
loigner beaucoup le pignon du pivot qui porte l’aiguille
, afin de diminuer le frottement.
Mais fi l’on veut abfolument que les fécondés
foient marquées par une aiguille concentrique avec
celles des minutes & des heures', je confeillerai
alors de mettre une roue fort légère fur la tige de
la roue de champ, de la faire engrener tout de fuite
dans une roue qui, tournant fur la chauffée, porte
l’aiguille des fécondés , 8c de tracer dans l’intérieur
du cercle des minutes un fécond cercle de .divifions
tout femblable , avec des. chiffres qui aillent en
augmentant de droite à gauche. Par cette conftruc-
tion on diminuera coiifidérablement les êtres ,
les frottemens 8c les jeux.
Les doubles divifions ne feront point défavanta-
geufes, les plus habiles maîtres y ayant recours
dans leurs montres à. fécondés concentriques, pour
éviter la trop grande diftance où l’aiguille des minutes
fe trouve de fés divifions, lorupie celle des
fécondés paffé fur Ces mêmes divifions.
La feule objeélion qu’on pourroit donc faire
contre la conftrudion que je propofe, eft que l’ai-'
guille des fécondés tournera alors dans un fens op-
pofé à celui dès autres aiguilles ; mais comme ces,
fortes de montres doivent appartenir pour l’ordinaire
à des pérfonnés un peu phiîofoph'es , pour
lefquellés la droite ou la gauche» font indifférentes,
ce défaut , fi c’en eft u n , ne; doit être d’aucune
confidération.
Choix & épreuves d'une montre.
Le choix d’une montre, la manière de l’éprouver
8c de la régler, font des objets affez effentiels
pour mériter une place dans cet ouvrage.
Quant au choix, il ne faut la prendre ni trop
petite, ni trop plate ; cés ouvrages de caprice fert
bien pour amufer un moment , mais non pourfa-
tisfaire une perfopne -raifonnable. .
Il n’eft pas difficile de conftruire des montres
qui marchent huit oü quinze jours, deux mois ,
plus ou moins, fans être remontées; quelques roues
de plus en font l’affaire ; mais de les faire aller bien,
c’ eft ce qui n’arrive prefque jamais. L’expérience
ne le prouve que trop., & la théorie le démontre,
lorfqu’on fait attention aux frottemens , aux ré-
fiftances de l’huiLe , 8cc.
Il faut d’abord examiner fi le mouvement du
balancier n’a point un air contraint & gêne, s’il
a un branle fiiffifant & d’un demi-tour environ,
& fi fes vibrations font bien égales. On pourra voir
auffi avec une loupe, fi les dents des roues & des
pignons font bien polies , fi ces dents paroiffent
uniformes, & fi le tout femble bien diftribué.
Voici les expériences qu’on peut faire pour juger
en deux ou trois jours de la bonté d’une montre
; qu’elle avance ou qu’elle retarde, peu importe
, on pourra la régler par la rofette. Mais on
obfervera fur une bonne pendule, fi elle va également
dans les différentes pofitions ; c’eft-à-dire,
à plat, 8c pendue, en la voyant aller douze heures
fur chacune de ces pofitions.
_ -En fécond lieu, on examinera fa marche pendant
vingt-quatre heures ,-obfervant fi elle va également,
c eft-a-dire, fi la fufee a la courbe demandée par les
différentes forces du reffort.,
Quant-à la manière de régler une montre, il ne
faut pas exiger d’elle une plus grande exactitude
que la nature ne le permet. Quelque parfaite qu’elle
puiffe être , elle n’ira pas long-temps, fans que le
hafard y ait part, auffi régulièrement qu’une bonne
pendule. En effet, celle-ci eft toujours dans une
fituation fixe , dans un air qui ne change que par
degrés. Souvent, au contraire , une montre paffe
fubitement du gouffet où elle eft agitée , & où l’air
eft chaud , à un clou, où elle eft en repos dans une
fituation toute différente, quelquefois expofée au
froid, même à la gelée qui augmente l’élafticité
des Tefforts , coagule l’huile , 8cc.
Enfin, ççtte petite machine, compofée de plu-
fieurs pièces, donne tous les jours quatre cens mille
coups de balancier.; elle eft par conféquent fujette
à des frottemens continuels 8c à l’ufure de toutes
fes parties en mouvement.
Ces eaufes réunies font qu’en général on doit
regarder une montre comme affez bien réglée,
lorfqu’elle n’avance ou ne retarde que d’une minute
en vingt-quatre heures. Cependant, cette
variation donneroit en fept jours près d’un demi-
quart d’heure d’erreur. Alors, rien de mieux pour
la corriger que de remettre fa montre à l’heure pâr,
l’aiguille des minutes , une fois par- femaine , fur
un bon méridien , ou fur une horloge ou pendule
dont la jufteffe foit connue.
Le petit cadran , autrement appelle rofette, qu’on
apperçoit dans l ’intérieur de la montre , fert à l’avancer
ou à la retarder, fuivant que fon mouvement
progreffif eft trop lent ou trop précipité. Mais on
ne doit pas.tourner l’aiguille de cepétit cadran, fans
être fûr de l’erreur.
S i , par exemple , la montre ayant été bien pendant
trois mois, fe trouve déréglée de quelques minutes
par quelque exercice violent qu’on auroit fait,
il fuffiroit de la remettre à l’heure.
Il feroit injufte à un voyageur d’exiger de fa
montre une auffi grande précifion que s’il reftoit
en place. Il y a plus, c’eft "que faifant route vers
l’occident ou l’orient, fa montre iroit fort mal fi
elle fe trouvoit à l’heure par-tout où il féjourneroit.
Elle doit parpître avancer dans le premier cas, 8c
retarder dans le dernier, à raifon de quatre minutes
par degrés. ,Lors donc que le voyageur veut favoir
fi fa montre va jufte , il faut qu’il connoiffe la longitude
de la ville où il fe trouve, qu’il la compare
a celle de l’endroit d’où il eft parti, pour voir fi
la différence entre l’heure à fa montre, & celle du
lieu où il e ft, répond à la- différence des longitudes.
S i , par exemple , étant parti de Paris, il eft arrivé
à Vienne en Autriche, il doit trouver fa montre en
retard de près d’une heure, parce que Vienne étant
plus oriental que Paris de près de quinze degrés,
il eft une heure à Vienne lorfqu’il n’eft que midi
à Paris.
Il y a quelques précautions à prendre en portant
ou pofant fa montre. Il eft à propos qu’un
homme porte fa montre dans un gouffet peu profond
; qu’une femme ait une chaîne courte à la
fienne, parce que l’un & l’autre s’agitent en marchant
, à proportion que la montre approche de leurs
genoux. Elle feroit placée parfaitement au deffus
de l’articulation de la cuiffe.
On doit auffi fufpendre fa montre de façon qu’elle7
foit fixe, & qu’elle ne puiffe acquérir de mouvement
ni faire de vibrations par l’aétion du balancier
, comme cela arrive quelquefois. C a r , en ce
cas , le mouvement communiqué à la montre ,
diminuant la viteflè du balancier, elle retarde né-
ceffairement.
Le cadran d’une montre*portée dans le gouffet,
doit être tourné en dehors du corps, parce qu*une
montre bien faite eft réglée fur le plat ; fituation
où elle fe trouve alors dans le gouffet d’un homme
affis*
Lorfqu’on la quitte, on doit la pendre à un clou,
parce que fa pefanteur l’y tient toujours dans la
même direction, & qu’alors le balancier eft fitué
avantageufement pour la jufteffe 8c la durée delà
montre, qui eft alors plus en fureté, 8c dont la
boîte eft moins en danger de fe rayer.
Une montre ne doit être ni ouverte, ni laiffée
à la pouffière ; il faut la garantir de la poudre,
& de l’haleine.
Il eft impoffible de la tenir toujours dans une
même température ; mais, autant qu’on le peut, il
faut l’y conferver , afin que, l’huile ait toujours la
même fluidité. Si donc un homme quitte fa montre
pendant l’hiver, il doit la pendre à la cheminée ,
afin qu’elle ait une chaleur approchante de celle
du gouffet.
Il faut auffi, autant qu’on le peut, remonter fa
montre à fa même heure, afin de prévenir les petites
inégalités qui pourroient fe trouVer dans la
fufée.
Il eft dangereux de tourner l’aiguille d’une ré-
pétitiompendant qu’elle' fonne ; mais il ne l’eft pas
de la tourner à rebours. Au contraire, lorfqu’on
met une montre à l’heure, la meilleure manière
eft de tourner l’aiguille des minutes par le plus
court chemin. Il n’y a que les réveils & les anciennes
horloges à fonnerie où il foit dangereux de
tourner, les aiguilles à gauche»
Une montre qui eft bonne, va ordinairement
bien tant que l’huile fe conferve à fes pivots ; mais
quand une fois elle s’en eft évaporée, foit par
l’adion de l’a ir, foit par celle de la chaleur du gouffet
, ce qui arrive quelquefois au bout de trois ou
quatre ans au plus; alors elle-tombe en ufure, fes
pivots fe rouillent 8c rongent leurs trous. En ce
cas, elle s’uferoit plus en fix ou fept ans qu’elle ne
le fer.oit en cinquante fi on la nettoÿoit tous les
deux ou trois ans.
Comparaifon des■ horloges & des montres, de leur
confiruttion , & de leur ex attitude.
ï° . Nous avons dit qu’il y avoit deux fortes de '
puiffances motrice , les poids & les refforts ; 8c deux
fortes de puiffances réglantes, le balancier 8c le
pendule.
Le balancier , comme on l’a obfervé, eft un
cercle de cuivre ou d’acier que l’on applique aux
montfes.Quoiqu’il foit deftiné à faire des vibrations
alternatives toujours égales , il va cependant plus
vite , lorfque la force du rouage augmente ; de
manière que toutes les inégalités de la force motrice
y deviennent 'fenfibles.
' 20. Le pendule, au contraire, n’eft "point fujet
à cet inconvénient , 8c une petite augmentation
dans la force motrice , ou dans la grandeur des arcs
qu’il décrit, ne change ni la durée , ni l’égalité des
vibrations. On fait le pendule de 5 ou 6 pouces
quelquefois on le fait de 9 pouces 2 lignes pour
qu’il batte les demi-fécondés , c’eft - à - dire, que
l’allée 8c le retour fe faffent tous deux dans l’inter-,
valle d’une fécondé , ou foixante fois dans une minute;
on en fait fur-tout de 36 pouces 8 lignes 8c
ou | , longueur néceffaire pour que chaque
battèment fe faffe en une fécondé , c’eft - à - dire ,
que l’allée 8c le retour fe faffent en deux fécondés»
30. Pour pouvoir donner au balancier des montres
une partie de la jufteffe que le pendule procure
aux autres efpèces d’horloges, M. Huyghens de
l’académie des fciences de Paris , imagina, comme
on l’a d i t , le petit reffort fpiral qui eft tendu à
chaque vibration par le balancier, 8c qui fert à le
ramener pour former la vibration fuivante. Le balancier
doit être pefant pour mieux régler les vibrations
| 8c aflez petit pour ne pas exiger Un fpiral
trop fort.
Malgré cela , la nature de la conftrudion d’une
montre eft telle que,. quelque parfaite qu’elle puiffe
être , quelque foin & quelqu’adreffe qu’on ait employée
à la conftruire 8c à la régler, il eft comme
impoffible que fon mouvement dure long-temps
avec le même degré de jufteffe.
Les horloges à pendule ne font pas elles-mêmes
exemptes d’irrégularités ; mais fi l’on peut s’affiner
d’une pendule bien faite , 8c qui aura été bien réglée
, jufqu’à répondre qu’elle ne variera pas d’une
minute e* une année , on ne ïauroit répondre par
rapport à la meilleure montre de poche , qu’elle
ne variera pas d’une minute par jour.
4°. En effet, le poids, dans une pendule,. a une
force confiante 8c invariable, au lieu que le reffort
qui eft la force motrice dans une montre , peut
varier par plufieurs eaufes qu’on ne fauroit apprécier
ni prévoir ëxa&ement.
/ÿ5* Le poids d’une pendule agit fur un cylindre
ou fur une poulie, fur laquelle il y a de petites,
pointes pour empêcher la corde de gliffer, 8c dont