
'venir le verre ) & on emploie ce temps à chauffer
le tour de recuiffon, qui doit recevoir les glaces.
Après qu’on s’eft convaincu par des effais tirés
des cuvettes , que le verre eft parfaitement
revenu, on le difpofe à le couler ; mais, avant
d’y procéder, comme l’a&ion du feu , pendant la
revenue, a donné au verre une trop grande fluid
ité, on arrête le feu , & on fait quelques inf-
,tans de cérémonie.
Couler le verre.
La coulée eft l’opération la plus importante de
la glacerie, puifque c’eft par elle particulièrement
qu’on donne au verre la forme de glaces : elle eft
très-fimple en elle-même ; elle ne conlifte qu’à
aplatir avec un rouleau la pâte du verre : mais
elle eft minutieufe à décrire, parce qu’elle entraîne
le concours de beaucoup de petits moyens, & que
fa perfection exige la réunion de eirconftances &
d attentions, qui, paroiffant légères en elles-mêmes
, n’en font pas moins effentielles dans la pratique.
La coulée préfente plufieurs inftans, qui donner
oient matière à des fubdivifions de cette opération
, & qui nous engagent du moins à faire di-
verfes cl a fies des outils qui y font employés. On
a ingenieuiement diftingué ces inftans, dans les
planches de l’Encyclopédie , pour exprimer en détail
les manoeuvres fucceflives de la coulée. On
voit tirer la cuvette hors du four, vignette de la
pl. XXII. Dans celle de la pl. X X I I I , on écréme
la cuvette ; celle de la pl. X X IV repréfente le moment
auquel on verfe le Verre , & auquel proprement
on forme la glace. Enfin on voit dans la
vignette delà pl. X X V 3 pouffer la glace dans le fourneau
de recuiffon.
Nous décrirons donc , i° . les outils qui fervent à
tirer la cuvette pleine hors du four, & à la conduire
au lieu de l’opération ; 20. ceux qui fervent à écrémer
la cuvette; 30. ceux qui fervent plus immédiatement
à la formation de la glace ; 40. ceux
qui font employés à pouffer la glace dans le fourneau
de recuiffon, & à l’y placer. Nous ne négligerons
pas d’expofer en même temps l’ufage
de chacun de ces outils 8c la manière de s’en fer-
vir. Après ces éclairciffemens préliminaires, un
narré uiccinct & rapide nous fuffira , avec l’aide
des planches, pour faire bien connoître l’opération
dans fes diverfes périodes.
La première claffe des outils comprend, la pince
à élocher, déjà décrite ci-devant, 'la, grande pince,
les grands crochets, le ferret, que nous avons déjà
fait connoître, le chariot à ferrajje.
Dans la fécondé divifion, nous remarquerons
lesfabres.
La troifième divifion renferme les grapins, 8c la-
poche du gamin , dont nous avons parlé en décrivant
le curage, la table , les tringles, le rouleau,
les tenailles , la potence , la croix à effuyer la table ,
les mains.
Enfin, nous rangeons dans la quatrième claffe
le procureur, la pelle , le grillot, l'y-grec, la grande
croix.
La grande pince, fig. 7 , pl. X X , eft un gros levier
de fer, d’environ fept pieds de long de h en
l. On l’arrondit vers un bout, pour que l’ouvrier
le faififfe plus aifèment ; & depuis Ion talon h ,
la grande pince préfente une partie plate h i , qui a
environ un pied de long fur trois pouces de large ,
& fix lignes d’épaiffeur.
Cette partie h i , qu’on pourroit appeler la pelle
de la pince , eft introduite fous la cuvette pleine ,
lorfqu’on la tire du four.
Les grands crochets, fig. 8 , pl. X X , font deux
barres de fer, moins groffes que la grande pince ,
arrondies de même par un bout; on leur donne
! environ dix à onze pieds de longueur , & l’on
forme à l’autre extrémité un crochet de huit à dix
pouces. Ces outils fervent à faifir.la cuvette, &
! à l’entraîner hors du four.
Le chariot à ferraffe eft repréfenté en plan géo-
métral dans la fig. 9 , pl. X X ,* 8c l’on trouve fon
profil & fa vue perfpeftive ,fig. 1 8c 2 , pl. X X I.
Son ufage eft de conduire les cuvettes pleines au
lieu de l’opération , & de les ramener vides au
four. Ce font deux fortes barres de fer m n , no *
qui fe réunifient en n , pour former la queue n P
du chariot. Au bout de la queue font deux poignées
fur lefquelles les deux ouvriers qui doivent
conduire le chariot, pofent leurs mains.
Sur les barres m n , n o , prolongées jufqu'en s 8c
r , on fixe une ferraffe ou feuille de forte tôle t x y ç ,
à laquelle on donne 24 pouces de longueur en t^ ,
& 18 pouces de largeur en t x , pour qu’elle puiffe
recevoir les plus grandes cuvettes qui ont vingt-
fix pouces de long fur feize de large.
Les branches s m ,r o , du charriot, font écatées
entre elles de 18 pouces.
Le chariot à ferraffe eft monté, comme le chariot
à tenailles, fur deux roues de fer ; l’eflieu aufli
de fer a 25 ou 26 pouces entre les roues, & cette
dimenfion eft nêceffaire, fi l’on confidère l’écartement
des branches & leur êpaiffeur. En comptant
l’ép.iffeur des moyeux des roues, la longueur
totale de l’eflieu eft d’environ 33 pouces.
Le plan géométral du chariot a 8 ou 9 pieds,
de longueur totale. On doit placer l’eftieu le plus
près qu’il eft poflible de la ferraffe, pour que le
point d’appui fe trouvant peu diftant du poids à
enlever , l’effort des ouvriers fur les poignées foit
d’autant plus favorifé. La pofition de l’eflieu , ou ,
ce qui en la même chofe, fa diftance des extrémités
s , r , des branches , eft déterminée par la
largeur de la ferraffe (18 pouces), & par le rayon
des roues qui ont environ 2 pieds de diamètre.
D ’un point 6» , pris fur chaque branche du chariot
, s’élèvent en arc à 10 pouces au deffus de
l’elfieu deux petites branches de fer , qui au point
1 , à 6 pouces de diftance de l’eflieu vers la queue.
du chariot, fe réunifient en une feule branche qui
va s’attacher, fur la queue en 2.
Le profil du chariot, fig. 1, pl- X X I , exprime
la manière dont les branches doivent être pliées.
La partie c 0 fur laquelle pofe la ferraffe eft horizontale
, & porte fur l’aire d eia halle. De 0 en m,
lès branches font coudées pour s’élever à une hauteur
égale au rayon de la roue, & repofer fur
Feflieu ; 8c depuis la réunion des branches , la
queue fe courbe, pour porter les poignées à une
hauteur qui rende l’ufage de l’outil plus commode
aux ouvriers.
La repréfentation perfpeélive du chariot à fer-
rafle, fig. 2 , pl. X X I , en fait très-bien connoître
la forme.
Lorfque la cuvette pleine eft placée fur la ferraffe
du chariot , deux ouvriers appuient fur les
poignées, & par ce mouvement élèvent la cuvette
, & deux autres placés au deux côtés du chariot
faififfent les petites branches 21 q , 21& ; po-
fant chacun une main en 1.2 , & l’autre en 1 q ou
i& , ils pouffent devant eux le charriot & le font
marcher ; ils font favorifés dans leur a&ion par
les deux ouvriers qui font aux poignées , dont
les efforts tendent au même b u t , de conduire la
cuvette au lieu de l’opération.
Le fabre fig. 1 , pl. X X I I I , eft une lame de cuivre
a b, d’environ 6 pouces de long, & delà forme qu’on
peut remarquer dans la figure. La lame du labre
éft retenue dans un manche de fe r , qui s’ajufte
à fon tour dans un manche de bois. La fig. 2 exprime
parfaitement la manière dont le fabre eft
monté ; le manche de fer eft fendu, 8c préfente en
r.2 une feyure dans laquelle s’engage la lame de
cuivre, qui y eft arrêtée par de forts rivets : le
manche de fer fe termine en une lame qui s’engage
dans le manche de bois en 3.4, & qui y eft fixée
de la même manière, que la lame de cuivre l ’eft
dans le manche de fer.
Le fabre, avec fon manche, a environ 4 pieds
de long.
L’outil que noiis allons décrire, eft affurément
un des plus importa ns , non - feulement par fon
ufage, mais encore par la matière dont il eft formé.
C ’eft en effet une table de cuivre, fur la furface
de laquelle on donne au verre la forme de glace.
Elle doit être très-homogène & très-compaâe. Si
elle renfermoit des foumures, des chambres, les
fubftances expanfibles qui y feroient renfermées ,
mifes en a&ion par la chaleur du verre, feroient
boürfoufler la glace, à mefure qu’on la fabrique-
roit. '
Sa table doit être bien droite & bien polie. Si fa
furface étok gauche & inégale, les glaces auroient
les mêmes défauts.
Il faut aufli que la table foit très-épaiffe,, pour
réfifter d’autant plus aifèment au contaft du verre
chaud. La chaleur dilate tous les corps : la table à
couler les glaces éprouve cet effet ; fnais comme
les pieds 8c les châflis qui la fupportent préfentent
une très-forte rèflftance, la dilatation fe manifefte
plus puiffamment vers la furface fupérieure , 8c la
table fe bombe dans fon milieu. En donnant à la
table une êpaiffeur affez confidérable pour qu’elle
s’échauffe moins pendant l’opération, la dilatation
eft moindre, & fon effet eft moins fenfible.
On a cru, pour prévenir le danger de voir la
table fe bomber, devoir la rendre un peu creufe
dans fon milieu, efpérant fans doute que l’aétion
du feu, en la dilatant, la rameneroit au niveau :
mais, pour s’attendre à un effet aufli régulier, il
fau droit avoir déterminé bien exa&ement , de
quelle quantité une table bien droite fe bombe
pendant l’opération. Il eft d’ailleurs à craindre que ,
fi la table a été fondue bien égale , on ne la diminue
trop d’épaiffeur dans fon milieu en cherchant
à la creufer, & qu’on ne facilite, par ce
moyen , l’inconvénient qu’on vouloit éviter. Il
convient donc, ce me femble, de faire la table
bien égale & bien droite , fe contentant de lui
donner une forte êpaiffeur : celle dont on voit le
plan, fig. y , & le profil, fig. 4 , pl. X IV , avoit 4
pouces d’épaiffeur.
Quant aux autres dimenfions de la table, elles
dépendent du volume des.glaces qu’on veut fabriquer.
On s’eft contenté jufqu’ici de donner à la
table 10 pieds de long fur 6 pieds-de large.
L’on a foin, avant de faire ufage de la tab le ,
de l’échauffer un peu avec des braifes qu’on y
répand, pour que le contaél d’un corps trop froid
n’occafionne pas la perte de la première glace qu’on
y couleroit.
La table eft pofée fur un châflis : celui-ci n’eft
qu’un affemblage de fortes pièces de bois qui fe
joignent à tenons & à mortaifes : on en peut vo ir
le développement , fig. 4 , pl. XV. Les pièces ,
telles que C D , foutiennent des deux côtés la table
dans fa longueur, & elles font réunies dans le milieu
par une autre pièce , dont on n’a exprimé
dans la figure qu’une partie T F , pour ne pas cacher
d’autres détails plus intéreffans. Les deux extrémités
de la table portent fur deux pièces de
bois GH , K l , difpofées à recevoir, l’une G H , une
; roue de fonte très-épaiffe, & l’autre K l , deux roues
t femblables; Les roues font fixées dans les pièces
i de bois - qui leur fervent de chapes, par de forts
boulons qui paffent par les trous L , M , N , &- par le
centre de chaque roue.
La difpofition des trois roues dont le châflis eft:
g a r n ie f t très - favorable lorfqu’on veut tranfpor-
ter la tahje, & la faire changer de direction : on?,
fixe la roue qui eft feule. Autour d’elle , comme
centre , on fait tourner le côté auquel font attachées
les deux roues : on décrit l’arc plus ou moins
grand, comme l’exige la nouvelle dire&ion. qu’on-
veut donner à la marche de la table, & par cette
manoeuvre , on tourne celle-ci, malgré fon poids ,,
à volonté, promptement 8c avec facilité.
Comme la table eft deftinêe à être conduite fiic-
ceflivement d’un fourneau de recuiffon^à l’autre