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à cette exfraaîon , c’eft à-dire, à faire qu*ü exifte
'dans le produir plus ou moins de falpêtre, St que
» la leflive ou j’avois mêlé de la chaux aux terres
nitreufes, avoit fourni un falpêtre plus blanc, cela
provenoit, i° , de la propriété que la chaux a
d’ajguiler les ak a lis j comme on lè voit dans la
leflive des favoniers ; d’une autre propriété
qu’elle a comme terre abforbante, de* s’unir aux
ipatières grades, & de lçs emporter.
Mais ce falpêtre plus blanc eft-il plus pur ? Je
l'aurois penfé , fi je n’avois confulté que mes yeux ;
mais comme fpus le doigt il avoit évidemment
moins de corps, qu’il eut plus de peine à s’égou-
ter , & que dans un endroit aflez fec il attiroit
puiflammept l’humidité, j'?i conclu avec vaifenv-
blance, que la chaux débarraffànt le falpêtre des
matières graffes, une partie de cette chaux pre-
fioit leur place, & formoit un nitre à bafe terreufe,
conféquemment très-déliquefcent, lequel fe -mêlait
dans la criftallifation, & l ’altéroit d’une manière
beaucoup plus dangereufe que les matières grades ,
puifque la colle dans les rafinages enlévôit ces
matières graiTps avec affez de facilité, fans pouvoir
exercer aucune aâion fur ce nitre à bafe terreufe
, & que d’ailleurs ce nitre étant d’une .nature
plus analogue au falpêtre, devait y adhérer avec
plus de force, 8c préfeqter moins de moyens de
féparatioti,
Quanr à ce qui concerne la quantité du produit
de chacune de ces épreuves, il eft facile de concevoir
, d’après les obfervatîons précédentes a
i ° . que la cendre féparant le falpêtre à la fois
des matières grades & terreufcs, éc donnant le ré- !
fultat le plus pur , devoit donner le réfultat le
moins abondant, en avouant même qu’elle fournit j
une bafe d’alkali fixe à quelque portion d’acide
nitreux devenue libre par elle.
a0. Que la chaux ne féparant que les matières
grades, & fe mêlant elle-même dans la criftallifation
du falpêtre , devoit fournir un réfiiltat plus
abondant, par la railôn qu’il étoit moins pur que
le précédent.
3°. Que le troifième produit où le falpçtre éçpjt
mêlé à toutes les matières que l’eau avoit pu entraîner
dans la leffive, étaqt le plps impur, dçvoit
être le plus confidéiable.
Examen des méthodes félon lefquelles les falpétriers
de Paris, de Lorraine de Languedoc raturent
leur cuite.
Après avoir examin- lef'effets de la cendre &
de la chaux dans le leflîvage des terres nitreufes,
il refte, pour achever de déterminer ce qui regarde
le travail du falpétrier^ à confîdérer le$ effets des
cendres employées par lés uns, & de la colle em-
jjloyéç par les autres > de la purification qu’ils font
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obligés de faire de leur cuite , pour l’amener à
criftalüfer, au moins avec plus ae facilité.
Les effets de la colle que parmi les falpetriers
des autres pays, dont nous avons parle., celui
de Pa is emploie tout feul, font connus. La colle
étant une matière animale ,.fe diffout d’abord dans
l’eau chaude; mais ne pouvant footenir long-temps
la chaleur de l’eau bouillante fans fe coaguler,■
elle levient à la furface, & fa fant fcnébort de filtre ,
elle ramène avec elle les matières graffes, qui »
dégagées des fels avec lefquels elles ont moins
d’affinité , forment un enfemble fpécifiquement
plus léger que la liqueur pefante dans laquelle elles
étoient difperfées.
Les effets de la colle pour la purification ou le
rapurage de la cuite étant connus, il faut les com-
parer avec . ceux des cendres qu’emploient en
France , pour le même objet, les falpetriers de
Lorraine, de Languedoc & de Provence.
Mais il eft très-important de ne pas confond^
le procédé des falpetriers de ces deux provinces
avec celui des falpétriers de Lorraine. Les uns^&
les autres fe fervent de cendres; mais le dernier
emploie indifféremment les cendres de touteefpece
de bois que produit fon pays. Il donne feulement
la préférence à celles qui proviennent des bois
durs j tels que le chêne, le faux, &c. qui font
généralement plus riches cn alkali.
Ceux de Languedoc & de Provence rejettent
toutes ces efpèces de cendres, & n’emploient que
celles detamarife, & quand cet arbre ne croît pas
; à leur portée , ils en vont cherche1 les cendres au
; loin.
Il feroîtdonc important, avant d’aller plus loin,
de fixer les idées-fur les propriétés' particulières
qu’ont,-'ou peuvent avoir ces cendres, relative-,
nient aux lefflves pitreufès.
M. Venel nous' affure , d’après lui & d’après
M. Montet, de l’Académie de Montpellier , que
ces cend’es ne contiennent pas un atofne d’alkali
fixe. Je l’ai moi-même éprouvé en Languedoc, en
évaporant une leffive de ces cendres, & en mettant
le fel qui en prpvint à toutes les épreuves qui
pouvoient décéler fa nature alkaline. J’ai été par-,
là bien certain que les cendres de tamarife avoient
des propriétés totalement différentes de celles des
au-res cendres dans les lfffives n treufes, & que
le fel qui en provenoit, étant de vrai fel de glauber,
ne pouvoit faire changer de bafe aux portions d’a->
eide nitreux, qui, dans ces leffives, peuvent-être ,
ou font engagées dans des baies calcaires. : mais
c’eft tout ce que j'ai pu connoître. Pour fa’re des
recherches ultérieures fur des propriétés qui juffi-
fieroient le choix exclufif- que les falpétriers font
de ces cendres , pour purifier ou rapurer leurs
leffives, il auroit fallu faire une fuite d’épreuves ,
hui me font devenues impoflibles , à caufe da
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tiftaôion où les grandes . chaleüte tenoïent alofs
toutes les falpétrières & les raffineries du Langue--
doc & de la Provence.
Il a donc fallu me borner à la comparaifon de
la maniéré d’opérer , en ufage à Paris, pour rapurer
la cuite avec celle qui le pratique en Lorraine
, a la comparaifon des effets de la colle avec J
ceux de la cendre à fel alkali végétff.
Mais l’obfêrvation que les expériences précé- ,
dentes m’avoient données fur la chaux , qui, mêlée
aux" terres nitreufes & aux cendres , avoit
fourni un falpêtre plus bla'nc , mais plus mou ,
& fort déliquefeent, avoit ramené mes idées au i
falpetre d’un nommé M. Julien , qu’on m’avoit -
montre àTArfenal de Paris; lequel s’étant trouvé
fort blanc, mais fort mal criftallifé & fort déliquefeent
, n’avoit pas- à beaucoup près rempli les
promeffes que cet artifte avoit faites. Comme il
avoit pris toutes les précautions poffibles pour
cacher fon important fecret, on n’avoit pu me dire
rien qui me conduisît à deviner comment il s’y
etoit pris. Mais le falpêtre qui m’étoit r:fuite par
l'intermède de la chaux , m’ayant fait croire que
jjWois rencontré le moyen dont il s’étoit fervi,
j ai voulu m’en âffurer, en même-temps que j’é-
prouverois l ’efficacité des cendres pour, le rapurage
de la cuite.
Expériences fur lei effets des cendres de la chaux
pour le rapurage xde la cuite du falpétrier.
J ’ai donc pris trois terrines, j’ai fait verfer dans
chacune une' pinte & demie de' cuite, prête à être
jettée dans le rapurok. Cette cuite provenoit d’unè
leflive faite de terres nitreufes, làns mélange de
chaux ni de cendres.
Dans la première , -j’ai fait mettre une forte
poignée de cendres de bois neuf.
Dans la leçon de, une pareille quantité de cendres,
& j’y ajoutai une demi-poignée de chaux.
Dans la troifième, je n’ai -rien ajouté à la cuite.
L a première, avec des cendres feulement, m’a
donné cinq onces cinq gros de falpêtre.
La féconde, avec cendres & chaux, a produit
fïx onces deux grains.
La troifième, fans cendres ni chaux, a rendu
fept onces quatre grains.
Le falpêtre rapuré par la cendre étoit le plus
ferme ; celui rapuré par la chaux , étoit le plus
blanc, mais fort mou ; celui où je n’avois mêlé
ni ,cendres ni chaux, étoit moins ferme & moins
blanc que le premier, mais plus ferme & moins
blanc que le fécond.
J'ai recommencé cette épreuve for la cuite fui-
vante. La quantité des produits a été fort diffé-
iArts & Métiers. Tom, VH,
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fénté ? Câf Cètte cuite a rendu ptefque^moitié plus
que l ’autre ; mais ce qui m’intéreffoit, c’eft: que
variant fur la quantité , les réfubats ont été les
mêmes pour la qualité.
Je me fuis donc confirmé dans les principes que
les expériences fur l’extradion du falpêtre m’avoient
donnés, par rapport à l ’effet des cendres & de la
chaux pour débarrafler le falpêtre des matières
graffes ; & en revenant fur 1 idée que je m’étois
formée de la manière de rafiner de M, Julien ,
je me fuis perfuadé encore davantage que la chaux
étoit l’intermède dont il s’etok fervi ; & j’ai conclu
qu’il ne falloir pas chercher d’autre raifon de la
blancheur extrême de fon falpêtre & de fa. délî—
quefeençe, qualités qui ne fe préfentant pas ordinairement
enfemble, ont pu abufer l’inventeur de
cette méthode, & lui faire croire à lui-même, au-
moins, jufqu’à ce qu’il eût garçlé de ce fa!pêtre un
certain temps , qu’il avoit fait une d’autant plus
belle découverte , que par les parties de chaux
qui fe mêloient au falpêtre, il devoit avoir environ
un tiers de déchet de moins que les raffina-*
ges ordinaires ne donnent.
Mais ce qui attira plus particuliérement mon
attention , ce fut le dépôt confidérable de fel
marin, qui fe trouvoit au fond des deux terrines ,
où la cendre avo't été mêlée à la cuite; tandis
qu’il ne s’en trouvoit point dans celle où la cuite
avoit été verfée pure.
On a vu dans les épreuves précédentes , que
la cuite de la leflive où la cendre étoit entrée ,
ainfi que celle où la chaux étoit jointe aux cendres,
avoient aufli annoncé un dépôt de fe l , à la
vérité allez foible ; tandis que la cuite de la leflive
faite fans addition de cendres ni chaux, n’en avoit
pas rendu.
Recherches fur la caufe de la précipitation du fe l dans
le rapurage.
Je me fuis attaché à chercher la caufe de ces
différences, dan1: l ’efpérance qu’elle me conduiroit
au moyen de délivrer le falpêtre du fel marin*
Voici comme j’ai raifonné à ce fujet.
On fait que c’eft l’évaporation qui fart précipitée
le fel marin , lequel fe forme u’abord à la flir-
face de la liqueur où il eft diffous, parce que c’eft
par la furface que l’évaporation fe fait, & qu’il
tombe enfuite au fond par la réunion des molécules
criftallifées, qui forment alors des aflem-
blages fpécifiquement plus péfans que la liqueuç
fur laquelle elles nagent.
Mais il eft évident que la nature d« la liqueur
doit influeF beaucoup fur cette précipitation & fur
la réunion des molécules criftallifçes qui la p. écède
& qui la décide. Si elle eft fort chargée de matières
greffes , le fel ne doit pas fe précipiter %