
Ce pendule a été exécuté avec la plus grande
intelligence & la plus grande précifion , par M.
Breguet, artifte très-diftingué , d’après l’idée que je
lui en ai donnée il y a environ une année : idée que
j’avois puifée moi-même dans le Diâionnaire de
Mufique de J. J. Rouffeau , à l’article chronomètre,
nom générique des inftrumens qui fervent à me-
furer le temps, & qui a été donné particulièrement
à un pendule que Sauveur décrit dans fes
Principes d’acouflique , lequel pendule étoit def-
tiné a déterminer les mouvemens en mufique.
Mais cet infiniment ne réuffit point, & je n’en
fuis nullement étonné: plufieurs caufes ont dû y
contribuer ; i°. l’imperfeâion de l’inftrument dont
l’ufage exigeoit, à chaque changement de mouvement
, un calcul difficile & gênant ; 2°. le défaut
de réflexion fur les avantages confidérables
qu’on en pouvoit retirer ; 30. un goût moins
éclairé & un zèle infiniment au-deffous de celui qui
nous anime aujourd’hui pour la perreâion d’un art
dont on ne s’efl jamais autant occupé qu’à préfent.
La feule defcription du nouveau chronomètre
de M. Breguet, & quelques obfervations que j’y
ajouterai fur fes avantages, convaincront non-feulement
de fon utilité, mais encore de la nécef-
fité de l’adopter pour la perfeâion de la mufique.
Ce pendule préfente fur fon cadran une aiguille
qui aboutit à deux grands cercles qui font
divifés, l’un par 1 , 2 , & l’autre par 1 , 2 , 3,
nombres auxquels peuvent fe réduire toutes les
différentes mefures ;_ au centre de ce cadran efl
un petit cercle coupé en deux parties égales, par
une ligne perpendiculaire , au bas de laquelle
commence une divifion à droite depuis o jufqu’à
90 , des degrés de viteffe, & pareille divifion à
gauche des degrés de lenteur; la petite aiguille
qui part du milieu de ce cercle étant fixée fur o ,
donne à la grande aiguille les battemens de la
durée 'd’une fécondé fur chacun des chiffres des
deux grands cercles ; la viteffe de ces battemens
augmente à mefure que l’on tourne la petite aiguille
à droite jùfqu’au n°. 90 qui donne le mouvement
de preflijjîmo ; pareille opération faite de
droite à gauche, en partant de o , rallentit les
battemens jufqu’au même n°. 90, qui donne alors
les temps les plus lents du largo,
La divifion des degrés de viteffe 6c de lenteur
de ce chronomètre étant calculée exactement d’après
la durée d’une fécondé, ôc cette divifion
pouvant être connue & exécutée facilement partout
, il en réfultera qu’un compofiteur pourra envoyer
fes pièces dans les pays les plus éloignés,
avec la certitude qu’elles feront exécutées dans
le vrai mouvement^qu’il les aura conçues ; il lui
fuffira de mettre en tête de chaque morceau :
à tel degré de vioejfe, ou à tel degré de lenteur du
chronomètre ; cet inftrument deviendra alors une
langue générale , une langue claire & préçife
entre les compofiteurs 8c ceux qui exécutent. Le
çaraâère d’un morceau qui tient e fient tellement
à (on vrai mouvement ne fera plus dénaturé par
une exécution trop lente ou trop précipitée, ôc
la mufique fera entendue félon le véritable efprit
de. l’auteur.
M. Breguet a imaginé fort heureufement de
fixer à la durée exaCte d’une fécondé, les battemens
de la grande aiguille, lorfque la petite, qui
détermine les mouvemens, efl placée fur zéro ;
il a établi par-là un moyen fimple ôc infaillible
pour régler les chronomètres dans tous les pays,
ôc les rendre parfaitement d’accord entre eux. En
partant effectivement de (ce point une fois bien
établi, ôc diyifant enfuite en 90 parties égales chacune
des demi-circonférences du petit cercle, il
régnera néceffaireraent un rapport de la plus
grande jufleffe entre tous les chronomètres Faits
d’après ce principe.
Oppofera-t-on à ce nouvel établiffement, qu’il y
a des termes confacrés par l’ufage pour défigner
les mouvemens ? Cette objeCtion ne fortira jamais
de la bouche d’un muficien ou d’un amateur
éclairé. L’infuffifance de ces termes ôc leur lignification
vague font reconnues depuis trop longtemps.
Il efl démontré évidemment que les mots
d'allegro ôc Mandante, ôcc. étant fufceptibles d’une
infinité de nuances dans leur mouvement, ne
peuvent jamais fixer d’une manière précife l’intention
de l’auteur, même avec le fecours des
mots qu’on y ajoute fouvent pour fervir à leur
interprétation : de-là naiffent tous les jours des
difcuffions parmi les muficiens ; chacun a fou
opinion fur le mouvement d’un air : le chronomètre
feul pourra terminer ces difputes ; il fera
l’interprète fidèle des idées d’un auteur.
L’intérêt de la mufique ôc celui des compofiteurs
fe trouvant réunis dans l’adoption de ce
nouvel ufage, je me plais à croire que l’Académie
royale de mufique , la Comédie italienne ôc le
Concert fpirituel, feront les premiers à employer
cette nouvelle manière d’ajouter à la perfeétioil
de la mufique. Je fuis bien éloigné de penfer qu’il
faille affujettir le direâeur, ou le premier violon
d’un de- ces orcheflres , à avoir l’oeil attentif aux
battemens de l’aiguille du chronomètre pendant
la durée d’une pièce de mufique; il efl aifé d’en
concevoir l ’impoffibilité : d’ailleurs , nous avéFhs
dans ces places des muficiens trop habiles dans
leur art, pour croire qu’ils aient befoin d’une pareille
machine pour leur fervir . à régler ôc à fou*
tenir un premier mouvement donné ; mais c ’efl;
ce premier mouvement qu’il efl important de con-
noître de l’auteur lui-même;’ 8c lorfqu’il fera ab-
fent, qui pourra mieux le remplacer à cet égard
qu’un chronomètre dont on fixera la petite aiguille
fur le chiffre de viteffe ou de lenteur, qui fera
indiqué à la tête de chaque morceau d’un ouvrage
?
M. Breguet demeure à Paris quai de l'Horloge |
près le Pont-Neuf. On pourra voir chez lui fon
chronomètre , ÔC il recevra avec reconnoiffance
les
les a<vls qifl pourraient tendre â la perfection de
cet inîftrnment.
PUxichronorïütre.
Peu de jours après que MM. Davaux & Breguet
(ont eu annoncé le chronow&nre de leur invention,
M. Renaudin en a fait connoître., de la maniéré
Suivante, un autre dont 'il eft auteur.
Quel que foit le rapport de ces deux «nftru-
tnens, ils diffèrent néanmoins de beaucoup entre
eux , & tellement que j’ai cru devoir donner à
celui qui m’appartient, le nom de plexiohrotum'etre,
mot grec oompofé qui fignifie
battement de la mefure du temps.
Get inftrument réunit auffi en lu i, avec tous
les effets du pendule, des avantages qui lui font
particuliers.
Je ne prétends pas diminuer le mérite du chronomètre.
Perfonné n’eft plus porté que moi à rendre
à fon auteur l’hommage qui lui efl dû pour l’invention
d’une machine qui peut être, avec rai-
fon, appelée la langue générale des compofiteurs
en mufique, pour l’indication des degres de v iteffe
ou de lenteur -dans le mouvement de 1 execution
: j’ofe même dire que les obftacles qu il
m’a fallu vaincre en parcourant la meme .carrière
que lui fans le favoir, m’ont mis .en état d.apprécier
fes fuccès. Mais, pour la patique de la mu-
fique, où il efl auffi à defirer d’avoir une indication
des temps, que de l’obtenir par un moyen
qui porte direâement à l’oreille de l’écolier plutôt
que par toute autre v o ie , il paroît que mon plexi-
chronomètre efl deftiné à accomplir ce double
■ objet de l’inflitution des élèves.
Il confifte dans une boîte carrée de la longueur ;
de quatre pouces êcdemi, de trois pouces 8c huit ■
lignes de largeur, & de la hauteur de trois pouces j
ôc demi , ou efl renfermée une organifation qui
fait mouvoir à volonté quatre marteaux, chacun
defquels fe trouve indépendant des autres, Ôc dont
les,extrémités, en forme de têtes élevées fur le
plan fuperieur de la boîte, battent toute mefure,
depuis le largo jufqu’au prejlijjimo.
Un index 8c une aiguille qui fe meut fur un cadran
, fervent à déterminer tous les mouvemens
poffibles, & à régler en confèquence l’aâion de
cette machine qu’on ne pourroit mieux comparer
qu’à un automate qui fuppléeroit, pour ainfi dire,
au maejlro di Capella d’un orcheftre.
Selon le morceau de mufique qu’on veut exécuter,
on difpofe l’automate au gré du genre de
la compofition, & tant que fon reffort élaftique
eft en aâivité, il bat la mefure au moyen de fes
marteaux , chacun frappant fon coup en raifon
du ■ temps qui convient, Ôc en diftinguant le fort
ôc le foible.
Quoique les artiftes confommés dans la mefure
puiffent fe flatter delà pofleder par l’habitude , ils
v , pourront difconvenir que les fecours dans un
objet efféntiel à l’exécu.tion -de la mufique, &. fi
Arts & Métier. Tonie III, Partie I,
difficile à acquérir , ne foient d’une grande ref-
fource pour ceux qui n’ont pas atteint leur degré
de perfeâion.
Les élèyes trouveront dans le plexichronomètre
un maître qui’l leur fera aifé d’avoir à tout inftsnt
à leur côté , 8c un guide d’autant plus sûr, que
ce n’eft que par une mécanique dont les effets ne
peuvent être que parfaitement régulier.
Renaudin, maître de harpe, rue mauconfeil,
vis-à-vis l’ancienne comédie italienne.
D E U X I E M E P A R T I E .
Traité pratiqua de Thorlogerie , ou explication fuivie
& rdifonnée des planches de T Horlogerie, fin dit
tome I I des gravures.
P L A N C H E P R E M I È R E .
La vignette repréfente la boutique d’un horloger
remplie de fes travaux, comme pendules à fécondés,
pendules fimples, montres, ôcc. outils, établis
, ôcc.
Fig. ƒ„, le maître horloger levé de deffus fon
fiège, préfente une montré à un particulier.
Fig. 2 , ouvrier affis fur fon tabouret ; il tourne
à l’archet devant un établi fur lequel on apper-
çoit différents outils. Il y a à un établi un corps
de tiroirs, les uns au deffus des autres : ceux
d’enbas font plus grands de hauteur pour contenir
les plus gros outils , Ôc ceux d’en haut font
moins grands ôc renferment les petits outils.
Fig. 3 , ouvrier affis fur un tabouret devant fon
établi, auquel tient un étau. Il a dans une main
une petite roue ou un pignon qu’il examine au
microfcope. On voit à côté de lui une enclume
carrée de fer , emboîtée dans un cylindre de bois ,
ôc pofée fur une natte circulaire, afin d’affourdir
les coups de marteau lorfque l’on forge le cuivre
deffus, pour conftruire les platines Ôc autres parties
forgées de l’horlogerie.
Cet ouvrier a devant lui un porte-montre, où
font plufieurs montres à régler. On apperçoit dans
le fond de la boutique une porte entr’ouverte,
qui laiffe voir la voiture Ôc le cocher du particulier
qui eft entré.
Fier. 4 , établi du maître horloger, où font répandus
différens outils, Ôc deux boîtes de fer blanc
qui contiennent de petites limes Ôc autres outils.
Il y a un étau qui tient à cet établi ; ôc au défi-,
fus font quelques montres à vendre.
Fig. y , grande pendule à fécondés.
Fig, 6 Ôc 7 , différentes autres pendules.
Bas de la planche,
Fig. 1 , bigorne.
Fig. 2.9 3 Ôc 4 y différentes fortes de tas.
Fig. S 9 gratoir.
Fig. 6 ôc j .refingues pour redreffer les boîtes
de montres,
D d d