
étranger, tel que le grès. L’argile a affez de con-
fiftance pour fé lier malgré les obftacles qu’elle
trouve; mais en même temps Tes parties ne s’unifient
pas affez fortement pour former un corps qui ait les
inconvèniens du verre ; ^d’ailleurs le grès, quoique
fufceptible de fe vitrifier avec cette terre, demande
pourtant un feu affez v if ; enforte que celui qu’on
donne aux fourneaux, ne produit tout au plus qu’un
petit commencement de liaifon.
Les fourneaux qu’on fait cuire, doivent être dif-
pofés dans le four de manière qu’ils ne portent que
fur trois points ; parce qu’en cuifant, la terre dont
ils font compofès prend de la retraite , & que portant
fur peu de furface, les parties fe retirent fur
elles-mêmes fans fe fendre.
Des fourneaux.
On a imaginé une infinité de fourneaux de formes
& de conftruftions diverles, pour produire & varier
les degrés de chaleur fuivant le befoin qu’on en a
dans différentes opérations.
Mais félon la remarque de M. Macquer dans fon :
Dictionnaire de Chimie , toutes les fortes de fourneaux
peuvent fe rapporter à un petit nombre de
difpofitions générales, que nous allons parcourir
d’après ce favant académicien.
Le fourneau fimple, eft une efpèce de tour creufe,
cylindrique ou prifmatique , à laquelle il y a deux
"ouvertures ; l’une en bas , qu’on appelle la porte du
cendrier, & l’autre aü deffus, qiii fe nomme porte
du foyer. Entre ces portes, le fourneau eft traverfé
horizontalement dans fon intérieur par une grille
qui le divife en deux cavités ; dont l’une , inférieure,
eft le cendrier, & donne entrée au courant
d’a ir, & l’autre , fupérieure, eft le foyer, où l’on
met les matières combuftibles. Ce fourneau fimple
eft affez femblable à ceux des cuifines.
On place dans le foyer même au milieu des
charbons, ouïes creufets,. pour les matières qu’on
veut fondre, ou des bafiines pour les évaporations,
ou des chambres pour les diftillations , &c.
Quelquefois on ajufte au fourneau une efpèce
de tour creufe fermée par en haut, & difpofée de
manière que le charbon qu’on y met comme en
réferve , tombe dans le foyer pour y remplacer
'celui qui fe confume.
Ce fourneau, ainfi difpofé, porte le nom d'athanor
ou de fourneau des parejfeux.
Le fourneau de lampe, eft une efpèce d’athanor
dans lequel la chaleur eft produite & entretenue par
,1a flamme d’une lampe.
Ce fourneau ne doit avoir qu’une feule ouverture
par en bas, par laquelle on introduit la lampe, &
une efpèce de petite cheminée pratiquée dans la
^partie latérale & fupérieure pour faire circuler l’air
& donner iffue .à la fumée.
Ce fourneau eft commode pour les diftillations
& digeftions qui ne demandent que peu de chaleur.
On peut y ajufter un bain marie ou une capfule à
bain de fable.
Le fourneau de réverbère, eft encore un fourneau
fimple, dont le foyer eft furmonté d’une bande de
même diamètre & de même forme, laquelle eft
ordinairement cylindrique. Cette piece eft traverfee
dans fa partie inférieure par deux barres de fe r ,
aflujetties horizontalement & parallèlenient l’une à
l’autre ; 'elle aune échancrure demi-circulaire, a fon
bord fupérieur. Cette pièce forme dès-lors une troi-
fièine cavité qu’on nomme laboratoire, parce qu’elle
eft deftinée à contenir une cornue qui renferme la
matière fur laquelle on veut opérer. L’échancrùre
demi-circulaire d’en haut donne paffage au col de
la cornue, & les deux barres fervent à foutenir le
vaiffeau qu’on y place.
Au deffus de la pièce dont on vient de parler,
on en place une autre qui a la forme d’une calotte
fphérique ou d’un dôme furbaifle, & qu’on appelle
dôme.
Ce dôme eft de même diamètre que la pièce fur
laquelle il doit s’ajufter, & a pareillement dans fon
bord, inférieur une échancrure demi-circulaire qui
forme avec celle de deffous une ouverture totalement
circulaire. Le dôme a dans fon fomrnet une
autre ouverture en forme d’un bout de tuyau pour
donner paffage à l’air & fervir de cheminée. L’ufàge
de ce dôme eft de réfléchir ou réverbérer la chaleur.
Le fourneau de fufion, qu’on , nomme autti:fourneau
à vent, eft difpofé de manière que 1 air e'xte-
rieur eft forcé d’entrer par le cendrier & de tra-
verfer le foyer pour aller remplir le vide qui .fe
forme continuellement, tant dans l’intérieur du
fourneau, que dans fa cavité fupérieure, qui va
en fe rétreciffant , à laquelle on peut ajufter un
tuyau qui ne foit pas trop étroit, mais d’une capacité
relative à celle du fourneau.
Le corps de ce fourneau ne diffère point de celui
du fourneau fimple. Il peut être ouvert entièrement
ou prefq.ue entièrement par deffous, & foutenu-fur
des piliers & fur une efpèce de trépied, qui., dans
ce cas , lui fert de cendrier. On lui donne ordinairement
une courbure elliptique, afin de concentrer
la chaleur.
Le haut de ce fourneau eft terminé par un dôme
plus élevé que celui du fourneau de réverbere.
Ce dôme, nommé la chape, a deux ouvertures ;
l’une, latérale & antérieure, qui doit être grande
& difpofée à fe fermer exactement avec une porte ;
l ’autre ouverture eft au fomrnet, elle a la forme d’un
tuyau pour recevoir d’autres tuyaux d’une longueur
indéterminée.
Ce fourneau n’a pour laboratoire que fon foyer
même, & c’eft là qu’on place les matières qu’on
veut mettre en fufion.
. S’il y a une porte au foyer, elle doit être fermée
quand le fourneau travaille.
On introduit le charbon,par la porte delà chape.
Ce fourneau , bien fervi , donne une chaleur
extrême; en moins d’une heure fon feu eft anfo-
lument blanc & éblouiffant comme le foleil ; & eft
moins de deux heures, ou peut y fondre tout ce
qu’il eft pofiible de fondre dans les fourneaux.
^ Le fourneau quon nomme fourneau, d’effai ou ao
coupelle , eft de figure prifmatique quadrangulaire.
Il fert principalement à faire les eflais du titre de
l’argent, ou ceux des mines tenant argent. }
Ce fourneau eft compofé d’un cendrier , d’un
foyer & d’une efpèce de chape qui le termine par
le haut en une pyramide quadrangulaire tronquée.
Il n’y a point de grille dans ce fourneau, enforte
que le charbon touche jufque dans le bas. Il a trois
petites portes dans fa partie inférieure, deux latérales
& une antérieure. A u deffus de celle de devant,
il y a une quatrième porte placée comme celle du
foyer du fourneau fimple ; au bas font deux barres
lacées horizontalement & parallèlement 1 une a
autre dans l’intérieur du fourneau. Ces barres font
deftinées à foutenir une moufle dont l’ouvertùre
répond exactement à celle de la porte. C ’eft dans
cette moufle qu’on place les coupelles & autres
vaiffeaux qui contiennent la matière à laquelle on
veut appliquer la chaleur.
La chape de ce fourneau eft tronquée par,1e haut
pour former une ouverture par laquelle on introduit
le charbon. i .
Quelques-uns de ces fourneaux ont un oeil à la
partie antérieure de leur chape , par laquelle on
peut introduire une branche de fer pour raire def-
cendre le charbon, & en obferver l’intérieur.
Il y enaaufli dont la chape fe termine comme
un bout de tuyau , afin de pouvoir y ajufter, dans
l’occafion, un tuyau d’afpiration pour augmenter fa
chaleur.
On peut imaginer des fourneaux plus compliqués,
mais outre qu’ils deviennent alors plus embarraffans,
fans produire fouvent plus d’effets, il n’y en a pas
qui ne fe rapportent à ceux que l’on vient de décrire
; il n’y a'même point d’opération de chimie
que l’on ne puiffe exécuter avec ces fourneaux quand
on fait s’en fervir.
Tous ces fourneaux font, ou portatifs, conftruits
en terre cuite, cerclés de fer'; revêtus de tôle fi l’on
veut les rendre plus durables ; ou fixes & maçonnés
en brique & en tuileau.
Quant-'aux fourneaux propres à certaines opérations
, & particuliers à' certains arts ; ils feront
décrits àleurs places dans le' cours de ceDi&ionnaire
ou dans quelques-unes des divifions de cette Encyclopédie.
Il nous refte à jeter un coup-d’oeil fur différens
autres ouvrages énoncés dans les ftatuts des four-
naliftes , & pour lesquels ils emploient les mêmes
procédés que ceux que nous venons de rapporter.
Alambic._ '
L’alambic eft un vaiffeau qui fert à la diftillation :
il. confifte en un matras ou une cucurbite garnie
d’un chapiteau prefque rond, lequel eft terminé par
un tuyau oblique par où paffent les vapeurs con-
denfées, & qui font reçues dans une bouteille ou
matras qu’on y a ajufté, & qui s’appelle alors réel-
vient. ,, . • • •*,' •
Il y a différentes fortes d’alamb'ics ; il y en a un
où le chapiteau & le matras en cucurbite font deux
pièces féparées ; & un autre ou le chapiteau eft joint
hermétiquement à la cucurbite. ^ ,
Outre les alambics de terre cuite dont il^ eft ici
queftion , on en fait de verre, de cuivr e , d’étain,
d’argent, &c. -
Aludel.
On nomme aludel, un vaiffeau qui fert principalement
à .la fublimation des parties volatiles de
certaines fubftanees.
Les aludels «confiftent dans une fuite de tuyaux de
terre, ou plutôt ce font des pots ajuftes les uns fur
les autres , qui vont en diminuant à mefure qu’ils
s’élèvent ; cés efpèces de pots font fans fond , fi ce
n’eft le dernier, qui fert de chapiteau aveugle.
Le premier aludel s’ajufte fur un pot qui eft placé
dans le fourneau, & c’eft dans ce pot d’en bas qu on
met la matière qui doit être fublimée. En un mot,
les àludels font ouverts par les deux bouts , à l’exception
du premier & du dernier. Le premier eft
fermé par fon fond ; & le dernier eft ferme par fofl.
fomrnet.
Capfules.
Les capfules que font les fournaliftes, font des
efpèces de febilles , de godets , ou de petits valest
que l’on place fous des moufles. On les fabrique de
la même matière que les fourneaux, & l’on en varie
les formes félon leur deftination.
Chapes.
Les chapes font des deffous de fourfieaux à l’ufage
des monnoies, où l’on met les métaux en bain.
On fait des chapes en maflif & en vide.
On nomme aufli chape, le dôme qui couvre ou
termine le haut du fourneau de fofion. Cette chape
a deux ouvertures : l’une, latérale & antérieure,
qui doit être grande & pouvoir fe fermer exactement
par une porte ; & l’autre- au fomrnet; celle-ci
doit avoir la forme d’un tuyau d’un diamètre convenable
, fur lequel on puiffe ajufter des tuyaux
d’une longueur indéterminée.
Cheminaux.
On appelloit anciennement cheminaux, ces petites
cheminées- portatives , pareilles à celles de tôle ,
qu’on place dans une cheminée pour en diminuer
la capacité & empêcher la fumée , ou qu’on pofe au
milieu d’une grande pièce, ou d’un efpace vidé
pour mettre du feu deffous. Ces cheminaux fe font
comme les fourneaux , ■ & l’on en voit encore dans
de petits ménages, pour confoinmer moins de bois,
ou pour y brûler du charbon de terre ; ils peuvent
fervir aufli à quelques effais ou à des opérations
I paffagères dans les arts.