Les partions douces ne leur font pas moins
avantageufes, que les violentes leur feroîent fuselles.
Après le tempérament fanguin , vient le bilieux,
dont quelques avantages font anéantis dans une
foule d’in convéniens : cette conftitution fuppofe
des organes digeftifs, forts & vigoureux-, plus
adifs encore que dans ceux dont le tempérament
eft fanguin.
Les bilieux digèrent promptement, ont l’appétit
v i f , toutes les fondions du corps difpofées à l ’adi-
yite ; leur ame participe à ces avantages, mais
ils font fort maigres > leurs folides ont une tendon
, une fécherelîe excelfives; leurs fluides, extrêmement
atténués, font trop déniés, & tendent
toujours à l ’âcreté ; les maladies inflammatoires &
les putrides les menacent à chaque inftant; ils ne
fauroient jeûner long-temps fans faire croître tous!
ces inconvéniens.
Un air froid & humide ert celui qui leur eft
le plus favorable ; car les étés font terribles pour
eux , lors fur-tout qu’ils font fecs : c’èft alors qu’ils
doivent continuellement combattre leur dilpofition
naturelle aux maladies inflammatoires & putrides
dilpofition que , comme l ’on fént aifément,
la chaleur & la fécherelîe de l’atmolphère augmentent
encore.
S’ils travaillent de corps & le fatiguent par
l’exercice, il n’y a point d’aliment qu’ils hé
digèrent fans peine , pourvu qu’il loit cuit. Le
pain le plus dur, le moins fermenté , peut faire
la bafe de leur nourriture ; les légumes , même
les moins faciles à digérer, les farineux non fermentés
, ne (auraient fatiguer leurs organes digeftifs,
& font très-propres à leur oppofer allez de
rélhlance pour ne pas les laifler oififs : au contraire,
une nourriture trop légère n’occuperoit pas afîez
ces organes ; leur adion toujours continuée produis
i t dans les humeurs un excès d’atténuation qui
les rendrait plus âcres encore, & plus capables
d’augmenter les vices des folides.
Si leur vie ert: moins adive, moins exercée,
le-pain bien fermenté fera la meilleure nourriture
qu’ris puifl"ent prendre; ils doivent au refle Ce
nourrir d’alimens propre à tenir en haleine les
organes de la digeftion.
Les plantes fraîches de toutes les efpèces, les
herbages, les légumes, tous les végétaux , en un
m o t, leur fourniront une nourriture au-deflüs de
tout éloge : ils ne fauroient faire un ufage trop j
familier de fruits, & particulièrement de ceux
d’été.
La viande ert ennemie de cette eotfftitu-tion :
les billieux doivent, s’il leur eft poflible,,lâ bannir
entièrement de leur régime pendant l ’été ; celle
d’animaux exercés ou carnivores, le gibier & la
plupart des poiffons, ne peuvent leur fournir qu’un
mucilage, ou trop atténué , par conféquent inear
pable de les nourrir, ou prêt à fe putréfier & à
produire les maladies les' plus graves .\ s’ils font
obligés d’en faire ufage , ils ne fauroient être trop
attentifs à les corriger par les affaifonnemens les
plus anti-putrides , tels que le vinaigre , le jus de
citron, &c.
Leur boirtbn doit être abpndante. ; l ’eau puçe
mérite là préférence fur toutes lès1 autres : s’il®
veulent abfoiument faire ufage de liqueurs fermentées
, l a • bière la plus légère, lé cidre, les
vins les moins fpiritueux & les moins capables
de porter l ’eau:, font celles qui peuvent-le moins
les incommoder : les boiflbns-fortes & lès'liqueurs
fpiritireufes leur font funeftes.• ....
Ils doivent faire dé .l’exercice, mais en évitant
avec attention la’ fatigue & la fueur : rufage desbains'
eft très-avantageux pour eux.
Un fommeil doux & tranquille raffrarchüt les
humeurs, détend & aflouplit les folides r lès bilieux^
doivent en prolonger la durée plus que les fanguins j
mais ils ne fauroient éviter avec trop de foin les
paflions vives, Celles qui portent â là trïfteffé,
les travaux qui fatiguent l ’efprit à l ’excès, comme
autant de caufes capables d’augmenter les vices
des folides & des liqueurs attachés' à cette constitution.
Le relâchement des folides , la foiblelîe des
organes de la digeftion & le peu d’évacuation par
; l’infenfîble tranfpiration , doivent fixer notre attention
en réglant le régime des pituiteux. Ils doivent,
pour corriger ces vices , refpirer, autant qu’il eft
poflible, un air plus chaud que froid, & modérément
fec..
Le pain bien fermenté j bien cuit, eft celui qu’ils-
doivent choifir pour faire la bafe de leur, nourriture
: s’il étoit cuit deux fois, comme le recommande
le grand Boerhaave , il aurait reçu - plus
d’atténuation encore, il ferait plus facile â -digérer
& plus analogue à la nature du fang : les viaii-
des bien choifîes font pour eux une nourriture fiè-
lutaire ; mais il leur eft effentiel- de ne jamais fe-
furcharger l’eftomac : leurtemp crament les rend plus
fùjets aux indigeftdons que les autres hommes. ’
L ’ufâge des farineux non-fermentés, des légumes
z gonfles, des poiffons & de tous les alimens gras
& huileux eft dangereux pour eux r parmi lès plantes
, celles, qui. peuvent- légèrement ouvrir les
voies urinaires , & qui contiennent un aromate grat-
cieux , font les feules dont ils puiffent faire ufage :
les acidulés * les fruits d?été, les fâvoneux, fi vam-
tés dans, les eonftitutions chaudes, fanguines, &
fur-tout bilieufes, ne font pas exempts de dangers
pour ceux de ce tempérament, ainlî que les plantes
fraîchesaqueufes, les bulbes, les racinesen un
mot, tous les végétaux qui ne pou croient-leur fournir
qu’une nourriture groflière.
Leur boiflon doit être rare, & prife petite
dofe : ils peuvent fe permettre l’ufage des liqueurs
fermentées, avec l*attention de donner la préférence
à celles qui font parvenues à ce point ae
perféiSion qui caraéfcérife les liqueurs parfaites,
comme la bierre de Brunfwick, les vins de Bourgogne
ou ceux qui leur rertemblent : les efprits
fermentés, chargés d’aromates, ne leur conviennent
point; mais ils peuvent faire un ufage modéré
des vins de liqueurs.
Ceux de cette conftitution ne doivent jamais
oublier là fentence d’Hippocrate : le travail dejfc-
che & fortifie Le corps : l’obfervation la confirme
conftamment. En effet , on ne voit point de pituiteux
parmi les foldats, les laboureurs & tous
ceux qui font obligés de chercher à vivre par leur
travail : ils doivent donc fe livrer à l’exercice plus
que les autres hommes, fans néanmoins oublier
les règles générales, que l ’on ne peut jamais enfreindre
fans danger.
Ils ne fauroient être trop réfervés fur le fommeil;
mais les paflions de l’ame ne font pas bien dange-
reufes pour eux.
Les mélancoliques doivent continuellement fe
tenir en garde- contre les maladies auxquelles leur
. conftitution les expofe : on ne doit pas les regarder
comme des malades, mais comme toujours prêts à
le devenir ; ce qui leur impofe la néceflité d’ob-
fèrver un régime e x a â , & d'éviter avec la plus
grande attendon-toutes fortes d’excès.
Un air un peu chaud & modérément humide ,
mérite leur préférence : le pain bien fermenté,
-bien cuit , les viandes les plus Amples, tirées des
animaux qui ne vivent que d’herbes , les jeunes
volailles, doivent être le fond de leur nourriture ;
les herbes potagères doivent en faire Fartai fonne-
ment en tout temps : les aromates légers, tels que
la menthe , la mélifle, la fauge, &ç, peuvent
e-ncore être mêlés avec leurs alimens, maïs avec
fagefle & prudence : les fâvoneux, tels que .les
plantes fraîches, les acidulés, fur-tout les fruits
d’é té. leur conviennent infiniment.
L ’ufage des farineux nos fermentés, des légumes
à goufles, du la it , fur-tout de celui de vache ,
du fromage, du*beurre, des alimens gras, huileux,
& de tous ceux- qui peuyént oppofer trop de réfif-
tance aux organes dé la digeftion, ne fauroient leur
convenir.
' Leur boirtbn doit être abondante : le vin blanc
& léger, la petite bière , le petit cidre, font les
liqueurs qu’ils doivent préférer : l’eau pure s’écoule
trop promptement fur dés fluides auffi fecs que les
leurs, & ne fauroit établir la foupleffe des'folides r
ils doivent éviter avec le plus grand foin l ’ufage
des boiffons fortes & des liqueurs fpiritueufes.
La modération dans l ’exercice, dans i’ufage du
fommeil & des paflions, mérite toute leur attention.
Les femmes doivent obferver toutes ces règles
plus exactement encore que les hommes. ,
Il feroît fans doute avantageux d’entrer dans des
détails fur le régime le plus convenable aux diffé-
rens âges de la v ie, aux divers climats, aux différentes
conditions des hommes, &c. mais ils nous
meneroient trop loin, & , dans la vue de mettre
le leâeur en état de faire la plus jufte application
qu’il pourra des règles que nous venons d’ex-
pofer, nous obferverons feulement que la première
jeu nefle fe compare au tempéramment fanguin ;
que l’âge qui fuit ce premier répond au bilieux,
l’âge viril & celui de confiftance au pituiteux ; la
vieiilerte enfin au mélancolique ; quoique l’on puiffe
avoir tous les tempéramens aux différens âges de
la vie, & que les anciens attribuoient le premier de
ces tempéramens au printemps, le fécond à l’été,
le troifième à l’automne, & le dernier à l ’hiver.
Il feroit fuperflu d’ajouter que le premier de ces
tempéramens eûhumide & chaud; le fécond , fec &
chaud; le troifième, humide & froid; & le quatrième
, fec & froid.