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Il manquèrent à la partie de' l’art du ferrufier qui
regarde les grilles , un article bien important, fî
nous négligions d’expliquer comment on doit conduire
le travail des rampes d’efcalier, & la façon de
les mettre en place.
Des ferruriers qui fauroient faire des grilles d'ap-
pui'ou des balcons avec du fer droit ou contourné,
pourraient bien être embarrafles à faire & à mettre
en place des rampes d’efcalier , s’ils ignoroient
certaines pratiques qui fourniiïenc des moyens de
faire fuivre à leur ouvrage les contours- qu’exigent
les limons, tant dans le fens horifontal que dans
le vertical.
Car nous avons déjà dit en païïant, que les ferruriers
font aflervis à fuivre les contours que les charpentiers
ont donnés aux limons des efcaliers : quoique
les habi.es ferruriers parviennent à corriger une
partie des défauts qu’ils apperçoivent dans les
limons.
Mais il faut fuppofer le limon bien conduit : en
ce cas ils relèvent avec une bande de fer en lame,
parée , mince & bien recuite, les contours des rampes
, en appliquant ce fer exaftement fur le limon ;
à quoi leur fervent beaucoup les tourne-à gauche,
& les griffes dont nous avons parlé , fur-tout aux
endroits des quartiers tournans.
Ce travail fe fait à froid , n’ayant communément
pour enclume qu’un billot de bois ou un grès ; &
comme cette lame eft de plufîeurs pièces, on a foin
de la couper dans les parties droites à l’approche des
quartier tournans.
Le charpentier doit avoir eu l’attention que la
face fupérieure de fon limon ne s’incline, ni du coté
des marches ni en-dehors, afin que la bande de fer
plat que pofe le ferrurier y ne s’incline pas non plus, i
ni d’un côté ni d’un autre : fans cette attention , !
i l ne feroit pas poflible de monter la rampe, à moins
que le ferrurier n’ eût réparé par fon induftrie les
fautes qu’auroit fait le charpentier.
On tranfporte à la boutique cette bande de fer
qui eft de plufîeurs morceaux ; mais on fait à ces
dîfférens morceaux des marques dè rencontre ou des
repaires, parce qu’ils doivent s’ajufter les uns avec
les autres pour donner les contours du limon.-
C ’eft fur les contours de cette lame qu’on divife
les panneaux & les pilaflres ,-ou les endroits où doivent
fe trouver les barreaux monta ns qui ferviront
à former le bâti, foit que la rampe étant des plus
fimples doive être formée de barreaux montans
comme la baluftrade, ou d’arcades, ou de panneaux.
Ce que nous nommons le bâti de la rampe, doit
être formé par le fommier d’en-bas, parle fommier
d’en-haut; & de temps en temps, fuivant le deffin,
par des barreaux montans qui doivent entrer dans
le limon, & donner de la folidité à la rampe.
Les montans font terminés à leur bout d’en-haut ■
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par des tenons qui font reçus dans des mortaifes
que l’on fait au fommier d’en-haut : au contraire s
chaque partie du fommier d’en-bas eft terminée par
des mortaifes qui embrafTent des tenons qu’on pratique
aux montans. Ainfi le fommier d’en-bas doit
ctre coupé vis-à-vis chaque montant.
A l'égard du fommier d’en-haut , on peut le
couper ou l’on voudra, à moins que ce ne (bit une
rampe a panneaux ; car alors l’empattement qui
joint les diffcrentesv pièces du fommier doit tomber
fur un des barreaux montans.
fo u ; ce qui eft des rampes en arcades, qui ne font
point interrompues par des barreaux montans comme
la baluftrade à panneaux, on attache le fommier
d en-bas au limon par de forts gougeons , claveités
dans lé limon : on en met de diflance en diflance ,
& le fommier d’en-haur eft retenu par des rivures.
On fait à la boutique fur la lame de fer plat avec
laquelle on a pris le conteur de la rampe, le fom-
micr d’en-bas qui doit être de fer quarré doux, ayant
grand foin que ce fommiçr fuive exaàement tous les
concours de la lame à laquelle on a fait prendre ceux
du limon.
Comme le fommier d’en-haut qui fert d’appui doit
fuivre tous les contours de celui d’en-bas, & lui être
parallèle dans toutes fës parties, on le contourne
fur le fommier d*en bas, qui alors fert de patron ;
a l’égard de la plate-bande , on la contournera
quand les panneaux feront montés à la boutique.
On fait que la plate-bande eft une bande de fer
plat, ornée de moulures. Nous dirons dans la fuite
comment on les fait fur une étampe.
Il faut que le fommier d’en-bas ait une forme régulière
; lors même que le limon a des défauts ,
\ l’habile ferrurier fait les corriger.
Comme on a marqué fur la lame qui fuit les contours
du limon, la divifîon des panneaux & des pi-
laftres, on coupe le fommier d’en-bas vis-à-vis ces
marques, & on forme à chaque bout des tenons qui
doivent entrer dans des mortaifes qu’on fait aux barreaux
montans pour les recevoir.
Quand il y a des barreaux montans qui s’étendent
du fommier d’en-bas au fommier d’en haut, on fait
enforte que les barreaux- montans excèdent le deflous
du fommier d’en bas de fîx pouces , afin qu’ils entrent
de cette quantité dans Je limon, ou on les
arrête avec des clavettes : ce qui rend l’ouvrage
très-folide.
Il faut que les barreaux montans foient bien
a plomb : ainfî on conçoit que, pour que les tenons
qu’on fait dans le fomm er d’en-bas qui eft
rampant, s’ajuftent exactement avec les barres qui
doivent être à plomb , il faut faire une fauffe
coupe.
On la prend avec une faufïe équerre que les fer*
ruriers
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ruriers nomment fa u te r e lU qui fert auffi à faire régulièrement
les tenons qui terminent les pièces du
fommier d efo-bas, & fes mortaifes des barreaux mon-
tans qui doivent les recevoir.
A l ’egard des rampes à arcades, qui n’ont point
de barreaux montans, on ne peut fe difpenfer , pour
prendre les faufïès coupes dont nous venons de parler,
d’y mettre des barreaux poftiches, qu’on ôte à
mefure quon met en place les arcades ou les deftins
courans.
Quand les fommiers d’en-haut & d’en-bas, ainfî
que les barreaux montans , font faits, il faut les
prefenter fur la place, pour s’afïurer que tout le
bâti s ajufte bien; car la perfection de la rampe
dépend beaucoup de l ’exaâitude qu’on a obfervée
dans le bâti : ainfî ,fa près avoir examiné fi le fom-
mier d en-bas fuit exactement les contours du limon,
il faut vérifier avec un fil à plomb, files barreaux
montans font exactement à plomb, puis placer le
fommier d’en-haut, & s’afïiirer encore s’il eft bien
parallèle à celui d’en-bas.
Quand le bâti eft bien régulièrement établi, on
peut compter avoir fait une partie confidérable de
1 ouvrage ; car c’eft dans les efpaces compris entre
les deux fommiers &les deux montans, qu’on doit rapporter
des barres fimples ou des arcades, ou d’autres
ornemens.
Il faut donc $ avant que de démonter le bâti
de la rampe pour la reporter à la boutique, fe
Iïl^£.r®/ en ^£a£ ^e Ie - monter dans la bourique ,
précifement comme s’il étoit en place : pour cela
on prend l ’ouveçture de tous les angles que les barreaux
montans font avec les fommiers tant du haut
que du bas.
On pourrait prendre ces ouvertures avec une
taulle equerre, & les confie, ver; mais les ferruriers
s accommodent mieux d’un petit infiniment qu’ils
nomment griffe, c’eft un petit barreau de fer qui
porte Une pointe acérée à chacune de fes extré-
mites.
Ils numérotent leurs barreaux i , z 3 &c. &
la pente griffe fait l’office d’un compas à verge qui
ne change point d’ouverture.
Ils prennent 8c marquent les ouvertures des quatre
angles avec la pointe de la griffe. Ils démon-
- ‘ .-û u te tout leur bâti ; • ils le portent à la
Quand ils ont établi leurs fommiers, & quand ils
ont mis chaque barreau à fa place, ils vérifient s’ils
ont conlerve leur même pofition relativement aux
ommters, en repréfentant la griffe dans les trous
précédemment marqués, tant fur les barreaux que .
lur les fommiers.
, bâti étant ainfî exaàement établi .dans la
meme pofition où il étoit en place fur le limon,
A « 6> Métiers. T mue VU.
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il s’agit de tranlportèr entre les montans & les fom-
miers les panneaux qui doivent les remplir : ce
qui ferait bien difficile à qui ne fauroit pas comment
on s’y prend pour qu’un delfin qui remplit
un quadre quarre en remplifle un qui eft en lofange.
Mais toutes les difficultés s’évanouifïent, quand on
connoît la méthode que fûivent les ferruriers.
Pour la faire comprendre, je fiuppofie qu’on veut
tranfporter le panneau qui eft dans un bâti quarré,
dans celui qui eft -en lofange ; 11 faut divîfèr les
cotes A B , & D C du panneau en quatre parties
égalés , 8c les cotes A D 8c B C en huit parties
plus ou moins, 8c tiret par ces points des lignes
verticales parallèles au Côté B C , 8c d,es lilnes •
horifonsales parallèles au côté A B. Enfuite on
divife de même la ligne A B de la lofange, en
quatre parties, 8c la ligne B C en huit.
On tire par ces points les lignes verticales Sc
horifontales ; alors la forme quarrée fe trouve di-
vifee en lofange, Enfuite faifànt répondre toutes
les parties du deffin de la figure à lofange de la figure
quarrée, le deffin fe trouve tiacé comme i l doit l’être ,
pour le rampant.
Les quartiers tournans fe traniporfent tout de
meme fur la convexité d'un tambour qui a la même
courbure que le quartier tournant : mais pour diviser
en quatre, ou en plus grand nombre de parties
la circonférence de la courbe, on prend cette circonférence
avec une règle très-mince, qu’on plie
fur le tambour ; S: l’ayant redrefféè, on divife fa
longueur en quarre parties,
, Si l ’on veut même tranfporter le deffin avec plus
d’exaflitude, on multiplie les divifions, afin que
les qu aires qu on forme fur le tambour foient plus
petits; car plus on fait les carreaux petits , plus
on a de facilité pour tranfporter le deffin du quarré
dans la lofange, ôç d’une furface plane fur une
convexe.
Pour tracer fur le tambour les lignes horifôn-
tales, on fe fert auffi de cette même règle mince
qu’on applique exaàement fur toutes les divifions.
Les lofanges étant ainfî tracées fur la circonférence
du tambour, on y tranfporte le deffin qu’on veut
exécuter.
On traville alors toutes les parties qui doivent
former le panneau. On les aflëmble à mortaifes ,
ou par dés rivures, ou avec des*liens , & on perce
des trous, tant dans les fommiers du haut & du bas
que dans les montans, pour y aflujettir les ornemens
des panneaux ; enfin on apporte à l ’efcalier
les panneaux tout montés pour le? mettre en
place.
Il fe trouve certains efcaliers où dans les endroits
des quartiers tournans les fommiers tant du haut
que du bas approchent tellement de la pofition
verticale, qu’U ne feroit pas poffible d’y rapporter
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