
i° . On peut travailler deux frittes à la fois, & par
conféquent, on trouve une grande économie dn
temps. 20. La chauffe ne fe faifant pas du même côté
que l’opération , il doit en rêfulter plus de propreté
dans le travail. Le voifinage du tifar procure quelquefois
aubaflîn du four à fritte Ample, des cendres,
des écorces, &c. 30. Le bois eft fort épargné. Le tifar
du four à fritte double ne confume guère qu’un
tiers de combuftible plus que celui du tour Ample',
& ce feu produit le double d’ouvrage. 40. On employé
trois frittiers, pour deffervir un four à fritte
limple , & quatre fumfent pour un double. A in fi,
avec un tiers de combuftible , & un tiers de main-
d'oeuvre déplus , on frittera, dans un temps donné
, le double de matières.
La fig-2, pl. X I I I , exprime la coupe latitudi-
nale du four à fritte double. On y voit la forme
que préfente la réunion au tifar , des deux ouvertures
de communication. On y remarquera auffi
la grande étendue de lafablonnette OP , qui eft également
repréfentée fig. y 8c 4. La première de ces
figures offre l’élévation du four à fritte double du côté
du tifar , & la fécondé , fon élévation du côté
des gueules.
Manoeuvres du frittier.
Les diverfes manoeuvres du frittier fe réduifent à
enfourner la compofition , à la remuer foigneufe-
jnent pendant la durée de la calcination, & à dé-
fourner la fritte, lorfqu’elle eft faite.
On voit dans la vignette de la planche X I I . les
inftrumens néceffaires au travail de la fritte, & deux
ouvriers travaillant dans un four à fritte double , occupés
à deux momens différens de leur opération.
On dépofe la compofition dans des caiffes 1 , a ,
portées fur des roulettes de bois : chaque caiffe contient
la quantité de matière qui doit entrer dans un
des fours. Le frittier, aidé d’urt le vier, approche
la caiffe de la gueule du four : il ôte la barre x y 9 & au
moyen de la pelle 3 garnie d’un manche de trois pieds,
il jette fa compofition en tas fur le pavé du four.
Enfuite , ayant replacé la barre x y , 8c s’en fervant
comme d’un point d’appui, il répand la matière fur
le pavé auffi également qu’il le p eut, avec fon rable
exprimé dans la vignette déjà citée , en 4 , 5 , 6 , 7 .
Çet infiniment eft pofé fur la barre x y entre deux
des chevilles que nous y avons fait remarquer ,
pour qu’il nepuiffe gliffer & changer de place.
Le rable eft l’outil effentiel du frittier , puifque
c’eft celui dont il fe fert pour remuer la fritte , &
conféquemment, celui dont la defcription nous in-
téreffe le plus. Il a deux parties, la patte & le manche.
Lapatte eft perpendiculaire au manche, & doit être
telle, que, malgré l’épaiffeur de la fritte furie pavé
, le rable puifle atteindre celui-ci. La partie bc
touche le pavé, & fait la largeur de la patte : il fuf-
fira de lui donner fix pouces , pour qu’elle foit po-
fée folidement. ab, eft la longueur de la patte , &
nous lui donnerons neuf pouces. Le rable ne peut
pas avoir moins de 15 ou 16 pieds de manche, puifqu’il
doit parcourir tout le fotir, & que celui-ci a 1®
pieds de diamètre. Le manche du rable eft de fer ,
& , au moyen d’une douille, on y ajufte un manche
de bois très-court, fur lequel l’ouvrier place fes
mains.
Le rable a deux mouvemens ; l’un de la gueule
du four au fond, & réciproquement l’autre de
droite à gauche , comme de gauche à droite. Par le
premier, on laboure la fritte ; par le fécond , on la
zizèle.
En labourant, le frittier fait tomber la patte de
fon rable au pavé, par la partie bc , & , depuis la
gueule , pouffant le rable devant lu i, il trace un
fillon dans la fritte : il pofe enfuite la patte du rable,
environ deux pouces à côté de fon premier
fillon, & il en forme un fécond, en retirant le rable
à lu i, ainfi de fuite , jufqu’à ce qu’il ait fillonné
toute fa fritte. Par ce procédé, il ramène au défi
fus , & expofe à l’a&ion immédiate de la flamme -,
les parties de la compofition qui touchoient le
pavé, & , lorfqu’elles ont été un peu échauffées ,
il recommence , & il fait fucceffivemeut fubir à
toute la fritte le même degré de calcination.
Lorfque le frittier veutzizeler la fritte, il tourne
le rable fur la partie ab 9 ou cd, il le fixe contre
une des chevilles; & lui faifant décrire un arc de
cercle au moyen de ce point d’appui, il le remue
de droite à gauche , & enfuite de gauche
à droite. Il répète cette manoeuvre , en donnant
un nouveau point d’appui à fon rable, c’eft-à-dire ,
le tranfportant d’une des chevilles de la barre à
l’autre. Ce procédé a , comme le précédent, pour
but, d’expofer fucceflivement les parties de la
fritte à l’aétion de la flamme ; & le mouvement
qu’on leur donne eft plus propre qu’aucun autre
à empêcher la fritte de fe prendre.
Par ces deux ufages du rable, répétés fréquemment
& avec intelligence , on parvient à calciner
la compofition également , & à faire de bonnes
frittes.
Lorfque la fritte eft finie , on y mêle la quantité
néceffaire de caffons , & on la défourne. Cette opération
qui termine les manoeuvres & le travail du
frittier , eft une des plus Amples <• L’ouvrier raffem-
ble la fritte fur le pavé du four avec fon rable ;
il la fait tomber par la gueule , dans le baflin qui fe
trouve au deffous , & il l’y 'laiffe* refroidir. C ’eft:
ce qu’on appelle rabattre la fritte.
Le frittier doit avoir plufieurs râbles, pour en
changer, lorfque celui dont il fe fert commence
à s’échauffer, & qu’il craint que la fritte ne s’y
attache. L’ouvrier, fig, 1 , vignette de la pl. X I I ,
eft occupé àfaire ce changement. Il ramène lapatte
du rable chaud jufqu’à la barre x y , & la faifif-
fant avec un petit crochet de fe r , que nous aurons
oçcafion de décrire ailleurs, & qu’on nomme
gambier à une main, il la pofe par terre,
Lorfqu’un four à fritte eft nouvellement confierait
, on doit, avant de s’en feryir, le laiflçr bieij
ficher ï enfuite le chauffer graduellement 8c à
blanc ; ce qu’on appelle le recuire.
Confirültion des creufets employés dans les glaceries ,
6* des fours propres à ce genre de verrerie.
L’argile eft la fubftance que l’on employé à la
conftruétion des creufets & des fours de verrerie.
Elle mérite , pour cet ufage , la préférence fur toutes
les matières connues jufqu’à préfent, puifqu’elle
fupporte l’aâion du feu fans fe calciner & fans
fe fondre, & qu’au contraire elle acquiert par ce
moyen une dureté aflfez confidérable pour jetter des
étincelles lorfqu’elle eft frappée avec le briquet.
Je ne m’étendrai pas far les propriétés de 1 argile
: je me bornerai à décrire la manière dont
les verriers la traitent pour l’approprier à leurs
ouvrages.
La principale qualité de l’argile e ft, comme nous
venons de le dire , fon infufibilité. Il ne faut cependant
pas prendre cette expreflion dans fon ab-
folue généralité : il en réfulteroit qu’elle eft totalement
indeftruétible par i’afrion du feu connue
; conféquence contredite par l’expérience. Le
vernis qui couvre la furface extérieure des creufets
, après quelque temps de fervice, ainfi que
la voûte & les parois du four, lesj*outtes de verre
qui découlent d’un four ufé , & qu’on appelle communément
larmes , font autant de preuves, que
l’argile cède enfin à l’a&ion d’un feu violent &
long-temps continué ; mais il fuffit , pour la vérité
de notre affertion & pour notre ufage , qu’elle
réfifte long-temps, fans s’altérer fenfiblement, au
feu de verrerie.
La compacité de l’argile s’oppofe à l’évaporation
des parties aqueufes qu’elle contient : de-là
vient , qu’en la jettant au feu fans précaution, fes
parties pétillent & fe féparent. Par la même rai-
fo n , une recuiffon trop prompte & Amplement un
defféchement trop précipité la font fendre & gercer.
On fe met à l’abri de ces inconvéniens, en
* la compofant, c’eft-à-dire , en y mêlant quelque
fubftance qui puifle en augmenter ies pores.
Le fable remplit bien cet objet. En effet, une.,
brique compofée d’argile & de fable, sèche fans
accident, & devient, par la cuiflbn , un corps très-
dur & très-folide. Mais ce mélange, quoiqu’em-
pioyé dans quelques circonftances par des artiftes
recommandables , ne peut fervir utilement que
dans des lieux abfolument à l’abri du contafr du
verre, qui le déterminerait à la fufion.
L’argile déjà cuite , ou ciment", eft parfaitement
propre à être mélangée avec l’argile : ce com-
pofé réfifte auffi puiffamment que le précédent à
l’aâSon du feu; le contafr du verre ne le détermine
pas à la fufion , puifque le ciment n’étant
lui-même que de l’argile, jouit de la même infufibilité
que celle-ci, & le tout eft bien plus homogène
, puifqu’après la cuiflbn, l’argile eft devenue
ciment elle-même.
La démolition des vieux fours, & les morceaux
des creufets fourni fient affez de ciment dans un
établiffement déjà formé. Alors toute la prépara^
tion confifte à bocarder le ciment , c’eft-à-dire, a
le pulvérifer par le moyen d’un bocard , ou machine
à pilons , après qu’on l’a épluché avec foin ,
& qu’on en a foigneufement féparé les parties vi-
treufqs qui en couvroient la furface. Mais , fi l’on
formoit un établiffement nouveau, on feroit obligé
de cuire de l’argile , exprès pour en faire du ciment.
On caffe , en morceaux à peu près égaux, l’argile
telle quelle fort de la carrière , feulement fé-
chée ; on la fait cuire dans un fourneau, à la manière
des briques, & on la pulvérife. La cuiffon eft
communément mal exécutée par ce procédé : il eft:
difficile que les morceaux d’argile ne foient inégaux
en groffeur, & irréguliers par leur forme ;
ils fe croifent les uns plus promptement que les
autres.
En moulant l’argile, en briques minces du même
échantillon, on la recuit mieux, parce que tous les
morceaux fe trouvant alors de la même epaiffeur ,
le feu les pénètre également. Il m’a auffi très-bien
réufli de pulvérifer l’argile crue, & Amplement
féchée , de la tàmifer, & de l’expofer dans cet état
à l’aétion du feu , fur le pavé d’un fourneau de réverbère,
à la manière de la fritte.
La quantité de ciment qu’on doit mêler à i’ar-
- gile , n’eft pas fufceptible d’une règle invariable:
elle eft relative à la qualité connue de l’argile qu’on
employé. Lorfqu’elle eft très-graffe , très-tenace ,
elle abefoin d’une plus forte dofe de ciment. En général
, il convient d’en mettre autant qu’on le peut ,
fans trop altérer la ténacité delà terre compofée,
& fans la rendre trop maigre. A certaines efpèces
d’argiles , j’ai combiné parties égales de ciment ;
avec d’autres, j’ai mêlé cinq parties de ciment à
trois parties d’argile.
Le ciment pilé trop gros eft d’un ufage dangereux.
Lorfqu’on l’a mis en oeuvre, il s’en détache
des grains : il fe forme à la furface des creufets
& des fours, des trous qui font déjà un commencement
de dégradation, & qui fourniffent au feu
la plus grande facilité à en occafionner de plus
confidérables. Ces grains répandus dans le verre
s’oppofent au produit de la fabrication. Enfin le
gros ciment ne fe diftribue pas également dans
l’argile, & par conféquent la terre qui en eft compofée
prend à la recuiffon, une retraite^inégale dans
fes diverfes parties.
Le ciment fin ne procure pas à l’argile des pores
affez ouverts , pour aider à fa déification , & pour
prévenir les mauvais effets de fa ténacité. Les ouvrages
auxquels on employé de pareil ciment, font
fréquemment fujets à des gerçures. Le ciment fin
a cependant l’avantage de fe diftribuer aifément
& avec égalité dans toute lamaffe de terre. Cette
dernière obfervation m’avoit déterminé à en con-
feiller l’ufage dans l’Encyclopédie , (première édition
in-fol, ) Mais une plus longue expérience me;