qui exigent que le manteau de la cheminée (bit
très-bas , pour qu’elle ne fume pas : ce qui fe peut
faire facilement parle moyen d’une planche que
l’on attache deffous le chambranle de la cheminée ;
elle renvoie par ce moyen plus de chaleur dans
la chambre, pourvu qu’elle ait fes pieds-droits auffi
avancés que le manteau , & par là le feu fe trouvant
à l’abri des vents , des portes & des fenêtres
qui font pres se la cheminée, la fumée ne fera
point attirée dans la chambre. Savot a fait dans la
fuite la même obfervation.
La conftru&ion des cheminées que ce dernier
auteur nous a laifl'ée, eft affez femblable à celle de
Delorme, excepté qu’il vou droit que le contre-coeur
fût conduit depuis l’aire du foyer jufqu’àla hauteur
du plancher un peu en talus > afin, dit-il, que la
fumée venant à-frapper contre , elle fe réfiéchiffe
plutôt dans le tuyau.
Enfin , tous ces architectes s’accordent en ce
que l’intérieur de la cheminée foit conduit le plus
uniment qu’il fera pofiible, de peur que les inégalités
qui feroient dans le tuyau , ne fuffent un
obftacle à la fumée ; c’eft pourquoi ils confeillent |
de faire nettoyer de temps en temps les cheminées,
pour empêcher les inégalités que la trop grande
quantité de fuie pourroit y former.
De la Jituation des cheminées.
Il y a des cheminées qui font , non-feulement fi
mal faites, mais encore fi mal fituées, que quelque
moyen qu’on emploie pour les corriger, on ne
peut jamais y parvenir fans les refaire, ou du moins
fans changer la difpofition extérieure de l’ouverture
de leur tuyau, ce qui eft fort défagrêable.
On a vu de nos jours un architeCte Italien qui a
rebâti l’abbaye de S. Seine en Bourgogne ; il avoit
acquis la connoiffance des vents à un tel point,
qu’avec ce fecour§, il a fi bien conftruit toutes les
cheminées de cette^abbàye, qu’il n’y en a auciule
qui fume, comme il l’avoit promis auparavant ,
quoique la fituation foit tout-à fait' ingrate pour ce
objet ; car cette abbaye eft fituée dans lin vallon
dominé de tous côtés par des montagnes affez
hautes. Il eft vrai que cet habile architeCte poffédoit
les fciences analogues à fon art, fur-tout la géométrie
, dont il faifoit ufage pour eonftruire fes
cheminées, avec toutes les dimenfions & proportions
néceffaires à fa fin. Mais ce qui lui a le plus
fervi dans la çonftruâion de fes cheminées , c’éft
la parfaite connoiffance des vents , comme il l’a
»voué lui-même ; c’eft pourquoi il avoit un foin par-
ticfilier de faire travailler aux cheminées lorfque
certains vents fouffloient, & auffiïôt que cés vënts
favoris ne fouffloient plus il faifoit quitter les cheminées,
& travailler au corps de logis ; ces memes
vents fouffloient-ils de nouveau ? tout de fuite il
faifoit courir aux cheminées , & abandonner le
corps de logis. C ’eft par une conduite fi fingulière
en apparence , qu’il eft parvenu à faire de très-
bonnes cheminées qui ne fument par aucun v en t,
quoiqu’ils Cotent fréquens dans un vallon fi profond.
On pourroit demander la raifon phyfique
d’un fuccès fi inopiné ; l’architeCte n’a pas jugé, à
propos de la donner, pas même aux religieux de
l’abbaye.' /
O r , pour revenir à notre queftion, je dis qu’il
faut premièrement (avoir s’orienter. Rien n’eft plus
facile que cela , en tirant ila ligne i de midi. O a
donne pour cet effet plufieurs, méthodes , entre
lefquelles la plus^jbrompte & la plus commode eft
avec la boulfole carrée , qui eft ordinairement, &
prefque la feule en ufage parmi les artifans. Cette
méthode néanmoins eft peu affurée, fi on ne fait au
préalable la jufte déclinaifon de l’aiguille aimantée,
qui diffèrëtelon les temps & les lieux. ;
. Voici un moyeu plus commun & plus affuré
pour trouver le méridien. Il faut décrire deux ou
trois cercles fur une pierre où une planche bien
polie j & pofée de niveau. Au centre , foit planté
un ftyle d’équerre de la longueur de la moitié du
diamètre d’un des cercles ; enfuite il faut obferver ,
^~trois ou quatre heures avant midi, quand l’ombre
du ftylé entrera dans un des cercles , & le marquer
exactement avec un point. Il faut faire la même
obfervation après midi , lorfque l’ombre du ftyle
fortira du même cercle. Cela étant fait , divifez
l’arc compris entre ces deux points d’attouchement,
du point du milieu; & , par le centre, tirez une
ligne, qui fera la méridienne. L’opération en fera
plus exaéte fi on la fait dans un des équinoxes.
Ayant donc le point de midi, on pourra con-
noître de-là les autres trois points de l’horizon, &
en conséquence tourner les cheminées du côté le
plus favorable , & les eonftruire de la façon la plus
convenable ; car un architeCte ne doit pas ignorer
qu’il les faut faire en certains lieux , rondes ; en
d’autres, triangulaires ; dans ceux-ci, hémifphé-
riques; dans c e u x - là , carrées : le tout doit être
ordonné félon que la fituation & la* nature du lieu
| le pourront permettre ou requérir.
C’eft là une de ces règles générales que Delorme
a données pour avoir des cheminées qui ne fument
point, en conformité de laquelle il prétend qu’il
faut tourner les bâtimens félon les vents , vu que
les uns doivent être percés & ouverts d’un certain
çôté ; & les autres, au contraire, d’un autre.
Il a remarqué , par exemple, que les cuifines qui
regardent le midi ik l’occident, font non-feulement
plus commodes pour y apprêter à manger promptement
& avec moins de bois, mais encore le bois
y brûlera mieux & y fumera moins qu’aux cheminées
feptentrianales ; pour cela , il faut obferver
(ur-tout de ne faire les fenêtres ou les portes que
cLu côté d e l’oceident & du midi, ou bien entre l’un
& l’autre , & non ailleurs.
De plus:, ces fenêtres doivent être conftruites
différemment des autres-; c’eft-à-dire, que les em-
brafures 'qui font ordinairement en dedans, doivent
être en dehors , & que l’endroit de l’appui foit
conduit en pente par dehors à l’inftar des fenêtres
tPéglife. Quant à l’arrière- ceintre, il faut qu’il foit
fort élevé par dedans en façon dé trompé. Delorme
a éprouvé qu’une cuifine, percée & ouverte de cette
façon , n’étoit nullement fujette à fumer.
Le même auteur, en parlant de la fituation des
cheminées , enfeigne aufli qu’un des vrais moyens
de les empêcher de fumer , c’eft de.les mettre dans
l’épaifteur du mur le plus avant qu’il eft poflible ;
il s’y trouve en même temps un autre avantage ,
qui eft qu’elles tiennent moins de place dans une
chambre.
Plujieurs moyens de corriger les cheminées fumeufes ,
tirés d'Alberti Léon.
Alberti a laiffé divers moyens de nous garantir
de la fumée ; leur fimplicité , jointe à l’heureux
fuccès avec lequel ils ont été mis en ufage, lès a
rendus communs prefque par-tout.
Parle premier, il ordonne de couvrir le haut du
tuyau de la cheminée en façon de mitre, afin que
le vent, la pluie, ni la neige ne puiffent y avoir
aucun accès; mais il faut lalffer pour I’iflue de là
fumée, des ouvertures dans les côtés même une
au milieu s’il eft néceffaire , & lés recouvrir en
forme de lucarnes, afin que les tourbillons de vent
n’aient point tant de prifè pour s’y enfourner.
Si ce moyen ne réuflit pas bien, l’auteur con-
feille de couvrir la furface de la cheminée avec des
faîtières ou grandes tuiles creüfes. Cette méthode
peut être d’ulage contre les vents d’oueft êc de fud,
lorfque la cheminée eft tournée à l’un de ces deux
vents, qui, pour l’ordinaire, font réfouler la fumée,
lorfqü’ils ont prife fur le tuyau de la cheminée.
Si une cheminée eft ouverte des quatre faces,
& fe trouve fituée dans urt lieu découvert & ex-
pofée à tous les vetits* ces ouvertures donneront
un libre paffage au vent , de quelque côté qu’il
fouffle, & la couverture pratiquée de cette façon ,
empêchera qu’il n’entre dans le tuyau de la cheminée.,
Le moyen que l’on va propofer , à été pratiqué
& recommandé par Paduanus & Delorme , longtemps
après Alberti. Il eft certain que l’utilité qu’on
en retire l’a fait mettre en ufage dans plufieurs
villes, quoiqu’il foit également coûteux & fingu-
lifer, comme on le verra par le détail fuivant.
Il faut appliquer fur le tuyau de la cheminée, un
tabôurin fait en forme de demi-chaudron ou quart
de fphère, fixé par une tige de fer mobile, mife
perpendiculairement , & fupportèe par deux tra-
verfes de fer ; on attachera à cette tige , par le
moyen de deux barres de f e r u n e grande planche
en façon de girouette ; lorfqûe le vent la fera tourner
, elle fervira comme de timon ou de gouvernail
pour faire tourner en même temps la conque, dont
la partie poftérieure fe trouvera, par ce moyen,
toujours oppoféë au vent ; ellé tournera tout autour
de la cheminée , félon que le vent fera'tourner la
girouette; elle couvrira de fa concavité le tuyau
de la cheminée , & le mettra à l’abri de tous les
vents.
Cette forte de couverture, qu’on nomme tourne-
vent, n’eft d’ufage que pour les cheminées dont 1e
tuyau eft rond ; elle pourroit cependant fervir pour
les tuyaux carrés, tels que font ceux qui contiennent
plufieurS cheminées adoffées les unes aux autres ,
pourvu toutefois que l’extrémité du tuyau foit1 arrondie
par dehors.
Malgré la Angularité de ce tourne-vent, on a
éprouvé néanmoins combien il étoit utile ; c’eft
pourquoi on a perfectionné Cette première invention
, de manière qu’on peut l’adapter à toutes
fortes de tuyaux de cheminées , & qu’elle laiffe
toujours à* la fumée un libre paffage , de quelque
côté que le vent vienne*. ^
D ’ailleurs cette machine , qu’on a rendue beaucoup
plus légère, tourne plus facilement & devient
d’un meilleur ferviee ; c’eft ce qui fait qu’elle eft
d’un affez grand ufage en Hollande, & encore plus
à Leyde , dont la plupart des habitans ne brûlent
que des matières qui produifent beaucoup de fumée,
comme de la houille , des tourbes, du charbon de
terre ; & dont le pays eft expofé à des vents fré--
quens & impétueux.
Sur le. fommet de la cheminée, on élève un tuyau
rond , & l’on maçonne & bouche de part & d’autre
l’orifice du grand tuyau que le petit n’embraffe
point. On fait une calotte ronde de tôle, en forme
dé cône ou de ruche , au fommet de laquelle
eft une girouette. Cette girouette & la calotte ,
attachées enfemble, ne forment qu’un feu! tout ;
enforte que lorfque la: girouette tourne, la calotte
tourne auffi. Par conféquënt la girouette a un pied
& un pivot pofé au milieu de l’ouverture du petit
tuyau rond delà cheminée, où il eft foutenu par
plufieurs branches de fer qui tiennent à la cheminée
même. Comme il n’eft point d’ouvriers qui ne fâchent
le pofer, il eft inutile de s’étendre davantage
fur ce fujet. Il faut que la calotte emhraffe exactement
le tuyau rond de la cheminée, & qu’il déborde
un peu par deffous , afin de ne point donner d’entrée
au vent. Cette calotte doit avoir aufli un trou
fuffifamment large pour làiffer fortir la fumée. En
attachant la calotte à la girouette, il eft effentiel de
tourner ce trou du même côté que la girouette ,
afin que dans la fuite il tourne avec elle, & regarde
toujours le côté oppofé au vent.
La feule objeCtion qu’on ait à faire contre l’ufage
de ces calottes & de ces tourne-vents, c’eft que la
tôle étant fujette à être rongée par la rouille, on fe
trouvera continuellement expofé à des réparations
d’autant plus difpendieufes , que pour placer de
nouvelles calottes ou-tourne-vents, on ne pourra
fedifpenfer d’échafauder , la plupart des cheminées
étant détachées des murs, & s’élevant fort au deffus
des toits. Mais ©nne craint plus cet inconvénient,
depuis qu’on a trouvé le fecret de conferver la tôle
à Pain II faut pour cela l’enduire de fuie détrempée
dans de l’huile ou du goudron. Lorfqu’on prévoit