
plan ; attendu que n?us ne voulons rien propofer
que l'expérience ne tous ait démontré être très-
avantageux fous tous les rapports poÇibles , &
qu’on ne puiffc fuivre en toute sûreté.
Les fîrops qui fe fép arent du fel effeiîtiel dans
la purgationdoivent être nommés firops-vefou , -
pour les diftinguer de toutes fortes de fîrops. On
les di flingue entr’eux en firops-vefou du premier ,
fécond, çoifième produit, &c.
Nous allons expofer quelle eft la difpofîtfon
qu’il convient de donner au laboratoire du fourneau
qui fert à cuire les firops-vefou & à clarifier.
Dans un petit bâtiment nommé raffinerie, adjacent
aux purgcries & placé à-peu-près au centre,
doit etre établi un fourneau fimple, pour cuire
les firops-vefou & pour clarifier au befoin. Nous
en donnerons la defcription avec celle des fourneaux
de fucrerie.
Le laboratoire du fourneau à cuire les fîrops ,
préfente une foule chaudière de cuivre. La ma- j
connerie dont elle eft fcellée , dans fon pourtour , 1
a dans fo partie fupérieure quinze à dix-huit pouces
d’épaifleur, fa furface forme un plan incliné
de cinq à fîx pouces du bord externe à celui de
la chaudière j où eft foudée une garniture en cuivre
ou en plomb qui la rëcouvre dans toute fon
étendue. .
Sur les cotés du laboratoire , font deux petits
* réfervoirs qui reçoivent les firops-vefou qu’on va
cuire ; ils fervent aufli à filtrer la claire lorfqu’on
clasifie. Ces réfervoirs font faits en maçonnerie
& doublés en plomb ; leur fond eft à la hauteur
du bord de la chaudière, dans laquelle ils fe vui-
dent, à la faveur d’un petit tuyau. On doit établir
fur les parois latérales de la raffinerie ,"une
gouttière pour porter aux réfervoirs les firops-vefou
que l’on verfe dans un petit b a (fin placé à l’extrémité
de cette gouttière , près d< s baflins à firops.
On peut cuire dans ce laboratoire , difpofé.ainfî,
beaucoup plus de fîrop-vefou qu’on n’en cuit dans
les équipages à fîrop formés de deux chaudières de
fer. Si tôt que la chaudière eft chargée d’une quantité
de fîrop-vefou convenable, on fait chauffer ;
& tandis que la cuite s’opère , on remplit les
réfervoirs qui font à fes côtés, afin de la charger
au befoin le plus rapidement pofïible, pour. ne
point’ perdre de temps. .
Lorfque les fîrop-vefou font de bonne qualité,
l’on porte le degré de cuite au terme quatre-vingt-
huit ; on lé fixe avec le thermomètre auquel on
. rapporte la preuve du doigt ; on arrête le feu en
jntroduifant dans le foyer quelques paquets de têtes
de cannes , & on vuide la chaudière dans le ra-
fraîchifloir, placé p’ès d’elle pour cet effet. A
L’ipilant elle eft rechargée avec fo fîrop des réfervoirs
en débouchant le tuyau, & le feu'-repren«!
aufli-tôt. Une fois ce travail établi, ou le continue
toujours de la même manière*
Cette première cuite eft portée dans une caifte
préparée, ainfi que nous l ’avons dit plus haut,
bientôt on y joint celle qui lui foecède , & après
les avoir mêlées, on les abandonne. Toutes les
cuites foivantes font ainfi réunies deux à deux 5c
abandonnées pendant vingt-quati© heures & quelquefois
plus.
Après ce temps , le -réfroidifîement étant à un
point convenable qu’ on reconnoît avec le doigt,
on mouvè la charge de la caiife avec un mouve-
ron j en peu d’heures la ^cryftallifation s’opère,
devient générale 8c uniforme dans toute l'étendue
de la malle. Après trois à quatre jours, on débouche
les trous de la caiife ; la purgation eft
d’abord très-rapide, mais elle ne devient complette
qu’après dix-huit jours ; alors le fol elfentiel eft
aufli pur & aufli beau qu’on puiffc le délirer ; il
eft mis & pilé dans les barriques, où il ne purge
plus. ~ *
Les firops-vefou de fécond, troifième, quatriè me
cinquième produic font cuits, de la même ma
nière , à un degré qui approche d’autant moin s
terme quatre-vingt-huit, qu’ils font moins bans.
On partage la première cuite entre toutes les
cailfes qu’on veut remplir, & toutes celles qui lui
fuccèdent font également partagées entre ces coiffes
; leur charge demande quelques attentions particulières
dans le mouvement qu’on lui applique
pour déterminer la cryftallifation qui, après ce
mouvement, devient général & uniforme. La purgation
du fel elfentiel des firops-vefou de troifième,
quatrième, cinquième produit exige, pour être
complette, quinze à vingt jours ; après quoi le
fe l, extrait du fîrop de chaque produit, eft mis
8c pilé féparément dans les barriques.
Au moment où on charge la chaudière de fîrop-
vefou pour le cuire , on y ajoute une quantité d’eau
de chaux relative a la qualité du lîrop. Lorf-
qu’il eft mauvais, ou lorfque les firops font de
quatrième , cinquième pro luit , îl convient d e-*
guifer l’eau de chaux avec de la potaffe.
Après toutes ces cuites 8c cryftallifations répétées,
on a un réfidu que nous allons examiu.i
fous le nom de mélajfe-vefou.
Nous avons vu que les vefous de meilleure •
qualité portoient toujours, avec le fel eflentie} ,
une portion du fuc favonneux-extradif.
Nous avons vu aufli que les vefous de médiocre
& de mauvaife qualité portoient encore , avvc le
fuc favonneux , une portion plus ou moins grande
de focs muqueux doux 8c fucrés.
Ma:ntenant on concevra aifément que dans les
diverfes
cliverfes cuites & cryftallifations qu’on ’fait fubir 1
*ux vefous-fîrops 8c aux fîrops-vefou , la proportion
de ces fucs, relative à celle du fel elfentiel,
augmente à mefure que celle de ce fel diminue:
or il eft évident que les vefous-fîrops de bonne qualité
, dont la cuite aura été bien ménagée , donneront
tout le fel elfentiel qu’ils portent, moins
une petite portion qui fe trouvera en demer lieu
embarraffée dans le foc favonneux - extraétif. Il
eft encore évident que le réfidu des vefous-fîrops
de qualité médiocre & mauvaife , fera re atif à
la fomme des fucs favonneux , muqueux-doux &
fucrés que portera le vefou , & à la quantité de fel
elfentiel que ces focs retiendront.
Les lucs-favonneux extradifs, muqueux-doux &
fucrés, en fe rapprochant ^avantage à chaque cryf-
tallifation , deviennent moins fluides, 8c oppofent
par leur ténacité une plus grande réfîftance aux
molécules faccharines.
Nous avons vil que • les alkalis fe combinent
parfaitement avec le fuc favonneux ; ils fe combinent
également bien avec les focs muqueux-doux
8c fucrés qu’ils rendent beaucoup plus fluides.
C ’eft à cette propriété qu’eft dû l ’ufage des alkalis
dans la cuite des firops de toute efpèce ; car alors
les molécules faccharines, trouvant moins d’ôbl-
tacles à le réunir, cryftailifent d’autant mieux,
que.ces focs font rendus plus fluides par leur union
aux alkalis dont l’adicyi aidée de celle de la chaleur
, fe porte aufli malheureufement fur les principes
confiitutifs du fol elfentiel , le décompofe
& augmente encore la proportion de la mélaffè,
La mélaffe-vefou eft formée comme il eft aifé
de le voir maintenant, du fuc favonneux-extract
if , de fucs muqueux-doux, fucrés, d’une portion
de fel effentiel décompofé par le concours de la
chaleur & des alkalis, & d’une portion de ce fel
embarralfée dans, toutes, ces matières»
Si là mélaffe-vefou eft réduite à une confîftance
telle qu’elle ne porte que quarante degrés à l ’aréomètre,
& qu’on l’abandonne pendant long temps
dans un baflin très-étendu & peu profond, les
molécules faccharines , malgré la réfîftarfce. que
leur oppofe la mélaffe, fe rapprochent , s’unifient
fous forme cryftaliine & tombent au fond du baflin :
on a la preuve de ce fait dans toutes les fucreries
des colonies.
Si on verfo fur de la mélaffe - vefou étendue
d’eau diftillée , une diffolution d’acide oxalique ,
non-feulement cet acide s’unit à la chaux qu’il
précipite, mais il enlève encore le principe colorant
des fucs, favonneux & muqueux , dont la bafe
fe préfente alors, fous la forme de petits, flocons
blancs.
Ans & Métiers, Tqtji. VII,
Parallèle de Cancienne & de la nouvelle méthode
d'extraire le fe l ejfentiel de la canne fucrée.
Le fimple expofé ( ajoute M. Dutrône) que nous
venons de faire de la nouvelle méthode fuffiroit
fàns doute pour en démontrer tous les avantages.
Mais comme il nous importe de détromper le
public fur les clameurs injuftes & ’ menfongères de
plufîeurs perfonnes qui, facrifiant tout à l ’intérêt
particulier & à l ’ainour-propre, ont ofé dire que
l’établiffement de cette nouvelle méthode exigeoit
de grandes dépenfes fans préfenter des bénéfices
certains ; nous la mettrons en parallèle avec l ’ancienne
, dans les principaux points où fes avantages
font marqués de la manière la plus tranchante
, & étàbliffènt entr’elles deux une différence
fî grande & fi bien déterminée, que le public
éclairé maintenant, ne pourra refufer à la
nouvelle la préférence qu’elle mérite fous tous les
rapports.
Nous expoferons d’abord les différences que pré-
fentent, en faveur de nôtre méthode, les chaudières
de cuivre & les fourneaux de nouvelle
conftruétion , fur les chaudières de fer & les fourneaux
de ces chaudières.
Nous ; comparerons enfuite ces deux méthodes
dans leurs moyens , dans la marche de ces moyens,
& dans les produits qui en font le réfuLat.
Des chaudières de . cuivre & de fe r , de leurs
/.fourneaux,'
Le cuivre-eft , après l’or 8c l ’argent, le métal
le plus fenjîble à l’â&îon de la chaleur , & qu’elle
pénètre avec le plus de rapidité. Cet avantage joint
à la folidité, à la propreté & à la médiocrité de
fon prix, a mérité au cuivre la préférence qu’on
lui donne , fur les autres métaux , dans les ufages
économiques & dans les arts, ,
' Il eft employé dans toutes les raffineries avec,
d’autant plus de sûreté que le fucre ,& le fîrop
ont la propriété de le défendre dq vert-dè-grîs*
Le vefou y comme :1e fucre & le fîrop-, a cette
propriété.
L’inadion du Vefou 8c du fîrop-vefou fur le
cuivre, prouvent qu'ils ne contiennent point d’acide
v car on foie que ce métal fe laiife attaquer
par les acides les plus foibles.
Le fond des chaudières de cuivre eft forme d’une
feule pièce de cuivre rouge battu; lèurs parois
font faites de plufîeurs planches de cuivre laminé
clouées entr’e les & ie fond par des. clous de cuivre
rivés. Les dimenlîons de ces chaudières propres au
travail du vefou , font plus grandes que celles des
chaudières dont on fe lèrt dans les raffineries, 5c
r leur, foau.e eff. aufli. différente.
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