
fcellage, puïfque la furface déjà polie d o n n e ro lt un !
paffage plus libre aux rayons de lumière.
On remarque les défauts qui fe trouvent fur. la |
fécondé furface à travailler, en les entourant d’une j
ligne blanche , qu’on trace, aifément , en enle- |
vant dans cet endroit le rouge dont la glace eft j
enduite.
Le rouge dont on nfe dans ces circonftances , eft
le dépôt que l’eau employée à mouiller les polif- |
foirs graiffès de potée , laifl'e dans les vafes qui la |
contiennent. '*
Le poli de la fécondé furface de la glace fe conduit
comme celui de la première.
S’il fe trouve dans le poli des défeftuofités qu’on
ne juge pas allez effentielles, pour exiger de dépolir
la glace & de la repolir , on les rend moins fen-
fibles, en fubftituant au poliffoir un outil à-peu-près
de même forme , qu’on appelle brûlot ; & q u i,
étant beaucoup plus étroit, s’applique plus patdcu-
lièrement fur le d'éfaut, & par conféquent lui fait
éprouver un frottement plus confidérable. En général,
il faut-cependant éviter, autant qu’on le peut,
ces fortes de reffources. On courtle rifque de creufer
la glace, & de pallier un mal par un mal plus confi-
dêrable : auffi les bons ouvriers ne négligent-ils pas
de mettre une féchée de poliffoir, fur "endroit où
ilâ ont paffé le brûlot.
Les mains de l’ouvrier ne fuffifent pas pour preffer
le poliffoir contre la glacé : on augmente le frottement
au moyen d’un morceau de bois d’environ
cinq à fix pieds de long, plié en arc dans fon milieu
, & ;qu’on appelle flèche. On voit les flèches
montées fur le poliffoir, fig. i , flanche X L I I , &
ces mêmes flèches en aétion entre les mains-des
ouvriers dans la vignette de la même planche. A l’un
des bouts de la flèche, eft un bouton qui entre dans
la cavité pratiquée au manche du poliffoir : à l’autre
io u t , eft un fort c lou, qui fixe la flèche à un plancher
placé à environ 24 pouces , au deffus du banc
du poliffeur : la flèche pliée fait effort, par fon ref-
fo r t , contre le plancher ; & preffant fortement le
poliffoir, foulage beaucoup l’ouvrier.
Après que les glaces ont été polies des deux
côtés , on reâifie cet aprêt par une dernière opération.
On nettoie bien les furfaces de la glace; en-
fuite on l’étend fur une table garnie d’un tapis noir
ou gros bleu , & éclairée par un jour modéré, qui
tombe obliquement fur la glace. Dans cette pofition,
un oeil un peu exercé ne laiffe échapper aucun des
défauts du poli : on les efface en paflant avec force
la moilette fur les parties qui paroiffent ternes. La
mollette eft un petit outil de bois d’environ quatre
pouces de long , fur deux pouces de large, & autant
d’épaiffeur que l’ouvrier tient dans la main,
pour en frotter la glace. Le deffous de la moilette
eft garni de feutre , qu’on graiffe de potée , en le
pouffant fur un morceau de glace , enduit de cette
matière , & légèrement mouillé. Cette petite glace,
fiellée fur une pierre noire, prend le nom de moi-
. letoir,
Nous terminerons cette defcriptîon des aprèts des
glaces j en expofant le procédé auffi ingénieux que
fimple du fcellage des très-petites glaces, défignèes
dans le tarif parles numéros 8,j 10, 12, 17, 20, 30,
40 , 50. Ces numéros font de trop petit volume,
pour qu’on veuille les polir les uns après les autres :
l’économie & la diligence exigent qu’on en affemble
un certain nombre , pour les polir en même temps.
ils proviennent toujours des rèduélions, o u , fi l’on
v eu t, des rognures de glaces plus ou moins grandes
; & par conféquent, ils font fréquemment d’é-
paiffeur inégale. Si l’on fe contentoit de les fceller
les uns à côté des autres , ils préfenteroient au poliffoir
une furface raboteufe & inégale. On prend 1«
parti de les affembler d’abord fur une glace doucie,
qu’on appelle modèle.
Après avoir mouillé la furface du modèle, &
celle des numéros , on fait gliffer ceux-ci fur le modèle
, de manière qu’ils fe trouvent avec lui dans
le plus parfait contait. Lorfque tous les numéros
qu’on veut fceller enfemble font arrangés fur le
modèle , ils font retenus en leur place, loit par la
force de cohéfion, foit par le poids de l’atmofphere.
On les ficelle dans cet état ; & détachant enfuite le
modèle , la furface que la levée , compofée de
petits morceaux , prèfente au poliffoir , eft aulîi
droite que la furface même du modèle qui a fervi à
l’affembler.
En plaçant un corps opaque contre la furface
d’une glace polie , les rayons de lumière qui vont
le frapper , après avoir traverfé le verre, font réfléchis
, & viennent peindre dans nos yeux l’image des
objets d’où ils étoient d’abord partis.
Il faut appliquer à la glace une fubftance qui s’y"
attache immédiatement * & qui y adhère fortement,
fans altérer la fubftance même du verre. On a adopté
l ’étamage , comme le moyen le plus propre à pro-,
duire l’effet defiré. '
L’opération Rétamer confifte, comme on fait, à
couvrir d’étain la furface d’un corps , par quelque
procédé que ce foit. M. Macquer obfierve dans fon
diftionnaire de chymie , (étamage des glaces) que
dans l’éfamage des métaux, l’étain eft plus adhérent
que dans celui des glaces , parce que , dans le
premier, il y a diffolution , pénétration , union
intime de la lurface métallique avec l’étain ; au lieu
que les fubftances vitrifiées ne s’uniffent point avec
les fubftances métalliques. L’on ne doit donc l’adhérence
de l’étain à là glace , qu’au contaél parfait qui
réfulte du poli de cette dernière, à la juxtapofition
exa&e des parties , tant du verre que de l’étain.
C ’eft aufli très-fagement qu’on choifit une fubftance
métallique , pour en enduire la furface de la
glace, puifque les métaux font de tous les corps les
moins perméables aux rayons de lumière, & par
conféquent les plus propres à les réfléchir.
L’étain ne s’attache à la furface du verre, que
fous la forme d’amalgame ; le mercure , en le dif-
folvant, en fait une efpèce de pâte, plus fufceptible
que l’étain pur, de fe mettre en un parfait contaft
a v e c
avec la glace j &. c’eft cet amalgame qu’on défigne
par le mot de tain, en le confidérant par rapport aux
glaces. jj ( , .
Si le mercure eft trop abondant, & que l’etam foit
trop long-temps expofé à fon aétion, ce métal fera
totalement diffous ; fes parties trop divifees, ne
pourront recouvrir la furface de la glace, & par
conféquent l’étamage deviendra impoflible.
Les confidérations que nous venons d’expofer ,
dirigent naturellement l’artifte dans fon opération :
il prendra toùtes les mefures qui peuvent produire
un contaél parfait & exaét, & il mettra affez de diligence
dans fa manoeuvre, pour que le mercure
n’ait pas lè temps d’opérer la diffolution complette
de l’étain.
On commence par bien nettoyer les furfaces de la
glace à étamer; & pour ne pas les falir de nouveau,
on ne les touche plus dorénavant qu’en garniffant
fes mains de plufieurs doubles de papier propre &
fec.O
n étend le plus exaéfement qu’il eft poflible,
une feuille d’étain battu, de la même manière que
la glace , fur une pierre de ficiage, parfaitement
dreffée , & l’on a le plus grand foin de faire difipa-
roître le plus léger pli de la feuille, en la liffant avec
des broffes de crin doux.
La pierre à étamer eft. engagée dans un cadre de
bois : l’un de fes côtés eft libre , pour donner paffage
à la glace \ les trois autres côtés font garnis d’un
rebord , autour duquel on forme une rigole qui
entoure la pierre, & qui fort à faire couler le mercure
fuperflu. Aux deux coins de la pierre les plus
éloignés du côté libre ou fans rebord, font deux
trous par lefquels le mercure furabondant fe rend
dans des baflins de bois qu’on place au deffous. La
pierre à étamer, ai-nfi montée , eft portée dans le
milieu de fa largeur , par deux pieds folides , fur
lefquels elle a la liberté d’exécuter un mouvement
de bafcule, de manière qu’on peut la mettre dé niveau
, en la foutenant avec des tréteaux , ou lui
donner plus ou moins de pente, en introd&ifantdes
coins de bois plus ou moins forts entre la pierre &
les tréteaux.
Dans l’inftant auquel on étame, la pierre doit être
de niveau. On répand fur la feuille d’etain., bien
étendue d’abord, une petite quantité de mercure
dont on frotte la feuille , communément au moyen
de rouleaux de lizières de drap: cette pratiquefavo-
rifie & hâte l’amalgame : c’eft ce qu’on appelle aviver
la feuille. Enfuite on verfe autant de mercure qu’il
peut en tenir fur la feuille , fans fe répandre. On
garnit d’une bande de papier l’efpace de la pierre
qui refte-entre fon bord & la feuille d’étain, pour
que la glace , à fon paffage , ne prenne aucune
ordure, & que fa furface ne coure pas le rifque
d’être déchirée par le frottement. On place la glace
dans une pofition horizontale, & l’on pofe une de
fes bandes fur celle de papier ; enfuite on la fait
gliffer fur la feuille d’étain, chargée de mercure ; ce
que les étameurs appellent la couler. Cette partie
Arts & 'Métiers. ^Tome III. Partie I.
de l’opération doit être exécutée d’nn mouvement
égal, jufqu’à ce que toute là feuille d’etain foit
occupée par la glace, avec l’attention de maintenir
toujours celle-ci dans la même pofition horizontale.
Si on l’élevoit, on laifferoit introduire, entre le tain
, & la glace , quelques portions de cette craffe ou
écume qu’on volt alors fur la furface du mercure :
fi au contraire on l’abaiffoit, le bord de la glace cou-
peroit. la feuille d’étain.
Lorfque la glace eft coulée fur ie mercure , on la
couvre d’une flanelle, & on la charge également
par-tout de pierres ou de plombs, foit dans la vue
de favorifer fon contaft avec la feuille d’étaln, foit
pour aider, par laprefiion, à l’expulfion du mercure
fuperflu , foit enfin pour empêcher la glace
d’être entraînée par le mercure lorfquil s’écoule.
Après que la glace eft ainfi chargée , on donne
une légère pente à la pierre à étamer ; le mercure
fuperflu s’échappe , coule dans les rigoles , & eft
reçu dans les baflins difpofés au deffous des coins
de la pierre. On augmente peu-à-peu rinçlinaifon de
celle-ci ; fi on la rendoit fur le champ trop rapide ,
le mercure , en s’écoulant, pourroit entraîner, par
fon poids , la feuille d’étain : c’eft en général à cette
caufe, qu’il faut attribuer les gouttières, c’eft-à-
dire-, ces parties abfolument dénuées de tain, qu’on
obferve fouvent fur le bord des glaces étamees, Gc
dont les contours indiquent qu’elles ont pour caufe
l’écoulement d’un fluide.
Lorfque les glaces fe. font égouttées fur la pierre
& que l’étamage a pris, quelque folidité , ce qui a
lieu après environ 24 heures, on les relève de deffus
la pierre. Cette opération demande beaucoup de
ménagement ; le tain eft encore mou y il contient
encore du mercure furabondant, & il feroit enlevé
par un léger frottement : il faut donc fe faire une
lo i , en maniant une glace fraîchement ètamée, dé
ne toucher , autant qu’il eft poflible , que fa furface
non étamée , & fon épaifleur.
On. tranfporte -les glaces étamées de deffus la
pierre, fur des égouttoirs, ou plans inclines de bois,
& elles achèvent d’y laiffer écouler le mercure
fuperflu. On augmente la pente des égouttoirs à
volonté , & par gradations, jufqu’à ce que l’on parvienne
à leur donner une pofition prefque verticale..
Il eft difficile d’aflïgner au jufte le temps auquel
l’étamage eft tout-à-fait purge du mercure fuperflu ;
car on voit fouvent découler des globules de ce
fluide, de glaces déjà placées fur des cheminées
depuis quelque temps.
Lorfque le tain a pris la folidité convenable, ce
qu’on exprime en difant que le tain eft fe c , on monte
les glaces, on en fait des miroirs, & c’eft alors fur-
tout qu’elles deviennent un objet de commerce.
Il y a , dans tous les arts, beaucoup de pratiques
mmutieufes , & de petites attentions dont il eft
difficile de rendre compte ; elles tiennent à la manière
adroite dont on exécute les opérations on
n’y parvient que par l’expérience. Une defcription
détaillée des procédés , peut, ce femble, aider à ac