
l’autre palette , qui , pour cet effet, feroit plus
haute que .l’autre : cette cheville pour lors fe trou-
véroit entre les deux palettes ; & . à mefure que
la batcule remonterait, elle échapperoit par une
échancrure faite par le milieu de cette fécondé
palette ; alors la dent fupérieure du rochet appuie-
roit contre le cliquet ; & lorfqu’il échapperoit fur
la roue 40, celle à rochet feroit un demi-tour,
qui poufferait les pignons par la manivelle ; &
quand la.roue 40 auroit fait fon tour, le cliquet
échappant de nouveau , la roue à rochet achèverait
le fien , en ramenant les pignons à leur
première place ; & la cheville dlarrêt buterait
contre la première dent de la bafcule, & y ref-
terait jufqu’à ce que la révolution annuelle arrivât
de nouveau.
Cette mécanique pourrait s’appliquer à toute,
autre machine où il feroit néceffaire de remplir
jufte des nombres donnés, dont les premiers ne
pourraient être mis en rouages. (Article de M.
Vincent de Mohpetit, à qui l’on doit plufieurs inventions
dans les arts, & particulièrement dans
/horlogerie. )
Le Frottem ent conjîdèrè dans Vhorlogerie.
L’horlogerie eft de tous les arts celui qui préfente
fur le frottement les plus grands & les plus
finguliers phénomènes ; car dans tous les arts ,
excepté l’horlogerie , les frottemens n’agiffent que
comme réfiftance , ou comme obftacle au mouvement
des corps appliqués les uns contre les
autres, & par l’altération qu’ils cahfent aux pièces
dont les machines font compofées. Avec de la
force & une réparation néceffaire aux pièces altérées
, l’on fatisfait à tous les frottemens dans ces
machines.
Il n’en eff pas de même en horlogerie; les ré-
ftftances & les altérations des pièces y font pref-
que pour rien. C ’eft de la variété connue des
frottemens qui agiffent, en retardant plus ou moins
la vîteffe des corps, que provient une fi grande
irrégularité dans l’horlogerie , & principalement
dans les montres.
Comme il fera néceffaire d’entrer dans quelque
détail fur la caufede ces variétés, il eff bon de
pofer quelques principes généraux pour nous
fervir de guide fur ce qui fait l’objet de nos recherches.
L’horlogerie peut être confidérée comme étant
la fcience des mouvemens : car c’eft par elle que
le temps , la viteffe & i’efpace font exaâement
mefurés , & à qui' toutes les autres font fubor-
données. Donc ce que je dirai fur les frottemens
àppartenans à l’horlogerie, pourra être de quelque
utilité à tous les arts, n’y en ayant point dont
les objets ne foient fufceptibles de mouvemens,
par conféquent de frottemens.
Les frottemens font cette réfiftance ou obftacle
qu’on éprouye lorfque l’on applique des corps les
uns Contre les autres pour les faire mouvoir, ou
Amplement leur donner une tendance au mouvement
; car où il n’y a point de mouvement ni
de tendance, il ne/aurait y avoir de réfiftance,
par conféquent point de frottement. Je fais ici
abftraélion de l’inertie des corps.
Les lois du mouvement étant connues, il paraîtrait
qu’on en pourrait déduire celles des frottemens,
comme l’on en déduit celles de la viteffe,
de l’efpace & du temps: car, dans l’un & l’autre
cas , il y a de commun l’efpace parcouru. Mais,
malgré la connexion qu’il y a entre ces chofes,
l’on n’a pu encore déterminer de principe fur lequel
l’on puiffe établir une théorie des frottemens
applicable à l’horlogerie en petit.
Dans les pendules, fur-tout celles à grande v ibration,
le régulateur ou la puiffance eft fi grande,
quelle réduit prefque à rien les variations caufées
par les frottemens : de forte que fi l’on prévient
l’altération des pièces par la dureté & le poli
qu’on peut leur donner, & fi l’on n’emploie que
la force néceffaire-pour entretenir le mouvement,
il y aura peu d’altération à craindre, par conféquent
peu à réparer; c’eft donc tout ce. qu’il y a
de plus effentiel à obferver dans les pendules.
Dans l’horlogerie en petit, ou dans les montres ,
les altérations y font prefque pour rien. Il n’eft
pas rare de voir des montres q u i, pendant 40
ou 50 ans, ont toujours marché, & auxquelles
on n’a fait autre chofe quë de les nettoyer de
temps en temps, fans qu’il y eût des altérations
abfolument néceffaires à réparer. Avec fi peu
de changement, il eft étonnant que l’on voie
aller fort mal tant de montres, qui font cependant
affez bien compofées & exécutées. Elles varient
donc par la foibleffe du régulateur, qui ne fur-
monte pas l’irrégularité caufée par les frottemens,
C ’eft donc ce qu’il y a de plus effentiel à examiner.
Pour fe former une idée des différentes caufes
qui entrent dans les frottemens, nous exprimerons
en peu de mots toutes les chofes que nous croyons
concourir à les augmenter, & qui nous les pré-
fentent fous tant de Faces différentes, par les variations
qu’elles occafionnent.
P , le poids ou la force qui preffe.
E , l’efpace parcouru dans un certain temps.
Q , la quantité de pénétration réciproque des
parties, provenant de deux caufes ; l’une, du défaut
de poli, qui n’eft jamais parfait ; l’autre, én
fuppofant même le ppfi parfait ,' de ce que ces
parties ne laiffent pas de le pénétrer par les pores
de leur tiffu ou texture.
I , Finclinaifon qui réfifte le plus dans les parties
qui fe pénètrent; c’eft celle de 45 degrés que
je retrouve même partout dans les arts mécaniques.
Le cifeau qui taille la lime, doit avoir cette
inclinaifon, pour que , dans l’ufage que l ’on en
fa it, la taille ne s’égrife.ni ne gliffe, fans 11 fer
la matière que l’on travaille. Les dents de feie
(ont aufli dans le même cas , & doivent avoir la
•thème inclinaifon.
Le fer du rabot doit être incliné de même,
pour couper.plus avantageufement.
Le cifeau qui taille la pierre, doit aufli avoir
la même inclinaifon.
Le foc de la charrue, de même,
Le burin du graveur, foit en planches ou autrement,
eft dans le même cas.
Enfin , il n’eft point d’art mécanique qui ne |
foürniffe quelque exemple de l’avantage de cette ;
inclinaifon, qui eft celle qui réfifte le plus.
I"), les différentes directions que peut prendre
le. corps frottant ; elles lui feront plus ou moins
avantageufes, félon qu’il rencontrera les inclinai-
fons dont nous venons de parler ; car le rabot ne
couperait point s’il étoit pouffé dans le fens contraire
, quelque force que l’on pût employer. Il
én feroit de même de la lime, de la fe ie , &c.
T , les différentes températures, c’eft-à-dire,' le
chaud & le froid, le fec & l’humide, qui changent
en quelque forte les parties intégrantes des
frottemens,
R , la raideur de ces parties qui fe pénètrent,
étant plus ou moins flexibles , dures ou molles,
préfentent plus ou moins de réfiftance,
Les métaux & végétaux diffèrent fenfiblement
entre eux de frottement.
Les gommes réfineufes & vitrées réfiftent le
plus au mouvement v if , & prefque point au mouvement
lent,
Les métaux les plus purs font ceux qui réfiftent
le plus ; enforte que , dans différentes pratiques
d’inftrumëns d’horlogerie, comme le cylindre d’un
tour à balancier, on eft obligé de le faire d’un
mélange de cuivre & d’étain ; ce qui permet de
le tenir jufte, & l’empêche de former une adhérence
ou cohéfion, ainfi qu’il arrive entre les métaux
femblables.
N , le nombre de fois que le corps frottant
gaffera fur les mêmes parties ; car, en les échauffant
, il y occafionne une adhérence ou cohéfion
qui en augmente encore la réfiftance.
D ’où il fuit que les forces ou poids qui preffent
le corps en mouvement, étant confiantes , les
frottemens ou réfiftances pourront augmenter de
plus en plus, fi toutes les parties frottantes qui
le fuccèdent les unes aux autres , font plus contraires
que favorables ; enforte que la viteffe du
corps fera tellement retardée-, qu’elle pourra faire
équilibre, & fufpendre totalement le mouvement.
Et réciproquement, fi toutes les parties /rot-
tantes , qui fe fuccèdent les unes aux autres, font
plus favorables que contraires, on arrivera au
terme où la réfiftance deviendra comme nulle,
& la viteffe du corps peu ou point retardée. Ce
dernier cas ne fauroit être complet, au lieu que
le premier eft très-fréquent.
C ’eft donc entre ces deux termes, que nous avons
à traiter des frottemens relatifs à l’horlogerie, &
Arts 6» Métiers. Tome III. Partie l.
fur quoi roule la plus grande caufe de la variation
. des montres.
Le poids qui preffe, & l’efpace parcouru dans
un certain temps, font la quantité confiante qui
fait la bafe de tous les frottemens ; fans lefquels
le sxautres quantités Q , I , D , T , R , N , qui
n’en font que les accidens, n’auraient pas lieu.
C ’eft en confidérant les deux premières caufes,’
que nous parviendrons à prévenir l’irrégularité de
ces dernières. C ’eft pourquoi nous devons porter
toute notre attention, non-feulement à réduire la
fomme des frottemens, mais principalement à les
diftribuer de manière qu’à mefure que la viteffe
des corps augmente, la prefîion en foit diminuée.
C ’eft en obfervant cette diftribution, que l’on
s’éloignera des deux extrêmes, de la plus grande
& moindre réfiftance, qui font les termes où j’ai
‘ trouvé les plus grandes variations par les expériences
que j’ai faites, fur ces frottemens.
Après ces notions préliminaires, nous allons
confidérer les frottemens fous fept points de vue.
i° . Par le régulateur.
20. Par i’échappement.
30. Par les vibrations.
40. Par les engrenages.
50. Par les pivots. *
6°. Par les refforts moteurs & réglansi
70. Enfin, par quelques ufages que l’on a pour
faire tenir différentes pièces les unes aux autres,
& que l’on appelle unir à frottement.
■ Du régulateur.
Dans. l’énumération des differentes parties qui
entrent dans l’horlogerie , nous allons commencer
par celles que nous envifageons comme les plus
intéreffantes, celles du balancier dans les montres ,
& de la verge avec la lentille dans les pendules.
Dans l’une & dans l’autre , ils font nommés
régulateur. ■ - -
L’objet du régulateur peut être confidéré fous
trois points de vue. i° . Comme modérateur de la
viteffe des roues-, il fufpend la force motrice;
& dans ce fens, c’eft un retardateur.
20. Comme retardateur, & ayant un principe
de mouvement, il abforbe en quelque forte toutes
les inégalités qui lui peuvent être tranfmifes , non-?
feulement par la force motrice, mais, encore par
les variations des engrenages des roues, & du
frottement de leurs pivots ; & dans ce fens, c’eft
un véritable régulateur.
30. Comme régulateur, il doit-faire fes mou-
mens en temps égaux ; fes ofcillations doivent
être ifochrones, C’eft donc l’unique pièce qui mefure
le temps. Alors toutes les autres ne font que
des acçeffoires, & ne font relatives qu’à la durée
du mouvement, & non à fa régulation,
Puifque c’eft du régulateur que dépend la me»
fure du temps, H Faut donner à cette pièce tout
qg qui peut concourir à lui faire Faire les ofçilla^