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fa nature plus promptement la chaleur , il eft né-
ceffaire que l’un foit froid & l’autre chaud, fans
quoi l’acier fe brûleroit, lorfque le fer ne feroit pas
encore affez chaud pour fouder.
Il faut encore obferver en les faifant chauffer
tous deux à la forge, de les y difpofer de manière
qu’ils ne prennent pas plus de chaleur l’un que
l’autre , fur-tout l’acier , qui auroit alors beaucoup
plus dejdifficulté quelefer à reprendre de la fermeté.
On corroie enfuite le tout enfemble d’un bout
à l’autre , de manière que le taillant de la lame fe
trouve en acier & le dos en fe r , qui lui donne tout
le corps & la fermeté néceffaires.
Au refte , quant à la manière de faire les étoffes
pour forger & faire les lames & autres inftrumens,
on peut confulter ce que nous en avons dit dans ce
Dictionnaire en décrivant l’Art du Coute lier.
Des ouvrages.
Les ouvrages de fourbiffure étoient déjà fort en
ufage chez les anciens. La néceflité qu’ils avoient
de le préferver des irruptions de leurs ennemis,
les rendoit néceffairement* induflrieux dans l’art
de fabriquer les armes. L’hiftorien Jofephe affure
qu’avant Moïfe, toutes les armes étoient de bois
ou d’airain , & qu’il fut le premier qui arma fes
troupes de fer ; les Égyptiens, félon le fentiment
unanime des anciens auteurs , furent en cet art,
comme dans la plupart des autres, les plus ingénieux
, & ceux qui donnèrent aux armes les formes
les plus avantageufes ; enfuite vinrent les Grecs,
qui enchérirent fur ces inventions, & après eux ,
les Romains ; l’hiftoire nous en fournit quantité
d’exemples, avec leur defeription & leur ufage.
Nous diftinguerons les armes, pour plus de clarté,
en anciennes & en modernes.
Des armes anciennes.
Les armes anciennes fe divifent, i°. en maffes
ferrées ou non ferrées, à pointe & fans pointe.
2°. En lames à un & deux tranchans, aigus &
non aigus, dont les unes font élaftiques, & les
autres non élaftiques ; les unes font les maffues &
maffes de différentes efpèces; les autres, font les
haches , les piques & demi-piques, les lances , les
javelots & javelines , les flèches , les dagues &
poignards , les épées & bâtons , braquemarts, ef-
padons & les cimeterres, coutelas pu fabres , &
quantité d’autres dont la connoiffance n’eft point
parvenue jufqu’à nous, foit par l’iifage qui s’en eft
perdu, foit par le défavantage que l’on trouvoit à
s’en fervir.
- Les premières & celles qui ont femblé aux anciens
les plus propres & les plus avantageufes pour attaquer
ou pour fe défendre, font les majjues.
En effet cette forme, qui paroît la plus Ample &
la plus naturelle, n’étoit autre chofe qu’une pièce
de bois, groffe & lourde par un bout , d’abord
Ample, enfuite armée de pointes, dont on fe fer-
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volt dans les combats , en la tenant par fon extrémité.
On en peut voir de femblables dans les allégories
qui repréfentent la force.
Les maffes étoient des armes offenfives à groffe
tête , dont on fe fervoit aufli autrefois dans les
combats ; il en eft de deux fortes , de Amples & de
compofées.
Les unes font avec de groffes têtes de fer à angles
aigus, montées fur un manche de bois , par lequel
On les tient.
Les autres font de pluAeurs formes : la première
eft compofée d’une efpèce de boule de bois ou de
fe r , percée d’un trou , fufpendue par une corde à
l’extrémité du bâton par lequel on la tient.
La fécondé, eft aufli compofée d’une boule de
bois ou de fer, armée- de pointes portant d’un côté
un anneau fufpendu à une chaîne de fe r , double
ou Ample, arrêtée à un autre anneau placé à l’extrémité
fupérieure d’un bâton , garni par en bas
d’une poignée par où on la tient.
Les haches d’armes ont été fort long - temps en
ufage chez les anciens.
Les premiers rois des Romains en faifoient porter
devant eux, à l’exemple de quelques nations voi-
Anes, comme le fymbole de leur puiffance,it& les
inftrumens des peines impofées aux coupables ; elles
étoient compofées par un bout d’un fer large &
tranchant, en hache d’un côté, d’une pointe ou
marteau par l’autre, d’une autre pointe ou bouton
au milieu, monté fur un manche de bois , quelquefois
Ample & quelquefois garnie d’une poignée.
Lès bâtons ferrés étoient d’ordinaire les armes des
anciens cavaliers , & n’étoient autre chofe que des
bâtons garnis par chaque bout d’une pointe de fer.
Les piques étoient des armes offenfives que por-
toient les anciens fantaflins , c’étoient des armes
d’harts ; c’eft ainA qu’on appelloit les armes qui
avoient un long manche de bois, efpèce de bâton
d’environ douze à quinze pieds de long , armé par
le haut d’une lame de fer à deux tranchans , &
pointue.
Ces piques.étoient Amples par le haut, ou garnies
d’un gland brodé en or , en argent ou en foie ; &
par le bas , elles avoient quelquefois une virole en
pointe.
Les demi-piques ne différoient des précédentes
que par leur longueur, qui étoit d’environ huit à
dix pieds. •
Les officiers s’en fervent encore maintenant à la
guerre, ainA que pour porter les étendarts & les
drapeaux.
Les lames étoient fort en ufage autrefois, fur-tout
dans les combats flnguliers; ces armes étoient de
même longueur que les demi-piques ; le fer tranchant
de chaque côté étoit en forme de dard.
Les javelines étoient des efpèces de demi-piques
dont on fe fervoit autrefois, tant à pied qu’à cheval,
compofées par en haut d’un fer triangulaire &
pointu, monté fur un long manche ou bâton d’enriron
cinq à fix pieds de longueur \ quelquefois
ferré par l’autre bout.
Les javelots étoient des efpèces de javelines
beaucoup plus courtes & un peu plus groffes, qu’on
lançoit à la main fur les ennemis, compofées comme
les précédentes, d’un fer triangulaire & pointu,
monté fur un manche de bois oü bâton.
Les flèches étoient de deux fortes ; les unes qu’on
appelloit carres ou carreaux, parce que leur fer en
étoit carré , étoient compofées d’un fer carré &
très - pointu , monté à l’extrémité fupérieure d’une
verge ou baguette , à l’autre extrémité de laquelle
étoient des pennons ou plumes croifées.
Les autres , que l’on appelloit viretou , parce
qu’elles viroient ou tournoient en l’air après les
avoir décochées , étoient compofées d’un fer carré
& cannelé à angle aigu, monté comme les précédentes
, fur une verge ou baguette dont l’autre extrémité
portoit des pennons fouvent de cuivre ,
aufli croifés, dont la difpofition faifoit tourner la
flèche.
Les unes & les autres étoient lancées par le fecours
d’un arc, qui étoit de bois très-élaftique , çompofé
d’une poignée par laquelle on le tenoit de la main
gauche. A chacune des extrémités de cet arc, étoit
arrêtée une Corde que l’on tiroit de la main droite
pour bander l’arc lorfque l’on vouloit décocher des
flèches.
C ’eft ce qui conftitue principalement l’Art de
Y Arêtier-Fléchier, que nous allons reprendre avec
quelques détails.
Art de VArêtier.
On a renouvellé aujourd’hui, moins pour la
guerre que pour l’amufement & l’exercice de la
jeuneffe , l’art de faire des arcs , des flèches , des
lances, des bâtons à deux bouts, & c. & cet art a été
principalement exercé par un fourbiffeur de Paris,
le Aeur Bletterie , prenant la qualité d' Arêlier-Flé-
chier.
Il n’eft point de peuple de l’antiquité qui ne fe
foit fervi de l’arc & de la flèche pour atteindre de
loin l’objet dont il deflroit la poffeflion. On voit
même encore que dans tous les pays où l’on ne fait
point ufage de la poudre à canon , on ne fe fert
point d’autres armes.. Les Sauvages & les Indiens
excellent dans l’art de tirer les flèches, & les Canadiens
y font A bien exercés dès leur bas âge, qu’un
.enfant de neuf à dix ans eft chaque jour en état de
fournir, par la chaffe , de quoi nourrir pluAeurs
perfonnes. .
Varc qui forme une efpèce de demi-cercle lorfqu’il
eft tendu , peut fe faire avec une lame dlaeier ou
avec toutes fortes de bois , très-durs , pourvu qu’ils
foient élaftiques. Leur tenfion exige quelquefois des
forces fupérieures. Tel étoit, fuivàntHdmère, l’arc
d’Ulyffe • enforte que Pénélope ne craignit pas de
fe propofer enjrécompenfe_à celui de fes amans qui
Yiendroit à .bout de tendre l’arc du toi fon époux.
Les Indiens fe fervent pour faire leurs arcs, de
bois qui viennent chez eux. En France, on y emploie
des bois étrangers , qui viennent d’Efpagne,
où des îles de l’Amérique.
Le .milieu de l’arc , qui eft la poignée, eft ordinairement
garni d’une étoffe , telle que lé velours,
dont chaque extrémité eft garnie d’une frange d’or
ou d’argent, ou de foie.
' Toute corde n’eft pas propre à fervir pour bander
un arc ; on emploie communément une corde de
chanvre de la groffeur à peu près de celle qu’on
nomme corde à rouet ; ori la fait faire exprès , &
on a foin de la cirer afln qu’elle ne s’éftle pas.
La flèche:, qui eft faite d’un rofeau ou d’un bois
très-léger, a un de fes bouts terminé par une coche
ou entaille dans laquelle on fait entrer la corde de
l’arc. Un pouce au deffus de cette coche, on colle
fur le bois trois plumes qui ont environ cinq pouces
de longueur, 8c qui font arrêtées haut & bas par
des liens de foie en forme de virole.
L’autre bout de la flèche eft garnie d’un morceau
de tôle aiguifé en pointe , afln de percer l’objet
qu’on fe propofe d’atteindre.
On fe fert aufli d’une efpèce de flèche qu’on
appelle trait , qui eft beaucoup plus long & plus
mince que la flèche Ordinaire.
. Les flèches d’arbalète diffèrent de celles des arcs
en ce qu’elles font relatives à la grandeur de l’arbalète
, qu’elles ont un bout de fer plein, qui eft
enchâffé dans une de fes extrémités, que fes plumes
font inférées dans une fente qu’on fait à la flèche,
& qu’elles y font Amplement arrêtées par haut &
par bas avec des liens de foie.
La pointe ou le bout du fer du trait de l’arbalète
diffère de celui de la flèche de l’a rc, en ce qu’on
peut fortir celui-ci quand on veut, & que l’autre eft
! attaché à demeure au moyen d’un Al de fer qui le
traverfe, & qui eft rivé des deux côtés.
L’armure des flèches a varié fuivant les circonf-
tances des lieux & des temps. Dans les endroits
où le fer n’étoit pas encore en ufage , :les anciens
peuples y fubftituoientdes o s , des arêtes de poiffon,
où des pierres très - dures qu’ils avoient l’adreffe
d’aiguifer comme la pointe d’une aiguille , & dont
ils barbeloient les côtés, afln qu’elles déchiraffent
la plaie qu’elles avoient faite lorfqu’on vouloit les
en retirer. Le hazard fait qu’on trouve encore quelques
unes de ces pierres.
Les arêtiers font aufli ces lances de bois dont on
fe fervoit autrefois dans, les carroufels ou fêtes militaires
, lorfque des troupes de chevaliers y repré-
fentoient l’image des combats par leurs différentes
évolutions.
On fe fert encore de ces lances dans les manèges
pour les oourfes de bague ou de tête.
Cette lance n’eft autre chofe qu’un bâton un peu
long , enchâffé dans une poignée qui eft percée
dans fon milieu pour le recevoir. Au deffus de la
poignée, il y a trois ailes difpofées en triangle , &
qui fervent à garantir la main de celui qui la porte*