favoir qu’un pied carré de fer dé fonte fur une
ligne d’épaiflèur , pèfe trois livres & demie.
On joint ordinairement ces tuyaux les uns aux
autres, en interpofant entre leurs brides une ou
plufieurs rondelles de cuir, & en ferrant ces brides
avec des vis & des écrous. Le nombre de ces vis
eft en raifon du diamètre. Chacune avec fon écrou
peut être fournie pour 10 à 12 fols. Quant aux
anneaux ou rondelles de cuir , leur prix eft en
raifon du calibre des tuyaux.
Mais ces rondelles de cuir font d’une nature
fpongieufe ; & continuellement hume&ées d’une
part , & couvertes de terre ou expofées à l’air
d’autre part, elles fe pouriffent en peu de temps,
ce qui occafionne des fouilles de terre & des réparations
fréquentes.
Pour obvier à cet inconvénient, on fait employer
ordinairement des rondelles de plomb de 15 ou 16
lignes de largeur fur autant d’épaiffeur. Elles fe
fondent dans un moule de cuivre, & forment un
anneau dont le diamètre dans oeuvre eft égal à
celui du tuyau ; & le diamètre hors d’oeuvre eft
égal à la diftance des trous deftinés à recevoir les
vis. Au lieu d’être plates, elles font à vive arrête
fur l’une & fur l’autre face tout autour & fur la
largeur de leur difque, de façon que leur coupe
feroit un lofange.
Cette vive arête ferrée entre les brides , rentre
fur elle-même & s’applatit. Elle forme fur fon contour
des retraites aux éminences, & remplit exactement
les concavités qui fe rencontrent fouvent fur
la face raboteufe des brides. S’il arrivoit qu’il reftât
à l’eau quelque iffue ; le plomb eft malléable de fa
nature , au moyen d’un cifeau non tranchant dont
on frappe & dont on dilate la partie de la rondelle
qui fait eau, on étanche la perte, & ce moyen procure
un ouvrage folide & durable.
Emplois des tuyaux de plomb dans la ville*
Pour l’intérieur de la v ille , on ne confeille pas
d’employer des tuyaux de fer de fonte : ils font
trop fujets à être ébranlés par la commotion des
voitures ; leurs vis forcées par ces ébranlémens,
fe rompent ou fe defferrent. Ce font des réparations
fans fin qui embarraffent les rues & privent
le public du fervice des fontaines.
Les tuyaux de plomb doivent être préférés : cela
eft plus coûteux à la vérité., mais c’eft un fond
durable à jamais ; lorfque l’ouvrage a été fait fo-
lidement dans fon principe, c’eft pour long-temps,
fur-tout fi l’on a foin de bien entretenir le pavé
fous lequel la conduite eft placée; ou s’il arrive
un renouvellement à faire après bien des années,
le fond fe trouve, & à cela près d’un déchet fort
modique, il n’y a que la main d’oeuvre à payer.
Obfervations fur les ouvrages de plomberie &
fonderie.
Les tuyaux de plomb font ou moulés d’une feule
pièce à quatre rejets fur .une longueur de douze
pieds, ou ils font confti-uits d’une table' de plomb
roulée cylindriquement, ayant une côte de fou-
dure d’un bout à l’autre fur toute leur longueur.
Il n’eft pas befoin d’établir & de prouver que les
premiers font préférables à tous égards , lorfqu’ils
font bien roulés, d’ une épaiffeur uniforme & bien
éprouvés avant la pofe.
.Quelque parti que l’on adopte fur cet objet in-
téreifant de l’ouvrage , il fera à propos d’y veiller
de près. C’eft la plus forte partie de-la .dépenfe,
& il eft important de favoir en écarter toutes les
fraudes. L’ingénieur dans fon devis n’aura point
manqué de déterminer les différens diamètres des
tuyaux & leur épaiffeur. On fait qu’un pied carré
de plomb fur une ligne d’épaiffeur pèfe fix livres;
c’eft pourquoi fi l’ouvrage le fait à l’entreprife, il
fera facile de juger par le poids, fi l’entrepreneur
donne les épaiffeurs prefcrites ; & s’il fe fait par
économie, on pourra juger aufli facilement fi le
plombier ne fournit pas au-delà de ce qui lui a été
commandé.
S’il arrivoit que cet ouvrage s’exécutât par voie
d’économie, il faut bien fe garder d’employer les
plombiers à la journée pour la pofe ; de même il
faudra convenir d’un prix à tant la livre pour la pofe.
Un ouvrier qui travaille à la journée eft moins
vigilant, moins exa& , & moins aétif que lorfqu’il
eft à la tâche.
Pour guider à peu près l’entrepreneur fontainier
fur la détermination du prix que l’on peut donner
à un plombier, il faut favoir combien le plomb brut
ou en faumon fe vend fur les lieux, en ajoutant environ
fix deniers par livre pour la fonte, & autant
pour la pofe.
Quant au prix de la foudure, il n’eft pas aifé de
le fixer au jufte, ou .il faudroit la voir faire.
La foudure pour être bonne, devroit être com-
pofée d’un tiers de plomb, & de deux tiers d’étain.-
Mais il arrive rarement ou plutôt il n’arrive jamais
que les plombiers la fourniffent à ce degré d’alliage ;
ils la vendent ordinairement 18 fols la livre ; &
s’ils obfervoient le .dofage rapporté' ci-deffus, ils
ne pourroient pas la donner à ce prix. Il faut que
la foudure ne foit ni épargnée ni prodiguée ; ce
n’eft point de fa quantité que dépend la bonté d’un
ouvrage ; c’eft de fa qualité, & de la façon dont
elle eft appliquée.
Quant aux ouvrages de fonderie qui font des>
robinets, des mafques & des foupapes , on aura
foin que le fondeur fourniffe un alliage qui ne fait
ni trop doux ni trop aigre. Le prix de ces ouvrages
eft ordinairement entre 36 & 38 fols la livre. Les
objets qui pèfent peu ou qui exigent de la foudure,
s’eftiment à la pièce.
• Comme il eft à propos de placer par intervalles
fur la conduite & dans des regards des robinets à
trois eaux, au moyen defquels on puiffe tirer un
prompt fecours dans le cas d’un incendie, il eft à
propos d’obferver qu’il ne faut pas juger du calibre
d’un robinet par l’orifice de fes extrémités, comme
cela fe fait ordinairement, mais par la lumière du
tonrnàrit; cependant les fondeurs ne fuivent au-
cune règle à ce füjet. ^
Le trou percé ou pratiqué dans le tournant eft
toujours plus étroit que les bouches du robinet.
Par ce défaut, l’eau eft étranglée dans fon partag
e , & on n’a pas le volume d’eau fur lequel on
comptoit. Si donc -on demande à un fondeur un
robinet de deux pouces de diamètre, il faut avoir
foin qu’il forme fon boiffeau, de façon que la clef
ou le tournant qui lui fera adapté porte une lumière
dont l’ouverture foit égale en furface aux orifices
& au Conduit de tout le corps du robinet, dont le
diamètre eft fixé de deux pouces.
EreElïon des fontaines ÿ avantages qui refultent de leur
pïuralité & de leur abondance en eau coulante fans
interruption.
Si la première fontaine où l’eau parviendra dans
la ville fe trouve dans un quartier inférieur à ceux
où il faudra également porter des eaux , il convient
que fon château d’eau foit érigé de façon
que la cuvette qui.y fera placée pour recevoir &
jauger l’eau à fon arrivée, la foutienne à fa plus
grande hauteur, afin qu’elle foit en état de parvenir
dans les quartiers même les plus élevés, ou il
y aura des fontaines à établir, & qui feront dépendantes
de celle-ci.
Outre la cuvette de jauge que l’on place ordinairement
dans chaque château d’eau, on eft affez dans
l’ufage d’y établir aufti des réfervoirs de plomb où
l’eau s’amaffe, & d’où le public vient la tirer au
moyën d’un bouton qui étant tiré ou pouffé fait
agir une bafcule & lever une foupape. Mais fi le
volume des fources qu’une ville peut fe procurer
eft abondant, il paroît préférable que le volume
d’eau deftiné à nourrir chaque fontaine, & reçu
à cet effet dans un baflinet particulier de la cuvette
de jauge,' coule continuellement & fans interruption
, non par un feul tuyau dégueuleur, mais par
deux ou trois féparés, afin que plufieurs perfonnés
abordant en même temps à la fontaine , puiffent
être ferviês à-là-fois.
Plus on multipliera les fontaines, moins chaque
particulier aura de trajet à faire pour s’approvifion-
ner d’eau ;" cteft pourquoi il faut moins penfer à
procurer l’agréable que l’utile.
S’il y a des quartiers diftingués & des places publiques
où l’on veuille ériger des fontaines décorées
, on pourra aufti en établir par intervalles,
fans aucune autre dépenfe que celle d’une branche
greffée fur la maitreffe conduite, & munie d’un
robinet à deux eaux pour en fufpendre le cours
lorfqu’il en fera befoin. Ces fontaines fimples &
dénuées de tout ornement, couleront fans interruption
, & n’auront d’autre objet que le fervice
du public.
Si la ville a un port, on ne manquera furement
pas d’y établir une fontaine ; il faudra la fournir
abondamment ; on pourra diftribuer fes branches
nourrices 3 de faço'n que fix ou huit per fon nés puiffent
s’approvifionner en même temps. Si le local
le permettoit, on pourroit y conftruire une fontaine
ifolée qui confifteroit en un baffm hexagone
ou o&ogone , au centre duquel s’éleveroit une colonne
ou pyramide dont la cime feroit couronnée
par un gros bouillon d’eau, qui , après avoir fourni
une nappe circulaire à plufieurs étages, fe divife^
roit en fix ou huit branches qui fe déchargeroient
habituellement dans le baffm, mais aufti dont fix
ou huit perfonnes pourroient être fer vies à-la-fois,
lorfque le cas s’en préfenteroit.
. Dans toutes les villes où il y a des fontaines publiques
q u i, fournies de fources d’eau v iv e , coulent
en hiver comme en été , on ne prend pas ordinairement
la précaution de garantir les environs
de ces fontaines des glaces qui fe forment fur le
pavé adjacent, ce qui les rend irtacceflibles ou d’un
abord dangereux. On remédiera à cet inconvénient
en pratiquant le fouillard de pierre deftiné à recevoir
la chute de l’eau au bas de chaque fontaine ,
de façon que reçue dans une feuillure ert forme
de châftis, il puiffe s’enlever en hiver au moyen
de deux anneaux de fer qui y font fcellés en plomb.
On renferme alors cette-pierre dans l’intérieur de
fa cage de la fontaine, & on fubftitue en fon lieu
& place un grillage de fer. L’eau qui coule de la
fontaine eft reçue à travers ce grillage, & fe décharge
dans un rigole fouterraine qui va aboutir
à un puits voifin. Pour peu qu’on connoiffe les loix
des fluides, on ne doit pas craindre que ce puits
fe rémpliffe. S’il ne fe trouve pas de puits dans le
voifinage , on pratique dans- les environs un pui-
fard ou puits perdu, ou une décharge quelconque.
Après les gelées, on lève la grille de fe r , & on
la remplace par le fouillard de pierre qui doit joindre
de toute part dans fa feuillure, afin que toute
l’eau de la fontaine portée alors dans le ruiffeau ,
le nettoie & répande dans les rues la fraîcheur
& la propreté.
ConceJJion d’eau à des particuliers.
Si le volume qui proviendra des fources eft en
état de fournir aux fontaines publiques au-delà du
néceffaire , on pourra accorder dé l’eau à plufieurs
citoyens, aux uns à titre d’honneur & de recôn-
noiffance pour avoir fervi la patrie, aux autres qui
voudront en acquérir à titre de finance.
On fait qu’un pouce d’eau équivaut à 144 lignes
d’eau, & qu’il produit trois muids en une heure, ou
en 24 heures 72 muids, pefant chacun 56a livres.
Il n’eft point d’ufage, & il feroit difficile d’accorder
moins de quatre lignes d’eau en fuperficie, & le
produit de ces quatre lignes eft de deux muids en
vingt-quatre heures.
Les détails que l’on vient de lire, relativement
aux fontaines publiques , peuvent s’appliquer en
partie aux fontaines particulières, & aux conduites
d’eau que l’on voudroit établir dans des terrés ,
dans des châteaux, dans des parcs. Ainfi nous fom