
faut l’écrafer en poudre groffière , 8c n'en couvrir
le champ que de l’épaiffeur d’un pouce ; car
étant ainfi crue , 8c ayant encore l’acide fulfu-
reux ou vitriolique, qui ne fe confume que par
le fe u , elle pourroit en s’échauffant s’allumer, fi
on en répandoit de l’épaiffeur de cinq à fix pouce s ;
ce qui arrêteroit la produétion des grains au lieu
de lui être favorable.
L’effet de ces terres non brûlées eft que les
pluies du printemps développant peu à peu l’acide
fulfureux, il trouve pour bafe la terre même
qu’on veut amender. Il forme avec le bitume un
nouveau compofé qui eft l’engrais qu’on defire.
La fécondé façon des’enfervir eft de l’employer
en cendres, après que cette terre a été brûlée 8c
calcinée: on peut pour.lors en mettre une plus
grande quantité , parce que le foufre étant évaporé
par le feu , 8c n’y ayant plus que le bitume
( véritab'e engrais) on n'a plus à craindre une fermentation
tendante à l’infiammation, capable de
delïécher les grains., au Heu d’être favorable à
leur développement.
Une des- manières les plus commodes 8c les
plus sûres pour répandre ces cendres également, eft
de faire marcher parallèlement deux ou trois hommes
tenant en leurs mains des tamis peu ferrés,
$c les frappant l’un contre l’autre.
Tout le monde peut éprouver fi les terres noires
que l’on croit être des terres de houille en font
véritablement. Prenez-en un morceau gros comme
iin melon; placez-le fans le rompre fur la braife
de l’âtre de cheminée ; fi c’eft de la terre-houille,
il s’y allumera comme l’amadou fans flamme , répandant
une odeur de foufre fuffoquante : s’il s’élève
de la flamme, la terre fera trop fulfureufe,
8c il ne faudra jamais s’en fervir que brûlée 8c
réduite en cendres.
Retirez ce morceau à demi embrafé ? 8c mettez-
le fur un plat deterre à l’air ; l’odeur fuffoquante
difparoîtra, 8c l’on fentira une odeur douce de
bitume terreftre. Cette terre continuera de brûler
lentement, puis s’éteindra, laiflant une mafle très-
friable de couleurs variées, dont la dominante «ft
le noir. Si on la brûloit davantage elle ne vaudroit
plus rien, parce que le bitume ( véritable' engrais)
en feroit confumé.
M. Hellot, auteur du rapport qui précède, a
fait une expérience qu’il rapporte en ces termes. J’ai
mis, dit-il , un demi-pouce de tene-houille crue,
au mois de juin dernier, fur trois petites caiftes
d’orangers, dont les feuilles étoient tombées 8c
qui étoient près de périr; j’aiarrofé tous les jours
d’un verre d’eau ; au 15 feptembre les trois petits
orangers avoient depuis 2.2 jufqu’à 35 feuilles , 8c
de nouvelles branches.
On ne peut fixer généralement la quantité qu’on
doit employer, foit dts terres-houilles non brûlées,
foit de celles qui font réduites en cendres ; cela
dépend des différens genres de produirions 8c des
différentes efpèces de terres fur lefquelles on les
emploie ; l’expérience feule inftruira bientôt les
cultivateurs.
On a fait différentes épreuves de cette nouvelle
efpèce d’engrais fur les différentes produétions de
la terre , 8c elles ont toujours eu plus ou moins
de fuccès. Nous ne les rapporterons pas ici, comme
étant particulières à l’agriculture qui fera traitée
dans une autre divifion de cette Encyclopédie.
A Beaurains, en Lorraine , ou les mines de ces
terres houilles s’exploitent en réglé 8c avec art,
c’eft-à-dire, par des puits 8c des galeries fouter-
raines, d’où, après que les terres ont ete tirees, on
les tranfporte dans des brûleries qui font de fnn-
ples foffés où elles fe ' confument d’elles - mêmes
8c fe jèduifent en cendre, on vend trois livres le
fac de 320 liv. pefant.
A Ham , en Picardie , où on en a fait un ma-
gafin ", il fe vend 3 liv. 12 f. v
A Rocourt, près Saint-Quentin, il fe débite a
quatre francs. x ~L
On en a établi deux autres magafins a Pont-
Sainte-Maxence, fur le pied de trois livres neuf
fols le fac ; 8c à Beaumont-fur-Oife, trois livres
douze fols. '
Au détroit d’Anois on vend les cendres quinze
fols le feptier, ce qui revient à peu près à trois
livres le fac de trois cens vingt livres.
Il y a d’autres magafihs de ces terres-houilles,
qu’on établit dans différentes provinces.
Voici ce que reprochent aux terres 8c cendres
de houille Ceux qui craignent d’en faire ufage, par
l’efprit de routine fi contraire à toute perfection.
i°. Que ces houilles tiennent les fourrages trop longtemps•
en verd.
Ce reproche prouve que les houilles fourniffent
beaucoup de fève ; ceux qui veulent retirer des
fourrages fecs n’ont qu’à femer les houilles un peu
plus tôt, c’e ft -à -d ir e , au plus tard en février;
ceux qui veulent nourrir les chevaux en Verd
une partie de l’été, peuvent femer plus tard.
20. Que les .houilles nétant pas écrafées, les pierres
brûlent là oit elles .refient. ..
Rien de fi aifé que de les piler chez foi avec
une batte. Les pierres ne font pas dures ; on y
gagne-bien la façon ; elles foifonUent beaucoup
plus, fe répandent mieux, 8c ne tracent pas tant
fur la terre. • : ;-•) A .r
30.,Quelles donnent un mauvais goût ou mauvaife
qualité aux fourrages. .
C ’eft un préjugé. On s’en fert tous les jours pour
les légumes, 8c on ne s’apperçoit d aucun mauvais
goût. Un très-grand nombre de laboureurs les
; emploient depuis plufieurs années, fans avoir
éprouvé aucun accident.
De la Houille
II. Le charbon foffile, appelle houille eft une fub-
ftancêbitumîiièiife, terreufe, 8c éminemment fui-
furëufe.
Un auteur moderne, M. Vene l, doCteur médecin
de 1a faculté de Montpellier, range toutes les
efpèces de houille fous trois claffes , en l’envi-
fageant comme aliment du feu ; il s’en trouve,
dit-il, i°. qui donne une flamme vive , abondante ,
mais qui n’eftpas capable d’un fort embrafement :
20. d’autre qui’brûle avec une flamme moins v iv e ,
mais qui foutient long-temps l’état d’embrafement
v if; 30. il en eft enfin qui brûle difficilement,
avec peu de flamme 8c un embrasement foible ,
& qui néanmoins fe confume bientôt. C ’eft principalement
la fécondé efpèce qui s’appelle houille
vrajfe Sc forte, & qui réunit éminemment toutes
les qualités d’une bonne houille. On l’emploie fou-
vent au lieu de charbon de bois, mais il eft alors
utile de favoir lui enlever la trop grande abondance
de foufre qui rend la houille nuifible dans
beaucoup d’opérations.
M. Jars, après avoir obfervé que ce charbon
foffile nuit fingulièrement aux opérations métallurgiques,
fur-tout qu’il-détruit une grande quantité
de métal dans les fontes; apres avoir auffi rapporté
les procédés par lefquels les Anglois ont
corrigé ces inconvéniens, décrit ainfi la méthode
qu’il a trouvée de préparer^la houille pour la fub-
fiïtuer au charbon de bois dans les travaux métallurgiques.
, •
bois pour faire du charbon ; mais il exige une
'pratique bien entendue & beaucoup de précautions
>, Toute efpèce de charbon foffile nuit aux fontes
des métaux, quoique dans différons degrés, fuivant .
fes diverfes qualités. Le but qu’on doit fe propofèr
eft de détruire les principes nuiftbles qu’il renferme
, 8c de conferver ceux qui font utiles à la fonte.
Sans entrer dans une analyfe profonde de ce
minéral, on fait qu’il eft , comme tous les bitumes,
compofé de parties huileufes 8c acides.
Dans ces acides on diftingue un acide fulfureux
auquel on peut attribuer les déchets qu’on
éprouve'lorfqu’cn l’emploie dans la fonte des métaux.
Le foufre 8c les acides dégagés par l’avion
du feu, rongent 8c, détruifent les matières métalliques
qu’ils rencontrent. On doit donc chercher
à les enlever ; mais la difficulté eft d’attaquer ce
principe rongeant, en conferyant la plus grande
quantité poffible des parties phlogiftiques.
C ’eft à quoi tend le procédé dont je vais donner
la méthode ; on peut l’appeller le dejfoufragc.
Après l’opération, le charbon de houille n’eft plus
à l’oeil qu’une matière sèche, fpongieufe, d un gris
-noir , qui a perdu de fon poids 8c acquis du volume
; elle s’allume plus difficilement que le char- I
bon- cru ; mais fa chaleur eft plus vive 8c plus
durable.
Ce charbon minéral ainfi préparé fe nomme
coaks 8c fe prononce coks. Les Anglois s’en fervent
avec avantage pour fondre differens minerais
; les orfèvres l’emploient pour fondre les métaux
fins ; on en brûle auffi dans les appartemens.
Le procédé par le moyen duquel la houille de- I
vient coaks eft facile en apparence ; il ne s’agit
que de faire brûler la houille comme on brûle le ]
, foit dans la conftruâion des charbonnières,
foit dans la conduite du feu, fans quoi i on n obtient
que des coaks imparfaits & incapables detre
employés utilement.
Pour réuflir à obtenir devrons coaks , ib e ftd ç
la plus grande importance , & même il eft rndil-
penfable d’avoir une bonne quantité de charbon
qui foit exempt de pierre ou. roche. -
Lorfqu’on s’eft afluré de, cette qualité de char-
bon , les ouvriers ne doivent pas encore en négliger
le choix, ils doivent en féparer la roche;
que l’on rencontre quelquefois dans les gros morceaux
; on fait ce choix en les caftant.
Pour deffoufrer la houille avec profit, il eft re-,
connu que les morceaux doivent être réduits a ;
la eroffeur de trois à quatre pouces cubes, ahn
que ie feu puiffe agir & pénétrer dans leur inte-.
rieur.
Après avoir formé un plan horizontal fur le
terrain, on arrange la houille morceaux par m°r
ceàux; on en compofé .une charbonnière d une
forme à peu près femblable à celle que 1 on donne
pour faire du charbon de bois, & de la conte-
f nance d’environ cinquante à foixante quintaux ,
quantité’fuffifante pour obtenir de bons coaks -, car
I j’ ai obfervé après diverfes épreuves quen les ±ai-
fant plus fortes, il en refte beaucoup apres 1 operation
que le feu n’a pénétrées qu’en partie, & d autres
où il n’a pas touché. . Il en arrive autant il
on donne aux charbonnières trop d élévation , oc
fi l’on place le charbon indifféremment & de toutes
gro fleurs, _
Une charbonnière conftruite de la forte peut &
doit avoir d ix , douze & jufqu’à quinze pieds de
diamètre , Si deux pieds à deux pieds & demi
au plus de hauteur dans le centre.
Au fommet de la charbonnière on laiffe une
ouverture d’environ fix à huit pouces de profondeur,
deftinéeà recevoir le feu que l’on y introduit
avec quelques charbons allumés.
Lorfque ,1a charbonnière eft achevée, alors on
la recouvre, & l’on peut s’y prendre de diverfes
manières.
Une des meilleures & la plus prompte eft d’employer
de la paille & de la terre franche qui ne
foit pas trop sèche ; on recouvre toute la furface de
la charbonnière avec cette paille que l’on met affez
ferrée, pour que l’épaiffeur d’un bon pouce de
terre qu’on met par deffus , & pas davantage, ne
tombe point entre les charbons , ce qui nuiroit à
l’aâion du feu. _ , ,
Au défaut de paille, on peut y fuppleer par des
feuilles sèches. . , , . , „ ,
Une autre méthode q u i, attendu la cherté & la
rareté de la paille , eft mife en pratique aujourd’hui
aux mines de R iv e , de Gier , & c. avec fucces ,
; eft de recouvrir les charbonnières avec le meme
N n n ij