diverfes recettes , les unes contre les teignes ,
d’autres contre les charanfons ; mais l’expérience
n’a pas conftaté le fuccès. Ou indiqua, il n’y a
pas fi longtemps, la plante & la graine de num-
maria , ( monnçyere ) comme un remède sûr contre
les teignes ; mais PeiTai fit voir que ce moyen étoit
fans un effet fenfible.
On confeille encore contre les charanfons, le
thlafpi , l’hièble , 8c autres plantes d’une odeur
forte ; on a prétendu que l’odeur du foin nouveau,
fur-tout quand il fait fa fueur, pourroit les expulfer.
Voici un autre moyen qu’on propofe pour ex-
pülfer & faire périr le charanfon. Il faut employer
les feuilles d'hydropiper ou perjicaria acris, en fran-
çois , poivre d'eau. Cette plante eft connue du vulgaire
fous le nom de curage.
On remplit un grand chaudron de fes feuilles ;
on met par-deflus une livre 8t demie de fel marin,
deux ou quatre goufles d’a il, & environ un bon
fe.au d’eau. On fait bouillir le tout enfemble, &
on arrofe. avec cette décoâion le plancher du grenier
, les murs & les tas de blé, fans le remuer. A
peine cette afperfion eft-çlle faite, que le charanfon
quitte le tas de blé avec précipitation , & il périt à
l ’inftant même qu’il paflTè fur les endroits arrofés.
On parvient aufli à çhaffer cet infeéfe avec la
graine de pied d’alouçtte ou delphinium, répandue
dans les tas de blé ; mais alors le charanfon ne fait
que changer de place, & il eft plus efleatiel de le
détruire que de l’expulfer ;. d’ailleurs la graine de
pied d’alouette eft-lufpe&e , & pourroit communiquer
à.la farine & au pain des qualités nuifibles
à la fantê.
Les eflais & les-efforts que l’on fait journellement
pour détruire ces infë&es voraces qui rongent, les
blés, n’ont pas toujours unfuçcèsheureux ; mais tel
eft un autre moyenque donne M. deSutières comme
certain, & qu’il eft facile de mettre en ufagei.il
confifte à placer au milieu du grenier ou de la
grange, une grande poêle de charbon allumé,. dans
laquelle on fait brûler des. matières animales., telles
que la corne du pied de boeuf, de cheval,, des vieux
fouîiers, 8cc. L’opération doit, durer trois ou quatre
heures , fe faire portes & fenêtres fermées , 8c fe
réitérer tous les ans avant de ferrer la récolte.
Encore un autre procédé peu coûteux , & qui n’a
d’autre recommandation que le fuccès dont il a été
fuivi. Il confifte àt remplir un grand chaudron: de
leftive fraîche, & à mettre dans ce chaudron autant
d’écailles de cernaux qu’il en peut contenir. On
fait bouillir cette leftive & les écailles pendant deux
heures; onia fait porter enfuitetoute chaude dans
les greniers ; on la répand fur toute la fuperncie
du plancher, & a'veç un balai on la fait' entrer
jufques dans les joints du carrelage;, on. en enduit
enfuite les murs à.telle hauteur qu’on peut atteindre.,
en s’appliquant, à. en faire entrer tant que l’on peut
dans les. trous ou crevaftes des mortiers, de ces
mûrs où fe retirent les charanfcc«T$. Ce moyen réuftit
dès la première fois.
M. Thiebaud, curé de Magny-les-Metz, voyant
un tas d’o rge, qu'il avoit dans fon grenier, tout
couvert de charanfons , eut recours à un expédient
bien ftmple , & dont l’expérience montra que le
fuccès en étoit aufli sûr que la pratique en étoit
aifée. Il fit tremper des draps de toile de chanvre,
les fit tordre, & les étendit enfuite fur fon orge.
Une heure & demie après il les rçleva , & fut-
agréablement fur pris de les trouver tout couverts
de charanfons qui s’y étoient attachés. Il voulut
recommencer l’opération, mais il n’en trouva plus;
le premier eflai avoit fuffi pour les détruire.
En 1763 , on mandoit du château de Carmery,
près de Blois, qu'après avoir eflayé, fans fuccès ,
l’a il, le fureau , l’hièble , pour détruire les calandres
, on crut devoir tenter le procédé qu’on avoit
lu dans un vieux livre , qui étoit d’enfermer dans
le grenier des petits poulets ; & l’on a reconnu que
ces poulets, effeâivement, étoient friands des vers
de calandres, grattoîent & éeartoient le blé fans
t en manger le grain , piquoient l’infèâé 8c l’ava-
loiènt ; qu’au .bout de quatre jours , ces poulets
devenant foibles, on en mit d’autres à la place „
& que ce moyen opéra la deftruâion des calandres ,
fans perdre un grain de blé.
Lorfqu’on a cueilli le chanvre femelle, on en
coupe les fommités qui contiennent la graine , &
on les étend fur des draps pour les faire fécher.
Tout le fëcret confifte donc à placer ces draps dans
les greniers infe&és de charanfons ; l’od’eur de ces
fommités, qui eft très - forte , fait périr ou fuir
promptement tous ces infe&es.
M. Çabanis affùre que te marc de vendange ,
frais produit le. même effet.
M. Treilhard propofe un fècret pour donner la
chaffe aux charanfons qui rongent le feigle ; it
faut, dit-il , mettre fur les. tas de grains , des toi-
fons de mouton, en juin, ou faire coucher plufteurs
moutons dans le grenier pendant quelques nuits.
Qn fajt. mention d’un, particulier chargé, d’un
entrepôt de blé çonfidérable , q u i, dans le mois
d’août, avoit mis. plufîeurs branches de buis dans
des tas de b.lê, & , en les retirant, emporta quinze
livres, pefànt. de charanfons ; ce qui équivaut à
1,105,920 charanfons. On obferve que le buis
donne au grain une. odeur forte, & que fes feuilles.,
en fe defféchant ».tombent dans le blé , &. communiquent.
une amertume à la farine qui eft très-
difgracieiifé & qui peut nuire. Cependant, s’il eft
vrai que le» buis attire, les charanfons, ne pour-
roit-on pas faire ufage de cet arbriffeau , en prenant
des précautions pour que les feuilles ne tombent
pas dans le grain ,. en mettant les branches
de buis dans de grandes boites ouvertes ou dans
des paniers ?
On prétend encore qu’un moyen certain de pré-
fèrver le blé des charanfons , eft d’arrofer le tas de
blé qui en eft infe&é ; avec, de l’huile d’afpic, qui
eft de. l’huile qu’on retire d’une efpèce de lavande,
& de. pafler le blé au. crible ; il eft même ayafitageux
de frotter aufli de temps en temps avec de
l’huile d’afpic , la pelle dont on fait ufage pour
remuer le blé.
Un fermier de" Dublin mêla du fable avec fon
blé , & le recouvrit tout entier de fable. Les charanfons
ne l’attaquèrent point. Le fable s’enlève
aifément en vanant le blé. C ’eft à l’expérience à
confirmer le fuccès des procédés que l’on vient
d’indiquer , 8t-à faire connoître quel eft le meilleur.
Une autre obfervation faite par M. de Monta-
lembert, c’eft que le blé de mars , qu’il avoit con-
fervé dans, le même grenier avec le blé ordinaire
d’automne-, n’étoit point attaqué par cette cruelle
chenille qui s’étoit multipliée dans l’Angoumois ,
& qui dévoroit les blés, même lorfqu’ils étoient
encore dans les champs.
Orf pouYroit femer moins de froment en automne,
8c beaucoup plus de celui-ci au printemps. Ce
feroit, dit M„de Montalembert, donner le change
à l’ennemi de nos campagnes & s’en défaire en
partie, d’une façon moins gênante 8c moins em-
barraflante que par les étuves 8c les fours.
On a aufli eflayé la fumée de foufre, qui véritablement
fait périr* ces infeôes ; mais on trouve
qu’elle décolore le grain, lui donne certaine odeur
qui en empêche la vente, & que la pâte faite d’un
tel grain ne lève pas facilement.
M. Duhamel a lui-même eflayé d’enfermer des
charanfons dans une caiffe enduite d’efprit de térébenthine
; cette odeur , fl pénétrante, ne les dé-
truifit pas. Il a eu aufli la curiofité de faire brûler
dans une étuve où l’on avoit mis du blé charan-
fonné, du charbon de forge : la vapeur qui s’en
exhale feroit capable de faire mourir, 8c même en
allez peu de temps, un homme robufte ; elle n’eut
cependant pas prife fur les charanfons.
On ne croit pas devoir rapporter tous les moyens
dont on confeille l ’ufage pour faire périr cette mal-
heureufe engeance ; mais il ne faut pas omettre une
chofe confignée dans les Mémoires de la fociété éco- ■
nomique de Berne ; favoir, que pour faire périr ou
écarter les charanfons, on doit avoir la précaution,
lorfqu’on engrange les gerbes, de les pofer debout
ou fur la malle, de répandre fur les épis de chaque
couche de gerbe , du fel pilé & féché, quatre livres
fur cent gerbes ; d’en mettre aufli fur le blé battu
8c vané en le ferrant dans le grenier. La dofe doit
être aufli de quatre livres fur un fac.
On remarque que ce grain femé , germe avec
une vigueur extrême, & que la paille ainfi falée,
devient appétiflante pour les beftiaux.
Des greniers de confervation & de dépôt.
M. Duhamel penfe que l’étuve eft le meilleur
moyen, de détruire ces infeétes pernicieux '; que les
teignes ne réfiftent pas à un médiocre degré de
chaleur ; que le charanfon a la vie fans comparaifon
plus dure, & qu’il faut échauffer l’étuve jufqu’à ce
que la liqueur du thermomètre monte à plufteurs
degrés plus haut quelle n’eft à celui qui fuffit pour
détruirel es teignes : le même moyen a réufli pour
faire périr la chenille d’Angoumois.
Ce ne feroit pourtant pas aflez d’en avoir purgé
les greniers une fois ; il peut en revenir d’ailleurs,
8c ce feroit à recommencer. Pour en empêcher le
retour, le même M. Duhamel a imaginé des greniers
, qui , dans un efpace plus petit, peifvent
contenir la même quantité de grain qu’on peut
placer dans les greniers ordinaires les plus vaftes,
parce qu’on peut donner au blé beaucoup plus de
profondeur , fans crainte qu’il fermente 8c qu’il fe
corrompe ; il faut feulement qu’il repofe fur une
voûte ou fur un plancher fi bien foutenu , qu’il ne
cède pas au poids dont on le chargera, 8c que l’air
qu’on y introduira , puifle le pénétrer du bas en
haut.
Il appelle ces petits bâtimens greniers de confer-
vation ; 8c ceux où l’on renferme le grain en fortant
de le vaner & le battre , greniers de dépôt.
Quand on confidère que dans un grenier ordinaire
, on 11e peut donner au froment guère plus
de dix-huit pouces de profondeur, que tout autour
du tas il faut laiffer un trottoir d’une certaine, largeur
, foit pour pouvoir en faire le tour commodément
lorfque le befoin le demandera, foit parce
que c’eft le long des murailles, & dans l’endroit où
elles joignent le plancher, que les fouris font leur
trou,- & où il tombe le plus d’ordures de l’étage
fupérieur ; fi on ajoute à cela que le froment forme
néceflairement un talus qui diminue encore l’efpacë
qui devroit contenir du grain , on ne doit pas
trouver étrange qu’un grenier de confervation qui
n’auroit que douze pieds de côté, fur fix de profondeur
, n’en contienne guère moins qu’un grenier
ordinaire , qui auroit quarante pieds de long , fur
vingt de largeur.
Quant à ces greniers de confervation, qu’on peut
confidérer comme des caifles deftinées à renfermer
le grain, on n’eft pas lié , pour les conftruire, à de
certaines dimenfions, ni reftreint à certaine figure ;
on doit régler les unes fur la quantité de blé qu’on
veut y renfermer , & l’autre, fur l’emplacement
qu’on veut lui donner : ce qui eft abfolument né-
ceflaire, c’eft que le bâtiment foit folide , & qu’il
puifle foutenir fans céder le poids du grain qu’on
! y logera ; que le plancher fur lequel on le pofera ,
foit élevé de terre pour qu’il foit plus exempt d’humidité;
que le bois dont on le fait foit très-dur,
afin que les fouris ne puiffent le creufer ; qu’il foit
fort fe c , crainte qu’en fe féchant il ne fe reflerre :
mais le plus néceffaire, eft que toutes les pièces
en foient jointes très-exaâement, tout comme s’il
étoit deftiné à renfermer quelque liqueur ; c’eft par
l’éxa&itude des joints qu’il deviendra inaccelfible
aux plus petits infeâes ; ce qui étoit une des principales
vues de l’illuftre inventeur.
Des ventilateurs.
Un autre point que M. Duhamel regarde avec
raifoa comme très-effentiel, c’eft de pouvoir éventer
Hh ij