
De la meule pour écrafer la garance.
La garance fuffifamment defféchée & mondée
de Ion Villon, peut être vendue en cet état aux tein-
turiers. ; mais il l’on veut la réduire en poudre, o u ,
Comme difent les teinturiers, la grapper, il faut être
pourvu de moulin ou d’une meule.
Dans pluileurs endroits , on pulvérife la racine
de garance avec une meule verticale , femhjable à
Celle qu on emploie pour écrafer les olives ou les
pommes, excepté qu’il faut que cette meule foit très-
pefante.
On commence par couper ou rompre la petite
racine par petits morceaux ; enfuite on la met fous
la meule, qu on fait tourner par le moyen de l’eau
ou d un cheval. Cette meule étant en mouvement,
il faut qu’une ou deux femmes foient continuellement
occupées à pouffer la racine fous la meule ;
enfuite on la paffe par un crible fin, & on remet fous
la meule ce qui eft refté fur le crible.
Cette meule feroit aufli très-bonne pour broyer
la garance verte, dans le cas où les teinturiers l’em-
ployeroient en cet état.
Moulin conjlruit à Corbeilles pour pulvérifer
la garance.
r°raage de ce moulin n’a rien de particulier.
Voici les proportions des parties qui le compofent.
Le timon ou levier, depuis le centre de l’arbre du
rouet jufqu au point ou eft attachée la chaîne du
palonnier, a 9 pieds ; le rouet a 5 pieds de rayon ,
& porte 72 dents ; la lenterne, dix pouces de
rayon, jufqu’au centre des fùfeaux , & douze fu-
leaux ; ainfi elle fait fix tours contre un de rouet ;
le cheval faifant trois pieds de chemin par fécondé,
fait trois tours & demi par minute , & la lanterne
, vingt.
Le hériflon ayant par fa circonférence trois leves
pour chaque pilon , chaque pilon frappe 60 coups
par minute , & les quatre, 240 dans le même
temps.
Le quarre fur lequel eft hauffée la lanterne, eft
pris fur un arbre qui a cinq pouces de rayon plus |
gros dans toute la longueur du hériffon, où il a fept
pouces de rayon. Il lui faut cette groffeur, afin que
les tenons des leves aient une longueur & une épaifi
ffeur qui leur donnent de la folidité. On le laiffe
yond, plutôt que de le faire à pans, parce qu’il
efl plus arfé d’y percer régulièrement les mortaifes,
en fe fervant d’un calibre que les menuifiers appellent
guide-âne.
Il faut que les tourillons de cet arbre tournent
fur des piliers de cuivre.
Les leyes ont 12 pouces de rayon , c’eft-à-dire,
a \2 pouces depuis le centre de l’arbre du
.hériffon , jufqu’au point qui touche les pilons pour
les élever ; ce qui indique un cercle de deux pieds
de diamètre ; la face fupérieure de ces leves efl
coupée félon une courbe qui les allonge, dont
tous les rayons font une tangente à la circonférence
I d e c e c e r c le . L a plus grande des tangentes a t%
pouces ; elle détermine la plus grande levée des
pilons. Il réfulte de cette coupe, qu’à quelqu’éle-
vation que foient les pilons, la réfiftance eft toujours
uniforme,puifqu’ils font toujours portés par les leves
à la même diftance de leur centre de gravité. 4
Comme dans la longueur du hériffon, il y a 12
le ves , fur 4 plans , elles forment entr’elles des
angles de 30 degrés , en les fuppofant vues l’une
derrière l’autre, comme fur un même plan ; ce qui
fait que quand le premier pilon efl à la moitié de
fon élévation, le fécond efl prêt à être enlevé ; le
premier échappant , le troifième efl au moment
d’être élevé.
On dit au rhoment, parce qu’il efl à remarquer
que les leves avancent fous les mentonnets, ou
fous ce qui en tient lieu , de 5 ou 6 lignes ; que la
plus grande tangente de la courbe étant de 12 pouces
, efl plus petite de près de 7 lignes que la
fixième partie de la circonférence du cercle, 6c
donne le temps au premier pilon d’échapper avant
que le troifième pilon foit pris ; ce qui efl néceffaire,
pour que la puiffance en foit jamais chargée de plus
de deux pilons.
On appelle' le devant de la batterie , la face
devant laquelle efl le hériffon. La batterie efl com-
pofée de deux folives- de 10 pieds de long, de 8
pouces d’équarriffage , liés à chique bout par une
ëntretoife de 6 & 4 ; celle de devant aux feuillures,
pouffées en dedans de cette partie des folives ,
de 15 lignes de hauteur, fur un pouce de largeur ,
pour fervir à porter un plancher.
Au milieu de la longueur & de la largeur de deux
folins, s’élèvent deux montans qui font mortaifés
& chevillés ; ils ont 12 pieds 8 pouces de hauteur,
non compris leurs tenons, 14 pouces de large, fur 6
pouces d’épaiffeur, foutenus chacun par un lien
mortaifé par devant à deux pieds de hauteur, &
un derrière à quatre pieds & demi.
Entre ces deux montans, efl la pile fur laquelle
battent les pilons ; elle efl faite d’une pièce d’orme
tortillard bien fec , de quatre pieds & demi de long
entre les montans, avec lefquels elle efl affemblée
par une languette de deux pouces de large fur autant
de profondeur ; elle a 20 pouces de hauteur, fur 18
de largeur ; elle pofe des deux bouts de toute fa
largeur furie bord des folins , & dans l’intervalle,
fur trois pièces de bois également efpacées, calée
fur un mafîif de maçonnerie qui porte le tout.
La longueur de la pile efl partagée en deux par
une cloifon de deux pouess d’épaiffeur, parallèle
aux montans & de même largeur , arrêtée dans la
pile par deux tenons & une rainure de toute fon
épaiffeur, de mênfê en haut dans la partie de derrière
de la prifon qui efl fixe.
Son prolongément jufqu’à la prifon d’en haut,
efl arrêté par un affemblage pareil.
Cette cloifon divîfe la longueur de la pile en
deux auges de 26 pouces de long chacune , formées
par deux planches en pente, de façon que les auges
ont q u a tre pouces & demi antérieurement dans le
fo n d , fur onze pouces & demi d’o u v e r tu re , &
douze pouces de hauteur perpendiculaire.
Pour empêcher que la pondre volatile qui s’élève
çn pilant ne fe perde , Ja diftance du bord des
auges à la première prifon, efl fermée par des fonds
dont ceux de derrière, ainfi que cette partie des
auges, font affemblés à demeure, à rainures & languettes
dans les montans & la cloifon ; ceux de
devant fe lèvent à couliffe comme un châffis , &
s’arrêtent de même avec des tourniquets. On lève
& on ôte tout-à-fait le devant des auges ; on tire
toute la racine pilée avec une cuiller de bois & un
balai de plumes ; & on la fait tomber fur une table
qui efl en avant, dont les rebords ont 4 pouces de
hauteur. On remet le devant des auges, & on les
regarnit de racines en bâtons ; on baiffe les couliffes ;
on laiffe tomber tous les pilons qu’on avoit arrêtés
pendant cette manoeuvre, qui s’exécute facilement
& promptement ; & le moulin continue de travailler
pendant qu’on ramaffe la racine, & qu’on la paffe
au bluteau ou au tamis.
Il y a deux priions qui fervent à guider les
pilons ; le deffous de la première efl à trois pieds ;
le deffous de la fécondé à dix pieds du deffous de
la pile. Elles ont trois pouces & demi d’épaiffeur ;
la première efl arrafée par devant aux joues intérieures
des rainures , afin que les couliffes y foient
appliquées lorfqu’elles font fermées , & qu’elles
gliffent contre, quand on les lève.
Chaque prifon efl de deux pièces , dont celles
de derrière font affemblées & chevillées avec les
montans, & entretiennent folidement les cloifons.
Celles de devant peuvent s’ôter & fe remettre fui-
vant le befoin. Elles coulent dans les rainures d’un
pouce de profondeur & de leur épaiffeur, qui font
aux montans, & qui font entaillées-à mi-bois avec
les cloifons ; de plus, elles ont deux clés qui entrent
dans les mortaifes qui font aux parties fixes où on
les arrête avec des chevilles.
Les pilons ont par le bas douze pouces de face,
dix-huit pouces de hauteur, & quatre pouces d’é paiffeur;
ce qui leur donne à labafe quarante-huit
pouces carrés, les queues ont huit pieds & demi
de hauteur , quatre pouces de largeur , fur trois
pouces d’épaiffeur ; ainfi , ils ont en tout dix pieds
de haut, non compris les couteaux , qui ont quatre
pouces , & qui font faits comme un fermoir de rae-
nuifier ; les tranchans ont deux pouces un quart de
large, & les foies, trois pouces & demi de long ;
il y en a dix-fept à chaque pilon.
On a fupprimé les mentonnets ; parce que les^
leves du hériffon les prenant par le bout toujours
au même éloignement de cinq pouces du centre de
gravité des pilons, la réfiftance du frottement de
leur queue dans les prifons, auroit été confidérable.
Pouf éviter cet inconvénient, on a fait dans la
face de la queue des pilons, une mortaifé de vingt-
cinq pouces de long , fur trois pouces de large,
fortifiée des deux côtés par des joues de deux
p o u c e s , prolongées de fix à fept p o u c e s au-delà d e
chaque bout des mortaifes qu’on a laiffées de la
même pièce que les queues.
Le haut des mortaifes efl à fix pieds en deffus
de la pile, c’eft-à-dire, à la même hauteur que le
centre du hériffon ; cette partie efl garnie d’une
platine de cuivre de deux lignes d’épaiffeur bien
écrouie, polie & arrondie par le bord pour facilitée
l’échappement des lèves.
On a mis fur le côté des queues des pilons , & a'
feize pouces du deffous de la prifon d’en haut, des
mentonnets d’un bon pouce d’épaiffeur, de deux
pouces de hauteur, fur quatre de faillie, pour tenir
les pilons élevés pendant qu’on vide les auges.
Les leviers qui fervent à cet ufage, font placés
derrière & portés fur des chevalets affemblés dans
une pièce de bois qui l’eft elle-même par les deux
bouts, dans deux corbeaux mortaifés & chevillés
dans les montans. Ces pièces ont fix pouces d’écar-
riffage ; il y a des gouffets fur les corbeaux.
Les leviers font pris dans des pièces de bois
de fix pouces & demi , ainfi que les lèves du
hériffon.
La face fupérieure du petit bras efl taillée comme
les lè ves, fuivant une courbe développée du cercle
générateur, dont la raifon efl l’intervalle du milieu
du mentonnet, au centre du mouvement du levier,
qui doit être fur le même alignement que le deffous
du mentonnet.
Le rayon de ce cercle, ainfi que le plus grand de
la courbe, doit être de quinze pouces, afin que le
pilon , élevé de treize ou quatorze pouces, n’échappe
pas.
Pour conferver la force des leviers, il faut que
le fil du bois fe trouve droit dans toute fa longueur,
paffant par le centfe du mouvement dans lequel
on arrêtera carrément une barre de fer raillante de
deux pouces de chaque côté : cette faillie, arrondie
en tourillons , fe placera fur des chevalets dans
des fentes garnies pour le mieux de couffmets de
fonte.
On attache une corde au bout des peüts bras,
& l’on accroche cette corde à des crochets de fer;
on a des chevilles de bois qui font derrière la pile
pour tenir les leviers un peu plus bas que les mentonnets
quand les pilons travaillent. Les grands bras
font diminués de largeur infenfiblement jufqu’à leur
bout, où ils font réduits en carré de leur épaiffeur;
il y a à cet endroit une autre corde qu’on accroche
aux mêmes chevilles de la pile, pour retenir les
piloris en l’air.
Les pilons de ce moulin ne pèfent que cent livres
avec leur armure, peut-être quelques livres de plus
qu’on peut fupprimer en diminuant quelques pouces,
fur la partie d’en bas : il n’y a jamais que deux pilons
en l’air, qui pèfent enfemble deux cents livres , ief-,
quelles fe réduifent à un effort de cent trente-trois
livres pour la puiffance. On compte ordinairement
qu’un cheval de moyenne taille , peut employer
cent quatre-vingt livres de fa force pour mouvoir
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