
fuccès tirer le même parti des Erables qui croifîent
dans les parties foptentrionales de l'Europe.
M. Gautier correfpondant de l’académie des
Hiences de Paris, a pareillement rendu compte à
l'academie de la manière dont Ce.fait le fucre d’E-
rable, ainfî que nous venons de le rapporter.
M. Kalm obforve que l’on obtient pareillement
du lucre d'une elpèce de bouleau, mais en trop
petite quantité.
On tire aufli du fucre d’un arbre d’Amérique,
appe lé par les fïanço:s le noyer a.mer% La liqueur
que donne cet arbre eft très fucrée, mais on en
peut recueillir trop peu , pour en faire ulage.
On obtient encore du fucre de la plante appelée
Gleditfia par Gronovius & Linnæus. Lawfon,
dans fon hiftoire de la Caroline , dit qu’on
cultive cette planre à cet effet dans beaucoup de
jardins de la Virginie.
Le Mais ou blé de Turquie fournit une liqueur
propre à' faire du fucre lorfqu’il eft verd ; on trouve
dans la tige un fuc limpide qui eft très-doux j les
fouvages de l ’Amérique coupent le maïs pour en
tirer le foc.
La Ouatte ( Afclepias caule erefôo fimplici annuo
( Lunn ) fournit du fucre, & de fes fleurs que l’on
cueille de grand matin , lorfqu,’elles font pleines
de rqfées, on exprime un fuc qui épailfi par la
cuiffen donne du fucre.
Le P. Charlevoix dans fon hiftoire de la nou-
vélle France nous dit qu’on tire du fucre d’une
liqueur que fournit le frêne j mais M. Kalm prétend
que ce Pere aura pris pour du Frêne, l ’érable qui
a des feuilles de Frênz(Acer fraxini foliis ) ^lequel
vient abondsmment dans l’Amérique fepten-
irionale, & qui donne en effet une grande quantité
de flic très-doux quand on y fait des incitions.
M. l^iarggraf célébré chymifte de l'academie
de Berlin a trouvé que pîufîeurs racines communes
en Europe étoient propres à fournir un-vrai
fucre femb fable à celui qui fie-tire des cannes.
I l en a obtenu i®. delà Bette blanche cicla ojfi-
cinarum\ x°. du chervi Sifarum dodonoei 30. de la
Betterave.
* Toutes ces racines lui ont fourni un foc
abonnant dans lequel à l’aide de microfcope on
pouvoit découvrir des molécule's cryfiallifées, fem-
b'ables à celles du fucre ordinaire.
Pour s’aflurer de la préfonce du fucre il a mis
ces racin-s divifées en digeftion dans de l’efprit-
de vin bien redtfîé qu’il mit au bain de fable ;
il poufla la chaleur jufqu’à faire bouillir ; il filtra
la liqueur encore toute chaude , & la mit dans un
matras à fond plat, qu’il plaça dans un lieu tempéré;
au bout de quelques lem aines, il trouva qu’il
s’étoit formé des cryftaux au fond du vaiffeau,
il les fit dillbudre de nouveau afin d’avoir ces cryfi
taux plus purs.
Cette méthode eft très-propre pour eflàyer fi une
plan e contient du fucre, mais elle feroit trop
coûteufo pour l’obtenir en grande quantité. Il fera
donc beaucoup plus court de tirer le fuc de racines
par exprëflïon, de le clarifier avec du blanc
d’oeuf, & enfuite de l’évaporer fur le feu, & de
le faire cryftaiKfer ; en un mot de fuivre la meme
méthode que pour le fucre ordinaire.
M. Marggraf a aufïi tiré du fucre des panais,
des raifins fècs, de la fleur de rAlcës de l’Amérique.
En Thuringe on tire des panais , une efpèce de
firop dont les gens du pays le fervent au lieu de
fucre j ils en mangent même (tir le pain, il paffe
pour être un bon remede contre les rhumes de
poitrine, la pulmonie, & contre les vers auxquels
les enfants font fujets- On commence par couper
les panets en petits morceaux, on les fait bouillir
dans un chaudron jufqu’à devenir aflez tendres pour
s’éc-rafer entre les doigts; & en les faifant ctoire,
on a foin de les remuer afin qu’ils ne brûlent point.
Après cela on les écrafe & l’on exprime le fuc
dans un chaudron ; on remet ce fuc a bouillir avec
de nouveaux panais, on exprime le tour de nouveau
, ce qu’on réitee tant qu’en le jugea propos.
Enfin on f it évaporer le jus en obforvant
d’enlever l’écume qui s’y forme; on continue la
cuiffon pendant 14 ou r 6 heures ayar.t foin de
remuer lorfque' lé firop veut fuir. Enfin l ’on examine
fi la liqueur a l’épa.ifleur convenable.
Si l’on cotirinuoit la cuifTon trop long-temps, la
matière deviendroit folide & formét'oit du fucre.
E x p l i c a t i o n des huit Planches relatives
à la S u c r e r ie 8c à l ’a f f in a g e du S u c r e ,
tome IVdes gravures.
P L A N C H E P R E M I È R E .
Fig. 1. Vignette repréfentant la vue d’une habitation.
1 , maifon du maître & fes dépendances,
z , x, x , partie des cafés à nègres formant
une où pîufîeurs rues , fuivant le nombre
& l’emplacement. 3 , 3 ,3 , partie de favanne
ou pâturage. 4 , 4 , 4, lifiere ou forte haie qui
fépare la favanne des plantations de cannes.
5» partie de pièces plantées en cannes
fucre à mi-côte ~Sc en plat pays, 5 , moulin
à eau, 7 , fucrerie avec fa cheminée, & fon han-
gard pour les fourneaux, 8, gouttière qui conduit
l ’eau du canal fur la route du moulin, p» dé- i
charge de l’eau du moulin. 10 > une des cafles
à bagafîès, ou cannes écrafées. 1 1 , purgerie ou
grand magîifîn fervant a mettre les lucres, quand
ils font en forme, pour les purger de leur firop
fuperflu & les terrer, i x , étuve pour faire
fécher les pains de fucre. 13» hauteurs entre
lefquelles font les plantations de manioc, les bananiers
& l’habitation à vivre. 14, morne, c’eft
aitifî qu’on nomme aux îles Antilles les montagnes
qui parditfent détachées des autres.
Fig. x. K , canne à fucre. L , feuille dentelée fur
les bords. M , fléché ou.fleur de la canne, portant
la graine. N , partie inférieure de la canne
avec fa racine.
Fig. 3. Coupe verticale d’une étuve a mettre fe-
. cher les pains de fucre'terrés. A , comble de
l’étuve. B, murs de l ’étuve. C , porte. D , coffre
de fer fetvant de fourneau. E , bouches du foyer
& du cendrier. F , rayons ou tablettes en grillage,
fur lefquelles on range les pains de fucre.
G , plancher couvert de cinq à fix pouces^ de
maçonnerie. H , trape que l’on ouvre pour laifler
aller l ’humidité qui s’élève des pa'ns de fucre
& qui s’échappe au-dehors par les conduits
I I , pratiqués fous le larmier,
4. O , ferpe pour farder & couper les cannes.
5. P , houe à fouiller la terre.
6. Q, pelle de fer pour le même ufoge & ramafler
le fucre pilé cfims le canot,
7. R , pince de fer fervant' de 'evier.
8. S , canot aveç fës pilons, potr mêler le fuçre
en poudre ; & le fouler dans les fucailles.
table du moulin, communément faite d’un foui
bloc creufé & revêtu de plomb. C , C , C , trois
rôles couverts chacun d’un tambour ou cylindre
de métal, & traverfés d’un axe de Fr coulé,
dont l ’extrémité inférieure eft garnie d’un pivot
portant fur une crapaudine. D , D , D , D , ouvertures
faites à la table pour pouvoir changer
& réparer les pivots & les crapaudines. E , E ,
entailles aux deux ouvertures dés côtés fervant
a chafler des coins de bois, pour forrer & tap-
procher les tambours. F , F, autres ouvertures fuc
les moifos, avec des coins pour ferrer les pivots
ftipérieurs. G , G, hériflons dont les rôles font
couronnés, & qui engr »inant les uns dans les
autres font tourner les tambours en fiens contraires.
H , axe ou arbre prolongé du principal
rôle! I, demoifolle, pièce de bois dans laquelle
eft un collet au travers duquel pafle le pivot
fupérieur de l ’arbre. K , K , bras du moulin ,
auxquels la force mouvante eft appliquée. L, L,
charpente& enrayure du comble. M , rigole couverte
qui conduit le fuc des cannes écrafée«*
dans la fucrerie.
P L A N C H E I I T.
Fig. 1. Moulin mû par une chute d'eau.
A , A , chaffis de charpente très-folide. B , table
un peu creufée en deiïus, & revêtue de plomb
comme au moulin précédent. C , C , C , les trois
rôles couverts de letirs tambours de métal, &
garnis de leurs hériflons, pivots & crapaudines.
D , arbre vertical dont l’extrémité fupérieure
pafle au rravers d’un collet encaftré dans la
demoifolle que doivent porter les pieux de bois.
E , E , E. F , rouet tournanthôrifontalement. G ,
rouet, au lieu duquel on peut fuppofer une alterne
, dont les dents ou les fufeaux s’engrainent
dans celles du grand rouet.horifontal. H , grand
arbre horifontal ou axe de la grande roue.
1 , 1 , la grande roue à pots ou à godets recevant
l ’eau du canal par la gouttière. K , L , petite
rigole de bois, qui conduit le foc des cannes
écrafées dans la fucrerie. M , négreffe qui pafle
des cannes au moulin. N , bagaflès ou cannes
écrafées qu’une autre negrefle fait repafler de
l’autre côté du moulin. 0,palant ou corde pour
enlever l’arbre, loyfqu’il y a quelques réparai
rions à faire.
P L A N C H E I V.
Flan des fer fes ou emplacement des chaudières ,
P L A N C H E II. Noms des chaudières.
Fig. I. Moulin, mû pardçs animaux.
A ,A > chaflis de charpente très - folide. B , B ,
A j la grande. B , la propre. C , le flambeau. ©%
le firop. E , la batterie.
T t t t \