe multiplia ; deforte que depuis
peu d’années , & prefque à la fois, l’on vit
éclore & fe confommer les entreprifes les plus
confidérables. L’on peut en citer ici quelques-unes :
Thiftoire des voyages, l’hiftoire naturelle , les tran-
fa&ions phiiofophiques, le catalogue de la bibliothèque
du roi, la diplomatique , les hiftoriens de
France, le recueil des ordonnances, la colleétion
des auteurs latins, le Sophocle en grec, le Stra-
bon en grec 9 le recueil des planches de l’Encyclopédie
; l’Encyclopédie elle-même , &c. C ’eft
à ce magiftrat, qui aime les fciences , & qui fe
récrée par l’étude de fes pénibles fondions, que
la France doit cette émulation qu’il a allumée
parmi les favans ; émulation qui a enfanté tant de
livres excellens & profonds , de forte que fur la
chimie, fur Thiftoire naturelle , fur la phyfique,
&c. on a vu depuis quelque temps plus de traités,
qu’il n’y avoit de partifans de ces fciences il y a
quelques années.
Tous les libraires qui ont prêté ferment à l’uni-
verfité, font partie de fon corps & jouiffent de fes
privilèges.
Cette prérogative leur a été confervée jufqu a
préfent par les lettres-patentes, édits & déclara-
D d d d