
1753. Les frères Cartel , horlogers à Bourg éri
JBreiTe, font les premiers qui l’ont exécutée en 1757.
Depuis ce temps-là , les .horlogers de Paris en ont
fait ufage jufqu’en 1766 , que cette machine a été
achetée par la province de Brade , pour être placée
dans une manufacture d’horlogerie établie à Bourg.
De la machine à fendre toutes fortes de nombres.
M. Pierre Fardoil, horloger à Paris, & très-
bon machinifte, auquel nous fommes redevables
de plufieurs outils compofés, eft auffi l’auteur de
l’ingénieufe machine à fendre toutes fortes de
nombres ; elle peut s’adapter à une machine à
fendre ordinaire dont toutes les pièces rertent les
mêmes, & fervent également à fendre, à l’exception
de l’alidade que l’on fupprime , & du dî-
vifeur qui eft denté comme une roue ; ce qui
tient lieu des points, de divifion.
Le divifeur eft fendu à vis fans fin fur le nombre
420 ( il a choifi ce nombre à caufe des ali-
quotes qu’il contient ). Dans les dents du divi-
leur engrène une vis fans fin fimpLe, qui eft attachée
par des pièces quelconques fur le châflis
de la machine à fendre ordinaire : ainfi, en fai-
fant faire un tour à la vis fans fin, la roue fera
avancée d’une dent. O r , fi on fend à chaque tour
de la vis fans fin une dent de la roue mife fur
le tafleau , il eft évident que l’on fera une roue
qui aura 420 dents ; mais f i , au lieu de faire faire
un tour à la v is , on ne lui en fait faire que la
moitié , & qu’on fende une dent, & ainfi de
fuite à chaque demi-révolution, la roue fera de
840 ; & fi on ne fait tourner la vis que d’un
quart de tour, & qu’à chaque quart on fende une
dent, la roue fera de 1680, ainfi de fuite ; & le
nombre deviendra d’autant plus grand, que la vis
fera une plus petite partie de révolution. Si au
contraire on fait faire deux tours à la vis pour
chaque dent que l’on fendra, on fera une roue de
210 dents ; fi on fait faire quatre tours , la roue
fera de 105 , &c.
Tel eft le principe de çette machine, de laquelle
on peut fe former une idée par ce que je
viens de dire. Cependant, pour la faire mieux
comprendre , je tâcherai d’expofer les moyens
dont s’eft fervi M. Fardoil pour fendre toutes
fortes de nombres, ou , ce qui revient au même,
pour régler les parties de révolution de la vis
fans fin.
Le prolongement de la tige de la vis fans fin
porte carrément une affiette , fur laquelle eft fixé
un rochet fort nombré & à volonté. Sur la pièce
qui porte la vis fans fin , eft placé un cliquet &
un reflort qui agiffent fur le rochet en queftion ;
çe qui l’empêche de rétrograder , ainfi que la vis
fans fin. Sur l’afliette qui porte ce rochet , eft
fixé un autre rochet ( lequel fe change fuivanp
le nombre des roues ) , dont le nombre eft relatif
à celui de la roue que l’on veut fendre, çe
que l’on verra ci-après. Enfin , fur le bout de
cette même tige de vis fans fin, fe meut une
manivelle ; elle porte un reffort & un cliquet qui
agiffent fur le fécond rochet ; de forte qu’en tour-,
nant la manivelle en arrière, la vis fans fin refté
immobile : ce n’eft qu’en tournant la manivelle à
droite, que la vis fans fin fe meut. C ’eft par ce
mouvement de rétrogradation que l’on détermine
la quantité dont on doit avancer la vis pour chaque
dent de la roue à fendre, lequel eft réglé
par le nombre des dents du rochet : ce que l’on
verra par l’exemple fuivant. » Soit donné le nom-
” bre 249 qu’il faut fendre fur cette machine,
” dont le divifeur eft fendu en 420 ; pour trou-
» ver le nombre de dents du rochet, il faut di-
» vifer 420 & 249 par trois , qui eft le feùl
» divifeur convenable aux deux nombres : les
» quotiens feront 140 & 83. On prendra donc un
» rochet de 83 ; & à chaque dent qu’on voudra
» fendre, on fera avancer 140 dents de ce ro-
» cher, c’eft-à-dire, qu’on fera d’abord faire une
» révolution entière qui eft de 83 dents, & qu’on
» en fera encore paffer 57: ce qui fera les 140
» dents. Ce qui le détermine de la façon fui-,
» vante. «
A chaque tour de la manivelle elle rencontre
une pièce qui arrête fon .mouvement ; de forte
qu’elle ne peut aller plus loin fans qu’on lève
cette pièce. On fait rétrograder la manivelle du
nombre de dents du rochet, qu’il faut faire pafler
après avoir fait faire un tour. Dans l’exemple pro-
pofé , c’eft 57 dents du rochet. Pour empêcher
la manivelle de rétrograder plus que pour faire
tourner 57 dents, elle porte un fécond bras que
l ’on fixe au point que l’on veut. Dans cet exemple,
il faut qu’èntre les deux bras de la manivelle
il y ait un intervalle de 57 dents du rochet.
Ce bras va appuyer contre cette même
pièce qui empêche d’avancer la manivelle , laquelle
empêche auffi de rétrograder plus de 57
dents. On fait pour lors tourner la manivelle à
droite, jufqu’à ce qu’elle rencontre la pièce qui
l’empêche de tourner. On fait faire un tour- à la
manivelle, & on la fait rétrograder de la quantité
fufdite. Ont .fend une fécondé dent, & ainfi de
fuite jufqu’à ce que la roue foit fendue.
Mais comme il y a une difficulté confidérable
dans la conftruCtion des différens rochets dont il
faut fe fervir, on doit chercher à I4 fupprimer j
car il n’y a pas moins'de difficulté à fendre, un
roçhet fur un nombre qu’on n’a pas, qu’à fendre
une roue fur une autre qui nous manque.
M. Thiout donne dans Ion traité h le plan d’une
machine à fendre toutes fortes de nombres, dont
les rpçhets font fupprintés ; elle eft de la compo-
fition de M, Yaringe , qui étoit horloger du duc
de, Tpfcane.
x o n u a e 4 celle de M. Fardoil, c?eft une vis
fans fin qui fait mouvoir le divifeur, lequel il a
fendu fur le nombre 360 , la vis fans fin porte
une roue 4e champ de 60 3 laquelle engrène dau$
«n pignon de ïo . La tige de ce pignon porte
une aiguille qui fe meut au centre d’un cadran
divifé en 60 : cette aiguille eft de deux pièces ,
dont l’une d’acier , & l’autre de cuivre ; elles
tournent à frottement l’une fur l’autre. Il y a au-
deffous du cadran une plaque qui y tourne à frottement
: elle fert à porter un index qui vient répondre
à- l’aiguille d’acier ; ce qui fert à marquer
le point d’où on part lorfqu’on fend. Il y a auffi,
derrière la roue de cham p un e platine qui peut
y tourner à frottement' : elle fert à porter un
bouton qui donne un coup contre un reflort à
chaque tour que fait la roue de champ ; ce qui
fert à compter les tours qu’elle fait.
Si on fait faire un tour à cette roue de champ,
au moyen de la manivelle qui entre carrément
fur l’arbre de la vis fans fin , & qu’à chaque tour
on fende une dent, on fera une roue de 360;
o r , 1 dans ce cas , à chaque tour de la manivelle
la roue de champ aura fait faire fix tours à l’aiguille
^dont j’ai parlé, laquelle auroit parcouru fix
fois 60 degrés du cadran, égale 360 degrés. Pour
avoir un nombre au defious de 360 , i f fau t,
comme dans celle du- fieur Fardoil, que la vis
fans fin farte plus d’un tour pour chaque dent;
ainfi, pour une roue de 90, il faut qu’elle .farte
4 tours, &c.
Et fi on veut avoir un nombre plus grand que
360, il faut quelle farte moins d’un tour : c’eft
pour exprimer les parties de la révolution dans
ces deux cas , que fervent l’aiguille & le-cadran ;
ainfi , on peut avoir une 360* partie de la révolution
de la roue de champ ; de forte que l’on
pourroit fendre par ce moyen une roue qui auroit
129600 dents, en ne faifant tourner la roue
de champ que pour qu’elle fît faire un degré à
l ’aiguille pour chaque dent.
Si on fait faire un tour à l’aiguille à chaque
dent que l’on fendra ; on fera une roue de 2160
dents, &c.
En fupprimant le rochet de M. Fardoil, M. Va-"
ringe n’a pas évité un défaut, qui eft celui des
balotages, d’engrenages , d’inégalités ,. &c. ; mais
c’eft toujours un pas de fait pour arriver à la
perfection de cette machine; & celle de M; Va-
ringe eft préférable à celle qui lui en a donné
l ’idé e, qui eft celle de M. Fardoil.
Pour remédier aux defauts que l’on apperçoit
dans ces deux machines , & pour les Amplifier
encore, voici le moyen que je veux faire exé:
enter.
Je ferai fendre le divifeur de la machine à
fendre fur le nombre 720 ; il fera mû par une,
vis fans fin fimple, laquelle tournera au centre
d’une grande plaque que l’on fixera avec deux
vis fur le châffis de la machine. Cette plaque fera
divifée en 720. La tige de la vis fans fin portera
carrément une aiguille & une manivelle ; ainfi,
en tournant la manivelle , on fera tourner l’aiguille
fuivant, le nombre de dents fur lequel on
veut fendre une roue. La preffion d’une efpèce
de pince fervira à fixer l’aiguille fur les degrés,
ce qui empêchera qu’en fendant elle ne puifle
tourner. Je donnerai une table d’une partie des
nombres qu’on pourra fendre, & du nombre de
degrés qu’il faudra faire parcourir à l’aiguille, 8c
une règle pour les trouver.
Dans le caà où le nombre 720 ne contiendroît
pas aflez d’aliquotes pour tous les nombres, on
peut encore en marquer d’autres fur la plaque où
eft divifé le '720 , lefquels feroient divifés fur
d’autres cercles concentriques : par ce moyen,
on pourra fendre tous les nombres dont on pourra
avoir befoin, & s’en fervir particulièrement pour
des machines compofées , comme fphères, plani-
fphères , inftrumens , &c.
De l’exécution des machines à fendre, je me
fuis engagé de terminer cet article par parler des
foins qu’exige une machine à fendre pour être
bien exécutée & jufte : on n’attendra pas de moi
que je le farte avec toute l ’étendue que deman-
deroit cette partie : cet article, déjà trop lo n g ,
ne permet de m’arrêter que fur les parties les plus
eflentielles.
Pour avoir l’explication de tous les foins, dé-
licateffes d’opérations , raifonnemens , &c. il ne
faut què voir la machine à fendre que j’ai décrite
, laquelle eft de M. Hullot ; cet habile ar-
tifte l’a mife au point qu’il ne refte rien à defirer
pour la perfection, je ne ferai donc que le fuivre
dans fes opérations. Une des principales parties
d’un outil à fendre , eft le divifeur ; c’eft en partie
de lui que dépend la juftefie des roues. Il faut
qu’il foit le plus grand poffible, il n’eft fimple
que dans ce cas ; s’il y a des inégalités, elles font
ou apparentes , alors on les corrige , ou très-
petites, & dans.ee cas elles deviennent moins
fenfibles pour des roues qui font infiniment" plus
petites.
Par des raifons femblables , ces divifeurs _ demandent
d’être divifés fur d’autres beaucoup plus
grands. C’eft pour approcher, autant qu’il eft poffible,
du point de perfection , que M. Hullot a
fait un divifeur pour pointer les plates-formes ,
lequel a fix pieds de diamètre ; il eft folidement
fait, divifé avec exactitude ; les ajuftemens des
pièces qui fervent à former les points -fur les
plates-formes ou divifeurs , font construits &
exécutés avec beaucoup de foin ; ainfi on doit
attendre toute la jufteffe poffible des plates-formes
piquées fur le divifeur : j’en juge par expérience.
Comme cette partie intérefle également l’aftro-
nomie, l’horlogerie, & différens inftrumens de
mathématiques, je crois qu’il ne faut rien négliger
pour la porter à fa perfection ; & c’eft en, donnant,
à ceux qui ont du talent, les moyens de
profiter de ce que l’on a fait, qu’on peut y tra-
. vailler : pour cet effet, il faut leur faire part de
l’état où tel art eft porté.
I Les arbres qui portent les diyifeurs ou plates?