
plus doux & plus facile à travailler ; cependant
pour le rendre moins foufflant & plus folide, on
met un peu plus d’un tiers de cuivre jaune, auquel
on joint un peu d’étain fin, qui empêche le bronze
de refroidir trop vite , & lui donne le temps de
parvenir dans les parties extrêmes de l’ouvrage qui
font oppofées au fourneau. Le poids du bronze qui
doit être employé , efl de dix fois celui des cires ;
ainfi fur 500 livres de cire, il faut 5000 livres de
bronze ; cependant on rre rifque pas d’y en mettre
un fixième davantage, à cauie du déchet du métal
dans la fonte, & de la diminution du noyau au recuit.
Fonderie en Bronze.
La fonderie en bronze efl l’art d’exécuter avec le
bronze dé grands ouvrages , comme -les fiâmes
équeflres, que nous prendrons ici pour exemple,
parce qu’il fèra facile d’y rapporter les autres morceaux
de ce travail.
Tous les arts ont une forte d’atelier qui leur
convient, foit par fa conflruétion, foit par la dif-
pofirion de fes parties ; & c’efl aux ouvrages qu’on
y travaille à déterminer l’une & l’autre. Celui du
rondeur en grand efl un efpace profond revêtu de
murs au pourtour , au centre duquel l’ouvrage à
fondrè efl placé. L’étendue de cet efpace doit être
proportionné à la grandeur de l’ouvrage , & lalffer
entré lé moule de potée & le mur de recuit un
pied de diflance au moins. Cette efpèce s’appelle
la foffe. La foffe peut être ronde ou carrée. La foffe
ronde fe fait à moins de frais, parce qu’elle a moins
de murs de pourtour; & elle efl plus folide, fur-
tout quand elle* efl ènfoncée en terre , parce que
toutes lès coupes de fes pierres font dirigées vers un
centre. On la creüfe au deffous du rez-de-chauffée,
obfervant que la hauteur des eaux dans les lieux
circonvoifins foit au deffous de fon aire, pour éviter
l ’humidité , qui efl contraire dans toutes les occasions
où le feu efl employé à réfoudre': C’efl dans
la foffe qu’on travaille le modèle , le moule de
plâtre, &c. lorfqüe les ouvrages font grands , &
qu’on rifqueroit d’en tourmenter les pièces en lès
tranfportant. Pour mettre les ouvriers & les ouvrages
à l’abri, on couvre la foffe d’un atelier pro-
yifionnel de charpente.
Au dedans de la foffe efl un mur fait d’une matière
capable de réfifler au feu ; il laiffe de l’efpace
entre fon pourtour extérieur & la parement intérieur
de la foffe. Cet efpace fert pour- retirer les
cires , mettre le feu aux galeries , ôbferver fans inconvénient
fi-le moule de potée & le noyau font
bien recuits ; & ce mur efl fait de grès ou de briques
maçonnées avec de l’argile au pourtour, vers le
dedans de la foffe. On peut le conflruire après coup ;
*1 s’appelle mur de recuit.
Les galeries font-des efpaces vides , féparées par
des murs de grès , élevés, de deux aflifes de feize
pouces d’épaiffeur chacune , d’un pied de hauteur ,
& maçonnées avec de l’argile ; elles font ménagées
au fond de la foffe fur un maffif de deux rangs de
FON
briques , dont celles du premier rang font fur lé
plat, & celles du fecondiiur le champ. On diflribue
les aflifes de grès de manière qu’il fe trouve un
mur plein fous les principaux fers de l’armature
comme les pointais , les jambes du cheval, &c. fi
Fon fond une flatue équeflre. C ’eft ainfi qu’on prévient
leur inflexion, que la chaleur pourroit occa-
fionner. Il y a fur lés murs des. galeries de fortes
plates-bandes de fe r , entaillées moitié par moitié
aux endroits ©ù elles fe croil’ent ; elles fervent de
bafe à1 l’armature, & c’efl fur ces barres que la grille
efl pofée.
La grille efl un affemblage de plufieurs barres de
fer plus ou moins efpacèes , & couchées de niveau
en croifant les galeries. Son ufageefl, i°. de fou-
tenir le maffif fur lequel on élève le modèle de
plâtre ; 2°. de porter les briquaillons ; 30. de lier par
en haut les murs des galeries, qu’on contient encore
en ajuflant fur “leur pourtour extérieur une em-
braffure de fer , bandée avec des moufles & des
clavettes.
. Le modèle efl en fonderie l’ouvrage même dont
le métal doit prendre la forme. On fait les modèles
de différentes matières, félon la grandeur des ouvrages
ils font de cire jufqu’à la hauteur de deux
pieds; d’argile ou de terre à potier , depuis deux
pieds jufqu’à hauteur d’homme; & de plâtre, depuis
ce terme jufqu’à tout autre. On commence à faire
un petit modèle, même quand il s’agit' d’un grand
ouvrage.
Quand les formes , les grandes parties , l’en-
femble, font arrêtés fur ce petit modèle, on fait
des études particulières de chacune de fes parties ;
on travaille enfuite au grand modèle. Comme il efl
important que ce grand modèle refie tel qu’on le
travaille , &' comme fes parties font très-pefantes ,
& qu’on efl long - temps à les terminer, on les
conflruit avèc beaucoup de folidité , êc on les fou-
tient en dedans fur un bâti dé fer. Pour faire ce
bâti, & donner aux fers dont il efl affemblé les
contours des parties à foutenir, on deffine contre
un mur l’ouvrage dans toute fa grandeur-, fous trois
points de vue , de front & des deux côtés ; ce deffein
dirige le forgeron. Quand les fers font préparés,
on les aflemble fur. une pièce de bois quitraverfe
,1’ouvrage dans fa longueur, & l’on aflemble cette
pièce de bois avec fon armature de fer fur une
autre qui porte folidement dans les galeries , dans
le maflif, & fur l’argile ; c’efl là-deffus qu’on forme
le modèle avec du plâtre, gâché le-.plus également
qu’il efl poffible. Il ne faut rien épargner pour la per-
feâion du modèle, car le métal fluide prendra toutes
fes‘formes, & rendra fes défauts ainfi queTes beautés.
Le modèle achevé, on travaille aux moules : ôn
en fait deux ; l’un en plâtre qui donne le creux du
modèle, & l’autre de potée & d’une terre com pofée ,
dont on verra dans la fuite'l’ufage.
Pour faire le moule déplâtré, on commence par
déterminer les dimenfions de fes parties par des
lignes tracées fur Faire de.la foffe; & ces lignes
font données de pofition & de grandeur , par des
à-plombs qu’on laiffe tomber des parties faillantes
de l’ouvrage. On prend autant de ces points qu’ôn
en a befoin ; & quand ils ont détermine le pourtour
des aflifes du moule, on ajoute au delà de ce pourtour
exaél, quelques pouces pour l’épaiffeur même
du moule : cette addition donne une nouvelle figure
femblable & circonfcrite à la précédente. On a foin
que les jointures des aflifes tombent aux endroits
les moins remarquables, afin que les balèvres occa-
fionnées par les cires foient plus aifées à réparer.
La première affife fe pofe fur l’aire de la grille , &
à la. hauteur du pied de l’ouvrage. On paffe à la
fe .onde; il faut que les lits des aflifes foient bien
de niveau , & que les pièces du moule portent bien
à-plomb les unes fur les autres ; elles en auront plus
de folidité, & fe remplaceront plus facilement.
Entre les pièces de la première affife , il efl à
propos qu’il y en ait une qui traverfe fans joint d’un
des paremens du moule à l’autre ; elle fervira de
bafe à toutes les autres ; elle fera, pour ainfi dire,
le centre auquel on les rapportera. On ne manquera -
pas de pratiquer aux différentes’ pièces du moule
des entailles ou hoches, & des faillies latérales, par
le moyen defquelles elles s’affemblent les unes avec
les autres , & forment un tout folide.
Mais pour avoir ces parties, voici comment on
s 'y prend. On huile bien le modèle , puis on lui
applique du plâtre ; on prend les parties grandes ,
larges & plates , tout d’un morceau : pour les par-
■ ties creufes & fouillées , comme les draperies , on
en fait de petites pièces dans lefquelles on met des
morceaux de fil d’archal, tortillés par le bout en
fpirale ou anneau ; on paffe une ficelle dans cet
anneau, & on les lie avec une grande pièce qui les
renferme , & qu’on appelle leur chape ; quand on
T a pris toutes les parties, on les laiffe repofer & faire
corps; on les marque pour en reconnoître l’ordre
& la fuite, & on les fépare du modèle , qu’on
répare par-tout où cette opération peut l’avoir gâté.
Quand on a le moule en plâtre, on s’en fert
pour former un modèle en cire , tout femblable au
modèle en plâtre : on donne à la cire l’épaiffeur
que l’on veut donner au bronze. Les anciens, dit
M. de Boffrand, ne prenoient pas la peine de faire
le premier modèle de plâtre, qui fert à déterminer
l’épaiffeur des cires ; après avoir fait leur modèle
avec de la terre à potier préparée , ou avec du
plâtre , ils Técorchoient , en enlevant par-tout
l’épaiffeur qu’ils vouloient donner au bronze ; de
forte que leur modèle devenoit leur noyau : ils fai-
foient recuire ce noyau , le couvroient de c ire,
terminoient ces cires , faifoient fur ces cires terminées
le moule de potée , & achevoient l’ouvrage
comme nous ; mais on ne fuit plus cette méthode -
que pour les bas-reliefs & les ouvrages d’exécution
facile.
Quant aux grands.ouvrages, lorfqu’on a affemblé
toutes les pièces dans leurs chapes, on y met de la
cire autant épaiffe que l’on veut que le bronze le
foit. Cette épaiffe 11 r totale des cires varie félon la
grandeur des ouvrages ; & chaque epaiffeur particulière
d’une pièce, fuivant la nature des parties
de cette pièce : on donne deux lignes d épaiffeur
aux figures de deux pieds ; un demi - pouce aux
figures de grandeur humaine ; au-delà de ce terme,
il n’y a prefquê plus de règle. M. de Boffrand dit
qu’au cheval dè la flatue équeflre de la place de
Louis-le-Grand, on fit les cires maffives jufqu’au
jarret , pour être maffives en bronze , & qu’on
donna un pouce, d’épaiffeur aux cuiffes, dix lignes aux
autres parties jufqu’à la tête, & fix lignes à la queue
Il faut que la cire dont on fe fert ait deux qualités
prefque oppofées ;• celle de prendre facilement les
formes , & de les conferver après les avoir prifes.
Prenez cent livres de cire jaune , dix livres de térébenthine
commune , dix livres de poix graffe , dix
livres de fain doux ; mêlez , & faites fondre fur
un feu modéré de peur que la cire ne bouille, ne
devienne écumeufe , & ne foit difficile à travailler ;
vous aurez ainfi un mélange qui fatisfera aux deux
conditions que vous requerez.
Quand cette composition fera prête., imbibez
bien les pièces du moule en plâtre, d’huile d’olive,
de fain-doux & de fuif fondus enfemble ; prenez
de la compofition que j’appellerai cire , avec des
broffes de poil de blaireau ; rèpandez-la liquide dans
les pièces du moule en plâtre ; donnez aux couches
environ une ligne d’épaiffeur ; abandonnez enfuite
la broffe; fervez vous de tables faites au moule:
ces moules font à peu près femblables à ceux des
fondeurs de tables de cuivre , où des tringles de
fer plus ou moins hautes, fixées entre deux furfaces
unies déterminent l ’épaiffeur des tables ; ayez deux
ais ; ajuflez fur ces ais deux tringles ; amolliffez vos
cires dans l’eau chaude ; maniez - les bien comme
de la pâte ; étendez-les avec un rouleau qui paffe
fur les tringles ; & mettez ainfi ces tables d’une
épaiffeur qui vous convienne.
Prenez vos pièces en plâtre couvertes'd’une
couche en cire ; ratifiez cette couche ; faites - en
autant à une des furfaces de vos tables de cire ;
faites chauffer modérément ces deux furfaces écorchées
, & appliquez-les l’une contre l’autre.
La quantité de cire employée détermine la quantité
de métal néceffaire pour l’ouvrage. Qn compte
dix livres de métal pour une livre de. cire , non
compris les jets, les évents, & les, égoûts. M. de
Boflrand dit qu’on employa pour la flatue équeflre
de la place de Louis-le-Grand ,5 3 z6 liv de cire :
ce qui demandoit par conféquent 5 3 260 livres de
métal , non compris les jets , les évents , & les
égoûts.
Quand on a donné à toutes les cires les épaiffeurs
convenables , on démolit le modèle en plâtre , en
le coupant par morceaux , qui fervent enfuite à
réparer les cires. On remonte toutes les aflifes du
moule jufqu’à la moitié de la hauteur du cheval-,
s’il s’agit d’une flatue équeflre ; & on établit aù;.;
dedans & au dehors des aflifes l’armature du noyau,