
la conftru&ion eft très-facile, au lieu que le ref-
fort d’une montre agit fur la fufée , qui doit être
telle , que fon diamètre ou fon épaiffeur en bas
augmente en même proportion que diminue la force
du reffort qui fe développe, afin que le reffort qui
agit fur un plus grand diamètre, agiffe avec plus
d’avantage, & puifle produire le même effet avec
le peu de force qui lui refie.
Cet artifice eft indifpenfable dans l’échappement
à roue de rencontre q u i, par fa nature, ne peut
apporter aucune correéfion aux inégalités de la
force motrice, de forte que les montres où il fe
trouve ( & c’eft encore le plus grand nombre )
doivent avancer pour peu que la force motrice
vienne à augmenter. Aufïi voyons-nous communément
les bonnes montres retarder p eu -à -p eu ,
parce que le grand reffort s’affoiblit avec le temps ’
& que les ffottemens augmentent dans toutes les
parties , par la perte de leur p o li, & par la coagulation
des huiles , fur-tout fi le reffort n’eft pas
excefEvement fort, fi les pivots font un peu trop
gros , & que d’ailleurs Je cuivre foit bien forgé,
les palettes dures, le balancier pefant.
6°. Le reffort eft enfermé dans une efpèce de
tambour ou de barillet, auquel la chaîne eft attachée
par un bout, tandis que l’autre bout eft attaché
à la fufée. Lorfqu’on vient de monter une
montre , la chaîne eft toute entière roulée fur la
fufée ; le reffort qui eft tendu & qui agit avec toute
fa force pour faire tourner le barillet, dévide la
fufée, & , par ce moyen, fait mouvoir le rouage.
Il eft rare de trouver le reffort égal à la fufée,
c’eft-à-dire , tel que la fufée augmente exactement
dans la même proportion que la force du reffort
diminue ; cette égalité fe perd même par le relâchement
du reffort, aufli prefque toutes les montres
pèchent à cet égard.
Il arrive même fouvent que les différens tours
de la fufée étant plus ou moins gros qu’ils ne doivent
être, la montre avancera pendant quelque
temps, retardera enfuite, & cela tous les jours,
mais à différentes heures , fi on néglige de la monter
à la même heure ; enfin 7 il arrivera aufli que
le grand reffort venant à fe caffer, la fufée ne fera
plus proportionnée au reffort qu’on y mettra , ou
fi on entreprend de l’y remettre, on fera obligé
de gâter peut-être entièrement la fufée.
8°. Le rouage d’une pendule eft beaucoup plus
fufceptible de perfeâion que celui d’une montre ;
il eft plus facile de travailler les pièces de la première
a'vec exaôitude , qu’il ne F eft de former les
parties , pour ainfi dire, infenfibles d’une petite
montre, pour leur donner le même degré de pré-
c fion.
9°. Quant au régulateur, celui des montres eft,
par fa nature , fujet à des irrégularités qu’on ne
rencontre point dans les pendules : nous avons
dit plus haut, que le balancier d’une montre ne
pouvoit manquer d’aller plus v ite , pour peu que
la force du rouage devînt plus grande ? la réfiftancç
de l’air plus petite, & le reffort fpiral plus ou
moins refferré, au lieu que le pendule chargé d’une
lentille pefante & décrivant de très - petits arcs ,
ne peut manquer d’être toujours ifoçhrone, c’eft-
à-dire , de faire des ofcillations qui aient exa&e-
ment la même durée. On peut doubler le poids
d’une bonne pendule qui auroit un échappement
à repos bien fait, fans qu’elle avance pour cela
d’une fécondé par jour ; au lieu qu’une montre à
roue de rencontre , à laquelle on appliqueroit une
force double de celle de fon grand reffort, pourroit
avancer de fix heures par jour, & même davantage.
io°. Les différentes fituations d’une montre pro-
duifent aufli des inégalités dans fon mouvement ;
par exemple , une montre, en général, allant bien
lorfqu elle eft fufpendue , avancera ft on la met
fur une table , parce que tous les pivots font plus
libres, ne portant que fur leurs pointes , & éprouvant
par conféquent un flottement beaucoup moindre
, le balancier pourra foire des vibrations plus
promptes & plus fréquentes, la montre devra donc
avancer.
Il arrivera aufli quelquefois que f i , pendant la
nuit, on oublie fa montre fur une table, elle aura
avancé d’un quart-d’heure plus qu’elle n’avoit coutume,
au lieu que ce défaut n’eft prefque pas fen-
fible dans les bonnes montres.
i i °. Une des caufes de cette variation arrive
lorfque le balancier ne fe trouve pas parfaitement
en équilibre ; car la partie la plus pefante faifant
toujours effort pour defeendre, lorfque la montre
eft fufpendue , elle ira plus lentement, fi la partie
fupérieure fe trouve la plus pefante , & elle ira
plus vite fi c’eft la partie inférieure qui vienne à
l’emporter.
12°. La fécondé caufe fera la longueur des pivots
du balancier, la profondeur de leurs trous,
comme nous venons de le dire, laquelle occafionne
un plus grand frottement dans certaines fituations.
O r , un plus grand frottement eft plus fujet au
changement qu’un moindre; d e - là la caule des
variétés.
130. La troifième caufe vient de ce que l’axe du
balancier qui devient horizontal ou vertical, lorfque
la montre eft fufpendue ou mife à plat, engrène
plus ou moins dans les dents de la roue de
rencontre , parce que les pivots ayant néceffaire»
ment un peu de jeu dans leurs trous, fur - tout
après avoir fervi long-tems, ils s’écartent tant foit
peu à droite ou à gauche , fuivant la fituation de
la montre ; & comme les arcs du balancier deviennent
plus grands lorfque les palettes engrènent davantage
, elle retardera pour lors, ce qui arrive
quand la montre eft fufpepdue.
On en doit dire de même de la roue de rencontre
qui n’appuie que fur le bout d’un de fes
pivots lorfque la montre eft fufpendue, aif lieu
qu’elle éprouve le frottement des deux pivots lorfque
la montre eft à plat, ce qui diminue fa facilité
au mouvement &, la grandeur des arcs du balancier-,
ï.4®. L’engrênage de la roue de champ eft de
tc\bme nature que celui-ci. Le pignon de la roue
de rencontre engrène moins pour peu qu’il ait de
jeu & s’écarte de la roue de champ , lorfque la
montre eft à plat ; de même que cette roue cherche
à s’écarter du pignon lorfque la montre fera couchée
fur fon cadran ; le reffort agiffant pour lors
beaucoup moins, la montre pourra avancer con-
fidérablement.
150. Les autres roues de la montre ne font
pas fujettes à cet inconvénient, parce que l’effort
qu’elles font chacune fur le pignon qu’elles doivent
conduire, étant toujours déterminé vers un même
côté , ne peut pas céder à leur pefanteur.
160. La force du balancier: n’eft pas à négliger.
Plus la circonférence en eft pefante & le milieu
léger, plus la montre retardera en général ; d’ailleurs
, il arrivera fouvent à un balancier pefant,
que l’un des pivots vienne à s’enfoncer plus que
l’autre dans certaines fituations ; cela n’empêche
pas que les balanciers , petits & pefans , n'e fôient
avantageux, fur - tout avec un échappement à
repos.
Le reffort fpiral doit être fort mince , afin qu’il
ne puiffe jamais foire effort pour lever le balancier
ou pour l’abaiffer ; ce qui rendroit le frottement
des pivots différent, fuivant les différentes pofi-
tions.
170. La pefanteur de l’air varie confidérablement
d’un jour à un autre , la différence eft quelquefois
d’un douzième. Sa denfité varie aufli. Lorfque l’air
eft plus pefant, il oppofe une plus grande réfiftance
aux pendules & aux balanciers ; mais la montre en
fera beaucoup plus affeélée que la pendule , foit
parce que le balancier d’une montre va beaucoup
plus vite, foit parce que fa furfoce eft plus grande,
eu égard à fa pefanteur , & que l’air a par conféquent
plus de prife & plus d’avantage pour diminuer
fon mouvement.
180. On ne parlera pas des frottemens & des
irrégularités qui en proviennent ; elles ne font pas
fujettes à des lois affez confiantes , non plus que
celles qui dérivent de l’ufure plus ou moins grande
des différentes parties , fuivant que leur fituation
ou leur ufoge les y expofe plus ou moins. ( Article
de M. le Faute, horloger du Roi, extrait de fon Traité
d‘horlogerie, ijf f - )
Nous allons reprendre quelques détails d’horlogerie
ou quelques parties qui demandent des explications
particulières.
De la cage.
L a cage eft une efpèce de bâti qui contient les
roues de l’horloge. Dans les montres & les pendules
, elle eft compofée de deux plaques qu’on
de piliers. Ces piliers , d’un côté font rivés à la
platine des piliers & de l’autre ils ont chacun
un pivot qui entre dans les trous faits exprès
Arts 6* Métiers. Tome III. Partie /.
dans l’autre platine. De plus, ils ont un rebord ou
afliette pouf faire que ces platines foient tenues à
une certaine diftance l’une de l’autre. Pour qu’elles
ne faffent qu’un corps enfemble , & que celle qui
entre fur les pivots des piliers n’en forte pas ,
chacun de ces pivots eft pèreé d’outre :en outre
d’un' petit trou fitué à une diftance du rebord , un
peu moindre que l’épaiffeur de la platine : une
petite goupille étant enfoncéé à force dans ce trou,
elleria preffe contre !ce rebord ; & chaque pilier
en ayant une de même, les platines font retenues
fermement l ’une à l’autre.
Pour qu?une cage foit bien montée ,* il fout que
les platines foient bien parallèles entre elles, 8c
que la platine qui entre fur les piliers , le faflë
librement & fans brider.
Embijlageà ,
L’embiftage defigne la fituation refpe&ive des
deux platines d’une montf e Cefl deux fois la diftance
entre le centre de la platine de deffus , & le
point ou Taxe de la. grande platine la rencontre.
Si l’on fuppofe que la fig. 56, pi. X X V , repréfente
la cage d’une montre ; & C , le centre de la
charnière, fur lequel elle tourne dans la boîte ,
il eft clair que pour que ces deux platines puiffent
paffer par la même ouverture , il fout que L C ,
diftance du centre de la charnière au bord diago- '
nalement oppofé de la platine de deffus, foit égal
à E C , grandeur de la platine des-piliers ; car fi la
diftance L C étoit plus grande que E C , la platine
de deffus ne pourroit pas pàfîer par cette ouverture.
Donc cette platine ne peut point s’étendre
au-delà du point L , qui eft dans la circonférence
du cercle décrit de l’ouverture de compas C E &
du point C ; de façon que pour que ces deux platines'paffent
par la même ouverture, en fuppofont
leurs centres dans une même ligne perpendiculaire
à leurs plans , il faut que le rayon de celle de
deffus foit plus petit que celui de l’autre , de la
quantité dont le bord de la grande platine eft distant
du point, où la perpendiculaire abaiffée du
point L rencontre cette platine ; mais comme il
eft avantageux que la platine de deffus foit la plus
grande qu’il eft poflible, & que du côté D du pendant
, à caufe de la forme de la boîte, elle peut
s’avancer jufqu’en D , perpendiculairement au
deffus du point C , on lui donne une grandeur &
une fituation telle que d’un côté fon bord foit à
plomb du point C , & que de l’autre il fe trouve,
comme nous l’avons dit, dans la circonférence du
cercle décrit de ^’ouverture de compas C E , & du
point C ; par cette fituation de la platine de deffus ,
on voit bien que fon centre ne fe trouve plus dans
le point où l’axe de l’autre platine la rencontre , &
qu’il en eft éloigné d’une certaine diftance : o r ,
c’eft le double de cette diftance que l’on appelle,
comme nous l’avons d it, /’embijlage.
Pour déterminer la grandeur de la platine de
deffus, celle de l’autre platine étant donnée , de
O 0