
dore Purman,de François Hardouin, de Corneille-
Kilien , & de Raphelinge, dont il fit fon gendre.
Le roi d’Efpagne lui donna le titre d' archi-imprimeur ;
mais ce font les impreflions, & non pas les rois,
qui donnent ce titre à un artifte. Le chef-d’oeuvre
de celui-ci eft la Polyglotte , qu’il imprima fur
d’exemplaire de Complute, & cette édition faillit
-de le ruiner. M. de Thou , paffant à Anvers en
1576, vit chez Plantin dix-fept preffes roulantes.
Guichardin a fait une belle defcription de fon
imprimerie ,. & d’autres ont vanté la magnificence
avec laquelle il vivoit. 1-1 finit fa carrière en 159&,
âgé de 76 ansi
. Jean Moret , Flamand, gendre de Plantin, fut
fon fucceffeur à Anvers. Plufieurs de fes éditions
ne font pas moins belles ni moins exaéles que
■ celles de fon beau-père. Le docte Kilien donna
fon temps à les corriger jufqu’en 1607. Moret
finit fes jours en 1610 , & laiffa fon imprimerie à
fon fils Balthafar Moret. Celui-ci fe fit connoître
par fon érudition ç & par fe$ Commentaires géographiques
fur le Théâtre du monde d’Ortélius. Il
mourut en 1641.
Guillaume BlaE'W' , dit Janfonius Cctfius , né
en Hollande dans*îe XVIIe fiècle, avoit été ami
particulier & difciple de Tycho-Brahé. Ses ouvrages
géographiques & fes magnifiques impref-
iions rendent fa mémoire honorable.
Les' Elzevirs ont été regardés comme les plus
habiles imprimeurs, non-feulement de la Hollande,
mais de toute l’Europe. Bonaventure, Abrahanr,
Louis & Daniel Elzevirs, font les quatre de ce
nom qui fe font tant diftingués dans leur art.
A la vérité, ils ont été fort au-deffous des Etiennes,
-tant pour 1’émdition, que pour les éditions grecques
& hébraïques ; mais ils ne leur ont cédé ni
■ dans le choix des bons livres qu’ils ont imprimés, -
ni dans l’intelligence du métier & ils les ont fur-
paffés pour l’agrément & la délicateffe des petits
caractères. Leur Virgile , leur Tèrence, leur Nou-
veau-Teftament grec, & quelques autres livres de
leur preffe, où il fe trouve des caractères rouges,
font des chefs-d’oeuvre de leur art. Ils ont imprimé
plufieurs fois le catalogue de leurs éditions,
qui comprennent entre autres tous les auteurs claf-
fiques, dont les petits caraftères font auffi jolis
que nuifibles à la vue.
Jean A merbach , Amerbachius , Baflois , fleu-
riffoit fur la fin du XVe fiècle. Il publia^ divers
auteurs , entre lefquels il corrigea lui-même les
.oeuvres de S. Ambroife, qu’il mit au jour en 1492,
&c celles de S. Auguftin , qu’il n’acheva qu’en 1506,
aidé des fecours de fon frère. Ne defirant que la
perfection de l’imprimerie, il fondit de nouveaux
caraCtères ronds, fupérieurs à ceux qu on con-
noiffoit en Allemagne ; & , pour foutenir fon art
dans fa patrie, il y appella Froben & les Pétri.
Il étoit extrêmement jaloux de la correction des
livres qu’il publioit. Il eut des enfans qui fe distinguèrent
dans la république des lettres -, & il
leur fit promettre en mourant de donner au public
les oeuvres de S. Jérôme, ce qu’ils exécutèrent
avec fidélité.
Jean Fro b en , natif d’Hammelburg, s’établit
à Balle, & y fit fleurir l’imprimerie fur la fin du
XVe fiècle. Il fut le premier dans toute l’Allemagne
qui fut joindre à la délicateffe de fon art
le choix des bons auteurs. On lui doit la première
édition des ouvrages d’Erafme , en neuf tomes
in-fol. ; les ouvrages de S. Jérôme & de S. Auguftin
: & l’on prétend que ce fönt fes trois chefs-
d’oeuvre pour l’exaftitude. Il mourut en 152 7,
laiffant à fon fils Jérôme, & 'à fon gendre Epif-
copius^, le foin de maintenir la réputation de fon
imprimerie. Nous devons à ces deux "derniers,
aidés de Sigifmond Gélénius pour la correClion des
épreuves, l’édition des PP. Grecs qu’ils commencèrent
par les ouvrages de S. Bafile ; mais, quelque
exaâes qu’elles foient, celles du Louvre en ont
fait tomber le mérite & le prix.
Jean Hervagius , né à Bafle, exerçoit fon art
au commencement du XVT fiècle. If étoit contemporain
d'Erafme , qui l’eftimoit beaucoup. » Si
. » Aide Manuce, dit-il, a mis le premier au jour
» le prince des orateurs grecs, nous fommes re-
» devables à Hervagius de l’avoir fait paroître
» dans un état beaucoup plus accompli, & de
v n’avoir épargné ni foins, ni dépenfe pour lui
» donner la perfeftion. « L’imprimerie de Bafie,
établie par Amerbach, foutenue par Froben, ne
tomba point fous Hervagius, qui époufa la .veuve
de ce dernier.
Jean O poriN, natif de Bafle , après d’excellentes
études , prit le parti» de l’imprimerie, en
s’aflociant aux Winter. Il faifoit rouler continuellement
fix preffes , avoit plus de cinquante ouvriers
, corrigeoit toutes les épreuves , & s’atta-
choit fur-tout a imprimer les ouvrages des anciens
avec beaucoup de foin & d’exa&itude. mourut
en 1568 , à 61 ans. On lui doit des tables très-
amples de Platon, d’Ariftote, de Pline, & d’autres
auteurs de l’antiquité.
Les W echels, Chrétien & André fon fils, imprimeurs
de Paris & de Francfort , font très-
eftimés dans leur a r t, par les éditions qu’ils ont
mifes au jour. On dit qu’ils poffédoient une bonne
partie des caraétères de Henri Etienne. Mais, ce
qui a le plus contribué à rendre leurs éditions
précieufes , c’eft d’avoir eu pour correâeur de
leur imprimerie, Frédéric Sylburge, un des premiers
grecs & des meilleurs critiques d’Allemagne.
L'errata d’ùn in-fol. qu’il avoit corrigé $ ne çon-
tenoit pas quelquefois plus de deux fautes. Chrétien
Wechel vivoit encore en 1552.; & André,
qui fe retira de Paris après le maffacre de la S.
Barthélemy, où il courut le plus grand danger,
mourut à Francfort en 1582. Jean Wechel fon fils
lui fuccéda.
Jérôme CoMMELiN , né à Douay , s’établit &
mourut à Heidelberg, en 1597. Non-feulement
fes éditions font recherchées des cu rieux , mais il
étoit lui-même très-favant dans la langue grecque :
nous en avons pour preuve des notes de fa façon
fur Héliodore, Apollodore , & quelques autres
auteurs.
Pierre Q uentel , allemand , fe rendit illuftre à
Cologne, fur la fin du XVT fiècle, par l’édition
de tous les ouvrages de Denys le Chartreux, qu’il
fit imprimer avec foin ; il valoit bien mieux faire
rouler fes prefles fur les livres utiles de l’antiquité,
qui manquoient en Allemagne.
Jean CRESPIN , en latin Crifpinus , natif d’Arras
au commencement du XVIe fiècle, & fils d’un ju-
rifconfulte, étoit fort verfé dans le droit, le grec
& les belles-lettres , fut reçu avocat au parlement
de Paris ; mais s’etant retiré à Genève vers l’an
1548, pour y profeffer en fureté le calvinifme , il
y fonda une belle imprimerie , dans laquelle il
publia, entre autres ouvrages, un excellent Lexicon
grec & latin, in-fol., dont la première édition
arut en 1560. Crefpiri mourut de la pefte en 1572.
uftache Vignon fon gendre continua & perlec-
tionna l’imprimerie que fon beau-père avoit établie.
Nicolas Jenson , né en France, alla s’établir
à Venife en i486, où il furpaffa, par la beauté
de fes caraâères, les imprimeurs allemands que
cette ville avoit eus jufqu’alors , & jetta les fon-
demens de la réputation que l’imprimerie de V e nife
s’acqu't depuis par les beaux talens des
Manuces.
Les Manuces , habiles & laborieux artiftes
d’Italie, ont élevé l’imprimerie dans leur pays au
plus haut degré d’honneur.
Aide Manuce , Aldus P lus Manucius, le chef
de cette famille, étoit natif de Baffano, dans la
marche Trévifane. Il a illuftré fon nom par fes
propres ouvrages. Le prince de Carpi, Albert P ie ,
dont il avoit été précepteur, l’adopta dans fa famille
, lui donna de grands biens, des terres, &
fon nom de Pie.
On a de ce favant imprimeur des notes fur
Homere & fur Horace, qui font encore eftimées.
Il eft le premier qui imprima correéfement le grec
fans abréviations , & grava, de même que Co-
lines, les cara&ères romains de fon imprimerie.
Il mourut à Venife en 1516 , dans un âge fort
avancé.
Paul Manuce fon fils , né en 1512 , foutint la
réputation de fon père, & fut également verfé
dans l’intelligence des langues & des humanités.
On lui doit en ce genre la publication d’excellens
ouvrages de fa main , fur les antiquités grecques
& romaines , outre des lettres compofèes avec
un travail infini. On lui doit en particulier une
édition très-eftimée de Cicéron, avec des notes
6c des commentaires.
Pie IV le mit à la tête de l’imprimerie apof-
tolique & de la bibliothèque vaticane. Il mourut
à 62 ans, en Ï574 ; & eut pour fils Aide Manuce
le jeune, qui fervit encore à rehauffer fa gloire.
Arts 6* Métiers• Tome JII. Partie 11%
" En effet, ce dernier paffa pour l’un des plus
favans hommes de fon fiècle. Clément VIIl lui
donna la dire&ion de l’imprimerie du Vatican ;
mais cette place étant d’un fort modique revenu,
il fut contraint , pour fubfifter , d’accepter une
chaire de rhétorique , & de vendre la magnifique
bibliothèque que fon père, fon aïeul, fes
grands oncles, avoient formée avec un foin extrême
, & qui contenoit, dit-on, quatre-vingt mille
volumes. Enfin, il mourut à Rome en 1597, fans
autre récompenfe que les éloges dûs à fon mérite
; mais il laiffa des ouvrages précieux : tels font
fes Commentaires fur Cicéron , Horace , Sallufte,
& Velleius Paterculus, de même que fon livre
deW Antichita delle roman,e infcrifioni. Ses Lettres
font écrites avec la politeffe d’un homme de cour
qui feroit très-éclairé.
Daniel Bomberg, natif d’Anvers , dans le XVe
fiècle, alla s’établir à Venife, o u , après avoir appris
l’hébreu, il s’acquit une gloire durable par
fes éditions hébraïques de la Bible , en toutes
fortes de formats , & par les Commentaires des
Rabbins qu’il mit au jour. Il commença ce travail
en 1 5 1 1 , & le continua jufqu’à fa mort arrivée
vers l’an 1550. On fait grand cas de fa
Bible hébraïque, publiée l’an 152 5, en 4 vol.
in-fol. Il a. donné le Thalmud en 11 vol. in-fol. :
il imprima trois fois cet ouvrage , & chaque
édition lui coûta cent mille écus. On dit qu’il
dépenfa quatre millions d’or en impreflions hébraïques
, & ,qu’il mourut fort pauvre.
Henri Gravius , né à Louvain, où il avoit en-
feigné la théologie , fe rendit à Rome, appelle
par le pape Sixte V , qui lui donna l’intendance
de la bibliothèque & de l’imprimerie du Vatican.
Il y mourut peu de temps après, en 15 9 1 , âgé
de 55 ans.
Les Juntes , Juntes, font à jamais célèbres entre
les imprimeurs du XVIe fiècle. Ils s’établirçnt à
Florence, à Rome & à Venife, & tinrent le premier
rang dans l ltalie avec les Manuces. Nous
ne ceflons d’admirer les éditions dont on leur eft
redevable ; & on a des catalogues qui font voir
avec étonnement l’étendue & la multiplicité de
leurs travaux.
Joachïn ÏB A R R A , imprimeur du roi d’Efpagne,
a publié en 1772 , à Madrid , le Sallujle, traduit
en efpagnol, 1 vol. grand in-40. avec des notes,
qui eft un vrai chef-d’oeuvre de typographie, qu’on,
a fouvent confulté comme un excellent modèle.
Voilà , depuis l’origine de l’imprimerie , les
principaux maîtres étrangers- qui le font rendus
célèbres. Dans cette lifte, on n’a point parlé des
Anglois, parce que les noms de leurs habiles artiftes
en.ee genre ne font guère -connus hors de
leur pays. D'ailleurs, il femble que c’eft feulement
au commencement du dernier fiècle , que cet art
fut pouffé en Angleterre au point de perfe&ion
où il s’eft toujours foutenu depuis : alors on vit
des chefs - d’ceuyre fortir de leurs imprimeries#
p P p