
de Taufre côté de la prefle, fans toutefois qu’ils
en fortent tout-à-fait & qu’ils ne foient plus fous
le roiileau , on releveraries langes fous le rouleau
, pour découvrir la feuille de papier qui y a
paffé avec eu x , & prenant la planche encrée &
effuyée, comme on l’a prefcrit, & l’ayant modérément
réchauffée , on la poferà par l’envers fur
la feuille de papier qui eft fur la table, obfervant
de laiffer des marges parallèles & égales aux côtés
oppofés.
Sur la planche ainfi placée, on pofera une feuille
de papier trempé.
Le papier trempé, pour la commodité de l’imprimeur,
fera fur un ais , au fomn^et de la prefle.
Sur la feuille de papier trempé, on mettra une
feuille de maculature ; on rabattra fur celle-ci les
langes , & en tournant le moulinet d’un mouvement
doux & uniforme, ce qui eft eflentiel, le
tout fera entraîné entre les rouleaux.
La forte preffion attachera l’encre, dont les tailles
de la planche font chargées, à, la feuille de papier
trempé, & l’eftampe fera tirée.
La feuille qu’on aura mife deflbus la planche ,
de même "grandeur que la feuille trempée, guidant
l’ouvrier , l’eftampe fera bien margée. On
prend auffi la^aculature de même grandeur que
la feuille trempée.
L’imprimeur relève enfuite les langes fur le rouleau
pour découvrir l’eftampe , qu’il enlève de def-
fus la planche, & qu’il place fur la table.
Il recommence enfuite à encrer la planche ; il
la replace, & il tire une fécondé épreuve, & ainfi
de fuite, jufqu’à ce qu’il ait entièrement employé
fon papier trempé.
On fait quelquefois pafler & repaffer plufieurs
fois la planche entre les rouleaux, fur-tout lorfque
le noir a été détrempé avec de l’huile forte. Dans
les autres cas, la planche n’y paflfe qu’une feule
fois.
Alors l’imprimeur a deux tables ; fur l’une il met
les eftampes tirées, & fur l’autre celles qui fortent
de l’autre côté.
Il arrive encore que l’on pofe premièrement les
langes fur la table ; fur les langes une maculatifæe ,
enfuite le papier; fur le papier, la planche gravée;
fur la planche gravée, deux ou trois gros langes,
& que tout étant ainfi difpofé , on tire l’eftampe.
On imprime auffi les eftampes en plufieurs couleurs.
Si la planche eft inégale , c’eft-à-dire , plus ou
moins épaiffe en un endroit qu’en un autre , on
met deflbus, entre la planche & la table , des morceaux
de carton ou de gros papier déchiré ,• fuiyant
la forme de ces inégalités; omparvient à rendre ,
par ce moyen la preffion égale par-tout.
S’il arrive que les tailles d’une planche foient remplies
de noir fécké, il faut la faire bouillir dans de
la leffive, ou bien pofer la planche à l’envers fur
deux petits chenets, & couvrir toute fa furface
d ’environ un doigt d’épaifleur de cendres faffées,
I tamiféès Si détrempées avec de l’eau ; puis avec de
mauvais papier, ou de la paille , faire du feu par
deflbus j enforte que la cendre mouillée foit comme
bouillante ; en bouillant, elle difloudra & prendra
tout le noir des tailles.
Après cela, on jettera de l’eau claire fur la planche,
jufqu’à ce qu’on n’y apperçoive aucun veftige
de cendres. Si on effuyoit la planche fans cette précaution
, on ne manqueroit pas de la rayer.
Quand on a tiré d’une planche le nombre d’épreuves
dont on a befoin, on la frotte tonte entière
d’huile d’olive avec un tampon d’étoffe, afin
i d’empêcher qu’elle ne fe rouille ; après quoi on
l’enferme dans du papier, & on la ferre dans un
endroit fec i pour la 1 êferver à une nouvelle im-
preffion.
Imprimerie en manière noire.
Il eft plus difficile d’imprimer en manière noire
qu’en taille-douce, par la raifon. que les lumières
fe trouvent en creux ; & lorfque les parties de ces
lumières font étroites, la main de l’imprimeur né
peut y entrer pour les effuyer, fans dépouiller les
parties voifines : on fe fert pour y pénétrer d’un
petit bâton pointu, enveloppé d’un linge mouillé.
Le papier doit être vieux trempé ,, & d’une, pâte
fine & moëlleufe. On prend du plus beau noir
d’Allemagne, & on le prépare un peu lâche : il
faut de plus que les planches foient encrées bien
à fond à plufieurs reprifes, & bien effuyées à la
main & non au torchon.
La gravure en manière noire, difent ceux qui
en traitent, ne tire pas un grand nombre de bonnes
épreuves, & s’ufe fort promptement.
C ’eft à l’art d’imprimer, comme nous l’avons dit
en commençant cet article , que nous devons la
multiplication des chefs - d’oeuvre des grands peintres
, par le moyen des eftampes.
C ’eft auffi cet art qui multiplié les épreuves
de la mufique, des cartes de géographie , de l’écriture
faite au burin , & généralement de toutes
. les planches gravées.
Si les anciens qui connoiffoient l’art de graver
avoient su tirer des épreuves de leurs planches, il
eft vraifemblable qu’ils auroient tranfporté cette
invention à l’impréffion des livres •; il n’eût fallu
pour cela qu’exercer des écrivains à écrire à rebours
une écriture curûve fur des planches vernies ; mais
peut-être l’art de forger, laminer & planer les planches
de cuivre, celui depréparer l’eau-forte, leur étoient-
' ils inconnus. Du moins, il paroît que la plupart des
ouvrages en cuivre qui nous font parvenus d’eux,
I ont été fondus. Si cela eft, ceux qui connoiffent ces
fortes de travaux, jugeront de la difficulté qu’il y
auroit eu à préparer, fans le fecours des machines
modernes , la quantité néceffaire de planches pour
former l’édition d’un livre un peu confidérable.
Avec ce fecours même , on emploie rarement la
gravure à l’impreffion de- la lettre, à moins qu’il ne
I M P
s’agiffe que de quelques lignes J ou tout au plus
de quelques pages.
Defcription des deux planches de Vimprimerie en
taille-douce, tome I I I des gravures.
P L A N C H E P R E M I E R E .
La vignette repréfente l’intérieur de l’atelier où
on imprime. Cet atelier, qui eft une chambre ordinaire
, porte auffi le nom d'imprimerie, qui fem-
bleroit ne devoir convenir qu’à la profeffion qu’on
y exerce.
Fig. a , imprimeur occupé à encrer une planche
avec le tampon. La planche gravée eft pofée
fur un gril, fous lequel eft une poêle dé fonte qui
contient du feu.
Fig. b , fécond imprimeur qui effuie la planche
gravée, pour qu’il ne refte du noir que dans les
tailles. Cette opération fe fait fur la table de bois,
qui recouvre le coffre qui eft à gauche de l’imprimeur,
l’encrier étant à fâ droite, & le gril entre
deux. Ce coffre renferme le marbre & la molette,
pour broyer le noir de fumée q u i, avec, l’huile ,
compofe l’encre.
■ Fig. i , la prefle en perfpeâive, félon l’ancienne
bonftru&ion. A B , patin. C D , jumelle. I K , jam-
bettes. L , vis qui retient la traverfe inférieure
dans la mortaife de la jumelle deftinée à la recevoir
: dans-les preffes de la nouvelle conftruéïion ,
il y a deux vis •& deux mortaifes, comme on voit
fig. 6 & fig. 6 , n°-. s , de la planche fuivante.
— Fig. a , imprimeur qui fait tourner le moulinet
ou croifée de la prefle, pour imprimer la fouille
de papier qui eft pofée fur la planche gravée &
recouverte des langes , en faifant paffer le tout
entre les rouleaux de la prefle.
Fig. J , table de l’imprimeur recouverte d’un
ais, fur lequel ilpofe les, eftampes, à mefurequ’elles
font imprimées. Le papier blanc eft fur un ais fem-
blable, qui eft placé fur le fommier de la prefle.
• Bas de la Planche.
Fig• 4 j repréfentation plus en grand & en perf-
peflive de la table de l’imprimeur. E , l’encrier pofé
en pente fur une çalle de bois ; on y voit le tampon
qui fort <a^ appliquer le hoir dans les tailles
cJe jj planche gravée. L’encrier eft placé à droite
de 1 imprimeur. G , eft le gril fous lequel eft une
poele qM contient un fou doux. I , eft la table
à efluyer ; cette table fert de couvercle. au coffre
qui contient le marbre & la molette, qui fervent
a broyer l’encre. Cette table eft à gauche de l'impriment.
Fig. ; , le coffre dont il vient d’être parlé, re-
préfenté ouvert & eh perfpe&ive , pour laiffer
voir le marbre &. fâ molette qui y font renfermées.
Fig. 6-, poêle a feu qui fe place fous le gril.
I M F 6 2 5
Fig. y , le gril en perfpe&îve & vu du côté de
l’imprimeur.
P L A N C H E I I.
Fig. y , élévation géométrale de la prefle, vue par
une dé fes extrémités & garnie de la croifée, au
moyen de laquelle on fait tourner le rouleau fu-
périeur.
Fig. 6, profil de la prefle de nouvelle conftruc-
tion. 4}
^es jumelles font plus larges que dans l’ancienne ;
& au lieu des jambettes I K de la fig. / , on a
fubftitué deux colonnes g h , qui, avec les anciennes
G H , fontiennent les bras O F de la
prefle.. La partie inférieure de la jumelle C D , eft
terminée par deux tenons qui font reçus dans les
mortaifes du patin A B , & l’entre-toife inférieure
0 P , & le fommier H H , figure précédente , font
fixés chacun à chaque jumelle par deux vis , que
l’on voit en L L & en D.
JFig. 6 , n°. 2 , une des deux jumelles vue par le
Coté intérieur, C , les deux tenons qui s’âffemblent
dans les patins. D , mortaifes en queue d’aronde
qui reçoivent les tenons de même forme du fommier.
Au deffous d’y & de ç , font les deux mortaifes
qui reçoivent les tenons de l’entre-toife inférieure
P O , fig. y.
1 Le.s ouvertures r s x , x y \ -, font figurées à
l’ancienne manière.
Dans la nouvelle conftruéfion, on fupprime la
partie x , ënforté que les deux ouvertures n’en
font qu’une feule , . comme on voit dans fi<mre
précédente. 0
Figf f i rouleau fupérieur ; un de fes tourillons
èft terminé .par un carré qui eft reçu dans le trou
dé la croifée ou moulinet, fig. 10. *
Fig. 8 , rouleau inférieur, dont le diamètre eft
plus confidérable que celui du rouleau de deffus.
Fig. 9 r .élévation géométrale & repréfentation
pèrfpeéfive des boîtes qui reçoivent les tourillons
des rouleaux, des hauffes, & des calles qui ferment
à les ferrer contre le fond'des entailles des
jumelles. .
F'S- 7°> k croifée reprèfentée en plan. Le centre
efl fortifié dès deux côtés par une planche carrée •
le fil du bois de l’une, croife le fil dubois de
l’autre , pour donner à cet affemblage la plus
grande folidité. .
Communauté des imprimeurs en taille-douce.
, Avant 1694 , les imprimeurs en taille - douce
n’étoient que de fnnples compagnons , que les
graveurs & imagers de Paris avoient chez eux pour
‘taire rouler les .prelfes de-leur imprimerie.
Ges ouvriers ayant été compris dans le rôle des
nouvelles' communautés ,'dretfé au confeif le 10
avril 1691 , ils furent en conféquence érigés en
corps de jurande par la déclaration du z y février