
Pour dévêtir l’écrou on le forge à grands coups
fur les quatre faces pour l’élargir un peu, enluite
on le place dans une ouverture quarrée pratiquée
dans un fort bloc de pierre ou dans une forte preffe,
enforte que le pivot de la vis foit en-haut, & avec
une clé ou tourne-à-gauche dont l’oeil reçoit le
quarré de la v is , on la tourne avec force , 8c par
ce moyen on dévêtit l’écrou de deffus fa vis , on
nettoie la v is , on y met de l'huile, & on la fait
rentrer à plufieurs fois dans l’écrou pour aléfer l’un
fur l’autre.
On conftruit des preffes différentes de celle que
l’on vient de décrire , en ce que la vis n’a point
de boîte , mais un collet qui reçoit une traverfe de
cuivre en deux parties lui fervant de collier. Les
deux extrémités de cette traverfe de cuivre font
terminées en tenons qui font reçus & coulent dans
de longues mortoifes pratiquées aux faces internes
8c oppofées des jumelles, enforte que cette traverfe
& fon collier fuivent le mouvement vertical
de la vis , mais ne fauroient .tourner : c’eft aux bras
de ce collier que de part & d’autre la platine de la
preffe efl fufpendue, foit par quatre ou deux tiges
verticales terminées en vis à leur partie fupérieure,
à la rencontre des bras qu’elles traverfent, 8c au-
delà defquels elles reçoivent les écrous qui fervent
à les fixer $c à établir le parallélifme en tous fens
avec le deffus du tympan ou le marbre fur lequel
la forme efl pofée ; ces tiges tiennent lieu des cordes
£ C y C que la fig. 9 repréfente.
P L A N C H E X V I I I .
Cette planche contient les développemens du
train de la preffe.
Fig. 1. Plan géométral du coffre & de la table
q O P q qui lui fert de fond. O P Q R le coffre
formé par quatre pièces de bois de deux pouces
d’équarriffage. 0O0 ; p V p , q Q q , rl{.r\es quatre
cantonnières ou cornières du coffre, r r le chevalet
du tympan.
Fig. \,n 2. Plan du deffous de la table. PqqO
la table. PQRO les rebords du coffre. 13 2 , 3 , 4 ,
5 , 6 ; 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 les Pattes au nombre de
douze ; ce font ces pattes qui gliffent fur les deux
bandes du berceau , fig. 2 , pl. XVI.
Fig. 1 , tz° y. Profil du train pour faire voir comment
la corde attachée d’un bout au coffre en A ,
paffe fur le rouleau B , traverfe la table, & va s’attacher
au rouleau r du chevalet t du tympan.
Fig. 2. Le coffre 8c la table vus en perfpeâive.
t t le chevalet du tympan, r un des tourillons du
rouleau qui fert à bander la corde du train.
Fig. 3. Le marbre de la preffe. abcd les quatre
bouts des deux ficelles par le moyen defquelles on
defcend le marbre dans le coffre qui efl au deffous,
dans lequel on a premièrement répandu un lit de
fon pour lui donner une afliette folide ; les bouts
des ficelles qui fervent aufli. à le relever, fe couchent
le long des côtés du coffre entre le marbre 3c
les mêmes côtés, pn remplit le vide avec des réglettes
de bois d’une épailfeur convenable.
Fig. 4. Le tympan vu du côté oppofé à celui de
la fig. 3, pl. XV. a, c les écrous des vis qui retiennent
les pointures, b écrou de la vis qui fert à fixer
le petit tympan dans le grand. Q R charnières ou
couplets du grand tympan , par lefquels il s’affem-
ble avec le coffre. T eS traverfe de fer du tympan
du côté de l’entrée de la platine, d poignée du tympan
fervant à l’imprimeur pour le relever.
Fig. 4 , n° 2. Plan géométral du tympan vu par
le deffus ; le tympan efl repréfenté garni de fa peau,
a c y trous pour paffer les vis des pointures, b trou
pour paffer la vis qui retient la pièce fervant à fixer
le petit tympan dans le grand. R Q les couplets
ou charnières du tympan. S T fa traverfe de
fer.F
ig. ƒ. Les blanchets qui fe placent dans le tympan
immédiatement au deffus de la peau ou parchemin
qui y eft collé 8c étendu : ce font des morceaux
d’une étoffe de laine connue fous le nom
de moëlleton, que l’on coupe de la grandeur de l’intérieur
du tympan, pour former ce qu’on appelle
des demi-blanchets & d’une grandeur double, que
l ’on ploie en deux pour former un blanchet.
Fig. 6. La carte ou carton que l’on met dans le
tympan par-deffus les blanchets ; la carte eft com-
pofée de plufieurs feuilles de papier collées les unes
aux autres ; on y applique en - deffous autant de
pièces de papier 8c de la même grandeur qu’il y
a de pages dans la forme que l’on veut imprimer ;
ces pièces qui doivent répondre exactement aux
pages, font qu’elles font foulées avec plus de facilité
par la platine de la preffe ; on fe fert aufli de
cet expédient pour remédier à êertains défauts, foit
de la platine, foit de quelques autres parties de la
preffe.
Fig. 7. Le petit tympan garni de fa peau ; il s’enclave
dans le grand, ou il eft arrêté d’un bout par
trois languettes de fer rivées au deffous de la traverfe
de fer du châffis , les trois autres côtés étant
de bois, ou pour le mieux, de bandes de fer pofées
de champ ; on introduit ces trois languettes fous
la bande de fer e du grand tympan , fig. 4. L’autre
extrémité du châffis du petit tympan eft retenue
& fixée dans le grand tympan par une pièce que la
vis b , même figure, affujettit. On trouvera cette
pièce à la fig. 10.
Fig. 7 , 720 2. Plan général du petit tympan garni
de fa peau. Dans cette figure relative à celle qui
eft au deffoüs , on diftingue les trois languettes 1 ,
2 ,3 qui entrent fous la barre T S du grand tympan.
Le côté oppofé bd eft retenu au point a par
la pièce, fig. 10. La vis qui affujettit cette pièce
pane par le trou b de la figure inférieure.
Fig. 8. T S V X la frifquette d’un in-folio. T , S
petits couplets par lefquels la frifquette eft attachée
au grand tympan, fig. 4 8c 4 n° 2 en T & S , où il
y a de femblables couplets, a b les ouvertures des
Fig. 8 ,n ° 2. Plan de la frifquette vue du côté qui
s’applique à la feuille que l’on veut imprimer. T S
les couplets de la frifquette, ils s’affemblent par
des broches à ceux du grand tympan en T & en S;
le châffis TVXS de là frifquette éft formé par des
lames de fer ; c’eft fur ces lames que l’on colle léi
papier, qui étant découpé enfuite félon la forme
des pages , forme proprement ce qu’on appelle frif-'
quefte , qui préfërve la feuille de papier étendue fur
le tympan, des atteintes de l’encre dont les garnitures
de la forme font couvertes, a 8c b l’ouverture
des deux pages in-folio. 1 échancrure pour laiffer
paffer la fignature.
Fig. 9. Elévation géométrale du chevalet du
tympan, qq la table du coffre, rr le rouleau, t t le
chevalet lôutenü par deux montans.
Fig. 10. a projfil d’une des pointures avec fon clou
à vis & fon écrou, b plan de la pointure, c clou à
vis. d écrou, e clou a vis de l’arrêt du petit tympan.
ƒ l’arrêt du petit tympan, g écrou pour fixer
«et arrêt.
P L A N C H E XIX.
Cette planche contient différens outils à l’ufage
de l’imprimeur , & la fuite des opérations-pour
monter les balles.
Fig. 1. Marteau ; il n’a rien de particulier.
Fig. 2. Taquoir ; il eft de bois , on le frappe avec
le manche du marteau pour faire enfoncer les lettres
qui peuvent fe trouver élevées dans une forme
, avant de la ferrer entièrement .c’eft pour cela
qu’on a repréfenté ces deux inftrumens au deffous
l’un de l’autre. La fig. 3 de la planche première fait
voir comment on en fait ufage. .
Fig. 3 , compas.
Fig. 4 , vrille pour percer les bois de garnitures,
& faire place aux pointures lôrfqu’elles les rencontrent.
Fig. s , pointe pour corriger.
Fig. . 6 , limé.
Fig. 7 , clé pour ferrer ou défferrer - les écrous
des pointures 8c de l’arrêt du tympan.
Fig. 8 , pied-de-biche fervant à monter 8c à démonter
les balles ; il fert de marteau par la partie
a pour enfoncer les clous , 8c de tenaille ou pied-
de-biche par l’extrémité b , pour les arracher.
Fig. 9 , eifeaux fervant à découper les frifquet-
tes ; ils n’ont rien de particulier.
Fig. /o, couteau pour ratifier les balles.
Fig. 11, décognoir pour defferrer les coins des
formes.
Fig. 12, ébarboir , petit cifeau d’acier pour couper
le plomb fuperflu du corps de quelques lettres,
& empêcher par ce moyen que ces parties ne
foient atteintes par les balles, 8c qu’elles ne rendent
au papier l’encre qu’elles auroient reçue.
Fig. 13 , l’encrier vu du côté de l’ouvrier. G ,
le broyon ; il eft de bois. L , la palette.
- Fig. 14, coupe du bois d’une balle.
Arts & Métiers. Tome III. Partie IL
■ fig: ï f ; plin du bois d’une balle vu par le de-
dans.
Fig. 16, profil du bois d’une balle, .
• Fig. 17, le bois de la balle vu en perfpeéïive 8c
prêt à recevoir la laine cardee dont on 1 emplit.
Fi*. 18, pain de laine dont on remplit le bois,
Fïgi ré>-, peau ou cuir fervant de doublure.
Fig 20, cuir fervant de deffus.
F ig .iiï, balle toute montée 8c prête à recevoir
l’encre.* - ! 1 ::
; Fig. 22, les deux balles appliquées l’une à l’autre
, comme celles que tient le compagnon, fig. 4
pl. X IV , occupé à diftribuer l’éncre de fes balles
de l’une à l’autre fur les chevilles de la preffe re-
préfentées en & fig. 3 de là pl. X V I , les detoc
chevilles embraffant la pçignee de la balle inferieure.
;
L’IMPRIMERIE eft aufli le lieu où l’on imprime:
Ce lieu ne peut être trop clair il doit etre folidement
bâti : les imprimeries de Paris en générai font
tenues dans des endroits fort incommodes, parce
qu’un grand efpace de terrain de plain pied eft
fort rare. Les maîtres imprimeurs de Paris font
obligés , par leurs réglemens, de tenir leurs imprimeries
dans l ’enceinte de l’univerfité.
Les trois plus belles imprimeries qui foient dans
l’univers, font, fans contredit, i° . celle du V a tican
ou l’imprimerie apoftolique, pour laquelle
le pape Sixte V fit conftruire un édifice màgnifi-
que. Le deffein du fouverain pontife étoit de faire
imprimer les livres faints dans toute la pureté du
texte, 8c en toutes fortes de langues. On fondit
pour la première fois des cara&ères Arabes dans
cette imprimerie. 20. Celle deVienne, ou l’imprimerie
impériale. 30. Celle du Louvre , ou l’imprx^
merie-royale de France.
L’imprimerie-royale a été établie par François I
en 1531. Ce prince fit fondre des cara&ères hébreux,
grecs 8c latins, dont il confia la garde â
Robert Etienne fon imprimeur ordinaire, auquel
fon fils de même nom fuccéda en 1559.
L’imprimerie royale fut perfeétionnée fous
Louis XIII, placée aux galeries du Louvre , 8c
dirigée par Sébaftien Cramoifi.Il eut la garde des
poinçons, des matrices 8c de tout ce qui appar^
tient à l ’art d’imprimerie. Sébaftien Mabre, fils
d’une de fes filles , lui fuccéda : celui-ci mourut en
1687. Sa veuve fut continuée dans fa place.
En 1690, M. de Louvois appella de Lyon Jean
Aniffori: dans les provifions expédiées en 1691
à Jean Aniffon, il eft qualifié de reéleur 8c conducteur
de fon imprimerie roy ale , 8c garde des
poinçons , matrices , cara&ères, planches gravées,
preffes 8c autres uftenfiles fervant aux impreffions.
Jean Aniffon céda fa place, en 1707, à Claude
Rigaud fon beau-frère, .
Louis-Laurent Aniffon, neveu de Jean Aniffon,
obtint le 19 mars 1723 , là concurrence avec
Rigaud, 8c la furvivance de celui-ci, Rigaud mou-,
rut au mois de juillet fuivant,
Y y y