
les poinçons pour f-^pper les plombs des mar-
-Ch®ndifcs ëc étoffes ; les poinçons defrife , de bor-,
dure, & autres ornemens pour les orfèvres ; les
poinçons pour les relieurs, lès doreurs fur cuir 8c
les potiers d’étain ; les cachets pour les particuliers ;
enfin tons autres ouvrages de gravure , foit en
creux , foit en relief fur l’or & l’argent , fur le
cuivre , le laiton', l’étain , le fer ou l’acier.
•On prendra une idée de la gravure fur métaux,
dans ce qui a été raporté de la manière de graver
les poinçons à l’article de la gravure des poinçons
pour les caraElcres d'imprimerie ,• mais indépendamment
des procédés de ce travail, nous croyons
devoir expofer encore ici les principales opérations
des graveurs fur acier, que l’on nomme tailleurs ,
dans les hôtels des monnoies.. Ce font eux qui
gravent les poinçons ; les matrices ,■ & les carrés
propres à frapper & fabriquer toutes fortes de monnoies
, de médailles & de jetons.
Ces tailleurs font en titre d’office ; ce qui eft
prefque la feule différence qu’il' y a entre eux 8c
les graveurs de médailles & jetons, à la réferve
cependant que les tailleurs des monnoies peuvent
graver des médailles & des je to n s& que nul autre
graveur ne peut, fous peine de punition corporelle
, comme faux monnoyeur, graver des poinçons
en matrices fervant au monnoyage.
La gravure .des monnoies & celle des médailles
& des jetons, fe font de même & avec les inftru-
mens femhlables ; il n’y a de. différence que dans
Je plus ou le moins de relief qu’on leur donne.
L’ouvrage du graveur en acier fe commence
ordinairement par les poinçons qui font en relief,
8t qui fervent à faire les creux des matrices ou
çarrés.
Quelquefois on commence par travailler en
çreux ; mais c’eft feulement quand ce qu’on a gravé
a peu de profondeur.
La première opération du graveur eft ordinairement
de defïiner fes figures , enfuite de les modeler
& ébaucher en cire blanche , fuivant la
grandeur & la profondeur qu’il veut donner a fon
ouvrage.
C ’eft d’après cette cire que fe grave le poinçon f
qui eft un morceau de fer bien acéré , fur lequel,
avant que de l’avoir trempé , on cifèle en relief la
figure que l’on veut graver & frapper en creux fur
le carré.
Les outils employés pour cette gravure en relief
, font des cilelets , des echopes , des rifloirs,
des onglets, des matoirs., &c. tous inftrumens que
nous avons fait connoître en traitant de l’art du
cifeleur & damafquineur.
Le graveur le fert encore de diverfes fortes de
burins , & de quantité d’autres inftrumens fans.
nom , qui font les uns tranchans , hachés, droits ,
coudés; d’autres enfin confiants fuivant le génie
8c le befoin de l’artifte,qui les invente & les fabrique.
T o u s ces outils fe trempent. Lorfqu’ils ont été.
trempés \ on les découvre, c’eft-à-dire, qu’on les
nettoie en les fichant à plufieurs reprifes dans un
morceau de pierre-ponce.
Le poinçon étant achevé , on lui donne une
forte trempe pour le durcir, afin qu’il puiffe ré-
fifter. aux coups de marteau, ou de l’infirutnent
qu’on appelle./ei/mette, dont on fe fert pour faire
l’empreinte en creux fur la matrice. Pour adoucir
. le morceau d’acier dont-eft fait la matrice ou carré-,
on le recuit^ c’eft-à-dlre, qu’on le fait rougir au
feu ; & quand il a été frappé à chaud ou à froid 9
on achève de perfectionner dans les creux , les
traits qui, à caufe de leur délicat effe ou du trop
grand relief du poinçon, n’ont.pu fe marquer fur
.la matrice.,
La figure étant finie , on achève-de graver le refie
de la médaille , telles que les moulures de la bor-,
dure , lesgrenetis, les lettres , & c . ;
On fe fert de poinçons pour graver en creux,
des carrés : on fe fert auffi en certains cas , des
carrés pour graver des poinçons en relief; mais ce
n’eft guère que dans „les : hôtels des monnaies que
l’on fait ce dernier travail.
Le tailleur général envoie des matrices aux
tailleurs particuliers , pour s’en fervir à fabriquer
des poinçons , comme il leur envoie des poinçons,
pour fabriquer des matrices ou carrés.
Les graveurs ne pouvant voir l’ouvrage en creux
avec la même facilité que celui qu’ils font en relief,
on en fait des empreintes à mefure que le carré
s’avance.
Ils emploient ordinairement pour leur empreinte,
une pâte compofée de cire, de térébenthine , &
d’un peu de noir de fumée, Cette compofition fe
confervant toujours affez molle, prend; aifément
l’empreinte de l’endroit du creux contre lequel on
‘ la preffe.
Il y a encore quelques, autres moyeps de tirer
; la figure toute .entière.
, Le premier eft ce qu’on appelle plomb à la main y.
i c’eft du plomb fondu qu’on verfe fur un morceau
; de papier, puis renverfafit le . carré & le frappant.
de la main ,,le plomb;à demi-liquide, en-prend
■ & en confervé aifément le relief.
La fécondé manière de tirer une empreinte , eft
ayec du foufre, lentement liquéfié 8c à feu doux
. on s’en fert après l’avoir verfé fur du' papier
comme 1% plomb 'à la main , avant qu’il foit Refroidi.
Il y a un troifième moyen , mais qui n’eft propre,
que pour obtenir des empreintes peu profondes ,
telles que celles des monnoies & des jetons:il
confifte à mettre fur le creux un morceau de carte,
légère ; & l’ayant couverte d’une- lame de plomb,
on donne fur le plomb quelques coups de mar->
teau, jufqu’à. ce que la carte ait pris, l’empreiate
du carré.
Quand le carré eft achevé entièrement, on le
trempe, puis on le découvre , 8c on le frotte avec-
' la pierre-pence ; enfuite on le nettoie avec des
broffes de poil ; enfin on fe fert de îa pierre à 1
huile ; 8c, pour achever de le polir , on prend de
l’huile & de l’émeril, que l’on porte dans tous les
enfoncemens du creux avec un petit bâton qui fe
termine en pointe émouffée.
Le carré étant en cet état, peut être porté au
balancier pour y frapper des médailles , des monnoies
ou des jetons.
Communauté des graveurs fur métaux.
Au commencement du fiècle dernier , il n’y
avoit point dans Paris.de particuliers établis ’ 8c
autorifés à compofer une communauté, fous le titre
de graveurs : on ne connoiffoit fous le titre de graveurs
fur métaux, que ceux employés dans l’hôtel
des monnoies à graver les matrices 8c carrés d’acier
pour la fabrique des efpèc.s, des médailles & des
jetons. Jufqu’alors le. talent de la gravure fur l’or
8c l’argent avoit été dépendant de l’art de l’orfèvrerie
, comme celui de tailler les pierres pré-
cievèfcs avoit toujours été uni à cette autre partie
du même art qui concerne la joaillerie ; & de même
que les orfèvres avoient occupé des compagnons
à la pierrerie, ils en occupèrent auffi à la gravure
de leurs ouvrages.
Ces compagnons s’affemblèrent le i er décembre
162.3 , 8c convinrent .de fe pourvoir pour obtenir
des ftatuts , 8c fe faire ériger en communauté avec
maîtrife 8c jurande à Paris,
Le ro i, par lettres-patentes du 10 mars 1629 ,
les renvoya en la cour des monnoies , pour voir
8c examiner les dix-fept articles des ftatuts par
eux préfentés ; 8c en effet,. cette cour, par arrêt
du 10 fepteinbre fuivant, approuva ces ftatuts,
8c ordonna, fous le4bon plaiftr du roi, que le nié- !
tier de graveur .en o r , argent, cuivre , laiton , fer,
acier 8c étain , feroit érigé en maîtrife 8c. jurande à
Paris. Ces ftatuts furent homologués par lettres-
patentes données au mois de mai 16 31, enrégif-
trées à la cour des monnoies le 12 août 1622.
La communauté des graveurs fur métaux eft de
la jurifdi&ion privative delà cour des monnoies.,
8c cette jurifdiétion eft confirmée par plufieurs
édits, arrêts 8c réglemens.
Le nombre des maîtres graveurs 8c tailleurs pour
la monnoie eft fixé à vingt par ces ftatuts ; mais
il y a actuellement à Paris plus de cent vingt autres
maîtres graveurs fur métaux , travaillant pour les
particuliers.
Aucun maître ne peut prendre1 plus d’un ap-
prentif, 8c pour moins de fix années confécur
tives, 8c avant l’âge de. douze ans.
Le brevet d’àpprentift’age doit être enrégiftré au
greffe de la cour des monnoieshuit jours après
l’obligation faite.
Les maîtres ou autres ne peuvent vendre ou
débiter aucuns, cachets aux marchands merciers
joailliers, ou autres perfonnes, de quelque métal ,
pierres ou matières que ce fo it, pour en faire trafic
8c revente.
Nulle perfonne, autres que lefdits maîtres graveurs
, ne peut tenir aucunes lettres d’alphabet
à droite , fervant à faire marques ou cachets ,
ni avoir aucunes " fleurs de lis , couronnes 8c
écuffons, pour arrêter tous abus 8c maleverfations.
Nul que lefdits,maîtres ne peut graver le grand1
8c petits fceaux, cachets, chiffres, marques, 8c.
généralement tous 8c chacun les ouvrages concernant
leur art 8c profeflxon.
Les graveurs -fur métaux ne peuvent tenir qu’une:
boutique ouverte.
Les veuves des maîtres jouiffent des mêmes privilèges
que dans les autres communautés.
La communauté eft gouvernée par deux gardes-
élus dè deux en deux ans à la pluralité des voix ,,
pardevant le procureur générai en la cour des
monnoies , le lendemain de Saint Eloi ; 8c tous les
ans le plus ancien garde fort de charge , l’autre
reftant deux ans confécutifs pour inftruire le nouvel
élu'.
Les filles de maîtres graveurs tailleurs pour la.
monnoie, venant à être pourvues par mariage avec
un d e là vocation qui aura fait fon temps d’ap-
prent-iffage ; s’il eft fils de maître , il ' eft-préféré
pour la réception , y ayant place vacante & non
remplie , à tout autre, au cas qu’il ait fiancé ladite
fille ; 8c s’il n’eft fils de maître , il eft feulement
préféré aux compagnons , 8c exempté de deux
années de fervice après l’apprenriffage expiré.
Les maîtres graveurs peuvent incifer fur tous,
métaux; il n’eft permis qu’à eux de mettre en.
étalage ou autrement, au devant de leur boutique *
tableaux d’empreinte-de fceaux-8c cachets des-
armés de France , princes 8c princeffes , & autres,
armes.
Les maîtres tailleurs graveurs peuvent fondre 8c
apprêter la matière pour faire des fceaux., cachets ^
. foit or., argent, cuivre, laiton ,.fer 8c acier , même
faire les modèles en cire , bois, plomb , fans qu’ils-
puiffent être empêchés par qui que ce foit.; néan-^
moins, le tout fujet à la- vifite des maîtres jurés..
Au mois de juin 1.722., les maîtres- graveurs pré“-
fentèrent requête à la cour des monnoies , afin
d’avoir un poinçon pour marquer les ouvrages-
q’uils feroient en or ou en argent ; ce que la cour
leur a ’açcordé par arrêt du 6 juin de la même année
, à la charge par eux de faire infculper leurs,
poinçons fur- une table de cuivre dépofée au greffe:
de la cour. ’
L’édit du mois d’août 1776 réunit les graveurs-
for métaux avec les fondeurs 8c doreurs qui ne font
plus enfemble' qu’iine même communauté, à laquelle
il eft permis de faire les fontes garnies en
- fe r , en concurrence avec le mercier. Leurs draitSv
de réception, font fixés à. 400. livres*.