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comme fait le charbon de pierre ou charbon i
mais fur la propriété qu'ont les uns ou les autres
de donner un feu & une chaleur plus ou moins
nourris, & de degrés d’intenfité diffère ns.
Pour exprimer les qualités qu'ils ont jugées
dans les uns ou dans les autres, ils ont qualifié
les charbons du nom de charbons forts, de charbons
foibles ou doux; ils défignent différentes efpèces
de houilles fous les noms de houilles fortes , de
houilles douces, de houilles fèches.
La diffinition générale de houille grajfe ou chaude,
& de- houille maigre, de charbon fort & de charbon
foikle , eft celle qui paroît devoir être uniquement
fui vie , étant allez certaine pour que l’habitude
permette de ne pas fe tromper à la fimple v u e ,
lorfqu’il s’agit de diftinguer le charbon gras à fa
couleur d’un, noir matte, à fa pefantcur & à fon
oeil poudreux ; d’avec le charbon maigre qui eft
plus léger, plus fe c , & dont la couleur eft plus
luifante, un peu argentine.
De la houille grajfe , en patois krâffe hoie ; ou
houille chaude, chaude hoie.
Cette houille préfente à l’oeil des variétés dif-
tin&es ; il en eft qui ont allez de reffemblance
avec le charbon d’Ecoffe : c’eft un compofé de
bandes épaiffes, formées de plus petites très-brillantes
, réunies enfemble : les molécules de ces
bandes font lamellées , & à facettes rayonnées ;
les bandes font feulement féparées d’efpace en
efpace, par une matière charbonneufe manquée.
D ’autres fois , la houille graffe n’eft qu’une malle
brute, formée de grains alTemblés fans ordre : le
tout pourroit être comparé à un granit ferré &
uni, noirci au feu , ou même à un morceau de
fuie liquéfiée, puis refroidie & calcinée.
Tantôt la houille grafies^ft compofée de malles
irrégulièrement difpofées par couches en tout fens :
ces couches & ces malles fe trouvent fouvent
mêlées de matières femblables à des portions de
bois réduites en charbon. Toute la hauteur qui
dépaffe la chauffée de Liège fur Tongres à Haffelt,
allant vers le midi, & les fonds d’A v ro y , Sclef-
fein , Jemeppe, Seret, Ougraye, en donnent de
cette efpèce.
La houille du Bure-aux-femmes, que quelques-
uns regardent comme tenant de la graffe & de la
maigre, eft vifiblement difpofée par lits d’un demi-
pouce , mais en défordre. C ’eft une très-bonne
houille, faifant un très-beau feu , qui en tout tient
davantage de la houille graffe ; les braffeurs s’en
fervent indiftin&ement comme telle.
La houille graffe eft celle que l’on emploie communément
à Liège dans les foyers : pour cela, on
la moule dans des formes en boulets appellés
hochets.
Ces hochets laiffent, après qu'ils font.confu-
més, des efpèces de charbons en braife, appellés
krahay, qui chauffent encore jufqu’à leur entière
deftruction.
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Si Ton confidère cette efpèce de houille dans
fon état brut, c’eft-à-dire , fans être apprêtée , elle
paroît compofée de petites bandes très-luifantes,
appliquées les unes fur les autres, formant enfemble
, dans quelques parties, des couches d’environ
quatre lignes d’épaiffeur en tout fens : on y
diftingue des facettes liffes & fillonnées.
Lorfqu’on l’emploie, elle eft remarquable par
les circonftances luivantes : elle fe colle affez ai-
fément au feu en s’enflammant, parce qu’elle eft
plus bitumineufe que la houille maigre, ce qu'on a
fans doute voulu exprimer en l’appellant krâffe
hoie, houille grajfe : elle rend beaucoup plus de
chaleur que la houille maigre, ce-qui l’a fait ap-
peller chaude hoie ,* & fe réduit , pour la plus
grande partie, en pouffière grifâtre, comme la
cendre de bois, mais graveleufe.
De tout cela, il fuit que, d’une part, fon feu
feroit trop ardent pour les ouvrages des maréchaux
ferrans ; & d’une autre part , que cette
houille eft trop graffe pour que ces ouvriers puif-
fent s’en fe: vir à travailler leur fer. Les brafferies
& les groffes verrereries font les principales manufactures
qui les emploient.
De la houille maigre , de la clutte.
La houille maigre eft plus foible que la houille
grafle, & eft très-propre aux feux des tourailles :
elle eft prefque généralement én ufage pour les
feux domeftiques, fur les deux rives de la Meufe,
depuis Liège jufqu’en Hollande.
Elle diffère de la houille graffe, en ce qu’elle
donne moins de chaleur : les braffeurs peuvent la
mêler avec cette dernière ; elle dure au feu plus
long-temps qu’elle ; & , lorfque fon peu de bitume
eft confùmé , elle fe réduit en braife ou krahais,
qu’on allume fans qu’ils donnent >d’odeur, &
prefque fans qu’ils donnent de fumée : ce qui les
rend plus propres pour les tourailles que les krahais
de la houille graffe.
La houille d’Àns paroît être formée de petites
molécules friables , qui femblent n’ avoir pu s’arranger
par couches , faute de bitume.
La bonne houille maigre fe -trouve communément
dans les environs de Herftal & de Vivegnis ;
celles de Houffe & de Cheratte, leur font en général
très-inférieures.
Dans ces quartiers, & dans quelques autres de
la rive droite, on exploite une efpèce particulière
de ce charbon, qu’on nomme clutte, Si qui, pour
l'ordinaire, eft d’une qualité très-foible. C’eft un
charbon tenant de la nature du charbon tendre &
de la téroulle, compofé de grands faifceaux de
fibres difpofées en tout fens, qui fe croifent de
toutes les manières.
La clutte chauffe affez bien, dure «mez longtemps
, faifant un petit feu bleu ; mais, lorfqu’elle
. brûle , il ne faut pas y toucher , parce qu’elle
tomberoit en pouffière, comme font les houilles
maigres.
On en fait des hochets qu’on emploie dans les
foyers ouvert*, & dans les poêles ; ils font de
deux tiers plus petits que les hochets de houille
graffe , & ils font communément appelés cluttes ;
mais ce n’eft qu’un hoçhet ou boulet fait avec la
houille graffe.
L ’Angleterre, l’Allemagne, la plupart des pays
étrangers , & prefque toutes les provinces de
France ( comme on aura foin de le décrire dans
d’autres divifions de cette Encyclopédie ) , contiennent
aufli des mines de charbon de terre &
de houille, dont plufieurs font exploitées, mais
dont il y a un plus grand nombre de négligées.
Cependant, le défaut du bois qui fe fait fentir
dans prefque toute l’Europe , obligera quelque
jour les habitans de tirer parti de ces mines de
charbon foflile , qui peut devenir fi utile pour les
manufactures & pour les feux des appartenons,
fur-tout depuis qu’on a trouvé les procédés que
nous venops de rapporter pour le deffoufrer &
le purifier.
V O C A B U L A I R E .
C e n d r e s de m e r ; ce font des cendres de I
houille ou de tourbes, & de charbon de terre. "
Charbonnière ; efpèce de four où l’on fait
brûler la houille pour en retirer le foufre fura-
bondant.
C haude hoie ; c’eft à Liège une houille graffe
qui donne beaucoup de chaleur.
C lutte ; c’eft dans le pays de Liège une efpèce
de houille d’une qualité très-foible.
C o a k s ou C oks ; nom que les Anglois donnent
au charbon minéral ou à la houille, dont on ,a
retiré le foufre furabondant.
D essoufrage ; c’eft le procédé par lequel on
enlève au charbon minéral la furabondance du
foufre qui entre dans fa compofition.
Hochets ; ce font à Liège les formes dans lef-
quelles on moule la houille graffe pour le chauffage.
Hoie ; nom que les Liégeois donnent à la
houille.
Houille ; charbon minéral compofé de terre
de bitume, & de foufre.
Houille ( terres & cendres de ) ; ce font des
terres ou cendres minérales provenant des débris
du charbon minéral.
K auchteuse ( mine ou veine ) ; c’eft , en
Liégeois, une mine ou yeine abondante en bonne
houille.
Kr ah a i ; on nomme ainfi à Liège la braife
de houille qui chauffe encore jufqu’à fon entière
deftruCtion.
Krasse hoie ; c’e ft, en Liégeois, de la houille
graffe.
Matte ; c’eft la maffe réguline du métal, qu’on
remarque dans l’intérieur du fourneau pendant le
cours de la fonte.
T ourbes ; ce font des mottes compofées d’une
terre graffe & de charbon minéral, qui fervent
pour le chauffage dans certains pays.
JARDINIERS - PRÉOLIERS - MARAICHERS.
( Art des )
C i *Eft le premier des arts, c’eft le plus important
& le plus efléntiel à l’homme , que de favoir
tirer , par la culture , les produirions fans çeffe re-
ftaidantes de la terre. Mais l’art du jardinage eft
fi varié dans fes procédés , fi étendu dans fes principes
, fi multiplié dans fes branches , qu’il demande
un traité particulier & bien développé ,
qui fera l’objet d’une divifion de cette Encyclopédie
méthodique. Nous ne parlons ici des Jardinier
s-Prèoliers-M araîcher s , que parce qu’ils font
une communauté, qu’il eft dans notre plan & de
notre devoir de faire connoître dans ce Dictionnaire
confacré aux arts & métiers.
Les plantes potagères font l’occupation principale
de ces jardiniers. Ils cultivent dans leurs jardins
, (qu’on appelle principalement marais à Paris
parce qu’ils font dans des lieux bas Sir humides) ,
des racines , des falades , des plantes bulbeufes ,
des légumes, & des fruits de plantes potagères.
Pour qu’un potager ou un marais lbit en bon
rapport, on le doit bien expofer, en amender les
terres ; & quant à la culture, une vigne ne doit
pas être mieux entretenue qu’un potager , mieux
fumée , mieux labourée, mieux fardée ; l’eau fur-
tout ne doit pas manquer. S’il y a trop d’eau ,
on fera faire une grande pierrée dans le milieu
, bâtie à pierres fèches, où viendront fe rendre
quantité de petites rigoles, qu’on pratiquera
pour amaffer les eaux des plates - bandes & des
allées*