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«3 épais > on n’élève les tas ordinairement que deux
ou trois pieds au plus, pour ne point écrafer ou
trop affaifler les fardines qui forment les premiers
lits de deflous les piles ont une forme irrégulière,
& fuivant le lieu de la preffè où l’on les place.
. la ffe ainfî les fardines durant dix à douze
jours avant que de les lever pour les aller laver
dans 1 eau de mer; ainfî quoique les fardines foient
bien plus petites que les harengs, il ne faut cepen-
dant guere moins de temps pour en perfectionner la
îalaibn. Les harengs, font parqués en barril, les
Jardihes en grenier.
Lorfque les fardines ont été affez falées, on les
enfile par la gueule & par les ouies, comme on fa t
aux harengs que Ton veut ferrer, & de la même
maniéré fur de petites broches ou brochettes de
coudrier, irais à la différence des harengs qu’on
arrange de manière qu’ils ne fe touchent point :
on preffe fur les brochettes les fardines de telle forte
qu elles en remplifienc tout-à-fait la longueur.
Les femmes & les filles font occupées ordinairement
à ce travail, elles portent enfuite les fardines
ainfî embrochées fur des civières 'au bord de
*a. baffe mer, obfervant que les têtes du poilfon
foient en-dehors, &’ les queues en dedans; elles
ne mettent guère que trois brochettes de largeur
fur Ja civière.
^our ta ver les fardines elles prennent par les
deux bouts trois brochettes entre les doigts, & elles
les trempent plufîeurs fois dans l ’eau, après quoi elles
les remettent fur leur civière, au fond de laquelle
il y a deux petites nattes de pailles pour fou-
ienir les fardines qu on laifie enfuite égoutter dans
les trefles pendant quelque temps.
Quand elles font fuffifamment égouttées de leur
lavage, on les ariange dans des barrils, de la même ,
manière que l ’on alite les harengs pour être en- !
Toyés dans les lieux de leur confommation.
Il faut ordinairement pour faire une barrique de
fardines prdfées, la charge de qua'tre civières, &
on ne peut fixer le nombre'des fardines, attendu
qu il dépend de la petitefîe ou delà grofleur du poif-
fon, qui s augmente ou fe diminue, parce que c’eft
le rempliffage de la futaille qui en fait le poids.
Il en faut quelquefois feulement trois milliers
environ quand les fardines font belles & groffes pour
les remplir, & d’autres fojs il en enrre jufqu’à dix
milliers lorfque le poiflon eft de petites pièces &
maigre.
Les fûts ou barrils de fardines de Belle Ifle
n’ont guère de bouge ou de ventre j leur forme
eft celle des barrils de brai du nord ; ils font faits
de bois de hêtre, & un des fonds, qui eft celui
de deflous, ^eft percé de plufîeurs trous, pour
donner lieu à l’écoulement de l ’eau & de l’huile
que la preffe en fait fôrtir, Ces barrils bien preiïçs
& marchands, pèfent ordinalrement depuis trois
cents jufqu’à trois cents dix livres.
Les fardines font huit à dix jours à être preflées :
quand elles font bien préparées elles fe peuvent
conferver bonnes pendant fept à huit mois au plus.
Après ce ^temps les chaleurs viennent, & les fardines
fe gâtent ; elles deviennent ramées & fétides.
Les prefles à fardines font des efpèces de petits
magafîns a rez-de-chaufîée , fans aucun étage ,
a la hauteur de trois pieds & demi à quatre pieds.
1 31 y a des tious dans la muraille d’environ un pied
en quarre ; & de profondeur pour y pouvoir placer
le bout, le lans-ped ou petit foliveau qui forme le
lévier de la preflè.
On place le barril à une diflance proportionnée
de la muraille ; le fond qui eft percé eft fur un
conduit, ou petit égoût, le long duquel coulent
1 huile & l ’eau qui fortent des bari ils & qui tombent
dans une efpèce de cuve qui fert de réfer-
voir , pour recevoir tout ce qui fort des barrils
ou preffès.
Quelques propriétaires mettent au haut des ouvertures
des trous , une pierre dure ou un gràis ;
d autres y mettent d’un bout à l’autre une ttaverfe
ou un linteau de bois; on place fur le bout du haut'
au bariii qui eft ouvert, un faux fond de bois de
epaifleut de fept à huit pouces, & enfuite quelques
petites traverfes de .bois qu’on multiplie à
mefure que les fardines s’affaiffent, & au-dcfîus oiï
met le levier, au bout duquel on place une planche
fufpendue avec de petites cordes , comme un
des ^fonds d’une balance que l’on charge de pieires
& d autres poids, pour donner un poids convenable
& fuffifant fur les fardines du barril.
On augmente le poids à mefure que les fardines
fe preflent ; on remplit de temps à autre le haut du
barril jufqu a ce que la preffe foit achevée, & que
le barril foit rempli comme il le doit être.
Comme on ne peut pas déterminer le nombre des
fardines qui entrent dans un barril, on ne fauroit
aufli fixer celui des barrils de fardines qui peuvent
r endre a la preffe une barrique d’huile, parce que,
comme on vient de l ’obferver, 1 a fardine maigre
& petite rend peu ou point du tout d’huile, au
lieu que celle qui eft greffe & qui eft ordinairement
aufïi la plus g afleen fournit beaucoup : on
tire communément des fardines de bonnes qualités*
une barrique d huile de ta prefle de quarante
barriques.
— a — - — au iduuuu aes cxia-
ioupes pecheufes., & à celui des bâtimens employés
au commerce il s en confomme encore au même
ufage que 1 huile des baleines par les corroyeurs *
pour repaflèr leurs, peaux, & quoique fon odeur foie
fort fetide, les pauvres gew s’en fervent à brûle?
dans leurs lampe?,
S A R
Les mailles des rets avec lefquels on fait h pêche
des fardines font de trois efpèces. Les premières ont
huit lignes en quarré , les fécondés ont fept lignes,
& les troifièmes feulement fîx. Ainfî elles font plus
grandes que l’ordonnance ne l a preferit, puifqu elle
fixe la g andeur des mailles à feize lignes de tour,
c’eft-à-dire à quatre lignes en qùarré.
Les rets à grandes fardines ont onze lignes en
quarré, les pêcheurs alors ne boitent point. Ces rets
fervent encore à faire la pêche des éguillettes ou
orphies fur les rochers qu’ils entourent, & durant
les mois d’avril & mai ; ces filets font les mêmes
que les feines aux hatangs des pêcheurs normands.
Ils les emploient abufîvenaent quelquefois à tramer
fur lés côtes qui font couvertes de fables.
Pêche de la fardine à boiter aux côtes; de Poitou.
Cette pêche de la fardine ne fe peut faire que de
jour ; les pêcheurs n’ont ordinairement qu’un rets
ou filet d’une feule pièce, qui peut avoir dix-huit
à vingt brafles de long quand il eft monté, &
vingt-cinq brafles non monté, parce que le haut
eft lâche & flotté, pqur donner lieu aux fardines
de ma il 1er,
Il a quatre brafles de -chute , il eft amarré à
l ’arrière de la chaloupe, avec un cordage qui peut
avoir quelques brades au long du corps du bateau
à la tête du ret ; il eft foutenu^à fleur d’eau par les
flottes du liege dont la tête eft garnie, & le bas
pour le fa re caler de fa hauteur eft chargé de
plomb , de boules de terre cuite ou de pierres
percées.
A mefure qu’il y a du poifibn maillé dans le rets ,
'les pêcheurs s’en appërçoivenc aifément par le liege
qui plonge ; le maître de* la chaloupe eft placé à
l ’arrière pour -boiter la fardine, en (emant la.rave
avec une cuillère ; les. autres pêcheurs foutiennent
à la marée , avec deux, quaue ou fîx avirons fuivant
la force du vent., ou de la dérive des courants j
la fardine fe ma'lie dans le rets en montant du fond ,
pour venir gober l ’àpâc de la rave ou refure.
Les pêcheurs relèvent leurs rets d’heure en heure ,
plutôt ou plus tard, quand ils s’appërçoivent qu’il y
a du poiflon de pris.
Let vents les meilleurs pour fa re cette pêche aux
côtes. du Poitou, font ceux des rumbs d’aval qui
amènent & pouffent le poiflon à la côte. Ceux d’eft
font tout-à-f.vit contraires à la pêche, parce qu’ils
ehaffent au large les fardines.
.Les fardines du port des Sables font plus petites
que celles que Ton pêche au port de S. Gilles ,
où les fardi/ies font même plus grafles & meilleures,
& ou il nVft pas ù’ufage d’en faire aucune falaifon ,
tout le poilfon de là pêche fe confommant à demi
falé dans le pays. Il s’en franfporte quelquefois jufqu
à Orléans,
S A R 22i
Les pêcheurs ont différentes efpèces de rets 3
fardines , comme ceux des fables d’Olone, ils fè
fervent des filets à plus larges mailles, à mefure
qu’ils s’apperçoivent que les poiflons des martes,
lites ou bouillons de Jardines qui terrifient font de
plus grofles pièces ; on change les rets alors , &
Communément, ils en ont toujours à bord de deux
diverfes fortes, pour s’en fervir fuivant l ’occurrence.
Les plus largès mailles font celles dont on
fe fert ordinairement à la fin de la faifon , le
poiffon augmentant à mefure qu’on s’en approche*
L e s p ê c h e u r s d e S . G i l l e s o n t d e c in q e fp è c e s de
m a i l l e s à fardines. L e s p lu s l a r g e s o n t n e u f l i g n e s
e n q u a r r é , c e l l e s q u i fu iv e n t o n t h u i t l i g n e s , l a
t r o i f ièm e fo r t e d e m a i l l e s a f e p t l ig n e s a u fli e n
q u a r r é ; l a q u a t r ièm e e n a f î x , & l e s p lu s f e r r é e s ,
q u i fo n t l e s d e r n iè r e s , n ’ e n o n t a u p lu s q u e c in q
e n q u a r i é . O n n e c h a n g e l e p i é o u l e b a s d e
c e s r e t s , q ü ’ a u t a n t q u ’ i l fa u t p o u r l e s fa i r e f e u l
em e n t c a l e r d e l e u r h a u t e u r , le s f lo t t e s r e f t a n t à
f le u r d ’ e a u .
A n c h o i s .
L ’a n c h o i s e f t u n p o i f lo n d e m e r d e l a lo n g u e u r
d u d o i g t , & q u e lq u e fo is u n p e u p lu s l o n g . C e
p o i f lo n e ft fa n s é c a i l l e s , f a b o u c h e e f t g r a n Je ;
l ’e x t r ém i t é d e s m â c h o i r e s e f t p o in t u e ; e l l e s n ’o n t
a u c u n e s d e n t s , m a is e l l e s fo n t f a i t e s e n fo rm e d é
f ç i e ; le s o u ie s fo n t p e t it e s & d o u b l e s , l e coe u r e f t
l o n g & p o in tu , l e f o i e r o u g e & t a c h e t é , l e v e n t r e
e ft f o r t ‘ m o u & fe c o r r om p p r om p t em e n t ; o n y
t r o u v e u n e g r a n d e q u a n t i t é d ’oe u f s r o u g e s . C e
p o i f lo n e f t c h a v n u 8c i l n’ a p o in t d ’ a r r ê t é s , e x c e p t é
l ’ é p in e d u d o s q u i e f t fo r t m e n u e .
L a p ê c h e l a p lu s a b o n d a n te d e s a n c h o i s fe f a i t
e n h i v e r fu r le s c ô t e s d e C a t a 'o g n ë & d e P r o v e n c e ,
d e p u i s l e c om m e n c em e n t d e d é c em b r e ju fq u ’ à l a
m i -m a r s . O n en. p r e n d e n c o r e en m a i , j u in , j u i l l e t ,
t em p s où i l s p a f i e n t l e d é t r o i t d e G i b r a l t a r , p o u r fe
r e t i r e r d an s l a M é d ic e r a n n é e . O n en t r o u v e a u f l i
à l ’ o u e ft d’ A n g l e t e r r e & d u p a y s de G a l l e s ,
I l s o n t c e l a d e c om m u n a v e c l e s fardines q u ’ i l s
n a g e n t e n t r o u p e fo r t f e r r é e , & q u e la lu m iè r e
e ft u n a t t r a i t p o u r e u x . Aufli le s p ê c h e u r s n e manquent
p o in t d e l e u r p r é fe n te r c e t a p p â t . I fs a l l u m
e n t d e s f lam b e a u x d a n s le u r s n a c e l le s o u c h a lo
u p e s p s n d a r t l a n u i t ; l e s a n c h o i s a c c o u r e n t à
Tin fiant, & fe je t t e n t e n n om b r e p r o d g i e u x d a n s
l e s f i le t s q u i l e u r f o n t te n d u s .
Q u a n d u n e p ê c h e e ft f i n i e , o n l e u r c o u p e l a t ê t e ,
o n l e u r ô t e l e fie l & l e s b o y a u x , o n le s fa le & o h l e s
m e t e n b a r i l .
L e s a n c h o i s f r a i s p e u v e n t f e m a n g e r f r i t s o u r ô t
i s . M a i s i l s fo n t m e i l l e u r s & d’ u n p lu s g r a n d
u fa g e f a lé s . C o m m e i l s n ’ o n t p o in t d ’a u t r e s a r r ê t e s
q u e l ’ é p in e d u d o s q u i - e ft m in c e & d é l i é e , e l l e
n e b l e f l e p o i n t , & n ’ em p ê c h e pa s q u ’ o n n e U s
p i a n g e e n t ie r s .