L’autre bout de la lance eft garnid’un fer moitié
plein & moitié creux , qui fe termine en pointe ,
afin de mieux faifir & emporter la bague ou la tête
de carton qu’on court ordinairement à cheval dans
les académies d’équitation.
Il y a plufieurs villes en France ou les jeunes
habitans font de l’exercice de l’arc , un de leurs
principaux amufemens.
Cet exercice eft même encouragé & honoré par
des feigneurs , ou par des officiers municipaux, qui
propofent, plufieurs fois l’année, des prix qu’on
adjuge à celui qui approche le plus près de l'oeil de
la carte qui fe'rt de but, c’efi-à-dire, du plus petit
cercle ,qu’on a tracé fur cette même carte. Nous
n’en citerons qu’un exemple.
En Picardie, principalement à Doulens ou Dour-
lens, petite ville de cette province , remarquable
par la citadelle qui la défend, on regarde ceux qui \
s’exercent à tirer de l’arc, comme autant de vrais
patriotes qui fe font toujours fait un devoir de marcher
à l’ennemi lorfque la ville a été menacée d’un
liège. La compagnie de ces jeunes gens , qui porte
le nom de S. Sébaflien, eft compofée de quarante
hommes, à la tête defquels eft un capitaine , un
lieutenant & un fergent , auxquels chaque archer
eft fubordonné. L’habit uniforme eft rouge , avec
un bouton d’argent, & le chapeau bordé de même.
Ces jeunes gens, qui marchent à la fuite d’un tambour
& d’un drapeau, font obligés d’accompagner
le corps de ville toutes les fois qu’il fort pour quelques
cérémonies publiques. Ils s’affemblent plufieurs
fois l’année dans un fauxbourg de cette v ille ,
nommé Lavarenne , pour ytirer l’oifeau, perché &
attaché au haut d’une longue perche. Celui qui a
le bonheur de l’abattre avec fa flèche, remporte le
prix qui lui eft deftiné, porte le nom de Roi , &
jouit de divers privilèges. Si quelqu’un abat l’oifeau
trois fois de fuite , on le nomme Empereur, & il
jouit toute fa vie des exemptions de tutèle, cura-
tè le , logement de gens de guerre ; il eft difpenfé
de payer la taille & autres impofitions, & n’eft
point fujet aux droits de gabelle.
Cette compagnie s’exerce une partie de l’année
à tirer de l’arc dans un endroit appelé la Bajfé, où
font deux petits édifices qu’on nomme buttes 3 éloignés
l’un de l’autre de cent pieds environ , au fond
& au milieu defquels eft une carte qui fixe l’attention
& qui dirige la flèche ou le trait de l’archer.
Cette compagnie fé rend auffi tous les ans à
Ave fie s & & F rêvent, bourgs fur la frontière de l’A rtois
, & là elle concourt à remporter le prix avec
d’autres compagnies qui y font établies, qui portent
le même nom, & qui n’en diffèrent, qu’ence qu’elles
n’ont pas d’uniforme comme celle de Doulens.
Dans les ftatuts que cette compagnie avoit depuis
un temps immémorial, qui, pour s’être perdus, ne
fe confervent plus que par la tradition , & qui ont
été renouvellès par lettres-patentes données à Ver-
failles le 2,2. novembre 1.729 , & enregiftrées au
parlement le même jour ; il eft dit entre autres I
çhofes, que tant pour le fervice du R oi, que pour
celui de la ville & de la compagnie, chaque chevalier
& grand archer de Saint-Sébaftien de la ville de
Doulens en Picardie , aura pour fes officiers l’obéif-
fance & la foumiffion qui leur font dues ; & il eft
fpécifié dans les lettres - patentes rapportées ci-
deffus , que Sa Majefté confirme lefdits ftatuts
comme étant fatisfaite du zèle avec lequel les chevaliers
fe font toujours diftingùés dans toutes les
occafions qu’ils ont eues de fignaler leur courage
& leur talent pour la défenfè de leur ville , & le
maintien des droits & privilèges'dont lefdits chevaliers
jouiffent de tout temps.
Mais il nous faut fuivre la defcription de quelques
autres armes anciennes.
Suite des armes anciennes. .
Les dagues étoient des efpèces de poignards dont
on fe fervoit autrefois dans les combats finguliers.
Les anciens portoient cette arme à la main , à la
ceinture , & dans la poche ; elle' étoit compofée
d’un fe r , gros & court , triangulaire & cannelé,
monté fur un manche de bois ou d’ivoire, garni
quelquefois d’or ou d’argent, & quelquefois auffi
de pierres précieufes.
Les poignards, que les anciens employaient comme
les dagues , étoient de différente forte. Les uns
étoient compofés d’un fer méplat & pointu , à un
tranchant, monté fur un manche de bois ou d’ivoire,
diverfement orné , comme ceux des dagues ; les
autres étoient compofés! d’un fer à deux tranchans,
ronds , carrés, triangulaires , cannelés, menus &
déliés, montés comme les autres , fur un manche
de bois ou d’ivoire , enrichi d’ornemens.
Les épées en bâton ou épées fourréees, étoient des
elpèces d’épées très-fortes & pefantes, dont on fe
fervoit à deux mains , comme-des efpadons ; elles
étoient compofées d’une groffe & forte lame à deux
tranchans & pointue, montée fur un long & fort
manche de bois.
Le braquemart étoit auffi une efpèce d’épée groffe
& courte , dont on fe fervoit fouvent d’une main,
compofée d’une groffe & forte lame à deux tranchans
, montée fur un manche de bois ou d’ivoire,
fimple ou enrichi.
Les efpadons étoient de grandes & longues épées
dont on fe fervoit à deux mains & en tout fens ;
ce qu’on appelloit efpadonner.
Plufieurs auteurs rapportent qu’il y en avoit de
: fi fortes, qu’elles fendoient un homme en deux.
Telle fut celle de l’empereur Conrad , au fiège de
Damas ; telle auffi celle de Godefroi de Bouillon,
1 mentionnée dans l’hiftoire des croifades. •1
Elles étoient compofées d’un fer d’environ cinq
à fix pieds de longueur, à deux tranchans, larges
& pointues , garnies d’une poignée de bois ou
d’ivoire , féparée d’une garde pour préferver le
poignet ou la main des coups des adverfaires.
Les cimeterres font des efpèces de fabres lourds
& pefans, dont fe fervent encore maintenant les
I Turcs, & prefque tous les peuples d’Orient, compofés
d’un fer fort & large tranchant d’un feul
côté, & recourbé par une de fes extrémités, garni
par l’autre d’une poignée de bois ou d’ivoire , fimple
ouornée, féparée par une tête de ferpent .faifant
garde. s j •
Les coutelas ou fabres , font des efpèces de cimeterres
, gros & lourds , dont on fe fert auffi chez les
Orientaux, compofés d’im fer large & épais, tranchans
d’un côté , & courbé par l’une de fes extrémités
, garni par l’autre d’une poignée de bois ou
d’ivoire, féparé par une coquille.; ces deux dernières
efpèces d’armes font quelquefois enrichies
d’or , d’argent, & de pierres précieufes, en entier
ou par incruftement.
Des armes modernes.
Les armes modernes font de deux fortes ; les unes
élaftiques, & les autres non élaftiques : celles-ci
font les pertuifanes & hallebardes , les épieux ,
efpontons, & les bayonnettes ; les autres, font les
fabres , les couteaux de chaffe & les épées.
Lès pertuifanes, dont l’ufage eft déjà fort ancien,
font des armes d’hafl, dont fe fervent encore les
gardes qui approchent le plus près de la perfonne du
roi ; ce font des efpèces de hallebardes compofées
d’un fer très-large, long, pointu & tranchant des
deux côtés , élargi vers fon extrémité inférieure en
forme de hache, à pointe de chaque côté , monté
fur un haft ou bâton d’environ fix pieds de lo n g ,
orné par en haut de clous, de rubans &Tglands en
foie , or ou argent, & garni par en bas d’une douille
de cuivre ou de fer à pointe ou à bouton.
Les hallebardes, faites à peu près comme les pertuifanes
, font auffi des armes d’haft, plus foibles
& plus petites que les précédentes , que portent
les fuiffes, fergens & autres ; elles font compofées
d’un fer pointu & tranchant, élargi vers fon extrémité
inférieure en forme de hache d’un côté & à
pointe ou dard de l’autre, garnie d’une forte douille
montée fur un fuft ou bâton orné ou non de clous,
rubans & autres chofes femblables en foie , or ou
argent, & garni par en bas d’une douille à pointe.
ou à bouton.
Les épieux font des«armes d’haft , principalement
d’ufage pour la chaffe au fanglier, mais dont on ne
fe fèrt prefque plus ; maintenant ces armes font
compofées d’un fer large , pointu & tranchant ,
garni d’une douille montée fur une hampe ou bâton
d’environ quatre à cinq pieds de long, ferré par
l ’autre bout.
Les fponton's ou efpontons ; efpèce de demi-piques
dont on fe fert fur les vaiffeaux, principalement à
l’abordage , & dont étoient armés les officiers d’ infanterie,
& autrefois les inoufquetaires, ainfi que
d’autres officiers de la maïfon du Roi.
Cette efpècè d’arme eft compofée d’un fer pointu
& à deux; tranchans ; garni d’une douille montée
fur une hampe ou bâton ferré par l’autre bout.
Les bayonnettes font des; efpèces dé dagues ou
petites épées d’environ dix-huit pouces de longueur,
que les dragons & fufiliers placent au bout de leur
fufil, lorfqu’ils ont confommé leur poudre & leur
plomb : on s’en fert auffi à la chaffe du fanglier &
autres animaux qui ne craignent point le feu, mais
alors on les fait plus larges & plus fortes. Elles font
compofées d’une lame à deux tranchans & pointue,
renforcé &l échancrée par le bout , portant une
douille percée à jour & fendue, fe fixant à l’extrémité
d’un fùfil, fans l’empêcher de tirer, ni de
charger.
Les fabres modernes font des armes que portent
les houffards & la plupart des cavaliers armés à la
légère. Ce font des efpèces d’épées courbes , ou
droites , à iin feul tranchant, Compofées d’un fer
ou lame de différente forte., & d’une garde compofée
d’une poignée , d’un pommeau , d’une coquille
ou garde-main, & quelquefois d’une branche.
Les couteaux de chaffe font des efpèces d’épées
groffes & courtes, à un feul tranchant, dont on fe
fert affez ordinairement à la chaffe, qui lui en a fait
donner le nom. Il en eft de plufieurs fortes, plus
courts les uns que les autres ; les uns , dont les
lames font courbes, & les autres, dont les lames
font droites. Ils font tous compofés de lames d’environ
31 à 3 2 pouces de longueur, à deux tranchans
& pointues, & d’une garde compofée de poignée ,
pommeau, coquille, & branche à vis ou double ;
d’autres, que portent les officiers, ne diffèrent de
ces derniers que par la forme des gardes , dont la
branche eft fimple ; d’autres enfin, portés par toute
forte de particuliers, ne diffèrent de celui - ci que
par la longueur de la lame, qui eft depuis environ
dix-huit pouces, portée des enfans , jufqu’à trente
& trente-deux pouces.
Les fleurets font des efpèces d’épées fervant aux
exercices de l’efcrime ; ils font compofés de lames
méplates , terminées à.un bout par un bouton couvert
de plufieurs peaux les unes fur les autres , pour
empêcher de bleffer fon averfaire lorfque l’on s’en
fe r t, & par l’autre bout , d’une efpèce de garde
compofée de poignée de bois , couverte ordinairement
de ficelle, ayant en outre un pommeau de
fe r , & une coquille pleine Ou évidée.
Épée ; arme offenfive , qui eft en ufage chez
prefque toutes les nations.'
Il y a des épées carrées ; il y en a de plates , de
longues & de courtes.
Les fauvages du Mexique , dans le temps que
les Efpagnols y abordèrent pour la première fois ,
n’avoient que des épées de bois, dont ils fe fer-
voient avec autant d’avantage que fi elles euffent
été de fer.
En Efpagne, la longueur des épées eft fixée par
autorité publique.
L'épée eft compofée d’une lame , d’une garde
d’une poignée & d’un pommeau, à quoi l ’on peut
ajouter la tranche de la garde, le fourreau, le crochet
& le bout.
La lame eft un morceau d’acier qui a deux tranchans
, deux plats, une pointe & la foie.
Le ifa h ch antou comme on dit en terme d’ef