
de diftance des parties les plus Taillantes du moule
de potée. On laide à ce mur, des. ouvertures cor-
refpondantes aux efpaces pratiqués entre les murs
des galeries, pour allumer le feu & l’entretenir. Ces
ouvertures fe bouchent avec des plaques de tôle-,
afin de conferver la chaleur.
Quand une foffe eft allez grande, le mur de recuit
eft ifolé, & on en fait le tour, aifément. Sur la
grille qui couvre les galeries , on confirait avec de
la brique blanche de Pafiÿ, de petits murs de quatre
pouces d’épaiffeur par arcade, en tiers point, efpacés
de quatre pouces. On remplit le refte de l’efpace
du mur de recuit & du moule, de briquaillons ;
rangeant les plus petits vers le moule, 8c les, plus
gros vers le mur. On foutientles fers de l’armature
par des piliers de brique. A mefure que des briquaillons
s’élèvent, on place à l’iffue des égouts,
des conduits de tôle qui traverfent le mur de recuit
& conduifent les cires. Pour s’affurer fi le moule &
le noyau font fuffifamment recuits , on les perce
avec une tarrière en différens endroits; & on place
dans les trous des tuyaux de tôle, qui paffent aufH
à travers le mur de recuit, 8c par lefquels on peut
voir le moule 8c le noyau, 8c juger du recuit à
la couleur. On conduit encore à travers les briquaillons
, de petites cheminées de trois à quatre,
pouces en carré, qui montent de haut en bas de la
foffe : elles donnent iffue à la fumée. On élève les
principaux jets 8c évents, avec des tuyaux de tôle ;
8c l’on couvre toute la face fupérieure de la foffe
8c des briquaillons , d’une couche d’argile d’environ
trois pouces d’épaiffeur.
Cela fa it, on allume un petit feu dans trois galeries
de chaque côté'. Ce feu dure un jour 8c une I
nuit. On l’augmente de celui qu’on fait enfuite dans
deux autres galeries : on continue ainfi de galeries
en galeries , finiffant par celles qui font les plus
voifmes de la figure ou de fes parties faillantes.
On continue pendant neuf jours de fuite ce feu de
charbon modéré. Les cires coulent deux jours après
que le feu a été allumé. On en avoit employé pour
la ftatue équeftfe de la place de Louis-le-Grand,
5568 livres, tant en ouvrage qu’en jets , égouts 8c
évents ; 8c il n’en eft forti en tout que 2805 iivres ;
le déchet s’eft perdu dans le moule, dans le noyau ,
8c en fumée.
Quand on s’eft apperçu que le moule a rougi,
©a difcontinue le feu peu à peu, puis on le ceffe
entièrement ; mais le moule 8c le noyau relient
encore long-temps chauds. On attend qu’ils foient
refroidis pour travailler à l’enterrage 8c à la fonte.
On commence par débarrafler entièrement la
foffe de tout ce qui remplifToit les galeries 8c l’efËace
qui eft entre le mur de recuit 8c le moule.
nfuite on procède à l’enterrage ou au maflif de
terre dont on remplit lâ-foffe autour du moule : on
comble d’abord les galeries jufqu’à la hauteur de la
grille, de moëllons maçonnés avec deux tiers de
plâtre, Sc un tiers de terre cuite 8c pilée. On fait
énfpitç pn folide Tops les parties inférieures de
la figure » du ventre du cheval fi c’eft une ftatue
équeftre ; ce folide eft de briques maçonnées auffi
avec le mélange de plâtre 8c de terre cuite 8c pilée.
On ferme toutes les ouvertures des murs de la foffe ;
on achève de la remplir jufqu’à deux pieds au
deffus du moule avec de la terre ferme ; on met
cette terre par couches de fix pouces d’épaiffeur ,
qu’on réduit à quatre avec des pilons de cuivre ;
mais de peur que l’humidité de cette terre ne nuife
au moule , on y répand un peu de plâtre paffé au
fas. On avoit même goudronné le moule depuis le
bas jufqu’à la moitié-de la figure, dans la fonte de
la ftatue équeftre de la place de Louis-le-Grand.
A mefure que l’enterrage s’avance , on bouche
les iffues des égouts 8c les trous de tarrière , avec
des tampons de terre; quant aux jets 8c aux évents ,
on les élève avec des tuyaux de même compofition
que le moule de potée ; on fait bien fécher ces
tuyaux avant que de les employer ; on les conduit
juiqu’à l’écheno.
L’échéno eft un baflin où aboutiffent les principaux
jets, 8c dans lequel paffe le métal liquide au
fortir du fourneau, pour fe précipiter dans les jets
dont l’entrée eft en entonnoir. Ces entonnoirs font
bouchés avec des barres de fer arrondies 8c de
même forme, qu’on appelle quenouillettes.
Tout eft alors difpofé pour la fonte dans la
foffe ; il ne s’agit plus que d’avoir un fourneau
pour mettre la matière èn fùfion ; on commence
par conftruire un maflif profondément en terre, fur
lequel on aflied le fourneau de manière que l’âtre
en Toit à peu près trois pieds plus haut que le
fommet de la figure à jetter ; 8c fur l’arrafe des
murs, on a élevé en pans de bois trois côtés de
l’atelier ; pour le quatrième côté, qui regarde la
chauffe du fourneau, il eft confirait de moellon ,
8c c’eft un mur. Le fourneau doit être le plus près
qu’il eft poflible de la foffe ; c’eft pourquoi, en
conftruifant le maflif du fourneau qui forme un des
côtés de la foffe , on y a fait deux renfoncemens Jen
arcades., avec un pilier au milieu , derrière lequel
ori a pratiqué un paffage voûté , pour communiquer
d’une arcade à l’autre. Le parement du pilier du
côté de la foffe a été fait avec des aflifes de grès
pour rêfifter au feu, qu’il devoit fupporter comme
partie du mur de recuit.
C ’eft la quantité de métal néceffaire à l’ouvrage
qui détermine la grandeur du fourneau ; 8c c’eft ,
comme nous l’avons déjà infinué , la quantité des
cires employées , qui détermine la quantité du
métal. Il fallut pour la ftatue équeftre de la place
de Louis-le-Grand , tant pour les égoûts, évents ,
jets, que pour le noyau, 6071 livres de cire, ce
qui demandoit 60710 livres de métal, à quoi l’on
ajouta 22942 livres de métal , à caufe du déchet
dans la fonte, de la diminution du noyau au recuit,
8c pour en avoir plutôt de refte que moins.
Quand on a la quantité de métal que le fourneau
doit çontenir, on cherche quel diajnètre 8c quelle
hauteur de bain de métal il doit avoir. Dans la
fonte de la ftatue équeftre qui nous fert d’exemple,
fachant qu’un pied cube de métal allié, pèfe 648
livres, on divifa 83652 par 6 4 8 ,8cl’on trouva qu’il
falloit que le fourneau contînt 129 pieds cubes
On prit le diamètre du fourneau pour cette fonte
de dix pieds neuf pouces en carré, fur feize pouces
8c demi de hauteur ; ce qui donne 129 pieds cubes.
Le fourneau doit être percé par quatre ouvertures
, une du côté de la chauffe par laquelle la
flamme entre dans le fourneau , 8c qu’on appelle
Ventrée de la. chauffe ; une à l’autre extrémité vers
la foffe par laquelle le métal fondu fort : deux autres
qu’on nomme portes , font par les deux côtés. Elles
fervent pour pouffer le métal dans le fourneau, 8c
pour le remuer quand il fond. On pratique encore
deux ou quatre ouyertures dans la voûte , qui font
comme les cheminées , 8c qu’on tient couvertes ou
libres félon le befoin.
A côté du fourneau , à l’oppofé de la foffe, on
fait la chauffe. C ’eft un efpace carré dans lequel
on fait le feu , 8c d’où la flamme eft portée dans le
fourneau. Le bois y eft pofé fur une double grille
qui fépare fa hauteur en deux parties : l’inférieure
s’appelle le cendrier. On retire les cendres par une
porte ouverte du côté du nord ; parce que le feu
qui met le métal en fufion, étant de réverbère, il
eft avantageux que l’air qui paffe par cette porte ,
8c qui le fouffle, foit un vent froid qui donne au
feu de l’aélivité.
Le fondement du fourneau ayant été fait folide,
on pofe l’âtre à la hauteur néceffaire pour qu’il ait
pente vers l’éche'no. On donna dans l’exemple de
grande fonderie dont nous nous fommes fervis , à
l ’âtre douze pieds neuf polices de diamètre , pour
que le mur du fourneau portât en recouvrement
un pied deffus au pourtour avec trois rangs de
briques , les deux premières fur le plat, 8c la troi-
fième de carreaux de Sinfanfon, proche Beauvais
en Picardie , de huit pouces en carré pofés de
champ, 8c maçonnés avec de la terre de même
qualité que celle du noyau. Cet âtre avoit une pente
de fix pouces depuis la chauffe jufqu’au tampon ,
8c un revers de trois pouces de pente depuis les
portes jufqu’au milieu , ce qui formoit un ruiffeau
dans le milieu , pour en faire écouler le métal.
Au deffus de l’âtre, on confirait les murs 8c la
voûte du fourneau avec des briques gironnées ,
c’eft à-dire , plus larges 8c plus épaiffes par un bout
que par l’autre , de la tuilerie de Sinfanfon, pofées
en coupe fuivant le pourtour 8c le diamètre de la
voûte, maçonnées avec de la terre , 8c garnies par
derrière de briques du pays , pofées- avec de la
terre en liaifon 8c en coupe.
Le trou du tampon eft en façon de deux cônes
unis par leurs bouts tronqués ; on bouche celui
qui eft du côté du fourneau, avec un tampon de
fer de la figure de Fouyerture qu’il doit fermer , 8c
de la terre qui -remplit les joints : le tampon étant
en cône, 8c bouchant par fa pointe , le métal ne
peut le chaffer. Ce trou de tampon eft pratiqué dans
Ton parement avec un rang de briques de Sinfanfon,
garni par derrière de briques du pays , pofées en
terre, de même que les portes du fourneau.
La chauffe 8c fon ouverture doivent être d’un
contour aifé 8c alongé , afin que la flamme aille
fans empêchement frapper au trou du tampon, d’où
elle fe répand 8c circule dans le fourneau. Au haut
de la voûfe de la chauffe , il y a un trou par où l’on
jette le bois ; on bouche ce trou avec une pelle de
fer qui gliffe entre deux couliffes de fer au deffus
de cette ouverture. Dans l’épaiffeur du mur du
fourneau du côté de la chauffe , on met une plaque
de fer fondu de quatre pieds de lo n g , qui defeend
à huit pouces plus bas que l’âtre du fourneau, à un
pied de diftance du parement du mur de la chauffe,
de crainte que fi le feu faifoit quelque fraélure aux
murs du fourneau , le métal ne s’écoulât dans la
. chauffe. Par la même raifon on fortifie le fourneau
en tout fens avec des tirans de fer qui paffent fous
Pâtre-, 8c fur la voûte du fourneau , 8c qui font
pris par leurs bouts dans des ancres de fer qui fai-
fiffent d’autres barres pofées de niveau fur les pare-
mens des murs du fourneau.
Les ouvertures du comble qui donnent du jour
dans ces ateliers , doivent être en lucarnes d*môi-
felles, c’eft-à-dire , plus élevés furie devant que fur
le derrière , afin de donner plus de jour , 8c laiffer
plus facilement échapper la fumée.
Voilà les règles générales pour la confira élion
d’un fourneau ; l’expérience 8c le bon fens apprendront
au fondeur, quand 8c «omment il doit ou les
modifier où s’en écarter.
Lorfque le fourneau pour la ftatue équeftre de la
place de Louis-le-Grand fut confirait, comme nous
avons d it, on fit trois épreuves à-la-fois ; l’une de
la bonté du fourneau ; l’autre fur la durée du métal
en état de fufion , 8c la troifième fur la diminution
pendant la fonte. On y fondit 19090 liv. de vieilles
pièces de canons , lingots de cuivre moitié rouge.,
moitié jaune ; le mélange fut mis en fùfion en vingt-
quatre heures , coula près de cinquante pieds de
longueur à l’air fans fe figer, 8c l’on n’en retira que
15714 livres nettes. Le déchet venoit de l’évaporation
du métal jaune , 8c de la perte de la quantité
dont l’âtre neuf s’étoit abreuvé..
L’alliage ordinaire du bronze pour les figures eft
de deux tiers de cuivre rouge, oc d’un tiers de cuivre
jaune ; mais on rendra le bronze plus folide 8c
moins foufflant, fi Fon met un peu plus de cuivre
jaune. On prit, pour la grande fonte de la ftatue
équeftre de la place de Louis-le-Grand , en lingots
de la première fonte, 15714 ; en culaffes de vieilles
pièces de canon, 6188 ; en lingots faits de deux
tiers de cuivre rouge 8c d’un tiers de cuivre jaune,
4860; en autres lingots de cuivre, moitié rouge
8c moitié jaune ,4 5 12 9 ; en métal rouge , 3 5 39 ; en
métal jaune, 3 500 ; en lingots provenans de la fonte
de la ftatue de Sextus Marius, 2820; en étain fin
d’Angleterre, 2002. T ota l, 83752.