
Lacune ; ce mot s’entend , dans la pratique de
l’imprimerie, d’un vide ou interruption de difcours
que l’on imite dans l’imprefiion lorfqu’il s’en trouve
dans un manufcrit 3 que l’on n’a pas jugé à propos
ou que l’on n’a pu remplir ; a fiez ordinairement
on repréfente ce défaut d’un manufcrit- à
l’impreffion, par des lignes de points.
L aine ( pain de ) ; on donne ce nom à' la quantité
de laine qui le met dans chaque bulle.
Languette ; c’eft une petite pièce de fer mince,
d’un pouce & demi de large, & d’un pouce de
lon g, arrondie par l’extrémité , laquelle eft attachée
hors d’oeuvre du châflis de la frifquette,
pour fixer à l’ouvrier un endroit certain pour la
lever & l’abaiffer, à mefure qu’il imprime chaque
feuille dé papier : quelques perfonnes lui donnent
le nom d'oreille.
L arron ; c’eft un pli qui fie trouve dans une
feuille de papier, lequel, quand les imprimeurs
n’ont pas loin de l’ôter avant üpie k feuille pafle
fous la preffe, caufe une défeâuofité qui fe nfa-
nifefte lorfqu’on donne à cette feuille fon étendue
naturelle, par un blanc déplacé y ou interruption
d’impreflion. Les imprimeurs entendent aufli par
larron, le même effet produit par un petit morceau
de papier qui fe trouve fur la feuille qu’ils
impriment, & qui vient à fe détacher au fortir
de la preffe : ce cas eft même plus fréquent que
le premier.
Laver les formes. Dans l’imprimerie on eft
obligé de laver les formes ; pour cet effet , on les
porte au baquet ; on verfe deffus une quantité de
leffive capable de les y cacher, on les y broffe
dans toute leur étendue ; après quoi, on les rince
à l’eau nette : cette fon&ion effentielle fe doit faire
avant de mettre les formes fous la preffe, quand
le tirage en eft fini, & tous les foirs en quittant
l’ouvrage.
Lessive d’imprimerie ; eft la même que celle
dont on s’eft fervi pour lefliver le linge ; mais
pour la rendre plus douce & plus on&ueufe, on
y fait fondre une fuffifante quantité de drogue,
■ que l’on nomme aufli potaffe. C ’eft dans cette
lejjive , qui dans le bon ufage doit être chaude ,
pour ménager l’oeil de la lettre , qu’on lave les
formes avec la brofié, de façon qu’il ne' doit refter
aucun veftige d’encre fur la lettre, fur les garnitures,
ni fur le châflis.
L ettres ; les imprimeurs nomment ainfi , &
fans acception de corps ou de grandeur, chaque
pièce mobile & féparée dont font affortis les dif-
férens cara&ères en ufage dans l’imprimerie ; mais
ils en diftinguent de quatre fortest dans chaque
corps de caraâères, qui font les capitales , perifes
capitales , ou majufcules & minufcuies, les lettres
du bas de caffe & lettres doubles , telles que le
jfi, le f i , le double JJi & le double f i , & quelques
autres. Il y a outre ces corps & grandeurs un
nombre de lettres pour l’impreflion des affiches &
placards, que l’on nom nie, à caufe de leur grandeur
& de leur ufage, greffes 8t Moyennes : elles
font de fonte ou de bois ; ces corps n’ont ni petites
capitales ni lettres dit bas de caffe.
Lettre capitale , grande lettre , lettre nidjufeule.
Les anciens manuferits grecs & latins, font entièrement
écrits en lettres capitales ; & lors de la
naiffartee de l’imprimerie, on mit âu jour quelques
livres r tout en capitales. Noùs avons un Homère,
une Anthologie grecque, un Apollonius, imprimés
de cette façon : on en doit l’idée à Jean
Lafcaris, furnortiffié Rhyndacène ; mais on lui doit
bien mieux , c’eft d’avoir le premier apporté en
Occident la plupart des plus beaux manuferits grecs
que l’on y connoifl'e. Il finit fes jours à Rome en
* 535- I . _ Lettre crénèe ; c’eft une lettre dont une partie eft
en faillie fur la lettre fuivante.
Lettre grife ; les imprimeurs-appellent ainfi des
lettres entourées d’ornemens de gravure , foit en
bois, foit eii taille-douce ; elles font d’ufage pour
commencer la matière d’un Ouvrage , aux pages
où il y a une vignette en bois.
Lettres de deux points ; ce font des lettres majufcules
qui portent fur le commencement de deux
lignes , fans laiffer de blanc au deffoüs comme
les lettres capitales ordinaires : elles font fondues
de manière que leur corps eft précifément le
double du- caractère fur lequel ort les emploie.
Il y a aufli des lettres de trois points, de quatre
points. On s’en fert au commencement des chapitres
, des articles ou autres divifions d’un ouvrage
, pour le premier mot du difcours. L’ancien
ufage de v l’imprimerie étoit de faire potter ces
lettres de deux , de trois points, &c. fur autant de
lignes , enforte que le commencement de la fécondé
& de la troifième ligne, étoit occupé par
une portion de ces lettres ; ce qui faifoit une ef~
pèce de contre-ferts typographique : aujourd’hui
on les place de manière que le bas de la lettre
de deux points s’aligne avec la féconde lettré ,
& par conféquent avec toutes celles de la première
ligne, & que le haut fe perd dans le blanc du
titre qui eft au deffus : ori*lui donne le nom de
lettre montante. Quoique ce dernier ufage paroiffe
plus raifonnable, on eft forcé de revenir à l’ancien
lorfqu’on fe fert de lettres ornées, qui font
des lettres capitales entourées de vignettes ; ou
de lettres grifes , qui font des lettres gravées en
bois & entourées d’ornemens ; ou enfin, des paffe-
pariouts , qui font des efpèces de vignettes gravées
en bois, dans le centre defquelles on a pratiqué
un vide pour y adapter telle lettre que l’on
veut.
Lettres mauvdifes d'oeil ; font des lettres gâtées
qu’il faut ôter dans la correélion d’un ouvrage.
Lettrine ; les lettrines font des lettres dont on
accompagne un mot qui eft expliqué à la marge,
ou en note au bas de la page. Ces fortes de lettres
fe mettent ordinairement en italique & entre deux
parenthèfes , & fe répètent ainfi au commence-
•ment d e l ’e x p lic a tio n o u in te rp ré ta tio n à la q u e lle
o n r e n v o ie .
Levée des feuilles imprimées ; c’eft un certain
nombre de ces feuilles qu’on affemble ou
qu’on lève, pour les mettre en pile avec d’autres
levées.
Lever la correction ; c’eft prendre dans la
caffe les lettres dont on a befoin, pour faire les
correéiions marquées fur une épreuve.
Lever la lettre; terme ufité pour défigner
l’a&ion du compofiteur , lorfqu’il prend dans la
caffe les lettres les unes après les autres, qu’il les
arrange dans le compofteur pour en former des
lignes, dont le nombre répété fait des pages, puis
des formes-.
Libraire ; marchand qui vend des livres , &
qui fouvent en fait imprimer.
Libraire bibliographe ; celui qui fait principalement
commerce de livres anciennement imprimés
, ou de livres affortis dont il n’a pas acquis
les éditions entières ou. partielles.
Libraire fo r a in ; celui qui apporte de la province
ou des pays étrangers, des balles de livres
dont il vient faire lui-même le débit.
Librairie ; c’eft l ’art ou la profeflion de libraire.
On nomme aufli lib ra ir ieun magafin de livres.
Librairie nouvelle ; c’eft le commerce de livres
nouvellement imprimés.
Librairie ancienne j c’eft le commerce des livres
anciens.
jl-ig a tu r e ; ce1 terme peut, fi l’on v eut, s’entendre
des lettres doubles ; mais il appartient plus
pofitivement aux caractères grecs, dont quelques-
uns liés enfemble donnent des fyllabes & des mots
en tiers ^
Ligne ; c’eft une rangée ou fuite de caraâères ,
renfermée dans l’étendue que donne la juftifica-
tion prife avec le compofteur : la page d’impref-
non eft compofée d’un nombre de lignes qui doivent
etre bien juftifiées, & les mots efpacés également.
Lire sur le plomb ; c’eft lire fur l’oeil du caractère
le contenu d’une page ou d’une forme. Il
eft de la prudence d’un compofiteur de relire fa
ligne fur le plomb lorfqu’elle eft formée dans fon
compofteur, avant de la juftifier & de la mettre dans
la galée.
, •ç » du mot latin liber , qui fignifie une
ecorce fur laquelle on écrivoit autrefois , eft un
volume compofé de plufieurs feuilles imprimées
& reliées enfemble.
On diftingue les livres fuivant leur format, en
in-12,, in-40, in-folio, &c.
Lune ; cette planette a différens lignes dans
limpreffion, pour marquer fes phafes.
<f|) Nouvelle lune.
@ Premier quartier.
- ® Pleine lune.
^ Dernier quartier.
Mà CAF ; c’eft la petite ligne horizontale qui
joint deux mots enfemble dans l’écriture hébraïque;
comme dans cet exemple françois, vous aime-t-il?
Macaf vient de necaf, joindre. Les grammairiens
hébraïfans prononcent maccaph, les autres macaf.
Maculatures ; tes imprimeurs appellent ma-
culatures les feuilles de papier, grifes ou demi-
blanches, & très-épaiffes, qui fervent d’envelope
aux rames. Ils s’en fervent pour eonferver le papier
blanc, qu’ils pofent toujours fur une de ces
feuilles, à fur & à mefure qu’ils le trempent ou
qu’ils l’impriment.
Les imprimeurs, ainfi que les libraires, entendent
aufli par maculatures, les feuilles qui fe trouvent
mal imprimées , pochées, peu lifibles, &
entièrement défe&ueufes.
Maculer ; les feuilles d’impreflion maculées
ou qui maculent, font des feuilles qui, ayant été
battues par le relieur, en fortant pour ainfi dire
de la preffe, & avant d’être bien sèches, font peu
lifibles , les lignes paroiffant fe doubler les unes
dans les autres; ce qui arrive quand l’encre qui
foutiendroit par elle-même le battement confidé-
rable du marteau, ne peut plus le foutenir , parce
que l’humidité du papier l’excite à s’épancher &
à fortir des bornes de l’oeil de la lettre ; effet que
l’on évitera prefque toujours fi le papier & l’encre
ont eu un temps raifonnable pour fécher.
Main ; c’eft un figne figuré comme une main
naturelle , en ufage dans l’imprimerie pour marquer
une note ou une obfervation : exemple
Majuscules ; les capitales font les majufcules,
& lès petites capitales les minufcuies de l’impref-
fion.
Manchettes; les imprimeurs appellent un ouvrage
à manchettes, un manufcrit dont les marges
font chargées d'additions*
Manivelle; c’eft un manche de bois creufé
long de trois pouces & demi fur cinq pouces de
diamètre, dans lequel paffe le bout de la broche
du rouleau ; fon ufage eft pour la plus grande
commodité de la main de l’ouvrier.
On tourne la manivelle pour faire avancer le
train fous la platine & le retirer de deffous au
moyen du rouleau dans lequel on paffe une corde
qui eft attachée au coffre, & de l’autre bout au
chevalet ou bois qui fupporte les tympans.
Marbre ; les imprimeurs nomment ainfi la
pierre fur laquelle ils impofent & corrigent les
formes. C ’eft une pierre de liais très-unie, d’une
épaiffeur raifonnable, montée fur un pied de bois
dans le vide duquel on pratique de petites tablettes
pour placer différentes chofes drafage dans
l’imprimerie.
Un marbre, pour l’ordinaire, doit excéder en
tous fens la grandeur commune d’une forme : il
y en a aulfi de grandeur à contenir plufieurs formes
à-la-fois.
Le marbre de preffe d’imprimerie eft aufli une
pierre de liais, très-unie , & faite pour être en