
manière Suivante. On fait un lit dé bûches dans
les réparations pratiquées du fourneau ; on répand
fur ce lit les gros morceaux de mine, puis les morceaux
moins gros, enfuite la pouffière. On allume
le feu, on (’entretientpendant vingt-quatre, trente,
trente-fix heures de fuite. Le grillage le réitère communément
une ou deux fois ; il y a des mines qu’-on
.grille.jufqu’à huit; il y en a suffi qu’on grille beaucoup
moins. Lorfque la mine eft grillée, elle paffe
à un fourneau voffin, qu’on appelle fourneau de
fonderie ou fourneau à manche.
De la fonderie du cuivre.
La mine grillée ou non grillée, fe traite d’abord
dans un fourneau particulier, qu’on charge avec un
mélange de mine & de charbon de bois & de fcories
en certaines proportions. Ces fcories- font d’une,
fonte précédente : on met plus ou moins de charbon.
La mine lavée demande plus de charbon que
celle qui ne l’a pas été ; il y a même des mattes à
qui il en faut plus qu’à la mine ordinaire.
On remplit de ce mélange le fourneau jufqu’en
haut : on fait jouer les-foufflets. L’ouverture pratiquée
au bas du mur antérieur du fourneau', eft
toujours libre. A mefure que la matière fond, elle
coule dans un réfervoir qu’on appelle poche ou catin,
qui eft fous l’ouverture : cette poche eft creufée
dans un maffif un peu élevé au deffiis du terrain.
Quand il y a dans ldfpoche une certaine quantité
de matière, les ouvriers en enlèvent la partie fu-
périeure qui eft vitreufe ou en fcories, avec un grand
infiniment de fer ; ils la prennent en defl'ous avec
cette efpèce de pelle : elle eft alors figée. Us continuent
d’enlever ces furfaces vitreufes & figées .,
jufqu’à ce que la poche foit pleine de matière métallique.
Les poches font faupoudrées & enduites d’un mélange
de terre grafle & de charbon en poudre, qu’on
appelle brafque ou brajfe. Lorfque la poche fupé-
rieure eft pleine, on dégage l’ouverture qui conduit
de cette poche à une autre poche inférieure,
& la matière coule dans celle-ci.
Auffitôt que la matière a coulé & que la poche
Supérieure eft vide, les ouvriers la réparent en l’en-
duifant d’une nouvelle couche de terre grafle ,
mêlée de charbon : cette couche peut avoir environ
deux pouces d’épais. On referme alors la communication
à l’inférieure de la première poche, cafte
ou catin ( car ces trois mots font fynonymes ).
Quand la matière contenue dans la fécondé poche
fe refroidit, les ouvriers l’enlèvent de la manière
fuivante. Ils commencent parles couches fupérieures
qui font en fcories. Quand ces fcories font enlevées,
ils afpergent la matière reliante d’un peu d’eau, qui
en fait prendre ou figer une certaine épaifleur; ils
enlèvent cette épaifleur ; ils continuent d’afperger,
de refroidir, & d’enlever des épaiffeurs de matière
prife ou figée, jufqu’à ce que la cafte en foit tout-à-
fait épuifée, & ces efpèces de plaques s’appellent
giçrres de cuivrç ou mattes*.
De la fonderie delà matte ou pierre de cuivré•
On porte les mattes dans les fourneaux de calcination
ou de grillage. On les y calcine à cinq, huit,
d ix , vingt feux, félon le plus ou moins de pureté
de la matte. Cette pureté s’eftime i°. par l’ufage &
par la qualité de la mine; 2°. par la fufion première',
fécondé ou troifième, dont elle eft le produit.
Calciner à un feu , c’eft traiter une fois la matte
de la manière dont on traite la mine qui a befoin
d’être calcinée ou grillée. La griller à deux fe u x ,
c’eft la pafler d’une des fèparations du fourneau dans
une autre , & l’y traiter comme elle l’avoit été dans
la précédente, & ainfi de fuite.
On ne met qu’un lit de bûches pour le premier
grillage ou feu; on augmente la quantité de bois
à mefure que le nombre des feux augmente, & avec
raifon : car plus la matte contient de foufre, plus
il faut faire durer le feu , chauffer doucement, &
u fer d’un feu qui n’aille pas fi vite.
Les- mattes calcinées fe fondent dans le fourneau
de fonderie, avec cette feule différence que les
foufflets vont moins vite & qu’on pouffe moins le
feu. La matière coule du fourneau dans la première
cafte, de la première cafte dans la fécondé, d’où on
l’enlève par plaques ou pains, comme on l’a dit ci-
deflùs j & l’on a de fécondés mattes avec un peu de
cuivre noir : le cuivre noir eft mis à part.
Ces fécondés mattes fe reportent encore au fourneau
de grillage pour y être recalcinées, d’où elles
reviennent enfuite au fourneau de fonderie. On les
calcine à cette fois au premier fourneau à cinq ou
fix feux ; & par une nouvelle fufion au fécond
fourneau il vient une troifième matte plus riche
que la fécondé, ainfi que la'fécondé étoit plus riche
que la première, avec du cuivre noir.
On obtient une troifième matte par la même manoeuvre
que les mattes précédentes, & l’on met
auffi à part le cuivre noir.
On reporte au fourneau de grillage ou de calcination
la troifième matte , où elle efluie* encore cinq
à fix feux : on la remet au fourneau de fufion , d’où
il fort cette fois une matte riche avec trois quarts
de cuivre noir.
Telle eft la fuite des opérations de la fonderie ou
fufion, & l’ordre dans lequel elles fe fuccéderoient
dans une mine & des fourneaux où l’on travaillerait
pour la première: fois ; mais on procède autrement
quand les fourneaux font en train. Alors on
fond la mine & les différentes fortes de mattes dans
un même fourneau, dont le travail n’eft pas interrompu.
On commence par fondre les mattes, &
entre les mattes on choifit les plus riches pour les
faire pafler les premières ; on leur fait fuccéder les
mattes les moins riches : à celles-ci celles qui font
le moins encore ou les mattes pauvres , 6c l’on
finit par la mine.
La raifon de cet ordre, c’eft que le fourneau s’ufe ;
qu’il s’y forme, fur-tout au fond, des cavités, &
qu’il
qu’il vaut mieux que ces creux fe rempliffent de
matte pauvre que de mattes riches.
11 arrive cependant dans la fucceffion ininterrompue
des fufions, que l’on a quelquefois dans les
poches ou caftes, des mattes plus ou moins riches &
du cuivre noir ; mais il ne faut pas craindre que ces
différens produits fe confondent, & que l’on perde
le fruit des calcinations : car les mattes riches étant
plus pefantes que les autres, gagnent toujours le
fond de la cafte, enfortë qu’on a dans les caftes le
cuivre noir, la matte riche, la matte moins riche,
la matte pauvre, à peu près dans l’ordre des calcinations.
On obferve toutefois dans les fourneaux de calcination
, de griller enfemble les mattes les moins
riches. Il y a à ce procédé de l’économie ; car il ne
faut pas plus de bois pour griller trente quintaux
de matte, que pour n’en griller que cinq à fix.
Conféquemment on a foin d’attendre qu’on ait
beaucoup de mattes'riches, & l’on en ramaffe le
plus qu’on peut pour en faire le grillage à part, ou
du moins on ne la confond qu’avec celle qui lui
fuccède immédiatement en richeffe.
Voici donc l’ordre des produits de toutes les différentes
opérations : fcories , matte pauvre , matte
moyenne, matte riche, cuivre noir.
Du raffinage du cuivre.
Raffiner le cuivre, c’eft le conduire de l’état de
cuivre noir à celui de cuivre de rofette , ou c’eft
diffiper le refte de foufre qui le conftitue cuivre
noir.
Pour cette opération, on commence par garnir
la cafte ou poche qui eft au dedans du fourneau,
avec le mélange de terre grafle & de charbon en
poudre : on la fait enfuite fécher avec du charbon
qu’on y-entretient allumé pendant encore deux
heures.
Cela- fait, il s’agit de travailler. Pour cet effet on
remplit toute la cafte de charbon de bois : on place
fur ce charbon ün pain de cuivre noir : on fait fur ce
pain un lit de charbon : on met fur ce lit trois ou
quatre pains , enfuite du charbon ; puis lit fur lit
des pains alternativement , du charbon jufqu’à la
concurrence de cent, cent vingt, cent cinquante,
deux cents, deux cents cinquante, trois cents pains,
fuivant la grandeur de la cafte qui s’étend confidé-
rablement pendant le travail.
On chauffe. Les foufflets marchent à peu près
pendant deux heures, au bout defquelles le raffi-
neur trempe une verge de fer dans le cuivre qui
a gagné le fond de la cafte : c’eft un effai. Au fortir
de la cafte il plonge fa baguette enduite d’une pellicule
de cuivre, dans l’eau froide; elle s’en détache ;
il en examine la couleur, & il juge à cette couleur
fi la matière eft ou n’eft pas affinée. Cet effai fe
répète d’un moment à l’autre ; car la matière prend,
avec beaucoup de viteffe, des nuances, fucceffives ,
différentes & perceptibles pour l’affineur.
Dans le cours de cette fufion, on décraffe la ma-
Arts & Métiers. Tome III. Partie I.
tière une, deux, trois ou quatre fois ; ce qui fe fait
en écartant le brafier qui nage à fa furface avec un
râble, ou, en fe fervant de cet infiniment, pour en
enlever les ordures : enfuite on repouffe fe brafie-r,
& on y fubftitue de nouveau charbon , s il en eft
befoin.
Lorfque l’affineur s’eft affuré, par un dernier
efîai, de la perfeélion de fa matière & de fon degré
d’affinage, on écarte encore 1e charbon, on decrafle
de nouveau , on balaye fes bords de ta cafte ; le
cuivre paroît alors dans un état de fluidité très-
fubtile, fans toutefois bouillonner ; il frémit feulement
; il s’élance dans l’air une pluie de grains menus
, qu’on peut ramaffer en paffant une pelle de
fer à travers cette efpèce de vapeur, à un pied ou
environ au deffus de la furface du fluide. Elfe s’appelle
fleurs de cuivre ou cendre de cuivre.
Pour en arrêter Veffiuvium & empêcher la matière
de s’éparpiller ainfi, fe fondeur afperge légèrement
la furface avec un balai chargé d’un peu d eau.
Mais pour faire cette afperfion fans péril, on laiffe
refroidir la furface du cuivre ; cela eft effentiel :
car fi l’on répandoit l’eau avant que la furface eût
commencé a fe figer, il fe feroit une explofion con-
fidérable , capable de faire fauter l’atelier.
• Lors donc que la furface commence à fe confo-
lider un peu, on a un petit baquet plein d’eau :
. cette eau bouillonne & difparoît en un moment ;
j on a alors un pic de fer avec lequel on détache
du tour de la çaffe la lame figée, & l’on enlève
cette lame ou plaque avec des pinces. On répand
fur la furface du métal reliant, une fécondé flaquée
d’eau froide ; on détache avec 1e pic & I on enlève
avec la pince une fécondé lame; ainfi de fuite
jufqu’à ce que la caffe foit épuifée & l’ouvrage fait.
Le dernier morceau de cuivre qui refte au fond de
la caffe, après qu’on a détaché & enlevé 1e plus de
lames qu’il étoit poffible, s’appelle 1e roi ; 8c toutes
fes lames ou pains de' cuivre qui l’ont précédé &
qu’on a formés, détachés & enlevés fuceffivement,
s’appellent cuivre de rofette, & fe vendent dans cet
état & fous ce nom dans 1e commerce.
Nous avons rapporté ci-devant fes procédés du
cuivre jaune ou laiton, & d’autres métaux com-
pofés. .
Nous avons expofé l’art de faire 1e laiton , de le
couler en table, & de 1e tréfiler. C eft pourquoi nous
y renvoyons nos lefteurs qui voudroient fuivre ces
opérations. #
La mine de cuivre contient quelquefois de l’argent
, du plomb , & d’autres matières étrangères ,
qui demandent alors des manipulations particulières
qui feront décrites dans la partie de la métallurgie.
Nous répétons que nous n’avons en vue que de
rapprocher fes procèdes ordinaires de la fonte des
métaux, & de l’art du fondeur.
De la fonte du Bronze.
Le bronze eft un métal compofé de deux tiers de
I cuivre rouge & d’un tiers de jaune, pour qu’il foit