
par tes prédicateurs & les théologiens de différentes
communions.
La claffe des livres juridiques qui eft très-nom-
brcufe, contient les éditions les plus rares des
différentes parties du corps de droit, les décrétales
des papes avec tout ce qui conftitue le corps
du droit canon , 6c les ouvrages des meilleurs jurif-
confultes, tant anciens que modernes.
Parmi les livres de médecine on trouve une
très-ample collection des ouvrages des alchymiftes
qui fouvent font recherchés à caufe de leur rareté,
plutôt que pour leur utilité.
Quant à la littérature, il n’eft point de bibliothèque
mieux fournie : elle contient toutes tes
meilleures éditions tant anciennes que modernes
des auteurs grecs & latins , & les ouvrages des
commentateurs, des critiques, des grammairiens
& des antiquaires. En 1756, cette partie a été
confidérablement augmentée par le legs que M.
Profper Marchand a fait à l’univerfité de fa bibliothèque,
qui étoit une. des collections les plus
corn plettes fur la littérature françoife.
Le nombre des manufcrits grecs & latins monte
fort au-delà de mille. Il eft compofé de tous ceux
qui ont appartenu au favant Voffius, au grand
Scaliger, à Vulcanius, à Jufte-Lipfe & à Huyg-
ïiens , & de plufieurs autres qui ont été donnés
■ & l’univerfité , & que MM. les Curateurs ont achetés.
Parmi ces derniers fe trouve le dictionnaire
ïfc la vo n de M. de la Croze , qui a coûté un millier
jd’écus.
Le tréfor des manufcrits, orientaux eft encore
beaucoup plus confidérable. Il renferme plus de
deux mille ouvrages dmèrens , dont une partie a
'été raffemblée dans le Levant par le doCte Golius,
«qui y a été envoyé pour cela aux dépens de l’académie.
Les autres ont été légués par Warner ,
envoyé des états-généraux à la Porte, qui étoit
ïrès-verle dans les langues orientales. Le profeffeur
en hébreu , qui porte le: titre à\lnterpres Lgati
rJVarneriani, eft chargé de publier le s . traductions
de ceux de, ces manufcrits qu’il juge les plus
-ïntéreffans. *
Celui à qui le fpin de cette bibliothèque eft confié
, eft toujours choifi par MM. les Curateurs ,
parmi les favans lés plus.diftingués. Le bibliothécaire
aCtuel eft M. Gronovius , auquel depuis peu
on a donné pour adjoint M. Ruhnxenius , pro-
feffeur en belles-lettres.
Entre les chofes rares que renferme cette bibliothèque
, on voit une fphère armillaire faite de cuiv
re , & qui a cinq pieds de diamètre. Tous les
corps qui cpmpofent le fyftême planétaire s’y
meuvent dans des orbites elliptiques, y font
leurs révolutions dans le même temps^ qu’ils emploient
à les faire dans les deux. C’eft le plus
bel ouvrage dans çe genre qui exifte.
VAllemagne honore & cultive trop les lettres,
pour n'être pas fort riche en bibliothèques. On
çompte parmi les plus çonfidérables ? celtes de
Francfort-fur-Odèr, de Leipfic, de Drefde, d’Aus-*
bourg.
La bibliothèque du duc de Wolfembutel eft
compofée de celle de Marquardus Freherus ., de
Joachim Cluten , & d’autres collerions curieufes.
Elle eft très-confidérable4par le nombre & la bonté
des livres , & par le bel ordre qu’on y a mis \
on afî'ure qu’elle contient cent feize mille volumes
, & deux mille manufcrits latins,, grecs &
hébreux.
Il y a encore en Allemagne un fort grand nombre
d’autres bibliothèques très - curieufes. Nous nous
contenterons d’expofer le tableau de deux.
Bibliothèque de Vienne. Pierre Lambecius, né
à Hambourg en 162.8 , & mort en 1680 , nous
a donné le vafte catalogue de la bibliothèque de
Vienne..
Cet 'Ouvrage eft en huit volumes in-folio, qui
ont paru fucceflivement depuis l’année 1665 , juf-
qu’en 1679, fous le titre de Commentarium de au-
guftijjimâ bibliothecâ Ccefarea Vindobonenji, lib. I ,
I I , &c. Le premier contient Thiftoire générale de
la bibliothèque, il eft divifé en deux parties : dans
la première fe trouve l’hiftoire de la bibliothèque,
depuis fa fondation jufqu’au temps où Lambecius
écrit ; & il parle de tous ceux qui l ’ont précédé dans
la garde de cette bibliothèque. Il y donne aufîi
une idée générale des médailles,dont il fpécifie
les plus rares, & il fait la defcription d’un tombeau
très-ancien qu’on découvrit à Vienne en 1662.
Dans la fécondé partie, il traite de fept manufcrits
qui font dans la bibliothèque de Vienne ,
d’un ouvrage de Grégoire de Nice, de creatione
hominis. Il donne trois lettres de Luc Holftenius à
Sébaftien Teugnagel, bibliothécaire de l’empereur
en 1630, où l’on trouve entre autres choies une
notice des livres arabes & fyriaques*imprimés à
Rome. Il corrige aufti le catalogue que Poffevin
a publié des manufcrits grecs de la bibliothèque
impériale. Il parle du feul manufcrit qu’on ait de
Thiftoire eccléfiaftique de Nicéphore Càllifte , il
donne un catalogue des manufcrits hébreux, arabes
.& turcs qui s’y trouvent. Ce premier tome
parut en 1665.
Le fécond fut publié en 1669. L’auteur y fait
I des recherches fur le nom de la ville de Vienne.
I II y parle de quelques manufcrits concernant cette
ville , des livres de la bibliothèque des Archiducs
du T iro l, qui avoient été tranfportés danscelle de
Vienne.
Je ne fais où le P. Niceron a pris les livres de
ia bibliothèque de Bude , tranfportés dès-lors à
Vienne, quoiqu’ils n’y aient été remis que pres
de dix-fept ans après ; mais cet auteur a confondu
la relation que Lambecius a faite dans le chapitre
IX de ce fécond livre de fon voyage de.Bude.
Le troifième livre parut en 1670 , le quatrième
en 1671 ,& le cinquième en 1672. Il s’agit dans
ces trois livres des manufcrits grecs de théologie,
dont Lambecius donne une notice exaéle & détaillée
«
taillée. Il marque les ouvrages qui font véritablement
des auteurs dont ils portent le nom, & ceux
qui font fuppofés, ceux qui ont été imprimés &
ceux qui n’ont pas encore paru : tout cela accompagné
de remarques fur les auteurs, fur les éditeurs
, fur l’ufage qu’on peut tirer des manufcrits
dont il parle.
Le fixième livre qu’il publia en 1673 > traite
des manufcrits grecs de jurifprudence & de médecine.
On y trouve douze lettres de Libanius à
Arifténète, que Luc Holftenius lui avoit autrefois
envoyées , copiées fur un manufcrit du Vatican ,
& vingt-deux lettres que le même Holftenius avoit
écrites à Lambecius dans fa jeuneffe : celui-ci y
a ajouté des remarques.
Lefeptième livre parut en 1675 ; il y eft quef-
tion des manufcrits grecs de philofophie. Parmi
les additions, on trouve un ouvrage du P. Profper
Intercetta, Jéfuite & procureur des millions à la
Chine en 1667, & à Goa en 1669. huitième
livre qui parut en 1679 > traite des manufcrits grecs
fur l’hiftoire eccléfiaftique.
Voici lé plan de cet immenfe ouvrage tel que
Lambecius lui - même Ta donné. Dans la fécondé
partie du livre V III, il devoit parler des manufcrits
grecs fur Thiftoire profane. Dans le neuvième,
des manufcrits grecs de philologie. Il deftinoit les
fix livres fuivans aux manufcrits latins., italiens,
efpagnols , françois & allemands, fur toutes les
fciences dont il avoit produit les manufcrits grecs.
Le feizième étoit pour les manufcrits orientaux ;
c’eft-à-dire , hébreux , fyriaques, arabes , turcs ,
perfans, chinois , fur toutes fortes de matières.
Dans le dix-feptième, l’auteur devoit donner une
lifte de 3 mille médailles & d’autres raretés ou antiquités
qui embelliffent la bibliothèque de Vienne.
Le dix - huitième étoit pour un recueil de mille
lettres choifies, écrites pendant les XVIe & XVIIe
fiècles , foit aux bibliothécaires de l’empereur, foit
par ceux - ci à divers favans. Les fix livres fuivans
étoient deftinés à donner le catalogue des
livres imprimés fur toutes les fciences. Enfin, il
rèfervoit le vingt-cinquième pour une hiftoire littéraire
complète, dont il avoit donné un .eflax.
On convient généralement que l’ouvrage de
Lambecius eft utile, curieux, & propre à perfectionner
Thiftoire littéraire ; mais l’auteur eft beaucoup
trop diffus. Daniel Neffelius, fucceffeur de
Lambecius, a donné un abrégé & une continuation
de ce vafte ouvrage fous ce titre : Breviarium &
Supplementurn commentariorum Lambecianorum , &c.
Vienne & Nuremberg, 1690, in-fol. Cet ouvrage
n’a~ pas réuffi autant que celui de Lambecius.
Jacques-Frédéric Reimman a entrepris de donner
un abrégé des deux ouxrages en un feul volume
in-8°. imprimé à Hanovre en 17 12 , fous le titre
bizarre de Bibliothecâ acrôamatica, &c, C ’eft une
méchante rapfodie.
La bibliothèque royale de Berlin eft une des
plus grandes , des plus belles, & des meilleures I
Arts «S» Métiers. Tome III. Partie IL
de l’Europe. On n’a point de notice certaine de
fa première origine : on fait feulement qu’elle étoit
déjà affez nombreufe dès le milieu du fiècle paffé.
L’éle&eur Frédéric-Guillaume eft proprement fon
fondateur. Ce prince & fon fucceffeur enrichirent
cette bibliothèque, non-feulement en lui donnant
de grands & précieux ouvrages , mais en y incorporant
des bibliothèques entières qu’ils achetèrent
tant au dedans qu’au dehors du pays. On
peut lire les détails de ce qui s’eft paffé à cet
égard depuis 1667 jufqu’à 1707 , dans VEJfai £ une
hijloire de la bibliothèque royale de Berlin, que M.
(Elrichs a publié- en allemand. Son principal ac-
croiffement vient de la bibliothèque de Spanheim,
que Frédéric acheta de ce miniftre d’état encore
viyant , pour, la fortune de 12,000 écus. Le roi
Frédéric Guillaume fit placer , en 173 5 » cette ac“
quifition dans la faite de la bibliothèque royale,
où elle eft encore à préfent. On Ta laiffée dans
Tordre où elle étoit, & féparée de la bibliothèque
royale. Depuis 1e commencement de ce fiècle on
n’imprime aucun livre dans les Etats prufliens,
dont tes libraires ne foient obligés de donner deux
exemplaires à la bibliothèque royale ; ce qui a
fort accru le nombre des volumes. Outre cela ,
tant le feu ro i, que le roi régnant, ont acheté beaucoup
de manufcrits rares & de livres de prix pou?
la bibliothèque. Le célèbre Lacroze qui en a,été
bibliothécaire, y corn ptoit déjà, en 1715 , 50,000
volumes , fans les manufcrits de la bibliothèque
de Spanheim ; mais a&uellement, par les raifons
qui viennent d’être indiquées , le nombre des volumes
va bien au-delà. L’édifice où la bibliothèque
fe trouve placée dans une falle de 150 pieds
géométriques de longueur fur 40 de largeur, eft
contigu au château. Par rapport à la diftribution
intérieure, tous les livres font divifésen 47 claffes.
La première eft celle des bibles. Cette colleâion
très-nombreufe eft d’un prix d’autant plus grand ,
que les éditions rares , dans prefque toutes les
langues, s’y trouvent. La fécondé claffe contient
les interprètes de l’écriture fainte ; la troifième ,
les critiques ; la quatrième, les premières Pères
de Téglife. Le prix de celle-ci eft aufll fort grand,
puifqu’il n’y manque aucune des premières éditions.
Dans la cinquième claffe font les oeuvres
des théologiens catholiques ; & dans la fixième ,
celles des théologiens proteftans. La feptième eft
pour la théologie dogmatique ; la huitième pour
la théologie polémique avec les manufcrits ; la
neuvième, pour les livres fymboliques ; la dixième,
.pour les rites eccléfiaftiques & les cafuiftes ; la
onzième, pour la théologie morale & pratique.
Dans la douzième font les rabbins avec les ouvrages
qui concernent les religions judaïque, ma-
horiiétane & païenne ; dans la treizième , les conciles
& les fynodes ; enfin, dans la quatorzième,
les ouvrages relatifs à Thiftoire de l’églife & à
celle de la réformation. Les livres de droit forment
treize claffes : dans la première font les