
placer dans «ne maifon de la rue S. Jacques en
1473 > il® prient pour enfeigne le Soleil d’or.
Les impreflions forties de ces prefles établies
dans la rue S. Jacques par Martin Crants , Ulric
Géring 8c Michel Friburger , font :
1. n Guidonis de Mome-Rocherii Manipulus cu-
31 ratorura. in-folio , 21 mai 1473.
2. » Bàrtholomæi Pifani ex ordine Præd. Summa
5? de cafibus confcientiæ. in*folio.
3. » Guillelmi Durandi Epifcopi Mimatenfis Ra-
» tionale divinorum oiHciorum. in - fo lio , 1475»
Dans la bibliothèque de Sorbonne. >
4. 11 Roderici Zamorenfis Epifcopi Spéculum vitæ
j)humanæ. in-folio, 1474. .C’eft une fécondé édi-
3) tîon. Dans la bibliothèque de Sorbonne.
5. » Biblia facra, in-folio.
6. » S. Gregorii magni Homiliæ 40. De diverfis
v Evangelii leôionibus, in-folio , I er oélobre 1475.
Dans la bibliothèque du collège de Navarre.
7. n Leonardi de Utino ex ord. Præd. Sermones
w de Sanâis. in-folio , 1476.
8. » Angeli de Aretio traâatus de criminibus.
» in-folio, 7 feptembré 1476. Dans la bibliothèque
de Navarre.
9. n Legenda aurea Jacobi Januenfis ex ord.PræJ.
3i in-folio. Dans la bibliothèque de Navarre.
10. n Francifci dePlatea ex ord. Min. Tra&atus
j> de ufura, 8c alius Traâatus de excommunicatio-
v nibus. in-folio , 4 janvier 1476. Dans la bibliothèque
de Sorbonne,
n . » Jacobi Magni, ord. Eremit. S. Auguftini
» Sopholegium. in-folio, Ier juin 1477. Bibliothèque
du collège de Navarre.
12. » Leonardi de Utino ex ord. Præd. Sermones
31 Quadragefimales de legibus. in-folio. Bibl. deSorb.
13. » Ariftotelis Opéra quædam logica. in-folio.
Bibliothèque de Sorbonne.
14. n Guidonis de Monte-Rochii Manipulus cu-
31 ratorum. in-40 ,- 4 juin 1478. Bibliothèque d u collège
Maçarin.
15. n Alberti Eyb Margarita Poëtica de arte dic-
» tandi ac praâicandi Epiftolas. in - fo l io , 1478.
Bibliothèque de Sorbonne.
16. n Joannis Nider ex ord. Præd. Confolatorium
5) timoratæ confcientiæ. in-40, 16 décembre 1478.
Bibliothèque de Sorbonne.
17. 11 Guidonis de Monte-Rochii Manipulus cu-
3) ratorum. in-40 » 22 avril. Bibliothèque Mararine.
18. n Hugonis Cardinalis ex ord. Præd. Specu-
31 lum Ecclefiæ. Spéculum Sacerdotum. Modus con-
31 ficiendi epiftolas Guillelmi Saphonenfis. Spéculum
si aureum animæ peccatoris. 29 avril 1480.
19. n Summa in virtutes cardinales , & vitia illis '
31 contraria , eorumque remedia, ad partem ter-
31 tiam libri de naturalibus exemplis. in-folio, 16
n août 1480. Bibliothèque de Sorbonne.
20. n Joannis Nider ex ord. Præd. Præceptorium
31 divin æ legis. in-40. Bibliothèque de Sorbonne.
21. » S. Gregorii Papæ Homeliæ in EzechieLem.
3i in-40. Bibliothèque de Sorbonne•
21. » Nicolai de Lyra ex ord. Min. Poftilla in
11 Pfalterium. in-40 » 5 nov. 1483.
Les livres de cette fécondé lifte ne font pas du
même caraâère que ceux de la première. Ces éditions
faites dans la rue S. Jacques, font de nouvelles
lettres fondues dans de nouvelles matrices.
On ne retrouve plus dans ces inipreflions les caractères
de Sorbonne qui ont été les premiers ef-
fais de l’imprimerie de Paris ; il femble que ces
premiers imprimeurs , en retirant leurs prefles de
cette maifon, rompirent tous les inftrumens qui
n avoient fervi qu’à faire voir leur nouvel art dans
fon enfance.
On remarque dans ces imprimés trois ou quatre
fortes de caractères. Le G uy de Mont-Rocher de
1473 1 Barthelemi de Pile , le Durand, le Pla-
tea , l’Angelus de Aretio, la Légende, le Léonard
de Udine, font d’une lettre qui n’a pas la même
beauté que celle qu’ils employèrent en Sorbonne.
Elle revient affez à celle de l’écriture de ce temps-
là. Elle n’eft pas néanmoins gothique , mais fem-
blable aux impreflions de Mayence , faites par
Pierre Schoiffer.
Le Zamora, le S. Grégoire de 1475 » in-folio ;
le Sophologium , 8c la fainteBible, font à-peu-près
du même caraCtère, mais plus gros.
Le Summa de virtutibus , le Nider Præceptorium
, les Homélies de S. Grégoire fur Ezéchiel,
le Nicolas de Lyra , font d’un bon caraCtère romain,
c’eft-à-dire, d’une autre lettre plus ronde
& mieux formée.
Mais le Eyb , le Guy de Mont-Rocher de l’année
T478 y l’Ariftote, le Nider Confolatorium, le Hugues
Cardinal, avec les opufcules qui y font joints,
font d’une groffe lettre romaine, bien nette ôc
bien formée. Les belles éditions de Venife, faites
par les célèbres imprimeurs Jean & Vendelin de
Spire , Nicolas Jenfon , Jean de Cologne, Jacques
de Rubeis , OCtavien Scoti, Jean 8c Grégoire de
Forlivio 8c autres , n’ont rien au-defliis de celles-ci.
Les caractères en font prefque aufli beaux que
ceux qui ont paru depuis en France. De forte que
l’on peut dire avec juftice & vérité , qu’Ulric Géring
eft non-feulement le premier imprimeur de
Paris & de France , mais qu’il eft encore le plus
habile de fon temps.
Il faut remarquer qu’Ulric Géring étoit feul
quand il imprima ces volumes. Il eft probable qu’a*
près l’impreflion des Sermons du carême de Leonard
de Udine en 14 7 7, fes deux aflociés, Martin
Crants 8c Michel Friburger, retournèrent en A llemagne.
En effet, depuis cette année-là il n’eft
parlé d’eux nulle part, au lieu qu’on voit Géring
paffer le refte de fes jours à Paris, & y faire de
nouveaux affociés, entr’autres Bertholcîe Rembolt,
avec qui il entreprit beaucoup d’éditions. C e ft
pour cela qu’Ulric Géring doit être regardé comme
le premier imprimeur , quoiqu’il n’ait fur quelques
livres que le fécond rang, & fur d’autres que le
troifième.
Après l’iifipreflion des livres de 'cette fécondé
lifte , Ulric Géring quitta la rue S. Jacques , vint
établir fon imprimerie 8c faire fa dernière demeure
dans la rue de Sorbonne. Ce fut fur la fin de
l’année 1483 qu’il loua des doâeurs, fes anciens
amis , une maifon dans cette rue , où pendoit l’en-
feigne du Buis, & où il tranfporta fon enfeigne
du Soleil d’or. Cette maifon lui fut donnée par un
bail à v ie , à la charge de payer neuf livres chaque
année.
Ulric Géring fut de fon vivant le bienfaiteur
du collège de Sorbonne 8c de celui de Montaigu ,
& leur fit des legs confidérables à fa mort, qui
arriva le 23 août 1510. Il exerça l’imprimerie à
Paris pendant quarante années , où il eut la fa-
tisfaâion de voir ce bel a r t, qu’il avoit apporté
d’Allemagne, parfaitement établi 8c pratiqué par
un grand nombre de fes élèves.
Trois ans après la mort de Géring, fon affocié
Rembolt qui s’étoit marié avec Charlotte Guillard,
loua des doâeurs de la fociété de Sorbonne, une
maifon dans la rue S. Jacques, où pendoient pour
enfeigne le Coq & la Pie. Le bail lui en fut fait
l’année 1507, pour fa vie 8c celle de fa femme,
à la charge de payer tous les ans douze livres, !
& d’y faire un bâtiment de fix cens livres , ce qui
fut exécuté. Il porta avec lui l’enfeigne du Soleil
qu’il avoit euej en commun dans la rue de Sorbonne
avec Ulric Géring ,. & commença l’année
1509 à imprimer en fon nom fe u l, fous cette enfeigne
, le S. Bruno fur les Epîtres de S. Paul, &
la Ludolphe de Saxe de vitâ Chrifli, & y fit plu-
fieurs.autres impreflions jufqu’en l’année 1 5 1 8 ,
en laquelle il mourût.
Quand Géring commença l’imprimerie à Paris,
il employa de bons caraâères , 8c tint ferme longtemps
contre l’ufage des autres imprimeurs qui
introduifirent la lettre gothique ; mais enfin il fe
laiffa entraîner lui-même. Il eft le premier qui a
donné les plus belles lettres ; mais il n’eft pas le
premier qui s’eft relâché , & qui s’eft fervi des
gothiques.
Cependant ce ne font point les imprimeurs de
France qui font les auteurs de ces lettres gothiques.
Dès l’année 1471 on s’en étoit fervi en A llemagne
: dès-lors Henri Eggefteyn avoit imprimé
de ce caractère un gros volume du décret de
Gratïen, qu’on voit dans la bibliothèque de Sorbonne.
Ce fut fur-tout Venife qui, après avoir eu la
gloire, comme on l’a dit plus haut, d’avoir employé
les plus belles lettres , l’a beaucoup diminuée
par une foule d'impreflions gothiques qu’elle fit
dans ces premiers temps, 8c qui donnèrent partout
le mauvais exemple.
Il s’eft même trouvé des imprimeurs à qui le
mélange bizarre des deux caractères a plu, & qui
ont employé la belle lettre 8c le gothique dans
un même livre.
Robert Etienne, dans la fécondé édition en 1543
de fon Dictionnaire latin en deux gros volumes,
n’ayant rien mis de gothique dans le premier
tome, commence le fécond par la lettre L , 8c imprime
en gothique tous les premiers mots alphabétiques
de ce tome , & ceux auxquels il renvoie,
tout le refte étant de bonnes lettres. Sans doute
qu’il voulut fuivre en cela l’exemple de fon beau-
père Simon de Colines , qui avoit fait la même
chofe l’ an 1520 dans l’impreflion du gros DiCtion-
naire de Droit en deux volumes in-fol. de Jean de
Montholon , intitulé Promptuarium divini & humant
Juris.
Le grand nombre d’abréviations fou vent énigmatiques
qui fut introduit dans quelques-unes de ces
premières impreflions, fut un autre défaut d’autant
plus infupportable , qu’il fit rejeter la plupart de
ces éditions. On ftit même obligé , pour enfeigner
à lire ces abréviations dans les volumes de droit,
de faire un livre intitulé : Modus Legendi abrevia-
turas in utroque jure , imprimé in-8°. à Paris par
Jean Petit, l’an 1498.
Ulric Géring , inftruit vraifemblablement à
Mayence, avoit imprimé en rouge dès l’année 1470
le titre de la lettre de Fichet au cardinal Rolin. Mais
il a employé cette couleur dans toute fa beauté &
tout fon .éclat dans les impreflions qu’il fit depuis en
rouge 8c noir du Pfeautier, du Diurnal, du Bréviaire
, du Miffel, des Heures à l’ufage du diocèfe
de Paris, 8c de quelques volumes de droit.
Ce mélange des deux couleurs donne de l’a-
: grément à l’impreflion , & réjouit la vue qui fe
i plaît dans cette diverfité. Les meilleurs imprimeurs
ont fuivi l’exemple de Géring : dans l’impreflion
des livres d’églife, ils ont diftinguéee qu’on appelle
rubriques par le rouge. On a blâmé ceux qui avoient
fait au contraire imprimer les rubriques en lettres
noires.
On commença à graver des poinçons, à frapper
des matrices 8e à fondre des lettres grecques à Paris,
autant qu’il en falloit pour avoir des éditions entières
en cette langue, l’année 1507. Ce fut François
Tiffard qui en prit le foin, & qui foliieita
Gilles Gourmont d’établir l’imprimerie grecque à
Paris ; ce qu’il f it , & les premiers livres tout
grecs parurent cette année-là pour l’étude de cette
langue dans l’univerfité. Le premier livre grec qui
fortit des prefles Françoifes fut un in-40., contenant
les fentences des fept fages de la Grèce , les
vers dorés de Pythagore, le poème moral de Pho-
cy lid e, les vers de la Sybille d’Erythrée , avec
l’alphabet grec 8c quelques autres opufcules.
Gilles Gourmont fut encore le premier imprimeur
de Paris qui eut des caractères hébreux en
1 5 0 8 ,8c qui en fit les premiers effais, de même
fous les yeux de François Tiffard. Le premier
ouvrage en hébreu qui fortit de fes prefles fut
une grammaire hébraïque in-40. Elle eft dans la
bibliothèque de Sorbonne.
Après Gilles Gourmont, les imprimeurs fe pour*.