
feur de la lettre correfponde aux deux lignes longues
où font les mots eiTentiels.
5°. Il eft très-important à un compofiteur de bien
proportionner les blancs entre les lignes de capitales
d’un titre. Il doit pour cela mettre toujours
plus de blanc devant une ligne de capitales
qu’après , parce que, comme l’on fa it, les capitales
portent plus de blanc par le bas que par le
haut ; & par ce moyen le blanc fe trouvera égal
entre chaque ligne.
6°. Il eft de règle de faire toujours les premières
pages plus larges que celles de la matière ; &
pour la longueur elles doivent être aufîi longues
qu’une page, y compris la ligne du titre courant
& celle de la fignature d’en bas. 7°*' Quand on met Tome I , Tome I I , ou première
édition , &c. on doit placer ces fortes de
mots tout à la fin du titre de la première page.
On les fait de capitales romaines lorfqu’iis fuivent
une période de bas de cafTe d’italiques; ou on les
imprime en capitales italiques, foit après une ligne
de romain , foit après un titre qui ell entièrement
de lettres capitales.
8°. Le nom des auteurs fe fait ordinairement
en grandes ou petites capitales du même corps
que celles du bas de caflë dont on fait leurs qualités
; & lorfqu’il arrive que ces noms & qualités d’auteurs
fuivent une phrafe. en caractère romain, on
peut imprimer les noms en capitales italiques, &
les qualités en caractères du bas de cafle du même
corps.
9°. Pour les noms de ville que l’on met au bas
des premières pages, on l’imprime ordinairement
en plus gros caraâère que le nom du libraire,
lequel on peut faire de petites capitales.
io°. Après le nom, Yenfeigne oc la demeure du
Libraire, on doit pofer un réglet de cuivre ou de
fonte un peu plus court que la largeur de la page ;
enluite, on doit mettre la date de l’année en capitales
de chiffre romain , obfervant de laiffer un
peu de blanc devant & après le réglet.
i i °. Enfin, les mots de privilège, d'approbation
ou de permijjion, fe placent toujours après la date
de l’année de l’imprefîion du livre, & fe font de
bas de cafle italique, & même de lettres capitales,
Iorfqu’on a de la place pour faire entrer le tout
dans une ligne.
De VErrata.
0
Les premiers ouvrages d’imprimerie avoient fort
peu de fautes, quoiqu’ils n’eufîent pas tout l’agrément
de l’art, qui n’étoit pas encore dans toute
fa perfeâion. On ne favoit point ce que c’étoit
que l’errata, & on ne le mettoit point à ces premières
impreflions ainfi qu’il n’étoit point aux ma-
nufcrits. On corrigeoit feulement avec la pltime
les fautes dans chaque copie imprimée. On en voit
la preuve dans les premières éditions d’Ulric Ge-
ring j qui font en Sorbonne : où l’imprimerie a
manqué, la plume a fuppléé.
Cet üfagé pratiqué par les inventeurs de l’art, de
corriger avec la plume les fautes d’impreflion, fut
de peu de durée, parce que les éditions n’étant
plus fi correâes, c’étoit les défigurer entièrement
que de pafler la plume fur tous les endroits où il
y avoit des fautes. Pour éviter ce mal on intro-
duifit un autre ufage: ce fut d’aflêmbler toutes les
fautes , & de les imprimer avec les corrections à
la fin du volume fous le titre d'errata.
Il eft vrai que cette fécondé manière eft aufîi
très-ancienne. L’errata qu’on peut citer comme un
des premiers qui aient été imprimés, fe trouve au
Juvenal, avec les notes de Merula, imprimé à
Venife, in-fol. par Gabriel Pierre, l’an 1478. Il
eft de deux pages.
Beaucoup d’imprimeurs de nos jours ne font
point d'errata, fouvent dans la crainte d’en faire
un trop confidérable , & de montrer la négligence
de leur impreflion.
On a en Efpagne une police pour la correction
de certains livres. Avant de permetre la vente d’un
ouvrage, on l’envoie à un cenfeur qui confère
l’imprimé avec le manufcrit, & marque toutes les
fautes de l’impreflion. On met enfuite au premier
feuillet Y errata de l’imprimeur, & le cenfeur figne
au deflous , que le livre, excepté les fautes' marquées
, eft fidèlement imprimé;
En 1649 » r° i fit des plaintes de l’imprimerie
de Paris, difant qu’elle s’étoit beaucoup relâchée
de fon ancien éclat ; que ce n’étoit plus comme
au fiècle paffé, » où des plus grands & des plus fa--
» vans perfonnages tenoient à grand honneur de
» fervir le public dans cette occupation ; « & par
l’article xxvj de fon réglement, il eft enjoint aux
libraires de prendre un certificat de correéfion pour
certains livres, comme pour les càtéchifmes-,. les
vies des faints, les miflels Romains, bréviaires ,
diurnaux, & autres livres d’églife & de prières ,
afin qu’il n’y ait pas de faute importante qui puifte
gâter le fens & l’intentiori de l’églife.
La même chofe eft ordonnée dans cet article
pour les dictionnaires, defpautères , grammaires
& livres de baffe claffe, & c’étoit lereéleur de l’uni-
verfité , ou quelqu’un commis de fa part qui de voit
donner fon certificat. Mais les libraires ont négligé
cette police, & elle eft demeurée fans exécution*,
De quelques SIGNES PARTICULIERS qui font d'ufage
dans l’imprimerie.
Il eft bon encore de connoître quelques fignes
dont on a des poinçons, & qui font fouvent employés
dans l’imprimerie.
Car altères numéraux.
Les cara&ères numéraux font ceux dont on
fe fert pour exprimer les nombres. Ce font des
lettres, ou des figures que l’on appelle autrement
chiffres,
Les efpèces de chiffres principalement en
ufage dans l’imprimerie , font le commun & le
romain.
Le caraélère commun eft celui que Ion nomme
aufîi le caraEtère arabe, parce que l’on fuppofe qu’il
a été inventé par les aftronomes arabes, quoique
les Arabes eux-mêmes l’appellent le cara&ère indien
, comme l’ayant emprunté des peuples de
l’Inde.
Il y a dix caraétères arabes ; favoir, 1 , a , 3, 4,
5,6, 7, 8, 9,0 : on fe fert de ces chiffres pour
marquer les pages courantes d’un livre.
Le carallère romain eft formé de lettres majuf-
cules de l’alphabet romain, d’où lui eft venu fon
nom. On s’en fert dans l’impreflion, foit au bas
du titre d’un livre pour marquer la date de fa
publication, foit pour défigner les chapitres, les
feftions, paragraphes, &c. foit dans certaines citations.
Ces lettres numérales qui compofent le carac- ■
tère romain , font au nombre de fept ; favoir ,
I , V , X , L , C , D , M.
Le caraftère I , fignifie un ; V , cinq ; X , dix ;
L , cinquante ; C , cent ; D , cinq cents ; M ,
mille.
Le I répété deux fois II , fait deux ; trois fois
III. , trois. I mis devant V ou X re tra n ch e une
unité du nombre exprimé par chacune de ces 1
lettres ; ainfi IV fait quatre, IX fait neuf.
Pour exprimer fix on ajoute I à V , V I ; pour
fept on y en ajoute deux, VII ; pour huit trois,
ainfi VIII.
X devant L ou C , retranche dix unités ; par
conféquent XL fignifie quarante , & XC quatre-
vingt-dix.
Une L fuivie d’un X fignifie foixante, LX , &c.
Outre la lettre D qui exprime cinq cents , on
peut exprimer ce nombre par un I devant un C
renverfé de cette manière, id.
Pareillement au lieu de M qui fignifie mille ,
on fe fert quelquefois de I entre deux C , l’un
droit & l’autre renverfé en cettë forte , CID.
On peut encore exprimer fix cens par idc &
fept cents par IDCC, &c.
L’addition de C & O devant & après , augmente
CID en raifon décuple ; ainfi CCIDD fignifie dix
mille; c cdiddc, cent mille,'&c.
Le cara&ère français, nommé aufîi chiffres de
compte ou de finance , n’eft proprement qu’un
chiffre romain en lettres non majufcules ; ainfi,
au lieu d’exprimer cinquante-fix par LVI en chiffre
romain, on l’exprime en plus petits cara&ères par
Ivj, &c.
On fait principalement ufage de ce caraStère
françois dans les comptes ; & dans l’imprefiion
pour marquer les pages d’une préface , d’un avant-
propos, d’un difcours, & tel autrè morceau préliminaire
que l’on veut diftinguer du corps de l’ouvrage.
Caraïbes ujités en arithmétique b en algèbre.
Les premières lettres de l’alphabet a. é, c, d, Sec.
font les lignes’* ou les cara&ères qui expriment des
quantités données; & les dernières x , y , Q font
les caractères des quantités cherchées.
-j- eft le figne de ce qui exifte réellement, on 1
l’appelle, figne affirmatif ou pojitif ; il fait comprendre
que les quantités qui eh: font précédées,,
ont une exiftence réelle & pofitive.
C ’eft au fil le figne de l ’addition, & en lifant on
prononce plus; 9 + 3 fe prononce neulplus trois ;
c’eft-à-dire, 9 ajouté à 3 , ou la fomme dé 98c 3
égale 12.
j Quand ce figne précède une quantité fimpîe^
il exprime une négation ou bien une exiftehee
négative ; il fait voir que la quantité qui. en eft
précédée eft moindre que rien.
Si On met — entre des quantités, c’eft le figne
de la fouftraétion, & en lifant on prononce moins ;
ainfi 14 — 2 fe lit 14 moins 2 , c’cft-à-dire, le refte
de 14 après que l’on en a fouftrait 2 ; c e^ u i
fait.12. ï . :: 1 > -
— Signe de l'égalité, ainfi 9 -j-3 xn 14— 2 ,fignifie
que 9 plus 3 font égaux à 14 moins 2.
OO Ce figne , dans Defcartes, a la même figni-.
fication que = pour exprimer l’égalité.
W o lf & quelques autres auteurs ,fe fervent du
même caraélère = pour exprimer l’identité des
rapports , ou pour marquer les termes qui font
en proportion géométrique, ce que plufieurs auteurs
indiquent autrement.
X Ce figne eft la marque de la multiplication:;
il fait voir que les quantités qui font de d’un &
de l’autre côté de ce figne, doivent être multipliées
les unes par les autres ; ainfi 4 X 6 fe lit 4
multiplié par 6 , ou bien le produit de 4 & 6
— 1 4 . -
Wo lf & d autres auteurs prennent pour figne
de multiplication un point fo ) place entre deux
multiplicateurs; ainfi 6- 2 fignifie le produit de 6
multiplié par 2 , c’eft -à-dire 12,:
Quand un .des faâeurs ou tous les deux font
compofés de plufieurs lettres, on les diftingue par
une ligne que l’on tire deffus, ainfi le produit de
a —f- b — c par dt s’écrit cl X a - f b Itt c-
Guidé Gr andi& après lui Leibnitz , W o lf &
d’àùtres , pour éviter l’embarras-des lignes , au
lieu de ce moyen, diftïnguent lés multiplicateurs
compofés en les renfermant dans une parenthèfe
de la manière fu iv a n t e (« + .f— c )
Ce figne -Ç- exprimolt autrefois la ÿvlfion ; ainfi
a 2 ï défignOit que la quantité a eft divifée par
la quantité b. Mais aujourd’hui en algèbre on exprime
le quotient fous la-forme d’une fraftion, ainfi
^ fignifie le quotient de a tiivifé pat b.
Wo lf & d’aûtres prennent, pour indiquer la dl-'
vifion , le figne ( : ) ; ainfi 8 : 4 fignifie le quo-
, tient de 8 divifè par 4 x z 2.
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