
Cette opération empêche la lame de Te caffer
dans les premiers tours intérieurs, lorfqu’on donne
la forme fpirale au reflort.
l y.
Quand on travaille en gros , on prend environ
24 de ces refforts, que l’on afîemble par les bouts
caffés , pour en faire un paquçt dont le bout doit
être bridé comme fig. 9 , pl. III. Enfuite on dérange
la barre a ,-a, du fourneau ( fig. 9 , pl. //) #
pour pouvoir pofer l’extrémité du paquet fur le
charbon, le plat au feu ; on laide ainfi le bout
s’échauffer, iufqu’à ce que l’on ait vu venir les
couleurs ci-aeffus décrites en reçuifant à la chandelle.
Il faut bien prendre garde de ne pas fe laiffer
furprendre par derrière ; c’eft-à-dire , que la chaleur
ne doit prendre que par l’extrémité du bout,
& ne doit monter que par degrés, en mourant, environ
deux pouces.
Quand cette opération eft faite , on voit lçs corn
leurs fondues graduellement les unes après les autres
depuis l’extrémité du bout jufqu’au bleu du
reflort, d’une manière fi bien nuancée, qu’on fent
du premier coup-d’oeil qu’il eft impoÆble de le
faire fi bien avec une chandelle, ou de tellç autre
manière que ce foit.
L V I
L’opération fuiyante eff d’arrondir à la lime le
bout du reflort, comme dans la fig. 10, pl. Jlli
Son extrémité doit être limée en bifeau fur la
partie convexe ; enfuite, on fait rougir à la chan-
delleuenviron une ligne & demie de ce bout, afin
qu’il s’arrondifle bien autour de la pince ronde ;
après quoi, il faut faire un trou qu’on appelle a il,
comme on le voit {fig. //, pl. III ) , avec la lime
{ fig -12 ); & , après l’avoir ébarbé, il faut prendre
de nouveau les pinces rondes pour plier le bout du
reflort comme dans la fig. 13,
I V I I
L’oeil de dedans étant préparé, comme nous venons
de le dire, il faut prendre l’outil à monter les
refforts {fig. 14, pl. I I I ) , &. le mettre dans l’étau
par fa queue H : cet outil eft compofé d’un châffis
de cuivre A , qui a un arbre B , dont le bout C a
un crochet D. A l’autre bout de l’arbre eft la manivelle
E. Dans l’encoche du châjlis eft placée la
petite barre plate F , qui a aufli un crochet G.
Le bout de l’arbre doit être fait en développement
fpiral. La vue géométrale de ce bout d’arbre eft H ,
(fig- i l i p l I U . ' ) L V I I If
Le bout du reffort étant ployé, comme fig. 13,
■ pi. /ƒƒ, il faut prendre ua bout de parchemin un
peu fo r t , de la largeur de la lame & d’environ
3 pouces & demi de long, l’amincir en mourant
à fon extrémité depuis environ un pouce , & l’appliquer
dans l’intérieur du pli de la lame , le bout
le plus mince du côté de l’oeil du reflort.
Il faut enfuite attacher le reflort au crochet D
du petit arbre B {fig. 14, p l. I l l) , prendre le reflort
de la main gauche avec un linge bien fe c , afin que
la fueur de la main ne le tache pas , tourner la
manivelle de la main droite jufqu’à ce que la lame
foit roulée autour de l’arbre.
Cela fait, on lâche la manivelle en tenant Le -
reflort en état de la main gauche, après quoi on
lâche le tout. Cette opération donne au reflort une
forme fpirale, comme en fig. 16, pl. III.
L I X.
L’opération précédente étant faite , il faut rouler
de nouveau le reflort fans parchemin fur un arbre
de la groffeur dont on veut le finir, ce qui lui fait
prendre une forme fpirale plus ferrée, comme en
fis- 17, pl- lu ,
X. %.
C ’eft à préfent le moment de fe décider ou il
faut caffer le bout fort du reflort.
Si l’on y veut mettre un crochet à l’angloife,
il faut lui laiffer un bout plus fort : f i , au contraire,
pn veut fe fervir d’une barrette à la françoife, il
faut en caffer davantage, parce que la barrette diminue
près d’un quart de tour de tirage au reflort*
& le bout fort en feroit encore autant. Voilà Iq.
raifon pourquoi il ne faut pas que les bouts de
dehors des refforts foient aufli forts pour les bat'*
rettes, que pour les crochçts à l’angloife.
Je eonfeillerois toujours de fe fervir de barrette
à la françoife, plutôt que de crochet à l’angloife *
parce que l’effet de retenir le bout de dehors contre
la virole du barillet, eft plus fû r , & qu’en fécond
lieu , fi le bout fort du reflort fe caffç, le crochet,
à l’angloife eft fans utilité, & laiflç frotter les
lames.
Le bout du reflort étant caffé, il en faut re-
dreffer deux ou trois pouces pour pouvoir plus
commodément faire recuire fon extrémité, mais
affez pour plier fur les pinces rondes, comme en
fig. 18, pl. I I I ; il faut enfuite mettre ce bout fur
une queue de vieille lime recuite, attachée dans
l’étau comme fig. ip , & y faire un oçil aufli petit
que l’on pourra, affez grand néanmoins pour pren*
dre facilement le crochet du barillet.
L X I t
Quand l’oeil eft fait, il faut mettre le bout du
dehors fur la quarre de l’établi, pour le redreffer
avec un petit marteau ou le dos d’une lime; en-
fuite il faut paffer la pointe d’une lime comme en
fig. 2 , pl. IV , pour y donner le bifeau néceffaire
à le faire prendre au crochet du barillet.
Il faut enfuite plier avec le gros de la pince
ronde, environ un demi ou trois quarts de pouce
du bout du reflort, pour qu’il prenne bien le con-
touf inTerné de la. virole du barillet.
L X I I.
Tout étant ainfi préparé , il faut replier le reflort
pour la dernière fois. A cet effet, il faut le prendre
avec un linge fec & propre ; mettre le crochet de
l ’arbre (d e l’outil fig. 14, p l . I l l , à monter les
refforts ) dans l’oeil intérieur, & mettre enfuite le
crochet.G de la barre F dans l’oeil extérieur, tenant
bien les côtés du reflort pour les empêcher
de fe déranger & de les laiffer gliffer entre les
doigts de la main gauche , tandis que de la droite
on tourne la manivelle E ; & quand le reflort fera
ainfi roulé bien ferré, de manière que toutes les
lames fe touchent, il faut laiffer retourner la manivelle
: alors le reflort a la forme fpirale qu’il doit
avoir, comme en fig. 1 > pl. IV «
L X I I I.
Les refforts qui avoient fubi cette derniere opération
ont été long-temps regardés comme finis;
mais en les tirant par le bout peur les ouvrir, les
lames perdoient leur fituation fpirale, &reftoient
prefque drdites , ce qui faifoit que les horlogers
croyoient que l’acier n’avoit pas de corps, fans
foire attention que la lame étoit droite avant d être
pliée , & que par la même raifon qu elle avoit pris
un p li, elle pouvoit en prendre un autre en fens
contraire.
A force- de m’entendre dire que les refforts ne
reprenoient pas leur pli apres avoir été tirés, je
remédiai à ce préjugé, en faifont paffer tous les
refforts fur les plaques de fer chaudes du fourneau
{fig. 9 , pl- I l ) , en prenant garde que les
yeux ne priflent point de couleur par le trop de
chaleur* ‘
Cette manoeuvre fe nomme fixer, & donne à
l’acier une roideur qui empêche les lames de fe
redreffer , mais ne leur donne prefque point de
qualité élaftique.
L X I V.
L’on a vu par le nombre d’opérations que l’on
vient de foire fubir aux lames , quelle différence
il doit fe trouver dans les refforts finis , tant pour
leur élafticité que pour leur figure.
L’élafticité du reflort dépend , comme on l’a fait
v o ir , du corps de l’acier, de fo trempe & de fon
revenu ; elle eft à fon plus haut degré de perfection
quand 011 peut tempérer la dureté que la lame
a reçue à la trempe, de manière qu’on puifle l’envelopper
fur un arbre fans la caffer, & qu’en fe
développant elle s’ouvre beaucoup , c*eft-à-dire ,
que les parties de la lame fe détachent bien l’une
de l’autre en ligne fpirale, Et comme la forme d’une
lame eft aufli effentielle pour conftituer un bon
reflort que l’élafticitè , il eft néceffaire d’expliquer
ce que c’eft que cette figure, d’autant plus que
peu d’ouvriers en ce genre, & même très - peu
d’horlogers en poffèdent la théorie.
L X V .
La première idée de nos prédéceffeurs, en foi-'
font des refforts de montres, fut de faire des lames
aufli égales qu’elles le pouvoient être. Plus cette
égalité étoit parfaite, plus le reflort étoit eftirné
bon. N
Mais voici ce qui réfulta de cette forme. En
montant le reflort fur le bout c de l’arbre B {fig.
14, pl. I I I ) , le premier tour de la lame l’enveloppe
, ce qui le force à raifon du diamètre de
cet arbre ; le fécond tour n’eft pas tant forcé ,
parce qu’il enveloppe & l’arbre & le premier tour
de la lame ; le troifième tour eft encore moins
forcé, parce qu’il enveloppe l’arbre , le premier &
le fécond tour de la lame ; & ainfi , de tour en»
tour, les lames font moins forcées, & le reflort fe
trouve de la figure fpirale, comme je l’ai décrite
fig. 11, pl. I V , excepté que les derniers tours
en dehors font encore plus écartés les uns des au-,
très qu’on ne les voit dans la figure.
L X V I.
Ayant foit obferver l’effet de plier une lame d’égale
épaiffeur d’un bout à l’autre, il eft bon de
! montrer comment le reflort agit en fe débandant.
Pour cela, il faut le monter fur l’outil {fig.i4, p l.IIÏ),
jufqu’à ce que la manivelle ne puiffe plus tourner ;
il fout enfuite mettre ce reflort tout monté, & attaché
au crochet G de la petite barre F , dans un
barillet ; après quoi on lâche la manivelle : le ref-
fort fe décroche naturellement de l’arbre, enfuite
on prend le barillet entre fes doigts, & l’on tourne
la petite bâfre du fens contraire au crochet ; alors
on appuie le doigt de devant fur les lames , &
l’on tire la petite barre , ce qui laiffe le reflort feul
dans le barillet.
Cette opération étant faite , il fout y mettre
l’arbre du barillet, & en prendre le quarré avec
des tenailles à boucles, comme dans la fig.jypl.IV;
après cela, il faut tenir le barillet avec le troifième
doigt & le pouce , laiffant le deuxième doigt
libre pour appuyer fur les lames du reflort qui vou-,
droient s’élever quand on les monte.
Tout étant exécuté de la forte, il fout tourner
la tenaille à boucle pour monter le reflort tout en
haut, ce qui fait toucher les lames d’un bout à
l’autre. Le reflort étant ainfi bandé, il faut laiffer
retourner tout doucement la tenaille.
On verra alors que le tour qui a été le plus
forcé pour lui faire prendre fon pli contre l’arbre,
eft le premier à fe développer , & pouffe contre le
fécond : le fécond fait effort & pouffe contre le
troifième ; & ainfi, d’un bout jufqu’à l’autre, il y