par la chaleur du foleil, de telle forte qu’il s’agite 8c
le trànfporte avec rapidité d’un lieu de la terre à un
autre. On peut encore définir le vent un mouvement
de l’air caufé par des exhalaifons 8c des vapeurs ,
mais principalement par les vapeurs mêmes ;dont la
grande raréfa&ion & là dilatation furpafient de beaucoup
l’effet -des exhalaifons ; comme on le voit par
les violences & les ravages que font les vapeurs,
lorfqu’elles paffent d’un lieu où elles font refferrées ,
dans un autre où elles trouvent plus d’efpace pour
fe dilater & s’étendre.
Ainfi la raréfaâioa de l’air, produite par la chaleur
du fole il, l’éruption violente des exhalaifons ,
ce fur-tout des vapeurs par les fermentations fouter-
raines, & même là preflion des nuages , enfin les
effets reconnus de nos jours deTéleâric.ité, font autant
de caufes diverfes qui produifent les vents.
On peut, avec Virruve* comparer les cavités
fouterraines.au corps d’un éolipile, les feux intérieurs
de nôtre globe aux charbons ardens fur lef-
quels on pofe l’éolipile , enfin fon bec ouvert, par
où s'échappent des vapeurs, aux fentes de la terre.
Placez maintenant fur le feu cette foible image d’un
effet infiniment plus grand , & faites que cet infiniment
de çomparaifon renferme un peu d’eau. Bientôt
l’air, fiffle , l’eau s’échauffe , elle s’élance, elle
entraîne avec elle un filèt de vapeurs qui, forcées de
paffer rapidement par une ouverture refferrée ,
pouffent l’air avec une affez grande violence. Telles
font les vapeurs renfermées dans lefein de la terre-
& des eaux.
La preflion des nuées fendues agite aufli l’air qui
nous environne & qui veut s’échapper : cette agitation
violente produit un vent impétueux, mais pour
l’ordinaire de peu dé durée.
Quant à la direEtion des vents., elle provient de la
diverfe fituation des endroits d’où ilsfortent, & de
ceux qui les réfléchiffent. Les corps qui partent d’un
lieu fuivent la direction qu'ils ont d’abord reçue, juf-
qu’à ce que quelque obftacle leur donne une direction
nouvelle.
Le goulet d’un éolipile regarde-t-il le fud ? il en
fort un vent qui va au nord au fud. Ce goulet regar-
de-t-il le nord ? il en fort un vent qui va du fud au
nord. De même la direction d’un vent qui fort de la
terre & des eaux répond à la direction de l’iffue par
laquelle il fort.
Mais ce vent rencontre-t-il des montagnes , des
nuages r" il fe réfléchit, faifant un angle de réflexion
à peu prps égal à celui d’incidence ; de-làunvent dirigé
dû midi au feptentrion , ou du feptentrion au
midi, en deviendra un qui s’approchera plus ou
moins du levant ou du couchant, félon la pofition
du corps qui aura fait obfiacle à fa courfe naturelle.
Ces obfiacles quelconques font la raifon pour laquelle
une cheminée à l’abri -, par exemple , du vent
du nord , fumera néanmoins quelquefois , parce
que ce vent aura été réfléchi & renvoyé dans le
corps de la cheminée par quelque muraille voifine ,
OP par le tuyau de quelque autre cheminée.
La première & la plus ancienne partition des
vents a été tirée des quatre parties du monde d’où
ils foufflent, favoir , du nord., du fud , del'ouejl &
de l’ej?; on les a nommés vents cardinaux , parce
. qu’ils viennent des principaux points de l’horizon.
On a appelé vents collatéraux ceux qui font placés
entre les autres. Chacun des vents collatéraux fe
trouvant au milieu de deux vents cardinaux, fon
nom eft compofé des deux vents au milieu defquels
ils fe trouvent, en obfervant que les mots de nord
ou de fud doivent toujours précéder. Ainfi l’on dit
nord-efl, pour défigner le vent qui tient le milieu de
l’efpace entre le nord & l’eft , & on dit fud-euefl ,
pour défigner le vent collatéral qui fouffle entre le
midi & le couchant.
Les huit autres vents qu’on a ajoutés aux huit premiers,
& qu’on appelle vents troifiémes , dont chacun
eft fitué entre un vent cardinal & un vent collatéral
, ont un nom compofé des noms de tous les
deux. Un vent eft-il au milieu du nord 8c du nord-
eft ? on l’appelle nord-nord-ejl ; eft-il entre l’eft & le
nord-efl ? On l’appelle efl-nord-efl. Ainfi des autres ,
en faifant toujours précéder le nom du vent collatéral
par le nom duvent cardinal.
On compte jufqu’à trente - deux vents fur mer ;
mais il fuffit pour l’art du fumïfle de connoître ceux
dont on vient de parler.
Parmi tous ces vents , on diftingue ceux qui font
réglés d’avec ceux qui font libres : on appelle vents
alités ceux qui ne manquent point de fouffler en certains,
temps.
Dans les pays tempérés , il y a peu de vents réglés
, étant contraints de céder aux vents.libres qui
furviennent. .
Les vents libres foufllent plus fouvent le matin
ou le foir , qu’à midi ou pendant la nuit, & plus foü-
vent encore en des lieux caverneux , montueux &
remplis de forêts ; parce que dans ces fortes de
lieux, les vents réglés & généraux font néceffaire-
ment dérangés de leur direélion naturelle.
L e vent dis fud eft le plus inconflant de tous les
vents en Europe ; il y fouffle fans règle Sc fans aucun
rapport avec les iaifons. Lorfqu’il commence ou
qu’il ce fie, il change le temps de beau en pluvieux -,
& le rend doux s’il étoit froid; parce que fon origine
étant proche de nous, il fouffle de bas en haut, 8t
par cette détermination, il détache beaucoup de particules
dedeffus lafurface des eaux, &' l’air étant
beaucoup plus raréfié & plus léger,il s’imbibe d’une
plus grande quantité de vapeurs. De là vient que ce
vent eft extrêmement pluvieux, 8c en conféquence
les .cheminées fume’nt prefque toutes pendant qu’il
fouffle, par la raifon qu’on dira ci-après en parlant de
la pluie. Heureufement qu’il fouffle plus fouvent la
nuitquele jour, particulièrement en hiver. Il fouffle
ordinairement feu l, 8c fans être contrarié par aucun
autre. ♦
Quant a fa dirçétion de bas en haut, c’eft une
chofe à remarquer pour les cheminées à foupiraux
i qui font tournées à ce vent, parce qu’alors on en
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place l’ouverture bien différemment que s’il fouffloit
de haut en bas.
Le vent du r.ordtft. très-condenfé, puifque le mercure
monte lorfqu’il fouffle , ce qui ne fauroit arriver
fi le reffort ou la pefanteur de l’air n’augmente ;
©r cette propriété de l’air ne peut augmenter qu’à
mefure que la condenfation eft plus forte. Cela nous:
fait voir pourquoi le vent du nord fouffle de haut en
bas , 8c pourquoi il n’eft ni pluvieux , ni nébuleux.
Plus pefant queTair méridional vers lequel il eft
porté, 8c beaucoup plus ferré 8c plus compaéle , il
ne fe remplit point de vapeurs. Outre cela, fa détermination
, loin de détacher des vapeurs de defîùs la
furface des eaux, empêche plutôt qu’il ne s’en élèye;.
c’eft pourquoi les foupiraux des cheminées tournés
à ce vent doivent être inclines, ou au moins pofés
horizontalement : ce vent n’én exclut point d’autre.
■ Les vents-orientaux font pour l’ordinaire plus fecs
que les occidentaux ; ils rendent l’air plus v if 8c plus
fèrein ; ils chaflënt- les vapeurs : ils foufflent fouvent
le matin en été; c’eft apparemment l’effet de la
r-aréfa&ion de l’air eau fée par la chaleur du foleil levant
, qui a fa dire&ion à Foccident , 8c dont l’im-
preffion fe fait fentir jufqu’à nous. On a remarqué '
que les tempêtes qu’excitent les vents d’orient du-
'rent tout le jour, 8c que les objets paroiffent plus
grands pendant que ces vents foufflent.
Les vents occidentaux font troubles; ilsfoufflent
ordinairement le foir , changent facilement, font
plusvéhémens que les orientaux, 8c font que les
ions s’entendent de fort loin. Voilà en général :les
différentes propriétés des vents cardinaux.
D ’après ce qui vient d’être dit touchant les vents,
il n’eft pas difficile de comprendre comment ils peuvent
eau fér le refoulement de la fumée. La force
avec laquelle ils s’enfournent dans le tuyau de la che-.
minée, contraint là fiimée à descendre, 8c à chercher
une iffue dans la chambre où elle ne trouve
prefque point de réfiftance. Il eft vrai qüe la-fumée
tend en haut par l’a&ton des corpufcules de l’air collatéral
qui la preflent ; mais le vent prédomine toujours
à. cette aâion , qui étant la plus foible, doit
céder à la dire&ion du plus fort ; car l’air qui eft
dans la cheminée , quelque fumée qu’il y ait, eft
toujours plus raréfié 8c moins preffe que celui de dehors
, quand le vent fouffle 8c va( fort vite ; 8c s’il
n’entre pas toujours par la cheminée en paffàht par
defiùs horizontalement-, c’eft parce qu’il trouve devant
lui une libre iffue.
; Onpourroit, dira-t-on, interrompre la direéfion'
du vent dans le tuyau de la cheminée par-lé moyen
d’une couverture horizontale : cefa eft vrai ; mais
on ne l’empêchera pas toujours de fumer par un
grand v ent, puifqu’on voit prefque par-tout des
cheminées fumeufes , quoiqu’elles foient couvertes
horizontalement rsdfoù vient cela ? I fi ce n’eft de la
grande agi ration qu’un vënt violent caufe dans l’air
extérieur-de la cheminée , qui y jeft plusfquefuffifant
pour em pêcher l'iffue de la fumée; puifqu’elle rompt ;
fa dire&ion.ôc la voie qu’elle s’étoir ouverte à tra vers
F U M , 103
un air calme 8c tranquille. Ce chemin étant interrompu
8c occupé fucceftivement par des flots d’air
qu’elle ne peut vaincre, elle eft donc forcée de rester
dans le tuyau de la cheminée , lequel fe remplit
bientôt de fumée , dont la furabondance fe répand
néceffairement dans la chambre, comme étant le
feul chemin qui lui foit ouvert.
Mais on pourra demander comment la fumée
qui «eft déjà parvenue au haut du tuyau de la che- ’
minée, peut redefeendre en bas ; puifque félon les
règles du moqvement, quand un corps a été chaffé
du lieu qu’il occupoit, 8c qu’une caufe extérieure
l’a pouffé dans un autre , il femble qu’il ne doit
point retourner dans le lieu qu’il a quitté , fur-tout
fi cette caufe fubfifte toujours dans fa même force.
La réponfe à cette objeéiion eft que cela arrive ,
lorfqu’il y a une nouvelle caufe extérieure plus
piiiffante que la-première. A in fi, la fumée, ayant
été poufleé d’abord jufqu’à l’extrémité du tuyau de
la cheminée, par Faéïion de la chaleur du feu 8c de
l’air collatéral, elle eft enfulte repouffée en bas par
la force du vent extérieur, ou par la pefanteur de'
là pluie, foit même pat le, poids de la lumière du
foleil, foit par la vibration de fes ràyons , qui font'
de nouvelles caufes plus puiftantes que les premières.
Il n’eft donc pas albrs furprenant que la
fumée redefeende. '
Du défaut d'air.
Si la fumée ne monte que par l’aftion du feu &
de l’air collatéral qui la prefle, il s’enfuit nécéftair^
rëmentlque lôrfque l’air de la chambre n’eft pas
en faffilante quantité"pour "forcer la fumée, paria
preflion1, de, lui.céder la place en la chaffant en
haut ; elle ne peut pas monter , 8c par conféqùenr
qu’elle doit fe répandre dans la chambre.
; O r , il n’àrrive que trop fouvent que les endroit?
ou Fon fait du feü^ foient privés, d’une affez grande
quantité d’air pour pouffer la fumée, fur-tout lorsqu’ils
font bien fermés. '
Çëtte-privation -vient, fuivant M. G auler, dans
fa Mécanique du feu , i°. de ce que l’air fe 'raréfie
par là chaleur, & îàtffe par conféqtieht phifiéurs
intervalles entre fes parties', ou plufieurs efpaces
remplis de matière qui réfifte moins à la fumée que
ne faifpient les parties de l’air dont elle prend <§r
occnpe la place ; 2°. de. ce qu’il fort une partie de
l’air de la chambre avec la fumée. Ainfi'celle que
le feu fait continuellement, fe trouve moins préffée1
par l’air intérieur qui refte dans la chambre*'; que.,
par l’air extérieur qui eft-en haut de la cheminée^
elle rentre dans la chambre , 8c. y caufe les incommodités
que Ton reffent fi fouvent; 3®. l’air -d’une
chambre fort gneore lorfqü’on ouvre une porte qui
à communication dans'quelque autré endroit plus’
chaud , 8c donne ainfi un «moyen à là fumée de f entrer
dans la chambre où elle fe trouve moins prefféë
que par dehors, ce-qui arriverdit pareillement enT
ouvrant" une porte' ou une -fenêtre d ila té * dpbôfè-
à celui d’où vient le vent»