
parois du v a fe , les particules du fluide ne fortant
point du vafe fuivant des direétions parallèles.
Newton a obfervé que ces particules ont des
directions convergentes, & que la veine de fluide
qui fort va en diminuant de grofleur jufqu’à une
certaine diftance de l’ouverture, diftance qui eft
d’autant plus grande que l’ouverture elle-même eft
plus grande.
De-là il fuit q u e , pour trouver la quantité de
fluide qui fort à chaque inftant, il ne faut pas prendre
le produit de la grandeur de l’ouverture par
la vitefle du fluide, mais le produit de la viteffe
du fluide dans l’endroit où fa veine eft le plus con-
tradée par la largeur de la veine en cet endroit.
Voici la defcription d’une petite clepfydre aflez
Ample , & qu’il eft très-aifé de fe procurer.
A y ez un bocal de verre, ou feulement un vafe
cylindrique de faïence, d’environ un pied de haut
fur quatre pouces de diamètre ; percez ce vafe par
le bas, & maftiquez-y un petit tuyau de verre de
4 à 5 lignes de diamètre , & dont le bout ait été diminué
de grofleur à la lampe d’un émailleur, de
manière cju’il ne laifle échapper Peaii contenue dans
le vafe que' goutte à goutte & très-lentement.
C e vafe ainfi préparé fera couvert d’un cercle
de bois , au centre duquel ou ménagera une ouverture
circulaire de cinq à fix lignes de diamètre.
Procurez - vous enluite un tube de verre d’un
pied de hauteur & de trois lignes de diamètre,
ayant à une de fes extrémités un petit globe de
même matière , au-deflous duquel vous mettrez un
petit poids qui le mette en équilibre fur l’eau, ou
bien inférez-y par l’ouverture fupérieure du tube
un peu de v if argent. On colle un papier le long de
S c tube, afin de le graduer.
Cet appareil étant fait, on remplit le vafe d’eau,
©n y met le tube , & on place le cercle de-bois;
l ’eau doit s’écouler infenfiblement du vafe par Je
petit tuyau dans un autre v a fe , au-deflùs duquel
il eft pofé.
On ti^nt une montre bien réglée fur l’heure de
midi : on marque un trait fur le papier du tube , à
l’endroit où il touche le bord lupérieur du couvercle
; à chaque heure on fait une pareille marque
, jufqu’à ce qu’on ait indiqué lur ce papier
douze ou vingt - quatre heures , félon la grofleur
qu’on aura donnée au v a fe , ou eu égard à la pe-
titefie de l’ouverture par laquelle l’eau s’échappe;
ce qui forme Une horloge à eau aflez ex aâ e, & qui
fera d’un ufage continuel, en ayant foin tous les
jours de la-remplir d’eau jufqu’à la hauteur nécef-
faire , pour que le tube ainfi divifé indique l’heure
à laquelle on la montera en cette forte, ce que cette
même horloge enfeignera.
On ne doit pas , ayant réglé la diftance d’une
heure fur le tube, fe fervir de cette même mefure
pour tracer les autres , attendu que l’eau ne s’écoule
pas avec la même quantité dans le même intervalle
de temps , & que d’ailleurs le vafe peut
hiçn iî être pas parfaitement cylindrique ; on peut
feulement divifer chaque heure en quatre parties
égales pour en avoir les demies & les quarts, fans
qu’il fe trouve de différence fort fenfiblei
Cette pièce peut aufli fe conftruire en fer-blanc
mais il faut que le tuyau par où l’eau s’échappe ^
foit de verre , afin que l’ouverture ne foit pas fu-
jette à s’agrandir ; mais de quelque matière qu’elle
foit conftruite, il faut avoir attention de n’employer
que de l’eau bien nette & bien filtrée , afin qu’elle
ne dépofe pas de limpn , qui venant à embarrafler
& obftruer le petit trou par où l’eau s’écoule, la
feroit arrêter , ou tout au moins couler irrégulièrement
, & feroit par conféquent defcendre de même
le tube de verre gradué; (ftid?. de l’indujlrie.')
Horloge , Poudrier , Ampoulette , Sablier, font
encore des noms que l’on donne fur mer à ces
petits vaifîeaux compofés de deux efpèces de bouteilles
de verre jointes- enfemble, dont l’une eft
remplie de fable , ou plutôt d’une poudre fort déliée
, qui emploie une demi-heure à s’écouler ou
pafler d’une bouteille dans l’autre. C ’eft de-là que
les matelots appellent une^ demi - heure une éor-*
loge, & divifent les vingt-quatre heures eh quarante
huit horloges. Ainfi le quart, qui eft la faction
que chaque homme fait pour le fervice du
vaiffeau, eft compofè de fix horloges, qui valent
trois heures. Il y a cependant des vaifleaux où le
quart eft de huit horloges, ou quatre heures. La
conftruétion de cette petite machiné eft fi Ample
& fi connue, qu’elle ne mérite pas une defcription
particulière.
Il y a des horloges ou fabliers d’une demi-minute,
qui fervent à eftimer le chemin que fait le vaifleau.
Il y en a aufli d’une heure pour l’ufage commun.
On d it, Y horloge dort, lorfque le fable s’arrête,
c’eft à quoi - le timonier doit prendre garde ; &
Y horloge moud, lorfque le fable coule bien.
M. de- la Hire a imaginé de faire ufage d’horloges
de fable, comme celles qui font en ufage ;
mais à la place d’une des fioles qui compofentces
horloges, il confeille d’y appliquer un tuyau de
verre de vingt pouces environ de longueur , &
d’une ligne & demie à peu près d’ouverture. Ce
tuyau fert de fécondé fiole.
• Par cet arrangement, lorfque le fable defcend
de la fiole dans le tuyau , on le voit monter peu
à peu, & fi diftinftement, que l’on peut obferver
à quelle hauteur il fe trouve au moins de cinq en
cinq fécondés , & par conféquent les minutes y
font très-fenfibles.
Si cette horloge n’eft que pour une demi-heure ;
lorfque tout le fable qui doit pafler dans la demi-
heure eft defcendu dans le tuyau , on retourné la
machine, &* le fable en fe vidant du tuyau dans
la fiole, marque de même par fa defcente dans le
tuyau, les hauteurs qui conviennent aux minutes
& à-leurs parties.,
Pour fe fervir commodément de cette machine
il faut l’appliquer fur un morçeau de bois, eiifortç
que la moitié de la fiole & la moitié du tuyau
foient enchâflées dans l’épaiffeur du bois.
On attache deux cordons aux deux extrémités
du morceau de bois pour la pouvoir retourner
aifément, étant toujours fufpendue en l’air ou contre
quelque chofe.
On marque les divifions des minutes d’un côté
du tuyau pour la defcente du fable lorfqu’il fe
remplit, & de même oh en marque d’autres de
l’autre côté pour la defcente du fable lorfqu’il fe
vide.
La méthode pour faire ces divifions, doit être
l’expérience d’un pendule, en cette forte.
On prendra un fil délié , au bout duquel on
attachera une balle de plomb pour fervir de pendule
Ample.
Si la longueur de ce pendule, depuis l’endroit
©ù le fil eft attaché jufqu’au centre de la balle, eft
de trois pieds huit lignes & demie de la mefure
de Paris , ce pendule marquera dans fes vibrations
une fécondé de temps ; & quand il aura fait foixante
vibrations , on marquera une des' ' divifions des
minutes, & ainfi de fuite.
Toute la divifion f© doit faire avec le pendule ,
à mefure que le fable montera ou defcendra dans
le tuyau car les divifions ne font pas toujours
égales , à caufe de l’inégalité du tuyau , qui, étant
plus étroit en quelques endroits, le fable y monte
plus vite qu’aux autres , qui font plus larges.
On remarquera que le fable fe vidant du tuyau '
dans la fiole, parcourt d’abord des diftances plus
grandes que celles qui fefont vers la fin; ce qui
eft caufé par la defcente du fable, par fecouffes ,
qui le fait un peu ta-fler dans le commencement ;
mais cela ne caufera pas d’irrégularité, les divifions
étant faites par l’expérience du pendule.
Au furplus , M. de la Hire confeilloit que l’on
eût plufieurs de ces horloges , afin qu’elles fe rec-
tifiaflent entre elles.
M é r i d i e n s o n n a n t .
On lit dans les papiers publics , en 1784, que
M. l’abbé Galais , vicaire de Neauphle-le-Vieux,
près de Pont - Chartrain , a placé, il y a plus de
douze ans, à une fenêtre de fa maifon, un méridien
fonnant de la plus grande fimplicité.
Un fil vertical tenoit arrêté la détente d’ün mouvement
ordinaire de fonnerie de pendule. Les
rayons du foleil, raflemblés au foyer d’une loupe
pofée fuivant les principes, brûloient le fil ; & midi
fonnoit pour M. l’abbé St pour tous fes voifitis ;
il en étoit quitté pour un petit bout de fil par
jour. Je crois que tout le rouage , qui avoit été
fait à Montfort - l’Amaury , lui coûtoit au plus
dix-huit livres.
D E L* H O R L O G E,
L’horloge eft une machine qui , par un mouvement
uniforme quelconque dent les parties fe
peuvent mefurer , indique les parties du temps qui
font écoulées. Ainfi tout l’art de l’horlogerie n’éft
autre chofe que l’application du temps à l’efpace.
Les horloges à.rouages, à refîbrts, à contrepoids,
à fonnerie, font autant de machines automates inventées
pour mefurer le temps. De fonger à le fixer,
feroit un deflein extravagant ; mais, dit M. l’abbé
Sallier , marquer les momens de fa fuite , compter
les parties par lefquelles il nous échappe, c’eft un
fruit de la fagacité de l’homme , & une découverte
qui ayant eu la grâce delà nouveauté, conferve encore
la beauté de l’invention, jointe à fon utilité
reconnue.; cette découverte eft celle des, horloges
en général.
Après que Ctéfibius , qui florifloit vers l’an 6 13
de Rome , eut imaginé la machine hydraulique des
horloges à eau , on trouva le fecret d’en faire à
.rouage furie même modèle , & ces nouvelles horloges
prirent une grande faveur ; Trimalcion en
avoit une dans fa. falle à manger. Cette invention
néanmoins ne fe perfectionna point ; car pendant
plus de fept fiècles, il n’eft parlé d’aucune horloge
remarquable. Nous ne connoiflons de nom que celles'
de Boëce &ÿde Caflïodore. On fait que Cafliodore
avoit lui-même du goût pour la mécanique ; l’hif-
toire rapporte que s’étant retiré fur fes vieux jours
dans un monaftère de la Calabre , il s’y amufoit à
faire des horloges à rouages, des cadrans & des
lampes perpétuelles.
Mais la barbarie enveloppa ïi bien tous les arts
dans l’oubli, que lorfque, deux cents ans apres , le
pape Paul I envoya vers l’an 760, line horloge à
rouage à Pépin le Bref, cette machine pafla pour une
chofe unique dans le monde.
Vers l’an 807 , le calife Aaron Rafchild , fi connu
par fon amour pour les fciences & les arts , ayant
contra Clé une étroite amitié avec Charlemagne, lui
fit entr’autres préfens, celui d’une horloge, dont
nos hiftoriens parlent avec admiration , & qui étoit
vraifemblablement dans le goût de celle du pape
Paul I. Ce n’étoit pas du moins une horloge fon-
nante , car il n’y en avoit point de telle du temps
de Charlemagne , & dans toutes les villes de fort
empire ; il n’y en eut même que vers le milieu du
X IV e. fièele. De-là vient l’ancienne coutume qui fo
conferve en Allemagne , en Suifle, en Hollande ,
en Flandres & en Angleterre , d’entretenir des
hommes qui avertiffent de l’heure pendant la nuit.
Les Italiens à qui l’on doit la renaiflance de toutes
les fciences & de tous les arts, imitèrent aufli les
premiers les horloges à roues du pape Paul & du calife
des Abaflides. Çette gloire appartient à Pacificus,
archidiacre de Vérone, excellent mécanicien, mort
en 846. Il n’eft donc pas vrai, ainfi que nous l’avons
déjà d it, que Gerbert qui mourut fur le fiége pontifical
en 1033 , foit l’inventeur des horloges à roues,
comme quelques-uns l’ont avancé ; en effet, outre
que la prétendue horloge de Gerbert n’étoit qu’un
cadran folaire , les roues étoient employées dans les
horloges dont nous venons de, parler, qui quoique.