ceux qui font devenus trop durs, & les débarraffer
de la colle qu’ils ont prife du papier mouillé, fur
lequel on les a pofés fi fouvent dans le cours du
tirage.
Des linges ou torchons.
Ce font des lambeaux de vieux linges dont on
fé fervira pour effuyer la planche, lorfqu’elle aura
été encrée.
Du tampon ou de la balle.
On la fait d’un bon linge de chanvre, doux &
fin, à demi-ufê; on le coupe par bandes larges de
cinq à fix pouces ; on roule ces bandes fort ferré,
comme on rouleroit un ruban, mais le plus fermement
pofiible; on en forme comme une molette
de peintre. En cet état, on les coud avec du bon
fil 3 en plufieurs doubles, qu’on fait paffer à travers
dans tous les fens. On s’aide dans ce travail
d’une alêne. Le tampon ou la balle bien coufiie,
& réduite à environ trois pouces de diamètre , on
la rogne avec un couteau bien tranchant ; l’autre
côté fera arrondi en demi-boule, afin que le creux
de la main s’y puiffe appliquer commodément lorf-
qu’il s’agira d’encrer la planche.
Du noir de fumée ou du noir d’Allemagne.
Le meilleur noir qui foit à l’ufage des imprimeurs
en taille-douce , fe fait par la combuftion des matières
réfineufes; c’eft une véritable fuie.
Le noir fe tiroit autrefois d’Allemagne , mais
celui que l’on fait préfentement à Paris , paffe pour
être plus doux & meilleur.
j/Miiw^auA iijgicuiciis qui entrent aans lé
fabrique de ce noir, font des noyaux de pêche &
d’abricots, des os de pied de mouton & de l’ivoire
le tout bien brûlé, bien broyé , bien tamifé. Lz
liaifon de ces drogties fe fait avec de la lie de vin
quelquefois feulement avec de l’eau. Le meîlleui
noir eft fait avec l’ivoire tout féul & la lie.
Le bon noir doit avoir l’oeil velouté ; en 1<
froiffant entre les doigts , il s’y écraféra comme
l’amidon.
Le noir commun n’aura pas un oeil fi beau ; ai
lieu de l’éprouver doux entre les doigts on 1<
trouvera rude & graveleux. Il ufe fort les planches
ce noir commun le tire des lies du vin brûlées.
De la marmite à cuire lyhuile.
Elle fera de fer," affez grande; il faut que fon
couvercle s’y ajufte bien exactement. On y mettra
la quantité qu’on voudra d’huile de noix, la meilleure
& la plus pure, enforte toutefois qu’il s’en
manque au moins quatre à cinq doigts qu’elle ne
foit pleine. On la couvrira , & l’on fera bouillir
1 huile, ayant attention qu’elle ne fe répande 8c ne
s'enflamme pas. On la remuera fouvent, foit avec
une pince, foit avec des cuillers de fer, jufqu’à ce
que le feu y prenne légèrement de lui-même. On
pourra l’allumer avec un morceau de papier enflammé
qu’on y jettera, lorfqu’elle fera chaude au
point requis ; alors on retirera la marmite de deffus
le feu, on la placera dans un coin de la cheminée,
obfervant de remuer l’huile.
Cette ignition durera au moins une demi-heure
& l’on aura fait la première huile, celle qu’on appelle
huile foible.
On arrêtera la combuftion , en fermant la marmite
de fon couvercle , ou en appliquant à la fur-
face un linge mouillé qui empêche la communication
avec l’air.
Cela fait, on aura un vaiffeau net, dans lequel
on 'Verfera l’huile qu’on confervera.
On préparera l’huile forte comme on a préparé
l’huile foible , on la laiffera feulement brûler beaucoup
plus de temps. On poufl'era l’inflammation
jufqu’à ce qu’elle foit devenue épaiffe & gluante,
ce qu’on reconnoîtra en en biffant tomber quelques
gouttes fur une affiette ; fi ces gouttes refroidies
nient comme un firop très-fort, l’huile forte
eft faite.
Il y en a qui jettent dans l’huile bouillante , ou
qui font bouillir en même temps & avec elle, une
croûte de pain ©u de la terre d’ombre.
S’il arrivoit que l’huile.fût trop brûlée, on ajou-
teroit dans la marmite une quantité convenable
d’huile non brûlée.
Il eft prudent de faire cette opération dans un
jardin, une cour, ou quelque lieu découvert.
L’huile qui fert à délayer le noir, doit être de
l’huile de noix de la meilleure qualité ; mais cuite
différemment, fuivant les différens ouvrages qu’<5n
veut imprimer. On en fait ordinairement de trois
fortes, de la claire , de la grajfe & de la forte, qui
ne font différentes que par leur degré de cuiffon.
On deftine l’huile forte aux plus beaux ouvrages;
les deux autres s’emploient à proportion de
Feftime que l’on fait des tailles-douces qu’on veut
imprimer ; la claire .fervant aux moindres, & îa
graffe aux médiocres.
De la manière de broyer le noir,
On écraféra la quantité qu’on veut broyer de
ce noir, qui eft en forme de pierre; il faut le paffer
à travers un tamis très-fin : on nettoie enfuite le
marbre & la molette. Puis on aura à côté de foi
l’huile foible, on en arrofera peu à peu le noir;
on obfervera de ne pas mettre trop d’huile à la
fois fur le noir, qui veut être broyé le plus à fec
qu’il eft poffible.
Cette détrempe étant faite , on retirera avec le
couteau ou l’amaffette, le noir fur un des angles de
la pierre,' & reprenant petite portion à petite portion
le noir qui n’a été broyé qu’en gros, on le
rétendra fur toute la pierre , en repaffant deffus la
molette en tout fens, jufqu’à ce que le broiement
& l’affinage foient achevés.
Le broiement & l’affinage parfaits, on relèvera
de rechef avec le couteau & l’amaffette ce noir.
On donnera le même apprêt à celui qu’on aura
détrempé, puis on reviendra fur le tout; on le remettra
au milieu de la pierre; on y ajoutera en
deux ou trois tours de molette une certaine quantité
d’huile forte;
Il faut moins d’huile forte , lorfque l’encre apprêtée
doit fervir à des planches ufées, ou dont
la gravure n’eft pas profonde; un peu d’ufage &
d’expérience dirigeront là-deffus.
De la poêle à feu & du gril.
On aura une poêle de fer ou de fonte, fur laquelle
oh placera un gril ; c’eft fur ce gril qu’on
pofera les planches pour les échauffer médiocrement.
Il doit y avoir un peu d’intervalle entre le
gril & la poêle , pour donner un libre accès à
l’air entre la planche & le feu, qui doit être couvert
de cendres chaudes.
De la manière de tremper le papier.
Pour tremper de grand papier, il faut avoir un
baquet plein d’eau claire, & deux forts ais barrés
par derrière ; que ces ais foient de la grandeur
du papier déployé. Les barrures fortifieront les
ais & les empêcheront de coffiner, & feront une
commodité lorfqu’il s’agira d’enlever les ais avec
le papier dont ils feront chargés.
Cela préparé , on prendra cinq ou fix feuilles de
papier avec les deux mains. On les tiendra par les
angles, & on les paffera toutes enfemble, deux
ou trois fois dans l’eau claire du baquet, félon que
le papier fera plus ou moins fort, plus ou moins
collé; enfuite on les étendra fur un des ais, par
deffus celles-ci les cinq ou fix autres qu’on aura
trempées, & ainfi de fuite, jufqu’à ce qu’on ait
épuifé la quantité de papier qu’on veut tremper.
Le papier trempé mis lur uu des ais , on le couvrira
de l’autre ais, fon côté uni appliqué -au papier,
& l’on chargera le tout d’un poids pefànt, oü
l’on» ferrera les ais dans une preffe : cette opération
produira deux effets contraires; elle fera entrer dans
le papier l’eau dont il a befoin , & elle en chaffera
celle *qui eft fuperflue.
Il faut laiffer en cet état le papier jufqu’à ce qu’on
veuille tirer. Le papier trempé le foir peut fervir le
lendemain ; & s’il arrive qu’on en ait trempé plus
qu’on n’en pourroit employer, on met ce qui en
refte entre celui qu’on trempe le foir, & le lendemain
on l’emploie le premier.
On trempera plus long-temps le papier fort &
bien collé , moins long-temps le' papier foible &
le moins collé.
On alune quelquefois le papier ou les étoffes fur
lefquelles on veut imprimer ; l’encre s’y attache
plus facilement. Pour cet effet, on diffout de l’alun
dans de l’eau bouillante, & l’on trempe le papier
dans cette eau.
De la manière dencrer & d’imprimer.
L’ouvrier premier de la vignette imprime; l’ouvrier
fécond encre.
La planche gravée ayant été limée par les bords l
on en pofe l’envers fur le gril, qui eft au deffus de
la poêle à feu. On la laiffe modérément chauffer ;
on a un torchon blanc & net; on la prend par un
des angles ; on la porte fur une table bien affermie ,
& prenant le tampon, 8i avec le tampon du noir,
on applique le tampon. & le noir fur la planche,
coulant, preffant, frappant en tout fens fa furface ,
jufqu’à ce que ces traits foient bien chargés de
noir.
Si l’on fe fert d’un tampon neuf, il faut prendre
trois ou quatre fois plus de noir que quand le
tampon fera vieu* , aura fervi , & fera bien
abreuvé.
Une attention qu’il ne faut pas négliger, c’eft
de tenir le tampon & le noir en lieu propre,
où ils ne foient point expofés à la poufîiére & àüx
ordures ; car, en encrant, on feroit des rayures fur
la planche.
Lorfque le tampon à beaucoup fe rv i, & qu’il eft
devenu dur par le noir qui s’y eft attaché & féché,
il faut en enlever quelques rouelles, & le traiter
enfuite comme un tampon neuf.
Après avoir rempli de noir les tailles de la
planche, on effuie légèrement le plus gros du noir,
le fuperflu qu’on emporte avec un torchon qu’on
paffe aufli fur les bords de la planche. On a un autre
torchon blanc, on y effuie la paume de fa main;
on paffe enfuite cette main effuyée fur la planche
même, hardiment & en tout fens ; on réitère cet
effuiement fur la planche, & à chaque fois on effuie
fa main au torchon blanc : on parvient ainfi à ne
laiffer à la planche aucun noir fuperflu ; il n’en
refte que dans fes tailles, & elle eft difpofée à l’im-
prefiion.
^.lors on étendra fur la table de la preffe , que
l’on aura fait venir par le moyen du moulinet de
l’un ou de l’autre côté , une feuille du même papier
fur lequel on doit imprimer ; fur cette feuille de papier
on placera un lange fin, fur celui-ci un plus
gros, & ainfi de fuite jufqu’au dernier, obfervant
que les extrémités des langes ne répondent pas vis-
à-vis les unes des autres ; que , par exemple, fi le
premier lange eft a fept ou huit pouces loin du rouleau
, le fécond qui le couvre en foit moins éloigné
d’un ou deux pouces, & ainfi du troifième, du
quatrième, &c. On le pratique de cette manière,
pour former par les épaiffeurs graduées de tous ces
langes, comme un plan mefuré qui facilite leur paf-
fage fous le rouleau.
Ayant tourné le moulinet du fens convenable ;
8c. fait par ce moyen paffer les langes bien étendu«